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BIBLIOGRAPHIE

POPULAR SAYINGS FROM OLD IBEBIA.-Québec, DAWSON ET CIE. Un charmant recueil de proverbes, maximes, apophtegmes et dictons de la vieille Espagne. Choisis avec soin et avec un goût parfait dans une mine presque inépuisable de poésie et de philosophie populaire, ces adages ont été traduits en anglais de façon à ne rien perdre de leur primitive saveur. La délicatesse du sentiment, la profondeur de la pensée, ou la finesse du trait, ont été rendus avec une souplesse de style qui eût peut-être trahi son origine, si quelques journaux n'avaient soulevé le voile de l'anonyme qui cachait les auteurs du petit volume, signé des noms de plume Fieldat et Aitiaiche.

Ce dernier donne le son anglais des initiales de l'un des auteurs, Miss Annie T. Howells, l'une des filles du consul des Etats-Unis à Québec, et la sœur du célèbre romancier américain, M. Wm. D. Howells, dont les ouvrages deviennent de jour en jour plus populaires dans notre pays, où se passent plusieurs des scènes les plus intéressantes de ses écrits. Miss Howells est l'un des membres les plus distingués d'une famille d'écrivains; plusieurs remarquables travaux littéraires lui ont déjà acquis une réputation aux Etats-Unis et parmi nous. Fieldat - fidélité -est le pseudonyme sous lequel M. le comte de Premio Real, consul général d'Espagne à Québec, contribue depuis plusieurs années à la littérature de son pays. M. le comte a voulu cette fois apporter à la littérature anglaise un intéressant élément exotique, et son idée a été artistement exécutée.

Les Popular Sayings portent au frontispice deux colonnes avec l'exergue Plus Ultra. Ce sont les armes de l'Espagne depuis que le navigateur génois a franchi les Colonnes d'Hercule pour aller à la découverte de l'Amérique.

BIOGRAPHIES ET PORTRAITS, par M. L. O). David-1 vol in-8°-Beauchemin et Valois, libraires-imprimeurs, Montréal, rue St. Paul, 237 et 239.

Le livre que nous avons sous les yeux renferme vingt-et-une biographies. Ces biographies, aujourd'hui accompagnées de portraits, ont déjà paru dans nos journaux, et notamment dans

l'Opinion Publique, L'idée de les réunir en un volume est excellente éparses dans nos feuilles quotidiennes et même hebdomadaires, elles auraient été bientôt oubliées. La chose eût été extrêmement regrettable, puisque, comme le dit l'auteur, elles sont destinées à jeter de la lumière sur la vie d'hommes remarquables dont le souvenir mérite d'être conservé."

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Nous n'avons pas, pour le présent, à apprécier les actes de ceux qui font l'objet de ces biographies, non plus que le théâtre où se sont exercés le patriotisme des uns, la science ou les vertus des autres: une telle appréciation nous mènerait trop loin, et dépasserait de beaucoup les limites resserrées d'une simple notice bibliographique.

Comme tout ce qui sort de la plume de l'auteur, ce livre est écrit avec cette abondance, cette souplesse d'expression qui sont les traits les plus caractéristiques du style de M. David. Une analyse quelque peu sévère trouverait peut-être que la diction n'est pas toujours assez châtiée, et que parfois les figures manquent de justesse. Nous dirons, néanmoins, que M. David excelle dans l'art de peindre, et qu'à ce point de vue, il soutiendrait avantageusement la comparaison avec d'autres littérateurs de l'ancien monde.

Mais ce qui, à notre avis, constitue le principal mérite de l'ouvrage, c'est ce parfum de patriotisme que l'on y respire à chaque page. De plus, le soin quasi minutieux que l'auteur, nouveau Plutarque, a pris de mettre en relief les talents et les vertus de ces hommes qui sont comme l'auréole du nom Canadien, fait que son œuvre sera lue et conservée par tous ceux qui ont à cœur le culte du passé et celui de la patrie.

Nous laissons de côté la partie matérielle de l'ouvrage, parce que nous ne sommes pas connaisseur en fait de typographie: nous pensons, cependant, qu'il aurait été mieux de laisser de côté les gravures qu'on y a mises: ce sont de véritables carica

tures.

J. O. CASSEGRAIN.

LES QUÉBECQUOISES, Poésies, par W. Chapman, 1 vol. in-8° de plus de 200 pages, élégamment imprimé par M. C. Darveau, de Québec.-Prix $1.00. Depuis quelques années la littérature canadienne, débarrassée des langes qui entravaient ses premiers pas, a grandi tout à coup et s'est développée d'une manière prodigieuse, sous les auspices de sa mère vénérée, la littérature française. Mainte

nant déjà, elle est si étendue, si riche et si variée-relativement parlant, bien entendu-qu'elle se sent assez forte pour se soustraire résolument à la tutelle de son aînée, qu'elle est sur le point de prendre son essor, de s'émanciper et de contrôler elle même, jusqu'à un certain point toutefois, sa marche dans l'avenir.

Nous disons jusqu'à un certain point, parce qu'il sera toujours nécessaire que nos écrivains aillent chercher leurs inspirations chez les grands maîtres français, qu'ils étudient leurs œuvres et les approfondissent, comme les beaux-arts modernes et la littérature elle-même vont encore puiser aux sources artistiques intarissables de la Grèce et de Rome; d'ailleurs notre littérature se rapproche de la française par des liens très-étroits, car l'une est née de l'autre, et elles ont toutes deux la même carrière à parcourir, la même fin à atteindre.

Nous avons un public instruit qui lit de plus en plus, qui se plaît à reconnaître les mérites de nos écrivains et commence à les encourager; nous avons une histoire féconde en faits glorieux et en légendes merveilleuses qui prêtent admirablement bien à la poésie lyrique et épique, au théâtre et au roman; nous avons nos historiens, nos publicistes, nos poètes, nos romanciers, nos mœurs, nos traditions: que faut-il de plus pour constituer une littérature nationale?

Loin de ralentir leurs efforts, nos écrivains travaillent avec un courage à toute épreuve; ces ouvriers de la pensée sont animés d'une ardeur infatigable, et au lieu de se reposer complaisamment sur leurs premiers lauriers, au lieu de jouir, avec une satisfaction trop facile et prématurée, de leurs premiers triomphes, ils semblent multiplier leurs sacrifices en raison de leur succès et de la faveur avec laquelle leurs œuvres sont accueillies. De sorte que nos bibliothèques s'enrichissent presque chaque jour d'ouvrages nouveaux, dont plusieurs jouissent d'une réputation européenne, malgré que, dans ce pays, les ecrivains rencontrent des obstacles de toutes sortes, malgré qu'ils aient à surmonter les difficultés les plus sérieuses et qu'ils perdent souvent de l'argent au lieu d'en moissonner.

La Revue de Montréal, récemment fondée et rédigée avec science, imprimera un mouvement sensible à la marche de notre littérature nationale, nous en sommes persuadé.

Comme elle s'est engagée à rendre compte à ses lecteurs de 'outes les nouvelles publications, il sera réservé dans ses colones une petite place à la bibliographie.

La littérature canadienne-française est en pleine floraison; lepuis peu de temps il a été publié un bon nombre d'ouvrages le mérite, tels que les Biographies et Portraits de M. L. (). David, les Echos de Québec de N. Legendre, les Evénements de 3735 de Carrier, l'Instruction Publique en Canada de M. Chauveau, les Chroniques de M. H. Fabre, etc. N'oublions pas les œuvres de M. B Sulte, ni les poésies de M. L. H. Frechette qui seront

publiées incessamment. Aujourd'hui, nous nous occuperons d'un recueil de poésies éminemment canadiennes, paru il y a déjà quelque temps; il est décoré d'un joli titre: Les Québecquoises, qui plaira à tout le monde; il est si galant, si national et si poétique en lui-même !

L'auteur de cet ouvrage, M. W. Chapman, de St. François de la Beauce, était déjà favorablement connu du public lettré par les pièces de vers qu'il avait insérées dans différentes Revues, entr'autres l'Opinion Publique; mais nous pensons que son volume ajoutera à sa réputation d'homme de lettre et lui assignera aussitôt une place marquante parmi nos littérateurs.

M. Chapman a une imagination vive et féconde, et il a écrit un grand nombre de poésies; mais il a choisi les meilleures d'entr'elles dont plusieurs sont inédites-pour en faire le joli recueil dont nous parlons. Nous avons lu avec plaisir et intérêt Les Québecquoises, et nous sommes heureux d'en pouvoir faire un éloge mérité. Nous sommes bien loin d'être un critique consommé, et notre jugement n'est pas d'un grand poids : aussi n'avons-nous pas la prétention de diriger l'opinion publique en écrivant les quelques remarques suivantes, touchant le livre de M. Chapman; mais du moins nous nous efforcerons d'être sincère et impartial, en ne perdant pas de vue ceci, que la critique a pour but d'étudier les qualités et les défauts d'un ouvrage, afin d'en déterminer le mérite, et non pas de le déprécier ou de le louanger sans discernement, comme cela arrive trop souvent. De sorte que j'aurai la double satisfaction de remplir un devoir vis-à-vis du public, et de rendre à l'auteur un service réel en lui signalant ses défauts- puisque rien n'est parfait en ce monde- ce à quoi je ne pourrais pas parvenir à coups d'encensoir avec la meilleure volonté du monde. Pour accomplir notre tâche, nous nous autoriserons de cette maxime très-vraie: "Il est plus facile de critiquer que de faire."

La poésie de M. Chapman est belle, les vers sont généralement bien faits; mais, pour parler sincèrement, nous ajouterons que nous pourrions en reproduire quelques-unes qui pèchent plus ou moins gravement par l'hémistiche, la césure ou quelquefois même par l'hiatus. Par exemple, ce vers-ci est incorrect: De nos mères que nous avions si loin laissées

puisque l'hémistiche coupe les deux mots inséparables. Nous avons remarqué quelques inversions risquées:

De ton rivage ouir les bruits harmonieux.

On peut aussi accuser de négligence plusieurs strophes tout entières; dans deux ou trois pièces on remarquera de plus des pensées sublimes qui ne sont pas rendues dans un style assez élevé, assez riche, des idées qui ne sont pas exprimées avec précision et avec la clarté et la force qu'elles exigent. L'Algonquine est un poëme invraisemblable. L'idée en est excellente et prête

à l'éloquence la plus entraînante; mais l'auteur n'a pas su tirer parti de son sujet. Cependant nous devons dire en toute justice qu'il y a de beaux passages.

Maintenant que la partie la plus difficile et la plus délicate de notre tâche est terminée, c'est avec un bien grand plaisir que nous constaterons que les beautés renfermées dans les poésies de M. Chapman suffisent pour racheter les ombres légères que nous venons de signaler. Nous aimons à le répéter, les vers sont bien faits et très-coulants, les strophes élégamment construites et harmonieuses; la rime est presque toujours riche et toujours aisée: on reconnaît là le vrai poëte.

Le sentiment qui domine dans Les Québecquoises, c'est la mélancolie. Ces poésies sont pleines de pensées touchantes et élevées. Le poëte aime la nature et y cherche Dieu; il entend sa voix paternelle dans les flots de mélodie qu'il a répandus à profusion dans l'air et les bois, sur les lacs, les montagnes et dans les solitudes. Il aime le murmure de la brise et le chant des oiseaux; il aime ce langage mystérieux, ces hymnes aériens qui s'élèvent sans cesse vers le ciel comme l'encens et la prière. Il unit sa voix à la grande voix de la nature pour célébrer la bonté et la grandeur infinies du Créateur. Une fleur lui rappelle un souvenir, un nuage dans le ciel remplit son cœur d'une tristesse résignée. Toutes ses élégies se ressentent des impressions qu'il reçoit; elle sont douces et charmantes.

Les vers suivants sont pleins de fraîcheur:

Depuis longtemps je laisse errer ma rêverie,

Comme au souffle du vent l'enfant, dans la prairie,

Livre son cerf-volant,

Comme la forêt fait flotter sa chevelure,

Comme la source épanche une onde claire et pure
Sur le galet roulant.

Laissant ployer mon front sous la mélancolie
Je parcours un par un les feuillets de ma vie,
J'évoque le passé,

Et je me ressouviens de mes blondes années,
Frèles fleurs que le vent du malheur a fanées
De son souffle glacé.

J'étais enfant. Avec mes petits camarades,
J'allais souvent jouer sous les vertes arcades
Des bosquets embaumés......

Nous ornions nos chapeaux de roses, de pervenches,
Des oiseaux, nous allions, en écartant les branches,
Chercher les nids aimés.

A force de sueurs, de peines, de fatigues,

Dans le lit des ruisseaux nous élevions des digues
Où le flot bouillonnait,

Et, sous le jet d'argent d'une fraiche cascade,
Eparpillant dans l'air sa joyeuse roulade,
Un beau moulin tournait.

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