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LA SAINTE ÉCRITURE ET LA RÈGLE DE FOI PAR L'ABBÉ LOUIS NAZAIRE BEGIN, DOCTEUR EN THÉOLOGIE, PROFESSEUR a la faculté de THÉOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ LAVAL.—QUÉBEC, Typographie d'augustTIN CÔTÉ ET CIE. 1874.

THE BIBLE AND THE RULE OF FAITH BY THE ABBÉ LOUIS NAZAIRE BEGIN, DOCTOR OF THEOLOGY, THEOLOGICAL PROFESSOR IN THE UNIVERSITY

OF LAVAL, TRANSLATED FROM THE FRENCH BY G. M. WARD. LONDON: BURNS AND OATES, PORTMAN STREET AND PATERNOSTER ROW. QUEBEC : JOHN BARROW, 16 JOHN STREET. 1875.

Il y a longtemps, croyons-nous, que l'ouvrage de l'abbé L. N. Bégin, dont nous venons d'écrire le titre, aurait dû recevoir parmi nous les honneurs de la critique. En dehors du coin de terre que nous habitons, au milieu d'hommes moins liés que nous à notre savant compatriote, et qui n'ont pas plus besoin que nous assurément de bons livres, puisqu'ils vivent, à ce point de vue comme à certains autres, au sein d'une richesse que nous pourrions appeler abondance relativement à la nôtre, on a bien trouvé et le moyen et le temps de faire connaître cet ouvrage, de l'apprécier, et, qui plus est, d'en publier et annoncer la traduction.

Il faut dire cependant, ne fût-ce qu'à titre de réparation pour notre indifférence, que le traducteur est madame Pennée (1), de Québec, qui a signé son œuvre du nom de G. M. Ward.

(1) Madame Pennée nous permettra de rendre ici un public hommage à son rare talent, à son érudition, à son grand zèle pour l'éducation.

Sans rien vouloir apprendre à nos lecteurs, nous aimons à leur rappeler qu'en traduisant l'ouvrage de M. l'abbé Bégin, Madame Pennée n'en était pas à son premier essai. Elle avait traduit déjà plusieurs ouvrages: les Anciens Canadiens de M. de Gaspé, le Manuel de la Bonne Ste. Anne de M. l'abbé

Le savant rédacteur de la Revue de Dublin disait, en terminant la critique de l'ouvrage, qu'il venait de faire sur la version anglaise "Madame Pennée n'a aucune raison de craindre que sa "part ne soit imparfaitement accomplie. Nous n'avons jamais jeté les yeux sur un livre qui se lise mieux que celui-ci, et nous n'aurions jamais deviné que ce fût une traduction (1)." Mais revenons à l'ouvrage.

M. l'abbé Bégin, qui est d'autant plus ferme contre l'erreur qu'il est plus charitable et plus bienveillant envers les personnes, et qui n'a jamais parlé ou écrit au profit des antipathies religieuses, nous indique, dans son introduction, le but qu'il a eu en écrivant ce livre: "J'ai voulu uniquement, dit-il, "montrer les bases fragiles du protestantisme, répondre indi"rectement à un bon nombre d'objections captieuses et pré"sentées de ce ton tranchant qui nous les fait regarder quel"quefois comme insolubles; j'ai voulu en même temps "affermir la foi des faibles, les prémunir contre les séductions "de l'erreur, et faire briller aux regards de ceux qui ne sont pas encore dans nos rangs la douce lumière de la vérité "catholique."

Telle a été sans doute la pensée principale de l'auteur; mais cette raison, qui est excellente, n'empêche pas qu'il n'ait pu en avoir d'autres également bonnes, et qu'il n'y en ait en effet de fort graves. Parmi celles-ci, nous en mentionnerons une séule: l'exemple; nous voulons dire l'opportunité de rappeler ainsi pratiquement, et d'une manière heureuse, à tous, même à plus d'un controversiste, la nécessité de s'établir fermement sur le terrain invincible de la règle de foi, de s'y tenir toujours, d'y ramener sans cesse les esprits, de ne jamais l'oublier, même au milieu des plus ardentes expéditions à travers la plaine. C'est ainsi qu'un bon général, des hauteurs de la forteresse, tenant en ses

Casgrain, l'Histoire ancienne et moderne des Frères de la Doctrine Chrétienne, et un grand nombre d'autres ouvrages, latins, allemands, italiens et français, tant en vers qu'en prose.

C'est aussi Madame Pennée qui a traduit en anglais la Bulle érigeant canoniquement l'Université Laval, traduction qui a servi à préparer la copie officielle présentée à Sa Très-Gracieuse Majesté la Reine.

Madame Pennée a composé une méthode analytique destinée à faciliter aux étudiants anglais la distinction, si difficile pour eux, des genres dans la langue française.

(1) The Dublin Review, octobre 1875, page 535.

mains la clef de tout le pays, ne sort pas au-delà de certaines lignes, y attire toujours l'ennemi, et ne livre le combat qu'au pied des puissantes murailles, ou du moins, s'il s'en éloigne, ce n'est jamais pour s'aventurer dans ces détours écartés et obscurs où l'on perd de vue les nobles créneaux qui annoncent à tous, vainqueurs et vaincus, le roc de la citadelle inexpugnable.

Parlons sans figure.

On établit la vérité catholique sur tel ou tel point particulier, sur l'eucharistie, par exemple, la confession, les indulgences, etc., etc. Voilà qui est bien, sans doute, et même nécessaire; mais ce n'est pas là absolument le vrai terrain. Le vrai terrain, le point fondamental, la base à laquelle il faut que tout revienne, dans les controverses entre catholiques et protestants, le seul point, pouvons-nous dire, sur lequel on n'appuiera jamais assez, c'est la règle de foi, à moins qu'il ne s'agisse de protestants rationalistes; mais alors ils ne sont plus en réalité protestants: ils n'en ont plus que le nom, et ils ont, comme il doit naturellement arriver et comme il arrive en effet si souvent, glissé sur la pente abrupte où les a mis la révolte, et roulé au fond de l'abime. Mais s'il s'agit de protestants sincères, solides, ou faibles, ou inquiets, comme il s'en trouve encore, Dieu merci, un assez bon nombre, on ne les ramènera jamais, du moins finalement, qu'avec la règle de foi. Ce point réglé, tout est réglé; ce point négligé, rien n'est fait, ou du moins, rien de final et, disons-le pour expliquer certainsretours qui surprennent et attristent chez les convertis de la veille, quelquefois de plusieurs années, of more than twenty years' standing, comme s'exprimait naguère un converti qui n'est plus catholique, quoi qu'il en dise (1), rien de solide et de durable.

En effet, si la règle de foi est bien connue de nos frères séparés, bien comprise, franchement acceptée avec la grâce de Dieu, quelle difficulté, généralement parlant, à moins d'abus effrayants de la grâce, heureusement très-rares, quelle difficulté peut-il y avoir ou survenir sur les autres points de la doctrine catholique? Nous oserons dire aucune. L'Eglise propose telle vérité; l'Eglise, prise avec ses caractères divins, l'Eglise infail

(1) PAPAL INFALLIBILITY by a Roman Catholic layman.. London, Oxford and Cambridge, 1876, page 8.

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Rivingstons,

lible l'enseigne; donc c'est révélé, donc c'est vrai; donc il faut croire. Qu'importe alors que l'on comprenne ou ne comprenne pas le comment de la vérité proposée, qu'elle nous apparaisse hérissée de difficultés, dure, durus sermo; qu'on la voie des yeux de la raison ou qu'on ne la voie pas autrement que par la foi ?— le roc est là, la prémisse est inébranlable, et la conclusion en découle avec évidence, quoiqu'elle ne soit pas elle-même évidente. Et cela suffit amplement pour satisfaire tout esprit que la passion n'a pas aveuglé, et qui n'a pas abusé de la grâce de la foi et de la raison jusqu'à préférer désormais les ténèbres à la lumière.

Au contraire, si par malheur on a négligé dans l'œuvre de la conversion le point fondamental, et nous le répétons, au risque d'être fastidieux, la règle de foi, on ne peut se flatter d'avoir fait un catholique dans le vrai sens du mot. Il n'aura pas de point d'appui. C'est un faible. Il ne saura quoi opposer aux difficultés qui se dresseront probablement un jour devant lui; au jour de l'orage, il chancellera, s'il ne tombe misérablement. Nous ne voulons pas dire qu'il faut toujours commencer par là, non; nous savons que mille sentiers conduisent à la Jérusalem terrestre, et que les motifs qui ont ameifé et amènent encore tous les jours au bercail les âmes fourvoyées sont multiples comme la grâce; mais nous disons que si l'on n'a commencé par là, c'est par là du moins qu'il faut finir: car enfin l'on n'est catholique qu'à la condition d'être enfant de l'Eglise et de mettre à ses pieds les prétentions ou les caprices de son jugement privé. Et plus cette soumission sera éclairée et sincère, complète, en tout ce que l'Eglise revendique comme sa doctrine, plus la foi sera ferme, et moins grand sera le danger de regarder ou de retourner en arrière. On ne peut le nier, rien n'est plus important que de se prémunir contre les retours, ou, passez-nous l'expression, contre les frémissements du jugement privé, si naturels à ceux qui en ont respiré les fatals parfums, qui sont nés et qui ont grandi dans les mirages subtils et sédui sants de son atmosphère.

Mais notre observation, qui s'applique avant tout à nos frères séparés, ne manque pas de valeur et d'à-propos relativement aux catholiques eux-mêmes.

Ces enfants de lumière, qu'est-ce qui les protégera contre les mauvaises inspirations de l'idée protestante, qui tend a pénétrer partout, et contre les séductions du rationalisme ?-Le souvenir toujours vivant de la règle de foi.

On leur demandera, par exemple, si tel article de leur sym-bole se trouve dans l'Ecriture, et si oui, où le prendre.

Que leur importe, absolument ?

Peut-on s'attendre à ce que tout catholique rende un compte exact de chaque point de sa croyance en particulier? Les protestants le peuvent-ils, quoiqu'ils s'en vantent et que leur principe les y oblige ?-Beaucoup moins que nous.

Et puis, à part l'Ecriture, n'y a-t-il pas la Tradition, qui contient, comme l'Ecriture, la parole de Dieu ? Et lors même que des catholiques ne sauraient, dans certaines occasions, indiquer la source où l'Eglise puise pour eux la doctrine, s'ensuit-il que la doctrine en question n'est pas révélée, ou contenue de quelque manière dans le dépôt de la révélation?

Pas du tout.

C'est alors que le catholique, revenant avec une persistance logique à la règle de foi, répondra, s'il est éclairé : l'Eglise m'oblige à croire cette vérité; donc elle se trouve dans le dépôt de la révélation.

Et c'est là, au centre même de la citadelle, que l'ennemi devra le combattre, ou s'en retourner vaincu.

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Gardons-nous, cependant, de tomber ici dans l'exagération, et de pousser au-delà de ses limites légitimes la vérité qui se présente à nous.

Sans doute, c'est par l'autorité divinement constituée, et démontrée, de l'Eglise, que l'autorité immédiate de Dieu révélateur se manifeste et s'applique à tous; c'est par le moyen de cette autorité de l'Eglise, que tous reçoivent la parole divine et, dans la parole divine, les vérités révélées, et le sens qu'on doit légitimement y attacher.

Sans doute, l'obéissance de la foi ne se rapporte pas seulement à l'autorité de Dieu considérée immédiatement en ellemême, mais encore à l'autorité des légats de Dieu, ou de l'Eglise.

Mais s'ensuit-il qu'il n'y a aucune différence entre l'une et l'autre autorité, relativement à la foi? Oh! non.

L'autorité de Dieu considérée immédiatement en elle-mème est le motif, ou, comme on l'appelle ordinairement, l'objet formel de la foi; tandis que l'autorité de l'Eglise est le moyen, choisi par Jésus-Christ, pour appliquer à chacun et le motif de la foi, et la vérité à croire.

Mais l'intervention de cette autorité de l'Eglise est-elle quelque

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