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Cherchez ailleurs quelque chose de plus héroïque et de mieux

dit.

L'auteur a tâché de grouper, autour des personnages ou des faits importants, les détails, les circonstances qui peuvent les faire valoir; dans le récit des batailles ou des hauts faits d'armes, il présente quelquefois des détails de stratégie, propres à intéresser et à les mieux fixer dans l'esprit.

En finissant, nous n'avons qu'un regret à exprimer relativement à cet excellent petit volume, c'est que nous n'avons pu lui rendre parfaite justice. Cependant, nous pouvons réparer nos torts, en citant le témoignage d'un homme qui s'y connaît en fait d'histoire du Canada, M. l'abbé H. A. Verreau. Il nous permet de communiquer à nos lecteurs la lettre suivante, qu'il adresse à l'auteur du livre que nous venons d'examiner :

Mon cher Monsieur,

J'attendais votre abrégé de l'histoire du Canada avec impatience et un peu de défiance. Je savais bien que vous êtes, par vos talents et vos études spéciales, micux préparé que tout autre à ce travail difficile. Mais on finit par avoir les nerfs agacés de ce “besoin d'une nouvelle grammaire ou d'une nouvelle histoire," qui se fait toujours sentir, et que personne ne comble. Vous avez réussi à le combler, et je vous en félicite. Mieux, je m'en félicite moimême; car ce sont les pauvres professeurs, qui souffrent ou bénéficient du livre de texte. Il faut toujours mettre un livre de texte entre les mains des enfants, surtout dans les écoles primaires.

Notre histoire a un double caractère: un côté intime et un côté dramatique. Celui-ci s'impose de lui-même à l'imagination des enfants. Le côté inti. me se compose d'une suite de faits-colonisation, administration civile, judiciaire et militaire qui ne paraissent pas toujours se lier beaucoup ensemble, et qui frappent peu. C'est cependant le côté que je regarde comme le plus important, pour donner la clef de notre existence à part sur le continent américain. Il est aussi le plus difficile à présenter aux enfants. Je crois que vous avez réussi à bien saisir et à bien grouper l'ensemble de ces faits, et à les présenter d'une manière attrayante. Le style est concis et clair: assez de détails pour intéresser; pas trop, pour que le maître puisse entrer dans quelques développements, ce qui est une condition absolue d'un enseignement personnel. J'approuve votre manière d'apprécier les hommes et les événements. J'aurais peut-être quelques réserves à faire pour le commencement de la domination anglaise. Comme notre cher et regretté ami Laverdière, vous vous êtes peut-être trop fié à certains auteurs. J'ai fait la même remarque dans le temps à M. Laverdière, et depuis que j'ai étudié à Londres les documents officiels pour cette époque, je me suis, plus que jamais, confirmé dans ma manière de voir.

Je voudrais que votre histoire fût introduite dans toute les écoles. Je la recommanderai pour nos classes l'année prochaine, et je la ferai connaitre aux instituteurs dans la prochaine conférence.

REVUE

DE

MONTREAL

UN DÉLÉGUÉ DU PAPE

AU

CANADA

Depuis le moment où il a mis le pied sur le sol canadien, Mgr Conroy a été l'objet d'une suite d'ovations enthousiastes. Les évêques et le clergé, les autorités civiques, le peuple, le vrai peuple catholique, sont venus saluer, dans sa personne, l'homme distingué, le prélat aimable et savant que le Saint-Siége a honoré de sa confiance. Il est évêque; mais simple prêtre, pauvre moine comme autrefois saint Bernard, nous l'aurions toujours accueilli avec le même respect, à cause de son mérite personnel, et parce que Pie IX l'a investi d'une partie de son autorité.

Pie IX est prisonnier et dépouillé de son pouvoir temporel; mais s'il "commandait à deux cent mille hommes" son envoyé n'aurait pas reçu plus d'honneurs. Pour nous, il est le représentant du Pape-roi, et non pas seulement du Chef de l'Eglise. Avant de le conduire dans nos temples et de nous presser autour de son trône, nous avons couru l'acclamer sur son passage. Tome 1, 5e livraison, juin 1877.

A Québec, le maire est allé le complimenter à la descente du bateau; à Montréal, le pavillon britannique flottait sur les édifices publics, tels que l'Hôtel-de-Ville, le Palais de Justice, etc.; des ministres fédéraux, à Outaouais, sont venus au-devant de Son Excellence. Qui sait? Les journaux de Toronto auront peut-être demain des articles respectueux pour le Vieillard du Vatican. Et si je voulais parler de cette chose qui tient tant de place dans la vie politique, les dîners officiels, j'ajouterais que Mgr Conroy y a été traité comme le représentant du Pape-roi.

On nous objectera que nous ne sommes qu'une colonie, une nation au berceau...... C'est-à-dire que nous ne saurions exercer beaucoup d'influence sur la destinée du prisonnier du Vatican. C'est vrai : nous ne pouvons pas grand'chose; mais nous faisons ce que nous pouvons. Combien de grandes puissances oseraient en dire autant? Nous avons déjà demandé — sans attendre qu'on nous pressât de le faire -au gouvernement britannique de s'intéresser à l'indépendance de Pie IX. Nos hommes d'état l'ont défendu dans les parlements, et ils ont prononcé son éloge dans les réunions académiques.

Quoiqu'il en soit, l'envoi d'un délégué apostolique en Canada est un événement très important en lui-même, et qui fera certainement époque dans notre histoire. Ce n'est pas la première fois, sans doute, que le Saint-Siége députe quelqu'un vers une église particulière, mais le fait est assez rare, croyons-nous. La plus célèbre de ces missions extraordinaires dans les temps. modernes, est celle du Cardinal de Tournon en Chine.

La position qui est faite aujourd'hui à l'Eglise dans beaucoup de pays, pourrait bien rendre ces délégations plus fréquentes. Si les gouvernements refusent de reconnaître le pouvoir du Saint-Siége, celui-ci finira peut-être par n'envoyer ses représentants qu'aux autorités religieuses. Telle est la pensée que j'ai entendu exprimer par un ancien chargé d'affaires du SaintSiége.

Si notre condition politique nous avait permis d'établir des relations diplomatiques avec la cour de Rome, cette mission extraordinaire n'aurait probablement pas eu lieu. Elle serait entrée dans les attributions du nonce ou inter-nonce fixé auprès de notre gouvernement. C'est ordinairement ce qui arrive dans les états qui entretiennent des relations officielles avec le Pape.

Cet avantage peut nous être réservé dans un avenir plus ou moins prochain. Les envoyés du Pape, repoussés des cours eu

ropéennes, secoueront la poussière de leurs sandales et chercheront de nouvelles sociétés moins rébelles au sentiment chrétien. Autrefois, on ne connaissait pas ce qu'on est convenu d'appeler la politique européenne: les diplomates parlaient invariablement des intérêts de la république chrétienne ('). Aujourd'hui, cette république n'existe plus et on trouve que le Pape n'a plus sa place dans le monde politique. On veut qu'il change ses relations diplomatiques avec les gouvernements. Il a commencé à le faire, au grand ébahissement de certains ministres, lors du concile du Vatican. Il peut continuer. Déjà les Etats-Unis ont un cardinal, faveur qui ne paraît pas avoir été assez appréciée en Amérique, et dont les conséquences peuvent être trèsgrandes.

Nous ne sommes qu'une colonie, c'est vrai; mais nous avons notre gouvernement, et déjà, plus d'une fois, nous avons dû traiter nous-mêmes de nos intérêts avec nos voisins. Peu à peu l'Angleterre nous émancipe, et le Saint-Siége, de son côté, peut nous accorder un honneur dont certains états se montrent indignes. En nous introduisant dans le cercle politique des peuples, il comblerait la faveur qu'il nous a accordée en nous faisant prendre une place autorisée dans le domaine de l'intelligence et de la science. L'érection d'une université en Canada est un fait sur lequel nous reviendrons. Disons ici que, par la consécration qu'elle vient de recevoir, l'Université-Laval verra croître et s'étendre son heureuse influence.

Nous avons donc au milieu de nous un représentant du SaintSiége, et cette nouvelle preuve de sollicitude paternelle va rendre encore plus étroits les liens qui nous rattachent à lui.

Dans toute la Puissance, il n'y a peut-être pas un catholique qui ne connaisse la bienveillance que Pie IX accorde au Canada. Il en a donné une preuve dès le commencement de son règne, un jour que, dans la foule des cardinaux, des évêques et des hauts personnages qui se pressaient sur ses pas, il aperçut Mgr Bourget, évêque de Montréal. Loin de diminuer, elle s'est affirmée depuis, dans plusieurs circonstances, et sans parler des faveurs purement spirituelles dont il nous a fait une part si généreuse, Pie IX a comblé d'honneurs des ecclésiastiques canadiens et plusieurs de nos citoyens distingués.

(1) C'est ce qui frappe quand on parcourt les correspondances des diplomates français, espagnols, italiens et même anglais, jusqu'à la fin de la première moitié du 17e siècle.

Toutefois, ce serait oublier notre histoire, si nous ne faisions commencer que d'aujourd'hui l'attention que les Papes ont portée à notre pays. Dès son origine, il semble que Dieu leur ait montré dans l'avenir les destinées de cette lointaine contrée, comme il manifestait à quelques âmes privilégiées la direction particulière qu'il voulait imprimer à cette église naissante.

Depuis le jour où le doux et pieux de Marquemont (1), au nom de Louis XIII, suppliait Paul V d'accorder aux Recollets les pouvoirs nécessaires pour légitimer leur mission, jusqu'à celui où Mgr Georges Conroy à été investi de ses hautes fonctions, le Saint-Siége a souvent d'exercé d'une manière particulière son autorité sur l'église du Canada.

La fondation d'une église est un fait très important à tous les points de vue. Les hommes peuvent s'y employer pour différents motifs; mais rien n'est fait tant que le Vicaire de JésusChrist n'a pas dit: Allez et enseignez. Quand il a parlé, les prêtres ont une mission légitime, et l'endroit où ils viennent

(1) Denis Simon de Marquemont était né le 1er Octobre 1572. Ses talents et ses vertus le portèrent tout jeune dans la voie des honneurs. Il accompagna le cardinal du Perron à Rome, et fut nommé camérier du Pape. Auditeur de rote pour la France, il eut pour collègue Alexandre Ludovisio, plus tard Grégoire XV, selon Palatius, Fasti Cardinalium, t. IV, p. 123.

Avec M. de Sillery, qui devait plus tard fonder, près de Québec, une résidence pour les sauvages chrétiens, il négocia le mariage de Henri IV et de Marie de Médicis. En 1613, il fut nommé archevêque de Lyon.

Dans les Etats Généraux de 1614, ce fut lui qui parla devant le roi, au nom du clergé, dont il présida l'assemblée générale. Après le premier ministère de Richelieu, en 1617, il fut nommé par Louis XIII ambassadeur auprès de Paul V, et plus tard, 1622, auprès de Grégoire XV son ancien collègue. Urbain VIII, le decora de la pourpre romaine le 19 Janvier 1626 et le nomma à la fois Préfet de la Propagande, du Saint-Office, et de la Congrégation du saint concile de Trente. Il mourut au bout de quelques mois, et fut enterré à la Trinité-du-Mont, dont il était le titulaire.

Marquemont se trouve assez étroitement lié à l'histoire de l'église du Canada. D'abord, dans l'assemblée du clergé, il dut s'occuper de la juridiction et de la mission des Recollets en Canada; ambassadeur, il sollicita pour eux les pouvoirs dont ils avaient besoin; Préfet de la Propagande, il a pu recevoir les rapports que les Recollets et les Jésuites transmirent à cette congrégation sur leurs travaux apostoliques.

Il existe plusieurs recueils des négociations de Marquemont. J'y ai vainement cherché ses instructions au sujet de nos missionnaires. Peut-être trouvera-t-on quelque chose à Paris, dans les archives du ministère des affaires étrangères.

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