Dit le père. Il avait, soi-disant, un trésor; Après avoir fouillé Partout, on découvrit un coffre-fort rouillé, Tout petit, mais bien lourd; pistoles, portugaises, La montre, les fusils, et les peaux les plus belles Dans l'automne suivant, deux voyageurs un soir, L'un jeune, l'autre vieux, frappèrent à ma porte. Le vieux dit en entrant: Mon fanfan, je t'apporte Des nouvelles tout plein; de plus tu vas savoir Le fin mot du mystère au sujet de Baptiste. Ce monsieur que voilà, c'est son neveu François, Son héritier, qui vient... par ici... tu conçois.... - Je conçois qu'il faut boire et manger, et j'insiste, Père, pour que l'on prenne au moins un petit coup. Après nous jaserons un peu de tout.... beaucoup De notre ami Lanouet.... son neveu lui ressemble, Et je suis très-content de vous avoir ensemble.... Seulement je crois bien que vous ne ferez pas, Avec un civet cuit sans oignons, un repas Bien soigné; car enfin, faut que je vous le dise, Je suis pauvre à présent comme un vrai rat d'église ; Mais toujours, mes amis, c'est offert de grand cœur ! Nous causâmes bien tard, tout en faisant honneur A mon maigre festin. J'appris bien des histoires, Comment les avocats et leurs maudits grimoires Avaient failli manger la moitié du gâteau. Comment aussi fin qu'eux, le père Duchesneau Sut par un compromis régler toute l'affaire. - Nous avions tous signé par-devant le notaire, Dit-il, je n'avais plus qu'à porter au curé, Pour des messes, vingt francs. Il commençait à lire A peine mon écrit.... Etes-vous assuré De ce nom-là, Lanouet, fit-il; voulez-vous dire Lanouet du Labrador? - D'où le connaissez-vous ? Daté de Caudebec, Fête de saint Etienne - Au curé de Québec. Plus infernal, criant: Je viens du Labrador, De chez Lanouet. Et puis répondant avec rage, Car Marie était là ! Vous pourrez découvrir S'il a dit vrai. Priant Dieu pour qu'il vous conserve En parfaite santé, surtout qu'il vous préserve De tout esprit du mal, sorcier ou manitou, Vous et votre troupeau, de tout mon cœur je signe Votre humble serviteur Jean de Kergariou, Curé de Caudebec et prêtre bien indigne. -Tu le vois donc, Fanfan, c'était bien le démon, Et la blanche lumière était la sainte Vierge. Pour ne pas avoir peur, souviens-toi de Marie. Le temps était très-beau, Quand je les conduisis à bord de leur vaisseau, Ils me l'ont dit depuis, d'affreux miaulements, On ne discute point l'histoire du trappeur. Il a de ses yeux vu le Matché-manitou, A l'appel d'un jongleur descendre par un trou. De bien d'autres récits, la pauvre caravane ÉPILOGUE. Ces contes, dira-t-on, sont à dormir debout! Je le veux bien, lecteurs, si c'est là votre goût. Mais chaque jour pourtant, dans vos papiers-nouvelles, Que de contes aussi !.... Vous en lisez de belles ! Réclames, faits divers, feuilletons et romans, Spiritisme, magie, absurdes nécromans, Remèdes à tous maux, pancartes revernies, Vieilles inventions plus ou moins rajeunies, Anecdotes, bons mots, fabriqués au besoin, Du reste, on n'a pas su le dernier mot encore Ni de l'autre. Ils sont même, à leurs heures, aimables Ce que d'honnêtes gens ont pu voir de leurs yeux! C'est le poète anglais qui nous le certifie, Plus de prodiges sont, sur terre et dans les cieux, Que n'en rêva jamais notre philosophie ! Ce qu'un grand homme admet, on le voit trop souvent Chose bizarre au fait, tandis que la science Se croyant plus fins qu'eux, se moquent des sorciers. Légendes, doux récits, qui berciez mon enfance, O poëmes naïfs, dont le peuple est l'auteur, P. J. O. CHAUVEAU. POPULATION DE LA PROVINCE DE QUEBEC Familles et maisons.-En 1851 il y avait dans la province de Québec 142,763 familles et 123,983 maisons ou demeures occu-pées, ce qui faisait 6.23 personnes par famille et 7.01 par demeure ou maison. Le nombre des familles était 183,844 et celui des maisons habitées 155,088 en 1861, ce qui donnait 6.04 personnes par famille et 7.16 par maison. En 1871 il y avait 213,303 familles habitant 180,615 maisons, ou 5.58 personnes par famille et 6.59 par maison. Le nombre de personnes composant la moyenne de chaque famille aurait donc diminué de 0.19 de 1851 à 1861, et de 0.46 de cette dernière époque à 1871, ou de 0.65 dans les vingt ans compris entre 1851 et 1871, ce qui représente à peu près la déperdition causée par la concentration de la population dans les villes, où les gens se marient plus âgés qu'à la campagne et contractent des mariages qui sont moins féconds. Il est assez difficile d'expliquer comment l'agglomération de la population dans chaque maison a pu augmenter de 1851 à 1861; mais on découvre aisément pourquoi elle a diminué de 0.57 de 1861 à 1871. La dernière partie de cette décade, en effet, a vu les commencements de la fièvre des constructions, qui a naturellement marché de pair avec les spéculations de ter rains, dans plusieurs localités populeuses. Ainsi Sherbrooke, qui comptait, terme moyen, 7.49 personnes par maison en 1861, n'en avait que 6.13 en 1871; soit une diminution de 1.36. Le nombre des maisons s'y est accru de 786 à 1,388 ou de 76.59 pour 100, tandis que la population n'a augmenté que de 44.58 pour 100, ce qui accuse une différence de 32.01 pour 100 entre l'augmentation de la population et celle du nombre des maisons. |