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déposants d'opérer leurs paiements au moyen d'un transfert. Ce transfert s'opère au moyen de chèques.

III

Les banques de circulation obtiennent leur capital payant avec beaucoup plus de facilité que les banques de dépôts. Celleslà prêtent l'argent de leurs créanciers, tandis que celles-ci ne prêtent l'argent de personne; mais elles prêtent leurs propres billets payables au porteur. Il est connu de tout le monde qu'un billet payable au porteur n'est pas de l'argent. Si une personne qui a besoin de $100 veut prendre la promesse écrite d'une banque pour ce montant, la garder pendant un an, la rapporter alors plus $4.00, voilà un gain de $4.00 pour cette institution, au moyen du capital fictif de $100, que la banque s'est créé. Cette manière de former un capital est, comme vous le savez, fondée sur le crédit. Quand un marchand emprunte, quelque loyal qu'il soit, ce n'est pas pour admirer l'effigie de notre gracieuse souveraine, c'est qu'il a besoin d'argent pour remplacer les marchandises vendues, ou bien qu'il a des paiements à faire. Si la banque, au lieu de lui prêter de l'argent, lui prête ses billets, il n'y aura pas de différence quant à ce qui le regarde, pourvu qu'il puisse acheter avec ces billets; et il le pourra avec autant de facilité que si on lui eût prêté de l'or, pourvu que le pays soit en paix, et que le public soit convaincu que la banque est en état de racheter immédiatement ses billets, c'est-à-dire qu'elle jouisse d'un bon crédit.

Si le public est sous cette impression, le marchand pourra acheter où il voudra, et les billets serviront autant que l'or. Ce papier passera de main en main, aura le même cours que l'argent monnayé, et restera dans la circulation un temps plus ou moins long, suivant les circonstances.

A l'origine, cette facilité de cours que possèdent les billets dépend du crédit de la banque, c'est-à-dire de l'opinion répandue dans le public sur sa solvabilité. Il est assez évident que les billets servant de monnaie sans crédit est une impossibilité.

Une institution monétaire aura beau être riche, avoir un capital immense, si elle ne jouit pas de la confiance publique, il sera fort difficile, sinon impossible, de faire circuler ses billets. Comme les billets qu'elles peuvent maintenir en circulation forment le capital des banques de cette catégorie, elles font tout en leur pouvoir pour retirer les billets des institutions

rivales, afin d'avoir un champ plus vaste pour leurs propres opérations.

Quands elles font des prêts, elles les font toujours avec leurspropres billets, et quand elles reçoivent en paiement des billetssignés par des établissements qui leur font opposition, elles ne les émettent plus; elles les envoient à qui de droit, pour en recevoir le paiement.

Ainsi, plus une banque peut émettre de billets, et moins elle est obligée d'en racheter en numéraire, plus elle fait de profit, plus son capital payant est considérable.

Ceci n'est vrai que pour les temps de paix, pour les pays qui ont un gouvernement solide, à l'abri des révolutions.

En temps de trouble et en temps de guerre, les billets mêmesdu gouvernemeut n'ont pas cette facilité de cours. On affectionne alors beaucoup plus les métaux précieux, pour la bonne raison que les métaux valent intrinsèquement, ou à peu près, le montant pour lequel ils ont cours, tandis que le billet ne vaut rien intrinsèquement; et si la banque qui en est responsable venait à disparaitre, il ne vaudrait rien même extrinsèque

ment.

Il est plus facile de créer un capital au moyen de la circulation qu'au moyen des dépôts. Pour faire un civet, il faut un lièvre; pour opérer au moyen de dépôts, il faut des dépôts. Pour qu'une somme considérable soit placée entre les mains d'un banquier, il faut qu'un nombre considérable de personnes s'accordent à lui remettre leurs capitaux. Mais ceci prend du temps: il faut que le public se soit fait à l'idée que son argent sera mieux entre les mains d'un banquier que partout ailleurs.

En Canada, tout le monde reconnait l'avantage des dépôts; mais il n'en est pas de même partout.

Enfin la formation d'un capital au moyen des dépôts demande que le public fasse un effort, c'est-à-dire qu'il apporte son argent. La création d'un capital au moyen de la circulation, loin de demander un pareil travail au public, exige tout le contraire, c'est-à dire tout simplement qu'il s'abstienne de venir présenter ses billets pour en recevoir le paiement.

Dans l'émission des billets, le banquier, celui qui doit en bénéficier le plus, peut donner ses Billets comme prêt, ou bien en paiement de dettes, ou enfin pour payer les dépenses de l'institution. Mais en ce qui regarde l'obtention de dépôts, le banquier est passif. L'émission de billets dépend du ban-quier, les dépôts dépendent du public.

La circulation est commencée par la banque et ne demande aucun effort de la part du public; au contraire, il faut un effort de la part du public pour arrêter la circulation une fois commencée. Il est très-évident que les institutions de circulation doivent précéder les banques de dépôts.

La circulation est une espèce de réclame; elle sert à faire connaître la banque, à en établir le crédit, à la populariser. Ainsi, suivant l'ordre logique, les opérations au moyen de la circulation doivent précéder celle qui se fait au moyen des dépôts. Bagehot en donne l'explication dans les termes suivants : "Dans un pays où les banques ne sont pas en vogue, quand un particulier, pour une cause ou pour une autre, reçoit un montant en or, il ne le dépose point: il a peur; la banque peut tomber d'un jour à l'autre ; alors son or sera perdu.

Si au contraire ce montant est en billets, il peut faire une de ces trois choses: demander le paiement des billets au comptoir de la banque qui les a signés, recevoir le paiement en espèces sonnantes, qu'il gardera chez lui; ou garder les billets chez lui; ou enfin les déposer à la banque. S'il a intention d'employer cet argent tout de suite, le papier ayant cours comme l'or, excepté pour les dettes payables à l'étranger, il ne prendra pas la peine de les échanger.

Il n'aura peut-être pas un besoin immédiat de son argent, et comme le papier vaut l'or pour les opérations commerciales, il ne prendra pas la peine d'exiger le paiement de ses billets; il les conservera chez lui; bien vite il s'apercevra qu'au lieu. d'avoir des billets, il serait préférable de les mettre entre les mains du banquier; le danger de perdre se trouve diminué d'autant.

Supposons qu'il garde le papier d'une banque chez lui, et qu'elle tombe, ses billets ne vaudront rien. S'il dépose son argent et que la banque vienne à faillir, il perdra pareillement. Qu'il garde des billets dans son propre coffre ou qu'il les dépose, si la banque vient à tomber, il perdra; mais en les conservant chez lui, il y a deux dangers de plus qu'en les déposant : les voleurs et le feu.

S'il a ouvert un compte à la banque, ces dangers disparaissent, ou mieux ils sont transférés du déposant au dépositaire.

Il n'y a pas de doute que cette vérité, quoique d'une simplicité élémentaire, met du temps à se répandre parmi les classes non instruites; mais à la fin, le sens commun-chose bien rare -prévaut, et les dépôts commencent."

L'Ecosse est le pays où les banques de dépôts sont le plus répandues. L'émission des billets est un item de leur passif, d'une importance très-minime; pourtant les billets étaient la seule source de revenu pour ces institutions pendant de longues années.

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£110,000,000 15,000,000

La Banque de France avait, en février 1873, une

circulation de..........

et des dépôts au montant de........

Il est vrai qu'elle est la seule banque de circulation en France, tandis qu'il y a, dans le même pays, un grand nombre de banques de dépôts.

-(A continuer.)

JOHN AHERN.

LA CRISE COMMERCIALE ACTUELLE

(Suite et fin.)

L'abondance engendre presque toujours l'extravagance. Cette recrudescence d'affaires ayant augmenté le crédit et la quantité des capitaux circulants, on se lança dans toutes sortesd'opérations banques, compagnies d'assurance, de transport, usines, minières, terrains; tout était bon. La spéculation ne manqua pas de jouer le rôle qu'elle remplit toujours dans ces temps de vertige et d'entraînement. Qu'il suffise de mentionner les spéculations de terrains à Montréal. Grâce à cette ardeur effrénée pour la spéculation, des terrains presque sans valeur dans les temps ordinaires, se vendirent à des prix fabuleux. L'enivrement était tel que pour monter une spéculation de terrain, il suffisait de diviser les propriétés en lots à bâtir, d'en faire imprimer le plan, et d'annoncer une vente à l'encan. On poussa les choses à un tel point, que si tous les terrains ainsi achetés en spéculation s'étaient bâtis de suite, les limites de la ville de Montréal comprendraient une étendue presqu'aussi grande que celles de la ville de New-York.

Inutile de dire que ces spéculations ont immobilisé des capitaux énormes, puisque les travaux d'embellissement, ouverture des rues, etc., d'une seule propriété, ont coûté près de cent cin-quante mille piastres.

Cette fièvre de spéculation était générale; avocats, notaires,marchands, boutiquiers, tous faisaient dans les terrains, et reti-raient les capitaux des affaires ordinaires pour se procurer ces valeurs factices.

Pour activer davantage ces opérations téméraires et faire mieux avaler la pilule, on eut recours à tous les moyens, mais surtout à l'établissement des sociétés de bâtisse; en moins de quatre ans, il en fut fondé plus de vingt.

La réalité finit par ouvrir les yeux aux plus enthousiastes, mais il était trop tard. Quand les spéculateurs constatèrent que la demande était bien loin d'approcher l'offre des terrains, les engagements étaient contractés, et il fallait bien les rencontrer. Pour faire honneur à ces engagements, force fut aux spécula

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