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iberté (') contre la nécessité, du bien contre le mal. Le bien et le mal s'offrent à l'homme en équilibre; l'homme peut à sa volonté s'attacher à l'un ou à l'autre. (Triades 23, 24, 29.)

L'homme connaît la loi de son être imparfaitement, mais suffisamment pour juger et choisir. (Triade 29.) Il peut ou non se conformer à la loi. Il est inévitable que la loi sera transgressée dans Abred, quoique chacun soit libre de ne pas la transgresser. (Triade 20.) La mort et la perte de la mémoire sont des maux nécessaires dans Abred; sans la délivrance accomplie par la mort, et sans la perte de la mémoire à la mort, le mal serait toujours sur l'être qui s'y est livré. La mort nous délivre donc du mal même, mais non de l'effet du mal, car le mal est une diminution de l'être. Qui a diminué son être retombe après sa mort dans une vie moindre, renaît homme inférieur ou même animal irraisonnable. Il y a même une transgression qui rejette la créature jusqu'au fond de l'abîme, dans le cahos des germes, d'où elle est obligée de recommencer tout le cours de la transmigration; cette transgression est l'orgueil (2). (Triades 20, 21, 25, 26.) La plus grande faute, après l'orgueil, est le péché contre la vérité.

Si, au contraire, l'homme, dans la vie présente, a fait des progrès vers la connaissance et vers le bien, il a augmenté son être. et à la mort, il monte les degrés supérieurs d'Abred. Lorsqu'enfin, par l'impassibilité dans la douleur, par l'effort fait vers la connaissance et par l'attachement au bien, il est parvenu au plus haut point de science et de force - vertu - dont la condition humaine est susceptible―et cela n'est pas impossible dès cette vie -il échappe alors au cercle de la transmigration et du mal; il atteint le cercle du bonheur, le monde lumineux. (Triade 27.) Toute créature est prédestinée à l'atteindre finalement, parce qu'il est trois choses que Dieu ne peut point ne pas vouloir, c'est-à-dire ne pas accomplir, c'est ce qu'il y a de plus avantageux, ce qu'il y a de plus nécessaire, et ce qu'il y a de plus beau pour chaque chose. (Triade 7.)

A l'instant où elle entre dans Gwynfyd- le cercle du bonheur - la créature voit, au crépuscule d'Abred, succéder la pleine lumière du ciel; ses instincts, ses réminiscences, ses pressentiments

(1) Par liberté il faut entendre ici libre arbitre.

(2) C'est le sentiment qui amène l'homme à se faire son propre dieu, qui le sépare de son créateur et le fait athée.

s'éclairent: elle ressaisit le souvenir de toutes choses jusqu'à son éclosion première au fond de l'abîme; son génie propre, si mémoire primordiale, sa véritable essence lui sont pleinement révêlés. La pleine connaissance lui rend alors le mal impossible et la mort inutile. Elle entre dans une nouvelle série d'états successifs, procédant de la vie et non plus de la mort, série de progrès qui n'auront pas de fin, où chaque être développera sa vocation propre, sa qualité prédominante, en participant des qualités de tous les autres êtres; éternité mobile et perfectible, qui sans jamais se confondre avec elle, aspire toujours à l'éternité immuable de Dieu, qui seul ne change pas et ne connaît pas de succession. (Triades 30, 32, 35, 37, 38, 40, 45.)

Ainsi, poursuivit Vercingétorix, notre foi n'a rien des subtilités théologiques indiennes, ni du réalisme des croyances grecques et romaines, où vos dieux sont si semblables aux hommes, qu'ils en ont toutes les faiblesses et tous les vices, et sont soumis au destin.

Les trois colonnes de notre système sont : liberté, individualité, perfectibilité. Liberté en Dieu et en l'homme, individualité indestructible, perfectibilité sans limites, commencée dans les mondes inférieurs, poursuivie dans les cieux pendant l'éternité. Le mal se punit par lui-même, puisqu'il est un amoindrissement de notre être, mais il est temporaire; le bien seul est éternel.

Dans le splendide développement de l'homme terrestre, vous avez perdu, à Rome, le sentiment de l'homme éternel; aussi nonseulement nos druides, mais tous les hommes de nos nations méprisent vos idolâtries et se rient de vos légendes, dans les quelles on voit les ombres de vos héros errer dans un oisif et triste séjour, implorant inutilement le retour à la vie. Cicéron, qui ne croit pas à ses dieux, nous accuse d'impiété, pour flatter la passion populaire de Rome contre les Gaules; mais Numa, Pythagore, Socrate et Platon ne s'y sont pas trompés, et ils nous saluent de loin comme leurs frères, c'est-à-dire comme des initiés à la cause première. -Le grand-brenn se tut.

Il y eut un long silence; ils pensaient tous deux.

Tout à coup, Octavia jeta ses bras au cou de Vercingétorix, cacha son visage dans sa poitrine et se prit à pleurer. Il comprit l'émoi de cette pauvre âme. Sous le bras du druidisme, ses idoles se renversaient; sous le souffle de la vérité, ses dieux, dispersés comme les feuilles d'automne par le vent, étaient

arrachés de leur temple et jetés aux quatre horizons. Mais elle aimait ses idoles et elle avait depuis sa plus tendre enfance l'habitude de révérer ses dieux; c'est pourquoi la lumière, en éclairant son âme, blessait son cœur. - Il la pressa contre son sein, lui adressa de ces mots doux qui sont comme un baume miraculeux, quand ils tombent d'une bouche aimée, et ils ne reparlèrent plus, ce jour-là, de ces croyances si élevées, que la foi ou la philosophie de nos pères se rapprocherait du christianisme lui-même, si le révélateur, si l'Homme-Dieu n'avait ajouté à sa doctrine la splendide aumône que la divinité seule pouvait faire à l'humanité, nous voulons dire la charité, l'amour, qu'on ne trouve que dans notre religion, et qui en atteste l'origine céleste (1).

(1) Voir la note II, à la fin de cette nouvelle.

-A continuer.

HISTOIRE

DE LA

COLONIE FRANÇAISE EN CANADA

Voici quelles furent les dispositions prises pour le commerce: les bâtiments envoyés de France, chargés d'objets manufacturés, étaient approvisionnés au Canada de bois, huiles, poissons, et dirigés aux Indes Occidentales, Antilles, Açores, Iles Canaries; là, ils prenaient du sucre, du café, et revenaient en France.

Enfin, M. Faillon termine cet exposé en donnant le prix des denrées, qui a suivi très exactement le cours de la monnaie, ce qui prouve que les denrées étaient dès lors abondantes dans la colonie.

En même temps que le ministre s'occupait du développement matériel de la Nouvelle-France, i n'oubliait pas ce qui est la base de toute société durable, l'éducation morale et religieuse. Il comprenait très bien, nous dit M. Faillon, que pour établir solidement une colonie, la rendre forte, capable de se suffire à elle-même et d'exercer autour d'elle une influence durable, il fallait y établir un système d'éducation qui fût au niveau de celui que existait alors dans la mère patrie.

La mère de l'Incarnation vint en Canada dès l'année 1639 et la sœur Bourgeois résidait à Montréal depuis 1653: elles furent encouragées par Mgr de Laval.

Ce fut vers 1667, que le roi écrivait à ce dernier ainsi que son premier ministre, pour le féliciter de son zèle pour l'éducation religieuse, et pour lui envoyer des secours, afin de l'aider dans cet objet important. Ils lui disent " que c'est le meilleur moyen de policer la colonie, et d'y former des gens capables de servir Dieu et le prince, dans toutes les professions où ils se trouvent engagés."

Et en effet, les autorités ecclésiastiques ne s'étaient pas bornées aux principes de l'instruction, mais elles avaient cherché, dès le commencement, à répondre au besoin de toutes les conditions

qui se trouvaient représentées au Canada. Ainsi, il y avait d'abord des écoles élémentaires, pour instruire ceux qui se destinaient aux métiers d'agriculteur, de chasseur ou de pêcheur; de plus, il y avait au cap Tourmente, à 40 milles de Québec, une école d'arts et métiers, établie pour préparer des ouvriers, des entrepreneurs et des conducteurs de travaux; enfin il y avait des institutions qui donnaient l'enseignement convenable aux professions les plus élevées. Outre le collége des PP. Jésuites, où il y eut des exercices publics pour les classes supérieures dès l'année 1664, il y avait un petit séminaire établi par Mgr de Laval, qui fournit bientôt des vocations au sacerdoce. On admettait, dans ce dernier établissement, les enfants sauvages qui annonçaient des dispositions pour l'étude.

A Ville-Marie, les prêtres du Séminaire se firent maîtres d'écoles, tant ils attachaient d'importance à l'éducation, pour former les enfants à la piété et à la vertu.

Quant à l'éducation des filles, il y fut abondamment pourvu par les soins de la sœur Bourgeois et de ses compagnes, qui donnaient gratuitement l'éducation à toutes les filles du pays. Ces religieuses dévouées soutenaient leur maison au moyen des travaux qu'elles faisaient dans l'intervalle des classes.

M. de Queylus, M. de Fénelon et M. d'Urfé, pour subvenir aux besoins des enfants sauvages, fondèrent, à une certaine distance de la ville, des établissements où ces enfants fussent plus à l'abri de la dissipation; ils allèrent occuper à l'extrémité de l'Ile de Montréal, vers Sainte-Anne, Gentilly, les lles Courcelle, et l'endroit qu'on appelle encore actuellement la baie d'Urfé.

Il est vrai que les soins donnés aux enfants sauvages ne réussirent que médiocrement; le caractère indiscipliné de ces enfants et la faiblesse de leurs parents mettaient un obstacle insurmontable à toutes les tentatives essayées; la sœur Marie de l'Incarnation avait fait dès 1660 cette remarque en leur faveur, qui est restée vraie : "Les enfants sauvages ne peuvent être contraintes; si elles le sont, elles deviennent mélancoliques et la mélancolie les rend malades. D'ailleurs, les sauvages aiment extraordinairement leurs enfants; quand ils savent qu'ils sont tristes, ils passent par dessus toute considération pour les ravoir, etc., etc."

Mais il en fut tout autrement pour les enfants des familles françaises. L'instruction se répandit dans toutes les classes; les vocations ecclésiastiques furent nombreuses et remplirent

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