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L'antithétique:

Meliora sunt vulnera diligentis
Quam fraudulenta oscula odientis.
(Prov. 27. 6.)

Le synthétique :

Lex Domini immaculata,

Convertens animas;

Testimonium Domini fidele,

Sapientiam præstans parvulis.
(Ps. 19. 8, seqq.)

Ce parallélisme n'offre qu'une simple analogie dans l'ordre des mots et des idées : l'idée exprimée dans le premier membre est continuée dans le second et complétée par un nouveau trait. C'est la remarque de Th. Bachelet.

Le parallélisme, le synthétique surtout, est fréquent partout. VI. Enfin l'Apollon d'autrefois, voulant pousser à bout les rimeurs celtiques, inventa encore trois autres ingénieuses difficultés. Il importe peu de les connaitre toutes pour analyser le vers des hymnes de l'Eglise. Je vous en dirai un mot afin d'être aussi complet qu'il m'est possible.

La première, appelée Rinn, requiert que les termes finals du second et du quatrième vers, excèdent d'une syllabe ceux du premier et du troisième vers de la stance.

La seconde, Cheann, consiste à terminer chaque distique par un monosyllabe.

La troisième, Amus, demande que les mots finals qui se correspondent, soient assonants et parisyllabiques.

Telle était la versification des bardes celtiques, et des bardes irlandais en particulier.

Maintenant, un peu d'histoire.

A continuer.

L'abbé HYAC. MARTIAL.

HISTOIRE

DE LA

COLONIE FRANÇAISE EN CANADA

Le projet fut poussé avec vigueur. De riches seigneurs s'y associèrent: M. de Liancourt, M. de Renty, M. de Montmore, M. de Fancamp, des princes du sang. Enfin, au moment où la nouvelle compagnie achetait, de M. de Lauzon, l'île de Montréal, un jeune gentilhomme, retiré du service, désirant se consacrer à une œuvre de zèle, se présentait. C'était M. de Maisonneuve. C'est lui qui devait fonder Montréal, et en faire le boulevard de la colonie, mais il consacrera à cette œuvre vingt-cinq années du dévouement le plus intrépide et de l'administration la plus sage.

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Il arriva en Canada en 1641, avec une recrue nombreuse. Les Hospitalières et leur supérieure, Mlle. Manse, l'accompagnent. L'année suivante 17 mai 1642 il vient prendre possession de l'Ile de Montréal, et il commence les travaux d'installation. Ses hommes, abrités par les grands arbres, restent toute une année sans être découverts par les chasseurs et les coureurs indiens. Pendant ce temps, on élève une enceinte, on creuse un fossé profond, on construit un fort spacieux, avec logements et magasins, et enfin on bâtit une belle chapelle, toute revêtue, à l'intérieur, de l'écorce des grands bouleaux qui environnaient le fort. Dieu protége l'entreprise. Le Pape Urbain VIII bénit l'œuvre en 1642. Louis XIII, en 1643, et Louis XIV, en 1645, l'approuvent et y promettent leur concours.. Les colons sont remplis de courage et de confiance.

Montréal, découvert et nommé par J. Cartier, signalé par Champlain, désigné miraculeusement à M. de la Dauversière et à M. Olier, était donc ainsi mis en possession de sa grandedestinée.

Là, à soixante lieues du centre de la colonie, était fondé un poste avancé, en face même des ennemis.

Quelle destinée merveilleuse que celle de ce retranchement,

attaqué à chaque saison et ne se laissant jamais entamer, se recrutant et se ravitaillant sans cesse, sous le feu et malgré les surprises des Sauvages; commandant toutes les voies qui conduisent au centre de la colonie, arrêtant tous les coups portés contre elle; vigie toujours en éveil, sentinelle au milieu du désert; lançant parfois 17 hommes contre des milliers d'agresseurs; tombant comme la foudre sur leurs entreprises; puis, à la première trève, envoyant des explorateurs jusqu'au fond de l'ouest, à 800 lieues; et au milieu de ces surprises, de ces attaques, de ces luttes, fondant une ville riche, puissante, populeuse, et pleine d'avenir !

Alors commencent les temps héroïques de la colonie.

Vers l'année 1643, les Sauvages, dans une de leurs courses sur le fleuve, aperçurent avec surprise des constructions nouvelles. Avant de les attaquer, ils cherchèrent à deviner la force des nouveaux venus. N'ayant pu y parvenir, ils se placèrent en embuscade et attendirent. Mais ils furent découverts. A la fin de l'année, ils n'avaient pu surprendre que six travailleurs; ils en tuèrent trois, emmenant les autres en esclavage. Il est intéressant de savoir que les noms de ces trois premières victimes, sont conservés dans les archives de la paroisse de Notre-Dame. L'année suivante, les Indiens reviennent; ils entourent M. de Maisonneuve, qui n'avait avec lui que quelques hommes, et lui en tuent trois. Mais ils n'osent attaquer le fort, ayant perdu leur chef, qui périt de la main de M. de Maisonneuve. En 1645, à la suite de quelques tentatives infructueuses, les Iroquois demandent la paix, pour mieux concerter leurs plans et réunir leurs tribus. M. de Maisonneuve, que ces ouvertures pacifiques ne peuvent tromper, met ce temps à profit pour aller chercher du renfort en France.

En 1646, la guerre recommence. M. de Maisonneuve est secondé par deux héros: Lambert Closse, son lieutenant plus tard, et Charles Le Moyne, le chef de la famille des Longueuil.

En 1652, les tribus sauvages descendent en masse par le Richelieu et le St-Laurent. Voulant en finir avec la colonie, elles multiplient les attaques de jour et de nuit. Les gens de Québec eux-mêmes, pensent que Montréal est perdu; mais l'héroïsme de ses défenseurs le sauva. Souvent, ils se battirent un contre dix; jamais ils ne se laissèrent entamer. Un jour, à la Pointe StCharles, M. LeMoyne, avec quelques hommes, défit un corps d'Indiens et leur tua trente guerriers. De son côté, Lambert

Closse, avec 20 ou 30 hommes, dans une rencontre, mit en fuite 200 ennemis, et dans une autre, avec 24 hommes, repoussa plusieurs centaines d'assaillants, et en mit 80 hors de combat. Une autre fois, à la Pointe St-Charles, 16 colons attaquent un corps considérable d'ennemis et en tuent 32, à la première décharge de leurs fusils et de leurs pistolets.

Il y aurait, dit un historien du temps, bien d'autres traits du même genre à citer, mais ils étaient si fréquents qu'on ne les a pas tous relatés. Enfin, ces attaques furent si redoutables et si multipliées qu'à Québec, on crut que Montréal était anéanti. Au printemps de 1653, on envoie une embarcation de Québec, pour savoir ce qui s'est passé. L'embarcation arrive par un brouillard très-épais, passe plusieurs fois près de l'habitation sans la voir, et revient annoncer au gouverneur qu'il ne reste plus rien de l'établissement de Ville-Marie.

Cependant, les efforts des Indiens n'affaiblissaient pas la résolution des colons; leur piété les rendait inébranlables; ils se battaient comme des lions et rien ne pouvait étonner leur intrépidité.

On ne saurait trop admirer les vertus de ces temps héroïques. Les chefs étaient des saints et les colons suivaient leurs exemples. M. de Maisonneuve et ses lieutenants, Mlle Manse, Mlle Bourgeois, Mme D'Ailleboust, et sa sœur Mlle de Boulogne, rappelaient les temps de la primitive Eglise.

Le dessein de fonder une ville chrétienne au milieu des déserts triomphe de tout. On élève des habitations; les campagnes voisines sont mises en culture et M. de Maisonneuve, plein de confiance dans le succès de l'œuvre, va en France demander à M. Olier de réaliser la promesse qu'il avait faite, d'envoyer dans la Nouvelle-France des prêtres de sa compagnie.

En 1657, arrivent des prêtres de St-Sulpice, ayant à leur tête M. de Queylus, directeur du séminaire de Paris. Ils viennent avec une recrue de 110 personnes. Peu de temps après leur arrivée, ils sont témoins des incidents les plus tragiques. Les Iroquois assassinent plusieurs habitants aux portes dela ville, entre autres, St-Père et ses compagnons.

En 1660, Daulac, avec dix-sept hommes, va soutenir l'effort de plusieurs milliers d'ennemis. M. Lemaître, et après lui M. Vignal, tous deux prêtres du séminaire, sont tués avec des colons. C'était le sang le plus généreux et le plus pur de la petite colonie. Ces pertes, loin d'effrayer, enflamment le

courage. On travaille activement à se défendre. Lambert Closse, qui avait reçu en fief une partie du faubourg St-Laurent, y met une redoute et des hommes pour la défendre. Charles Le Moyne occupe l'autre côté du fleuve. M. de Queylus élève une redoute à l'est de la ville, au quartier Ste-Marie, et une vers la Pointe St-Charles. M. de Maisonneuve en élève une troisième au Côteau St-Louis, là où fut ensuite la citadelle. La ville, composée de quarante maisons, est environnée de défen

seurs.

Ce fut de 1662 à 1664 que M. de Maisonneuve consolida l'organisation des milices, qui devait assurer le salut de la colonie. Il établit d'abord la milice mobile, toujours prête à se porter sur tous les points menacés par l'ennemi, et remplacée plus tard par les troupes régulières; puis la milice sédentaire, qui eut une action encore plus efficace que la première. C'était un corps composé de 20 escouades, où l'on trouve, dès 1660, presque tous les noms des familles qui habitent encore le district de Montréal (').

M. de Maisonneuve ayant supporté près de vingt-cinq années de travaux, pendant lesquelles le sort de Montréal avait été définitivement assuré pour l'avenir, voyant la ville déjà remplie, les territoires voisins occupés par des cultivateurs laborieux et des défenseurs intrépides, reçut la récompense que le Seigneur a promise à ses dévoués serviteurs: il fut méconnu et disgracié.

En 1664, il est remplacé par des hommes honorés de la confiance souveraine, "bien qu'ils ne le valussent pas" (2). Rien de plus touchant que les derniers temps de la vie de M. de Maisonneuve. Réfugié à Paris, dans une demeure obscure, où il avait bâti une cabane de sauvage, toujours intéressé à l'œuvre de Montréal" il s'endormit dans le Seigneur, nous dit M. Faillon, avec une confiance d'autant plus parfaite, que n'ayant pas reçu sur la terre la récompense de ses services, il était plus assuré de la recevoir tout entière dans le ciel."

(1) Cette société, mise sous le patronage de la sainte Vierge, et qui a souvent défendu le pays au prix de son sang, existe encore sous forme d'association de piété, avec son ancien nom de Congrégation de Notre-Dame. Elle compte actuellement plus de deux mille associés.

(2) Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec, page 125.

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