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ans, depuis 1824 jusqu'en 1833 », (a) et s'acquit à jamais la reconnaissance du séminaire, par son habileté, sa fermeté, son infatigable dévouement, et par les réformes importantes qu'il fit dans l'administration des affaires temporelles de la maison.

Secrétaire de l'évêque de Québec depuis 1807, l'abbé Turgeon l'accompagna à Rome en 1819, et mit à son service tous ses talents et toute son amitié. Aussi de plus en plus convaincu de son mérite, et connaissant d'ailleurs en quelle estime le tenait tout le clergé, Monseigneur Plessis se fortifia dans la résolution qu'il avait déjà prise de l'élever à l'épiscopat. Ses vues étaient partagées par le vénérable coadjuteur, Monseigneur Panet. Voici comment l'abbé Ferland raconte ce qui se passa à ce sujet entre les deux prélats, et comment Monsieur Turgeon refusa l'honneur qu'on voulait lui imposer: « Au moment où Monseigneur Plessis mourut, l'évêque de Saldes était à Québec depuis plusieurs jours, travaillant à déposer sa charge de coadjuteur sur des épaules plus jeunes. Les deux prélats avaient déjà proposé deux noms, ceux de Monsieur Jérôme Demers et de Monsieur Turgeon, qui avaient été agréés par le gouverneur, lorsque le décès inattendu de Monseigneur Plessis força l'évêque de Saldes à monter sur le siège de Québec. Un troisième nom fut alors ajouté, par Monseigneur Panet, aux deux premiers déjà désignés pour la coadjutorerie: ce fut celui de Monsieur Signay. Monsieur Demers refusa péremptoirement. Monsieur Turgeon fut ensuite vivement pressé d'accepter la mître, et par l'évêque et par le gouverneur, qui lui adressa à ce sujet une lettre extrêmement flatteuse. Un second refus aussi formel que le premier vint encore briser les espérances du clergé. L'histoire ne saurait blâmer l'humilité de l'abbé Turgeon, mais elle ne peut s'empêcher de regretter qu'il n'eût pas de suite accepté la charge de l'épiscopat, qu'il était si digne et si capable de porter.

Cependant, Monseigneur Panet et Monseigneur Signay réussirent, en 1831, à vaincre les répugnances de ce digne prêtre, et il fut convenu qu'il serait le futur coadjuteur de l'évêque de Québec. Aussi, après la mort de Monseigneur Panet, Monseigneur Signay s'empressa-t-il de demander sa nomination à Rome, et, dès le mois de février 1833, il était regardé dans tout le pays

(a) Notice Biographique par Monsieur l'abbé Cyrille Legaré.

comme le coadjuteur élu, d'autant plus que le Gouvernement Anglais l'avait reconnu en janvier de la même année. Aussi il y eut un malaise général, quand l'on apprit que des démarches étaient faites par quelques prètres, à Rome, pour faire nommer Monsieur l'abbé Saint-Germain, alors curé de Saint-Laurent de Montréal. Monseigneur Lartigue fit à ce sujet un mémoire dans lequel il faisait le plus éloquent plaidoyer en faveur de la nomination de Monsieur Turgeon. Ce mémoire fut mis à la disposition de Monsieur Maguire, agent de l'évêque de Québec, à Rome. De plus, deux cent cinquante-huit prêtres adressèrent une requête à Monseigneur Signay et au Saint-Père, pour demander avec instance les bulles du coadjuteur élu. Parmi les signataires l'on trouve les noms de Monseigneur Gaulin, des Grands-Vicaires, des archiprêtres, et des prêtres les plus marquants de toutes les parties du diocèse. Enfin les bulles furent accordées, et, le 11 juin 1834, l'évêque de Sidyme fut sacré dans la cathédrale de Québec par Monseigneur Signay, assisté de Monseigneur Lartigue et de Monseigneur Gaulin. Monsieur le Grand-Vicaire Cadieux, qui fit le sermon, adressa en terminant, ces paroles au nouveau dignitaire : "Je dirai que votre qualité d'élève, de disciple, de compagnon et d'ami d'un prélat illustre, dont la mémoire sera toujours chère à ce diocèse, Monseigneur J.-O. Plessis, votre voyage avec lui jusqu'au siège de l'Église catholique, votre approche près du tombeau des martyrs, nous sont une garantie de votre zèle apostolique, et qu'avant que nous vous eussions choisi, vous l'aviez été dans le ciel."

"Ces paroles ne furent pas démenties: à peine avait-il été choisi et consacré, qu'il seconda avec énergie tous les desseins de son vénérable Archevêque, Monseigneur Signay. On doit lui attribuer une large part dans les œuvres qui ont signalé le règne de ce prélat: l'établissement, en 1837, de l'œuvre de la Propagation de la Foi; la fondation, en 1838, de la mission de la Colombie; l'établissement, en 1841, des retraites ecclésiastiques; la construction du palais archiepiscopal, en 1844 (a); la formation, la même année, de la province ecclésiastique de Québec. Son zèle reçut un redoublement d'ardeur, lorsque, le 10 novembre 1849,

(a) On peut dire que cette construction fut due toute entière à l'initiative de Monseigneur Turgeon.

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il se vit chargé de l'administration complète du diocèse, et, lorsqu'à la mort de Monseigneur Signay, il prit solennellement possession du siège archiepiscopal, le 8 du mois d'octobre 1850." (a)

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Son règne ne dura que six ans, mais il ne laissa pas d'être marqué par les événements les plus importants pour l'Église de Québec. Des 1851, l'Archevêque convoqua ses suffragants pour le premier concile provincial qui fût tenu en Canada. Voici les noms des prélats qui se réunirent en sessions solennelles dans la cathédrale Nos Seigneurs Turgeon, Baillargeon, Gaulin, Phelan, Bourget, Guigues, De Charbonnel, Prince, McDonald et Mullock. Ces deux derniers n'appartenaient pas à la province ecclésiastique de Québec. C'est dans cette auguste assemblée que l'on décida l'établissement de l'Université Laval. Monseigneur Turgeon favorisa de toutes ses forces cette institution proposée d'abord par l'évêque de Montréal; il la recommanda au gouvernement et aux fidèles du diocèse, la loua en face du pays dans les termes les plus éloquents, et prodigua à ceux qui en furent les laborieux et, l'on peut dire, héroïques fondateurs les secours de ses talents et de son expérience.

Monseigneur Turgeon surveillait avec soin les études Théologiques de ses séminaristes, et dans une lettre en date du 5 septembre 1853, adressée à Monsieur L.-J. Casault alors supérieur, il fait voir quelle importance il attachait à l'instruction de ceux qui aspiraient à l'ordination sacerdotale.

Le collège de Sainte-Anne que n'avaient pu favoriser, autant qu'ils l'auraient voulu, les évêques Panet et Signay, occupés qu'ils étaient à la construction de Nicolet, trouva aussi en Monseigneur Turgeon un protecteur dévoué et un ami fidèle. Son nom figure parmi ceux des bienfaiteurs insignes de la maison. Deux établissements d'un autre genre furent fondés sous son épiscopat l'hospice du Bon-Pasteur et celui des Sœurs de la Charité. Il encouragea de sa parole et de ses libéralités les fondatrices de ces œuvres admirables et les recommanda à la charité de ses diocésains.

Les conférences ecclésiastiques avaient été abandonnées à l'époque de la conquête : Monseigneur Turgeon se hâta de les réta

(a) L'abbé C. Legaré.

blir par son mandement du 3 décembre 1853. L'année suivante, il adressait aux fidèles son mandement sur les tables tournantes, qui est demeuré célèbre et qui est cité dans quelques éditions de la théologie de Gury. Rien de plus sage peut-être n'a jamais été publié sur cette difficile question. Cette même année 1854 fut la dernière de.son administration épiscopale, et l'on peut dire qu'elle fut bien remplie. Signalons un mandement de l'Archevêque sur la tempérance, un autre en faveur de l'Hospice des Sœurs de la Charité, qu'un incendie venait de réduire en cendres, la convocation et l'assemblée du 2 Concile provincial, et la publication du jubilé précédant la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception. Le 19 juin, le choléra éclata de nouveau à Québec, et vint ajouter aux sollicitudes de Monseigneur Turgeon. Confiant à son coadjuteur le soin de faire la visite pastorale, il s'occupa de porter secours aux malades qui remplissaient l'Hôpital de Marine, et d'arrêter par des mesures efficaces la marche du terrible fléau. Rien ne saurait peindre sa charité et son dévouement pour ceux qui en furent les infortunées victitimes. Tous les deux jours, il se rendait à l'Hôpital de Marine, en compagnie de M. l'abbé Cazeau, et leur prodiguait les plus aimables et les plus douces consolations. Sa présence dans ce lieu de souffrance et de danger était un sujet de joie pour les catholiques et d'édification pour les protestants, dont un bon nombre se convertirent (a). Enfin les froids de novembre firent disparaître la cruelle maladie et ramenèrent la sécurité dans la ville.

C'est au milieu de ces divers travaux apostoliques, et au moment où il semblait être le plus utile à son Église, que la Providence mit fin tout à coup à la carrière épiscopale de Monseigneur Turgeon. Le 19 février 1855, pendant qu'il assistait aux funérailles d'une sœur de charité, dans l'église du faubourg SaintJean, le vénérable Archevêque fut frappé de paralysie, et ne put jamais recouvrer assez de forces pour continuer à administrer son diocèse. Le 11 avril suivant, il confia ce soin à son illustre coadjuteur, et passa les douze années qui lui restaient à vivre, dans une inaction à peu près complète, s'occupant seulement de

(a) Nous tenons ces détails de Monseigneur Bolduc, qui était alors chapelain de l'Hôpital de Marine, et qui fut l'heureux témoin de la charité de son évêque.

Douze cents malades avaient passé par l'Hôpital depuis l'arrivée du choléra.

ses exercices de piété. Quelquefois encore cependant, il put reparaître au chœur de sa cathédrale et y bénir son peuple fidèle ; mais pendant les sept dernières années, son infirmité fit de tels progrès, qu'elle le força de garder la chambre, jusqu'à ce que Dieu l'eût retiré à lui, le 25 août 1867, à l'âge de soixante-dixneuf ans et neuf mois. Pendant les douze années de sa maladie, le prélat avait reçu les soins intelligents de ses filles de prédilection, les sœurs de la charité : deux d'entre elles venaient passer la journée avec l'auguste malade. Le service fut célébré dans la cathédrale, le 28 août, en présence de quatre évêques et d'une foule immense de prêtres et de fidèles. Monsieur l'abbé Benjamin Pâquet prononça l'oraison funèbre.

Monseigneur Turgeon avait cinquante-sept ans de prêtrise et trente-trois d'épiscopat. Il avait ordonné cent quinze prêtres et consacré deux évêques Monseigneur Cooke et Monseigneur Dullard.

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