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par exemple, l'hypocondrie; l'état de ceux qui sont obsédés par des idées de suicide ou par d'autres impulsions homicides; l'agoraphobie ou crainte maladive de marcher seul sur la voie ou la place publique, etc.; la folie sans conscience par exemple l'idiotisme ou l'imbécillité, qui consiste dans une impuissance mentale; la démence, qui est l'égarement de la raison; la monomanie, qui provient d'une idée fixe; la manie, qui fait déraisonner le malade sur toutes sortes de sujets, etc.

On conçoit que ces divisions et autres semblables soient forcément imparfaites. D'ailleurs nous ne faisons que les rappeler avant de soulever les questions philosophiques suivantes : Quelles sont les causes de la folie? En quoi consiste-t-elle précisément? Est-elle dans le corps ou dans l'âme ?

Les causes de la folie sont faciles à énumérer, bien qu'il puisse être fort difficile de les déterminer dans chaque cas particulier. Pour ne parler que des causes naturelles, signalons les suivantes : une conformation malheureuse ou une atrophie de certains organes, notamment du cerveau, provenant de naissance ou d'un vice héréditaire; une lésion accidentelle ; des émotions trop vives, telles qu'une frayeur subite et extrême; l'abus de certaines liqueurs enivrantes, de l'opium, de la morphine, etc.; les pratiques de l'hypnotisme, du magnétisme, du spiritisme; des passions

cerveau des aliénés ne présente aucune altération apprẻciable...; que toutes les lésions observées chez les aliénés se retrouvent souvent dans les cerveaux les plus sains d'esprit...; que les lésions cérébrales ne coïncident ordinairement qu'avec les affections nerveuses qui compliquent la folie ou la masquent »>. (Cf. Farges, Le Cerveau.)

excessives, consenties ou non. On comprend que ces diverses causes puissent empêcher ou altérer le fonctionnement et les rapports des organes et introduire ainsi dans la vie sensible de l'homme un désordre dont souffrent ensuite les facultés intellectuelles.

Mais ici se présente la seconde question, la plus difficile: En quoi consiste la folie? Est-elle dans l'esprit seul, ou dans l'organisme seul, ou dans les deux réunis ? Nous répondrons d'abord que l'homme seul, entre tous les êtres sensibles, est sujet à la folie proprement dite. L'animal peut devenir furieux, enragé, frénétique; il est sujet au tournis, à la fièvre chaude ou à d'autres désordres nerveux ; il peut être fort mal doué en comparaison de ses congénères et se montrer incapable de tout dressage, alors que ceux de son espèce manifestent les dispositions les plus heureuses mais on ne voit pas qu'il soit sujet à ce trouble profond qui fait que le maniaque se comporte d'une manière insensée. C'est que, pour tomber dans le ridicule, il faut choir de la raison.

Mais il semble que cette première réponse doive nous faire conclure que la folie est dans l'esprit plutôt que dans l'organisme et dans le sens. Cependant telle ne sera pas notre conclusion. Comment la folie seraitelle dans l'esprit, puisqu'il est essentiellement simple, incapable de rupture, de dissociation, de maladie? Comment la folie serait-elle dans les facultés de l'âme, puisqu'elles sont simples à leur tour et invariables? Disons donc que la folie n'affecte directement que l'organisme qui refuse de prêter aux facultés sensibles un certain concours. Si ce désordre organique se produit chez l'animal, il ne prend pas le nom de folie c'est une simple maladie ou un manque d'apti

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tude. Mais chez l'homme, dont la raison se sert des facultés sensibles et partant de l'organisme tout entier, il en résulte un désordre plus profond : c'est la folie sous toutes ses formes.

La même raison qui peut souffrir si lamentablement du désordre des organes est d'autres fois la première cause de son malheur. Des passions volontaires et sans frein, un orgueil sans mesure, etc. peuvent briser les organes et rendre toute guérison morale impossible. La folie (si l'on peut donner ce nom à certains vices et à certaines erreurs volontaires) descend alors de l'esprit dans les organes qu'il fausse ou brise; et le triste spectacle que donne l'aliéné n'est que l'image du désordre moral qu'introduit dans l'âme le vice et le péché.

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981. Exaltation de l'esprit. Le génie et la folie. Ces mêmes réflexions nous expliquent aussi pourquoi certains états extraordinaires de l'âme (l'extasé et le ravissement naturels, l'inspiration poétique, la verve, etc.) qui favorisent le mieux les opérations intellectuelles les plus subtiles et les plus élevées, paraissent confiner quelquefois à la folie. L'organisme est un instrument qui peut rendre les plus beaux accords au moment même où il est sur le point de se rompre. Une surexcitation heureuse, une exaltation de la sensibilité, de la mémoire, de l'imagination, peuvent favoriser merveilleusement l'essor du talent ou même du génie, en même temps que créer des dangers pour l'un et l'autre. La raison peut être trahie par toutes les facultés et par tous les organes qui l'avaient d'abord le mieux secondée.

CHAPITRE LVIII

DES QUALITÉS ET DES HABITUDES DE L'AME

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982. Inégalité naturelle des âmes. Provient-elle de l'organisme? Jusqu'ici nous n'avons guère parlé que de l'âme elle-même, de ses facultés et de ses actes, et tout ce que nous avons dit convient à tous les hommes, puisqu'ils partagent la même nature. Quelles différences et quelles contradictions cependant n'observe-t-on pas entre eux et dans la vie de la même personne! Or toute la raison de ces différences et de ces contrastes paraît être dans les qualités et les habitudes. Parlons d'abord des premières.

Les âmes diffèrent elles naturellement les unes des autres par des qualités spirituelles innées, ou bien, au contraire, toutes les différences que nous observons entre elles proviennent-elles, en définitive, des qualités sensibles? Selon cette seconde hypothèse, l'âme rencontrerait dans les organes qu'elle anime des secours et des résistances qui décideraient de son naturel : de là toute la diversité des talents et de toutes les aptitudes intellectuelles et morales. Saint Thomas paraît partager cette opinion quand il écrit : « La différence des capacités naturelles des hommes ne

vient pas de la diversité d'esprit, mais de la diversité des dispositions corporelles » (3a, q. 69, a. 8, ad 3).

On peut motiver cette opinion de la manière suivante. Les âmes ne sont individualisées en définitive. que par le corps; car elles sont toutes de la même espèce; donc, à ne considérer que les âmes, on ne voit pas entre elles de causes de différence, leur nature est la même. Il suit de là que si les âmes humaines rencontraient les mêmes dispositions dans les corps qu'elles habitent et les mêmes avantages dans le milieu social où elles vivent, elles développeraient uniformément les mêmes facultés, abstraction faite bien entendu du libre arbitre, qui introduit une cause particulière et cette fois-ci certaine de diversité..

Mais l'opinion d'après laquelle les hommes diffèrent entre eux non seulement par l'usage du libre arbitre, par les qualités physiques et par les avantages qu'ils reçoivent de l'éducation et du milieu où ils vivent, mais encore par les qualités spirituelles et innées, n'est pas moins fondée. Elle peut s'appuyer sur d'autres textes de saint Thomas (1) et de sérieuses considérations. Les âmes, dira-t-on, sont de même nature spécifique; mais pourquoi ne seraient-elles pas individualisées par elles-mêmes, ou, si l'on préfère, pourquoi les différences organiques n'exigeraient elles pas dans l'âme des capacités correspondantes? (V. le chapitre XXXVIII sur le principe d'individuation.) S'il

(1) Cf. 1a q. 85, a. 7. : « Manifestum est enim quod quanto corpus est melius dispositum, tanto meliorem sortitur animam... Unde etiam cum in hominibus quidam habeant corpus melius dispositum, sortiuntur animam majoris virtutis in intelligendo... »

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