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phénomènes de somnambulisme on peut rapprocher ceux d'hallucination et de fascination. Nous avons déjà parlé de l'hallucination (v. n° 846), ce rêve d'une personne éveillée; elle provient d'une surexcitation passagère ou maladive des centres nerveux qui sont le siège de l'imagination.

La fascination a cela de commun avec l'hallucination qu'elle provient de l'excitation d'un sens au détriment de tous les autres. Le sujet fasciné est tellement frappé et absorbé par l'objet qu'il contemple, que toutes les autres sensations sont effacées : tout s'endort chez lui, si ce n'est le sens fasciné et ceux qui sont à son service. Il n'a plus que des yeux, pour ainsi dire, et il ne cherche qu'à voir, et sa vision l'absorbe et l'attire d'autant mieux quelquefois qu'elle est plus effrayante. C'est ce qui explique comment l'oiseau fasciné tombe dans la gueule du serpent. Le chien d'arrêt paraît exercer sur sa proie une sorte de fascination semblable. L'homme lui-même peut s'attacher à certains objets qu'il contemple et les suivre automatiquement; c'est ce qui a lieu dans certains cas d'hypnotisme. L'on n'est point fondé à soutenir que toute fascination a des causes purement naturelles. Puisque le songe peut avoir des causes surhumaines, à plus forte raison la fascination, qui paraît s'exercer d'une manière plus cachée et plus subtile. Mais en soi, abstraction faite des circonstances, la fascination n'offre rien qui ne paraisse pouvoir s'expliquer par le trouble de la sensibilité et le jeu des organes.

975. L'hypnose. - Nous avons nommé l'hypnotisme. Il préoccupe justement les savants non moins que les ignorants, et comprend des phénomènes très complexes, plusieurs d'un caractère douteux, qui font,

paraît-il, confiner l'hypnotisme non seulement au magnétisme, mais encore au spiritisme et à la magie (v. nos 642 et suivants). Tous ces phénomènes ont pour point de départ un certain sommeil nerveux, l'hypnose. On provoque celle-ci, comme nous l'avons dit, au moyen de procédés fort divers: fixation d'un objet brillant, placé un peu au-dessus des yeux, ou même d'un objet quelconque (braidisme), passes magnétiques, imitées de Mesmer, tête-à-tête et fixation des regards, compression des mains et des pouces, etc. Inutile d'ajouter que les sujets sensibles à de pareilles pratiques sont d'ordinaire des personnes nerveuses, malades même (hystériques, épileptiques). On les réveille, de même qu'on les endort, avec une extrême facilité il suffit de souffler sur les yeux et la face.

On a cherché à distinguer l'hypnotisme du magnétisme et même à les opposer entre eux, en disant que la cause du premier est surtout dans le sujet hypnotisé, tandis que la cause du second est principalement, sinon exclusivement, dans l'opérateur. Mais cette différence tend à s'effacer; car le magnétisme n'a guère de prise que sur les sujets nerveux et exercés, et, d'autre part, les hypnotisés n'accomplissent leurs actes les plus étonnants que sous l'influence de l'hypnotiseur; ils tombent même sous sa possession et deviennent de véritables médiums. Ceux-ci nous font songer au spiritisme, aux tables tournantes, à l'occultisme sous toutes ses formes. On comprend que nous ne puissions traiter ici de toutes ces choses, qui n'ont été réputées scientifiques par plusieurs auteurs que dans ces derniers temps.

976. Formes de l'hypnose. M. Charcot, chef de l'école de la Salpêtrière, distingue trois formes

principales de l'hynose: la léthargie, la catalepsie et le somnambulisme. Dans la léthargie, le sujet est inerte, passif, il dort profondément; dans la catalepsie, un ou plusieurs sens s'éveillent, la sensibilité neuro-musculaire est extrême, la malade garde toutes les positions, toutes les attitudes, souvent tragiques, qu'on lui donne, même les plus difficiles. C'est à ce point qu'elle peut se raidir comme une barre de fer et se soutenir horizontalement en n'appuyant sur les dossiers de deux chaises que la tête et l'extrémité des pieds. Enfin, dans le somnambulisme, le sujet peut se livrer aux exercices les plus variés. Mais ces trois états sont reliés entre eux par une multitude d'états intermédiaires. On passe souvent de l'un à l'autre avec une extrême facilité.

977. Suggestion. Principaux actes suggérés. Ce qu'il y a de plus remarquable dans l'hypnotisme, c'est la suggestion. Celle-ci absorbe même l'hypnotisme, s'il faut en croire M. Bernheim et les expérimentaturs de Nancy. La suggestion consiste å provoquer chez les sujets tels ou tels actes déterminés. Si l'on suggère à l'hypnotisé qu'il fait froid, qu'il fait chaud, qu'il pleut, etc., il le croit et donne tous les signes extérieurs d'une personne qui grelotte de froid, ou qui étouffe de chaleur, ou qui cherche à se garantir de la pluie : l'hallucination est complète. On lui dit qu'il assiste à une fête, et il rit; on lui représente une scène de deuil, et il pleure. On lui suggère certains sentiments par les attitudes correspondante: on étend ses mains comme pour supplier, et il prie; on lui ferme le poing, et il frappe; on lui ouvre la main, et il envoie des saluts et autres signes d'amitié. On lui suggère une série d'actes automatiques : on lui

donne un parapluie, et il l'ouvre comme pour se garantir de la pluie; on le met en présence d'un lavabo et d'une boule de savon, et il se lave indéfiniment. On peut même dissocier les mouvements: la main gauche frappe avec colère, tandis que la droite envoie des salutations; il suffit pour cela de fermer l'une et d'ouvrir l'autre. De la même manière le sujet peut rire d'un œil et pleurer de l'autre : il suffit de suggérer des sentiments différents par l'oreille correspondante.

Ces derniers phénomènes s'expliquent jusqu'à un certain point par le mécanisme des organes et la distinction des deux hémisphères cérébraux. Il arrive souvent que toute une série de sensations et de mouvements est donnée avec une régularité parfaite à la suite de l'impulsion initiale. Même à l'état de veille, il suffit, pour accomplir une opération mécanique, de la commencer; on se met en marche après délibération et l'on fait son chemin sans y plus songer. Il faut se représenter le corps comme un mécanisme d'une délicatesse, d'une perfection et d'une complexité extrêmes, que la nature nous a construit et que nous avons modifié par nos habitudes, mais qui n'est pas soumis tout entier ni à tout instant à notre direction: l'homme n'est maître vraiment que de ses actes libres.

Voici maintenant des phénomènes de suggestion plus curieux encore et plus difficiles à expliquer. On suggère à une somnambule d'accomplir tel acte après son réveil, après une minute, dix minutes, deux heures ou plusieurs jours: ce sera par exemple un vol, un mensonge, un assassinat ou un acte indifférent. Or le sujet accomplira l'acte prescrit au moment marqué et malgré toutes ses répugnances; et en l'accomplissant il paraîtra comme obsédé, sinon même déterminé

fatalement par la pensée de l'accomplir. Que devient alors le libre arbitre? Il serait comme empêché et suspendu, de même qu'à l'état d'ivresse ou de folie, par une idée fixe qui s'emparerait de toute l'attention et de tout l'organisme. On conçoit aussi en présence de quelles difficultés nouvelles et inextricables peut se trouver la justice, si les accusés et les témoins peuvent être les jouets de telles suggestions. Remarquons encore qu'à l'état de veille le sujet ne se souvient pas de l'ordre reçu pendant l'hypnose; les minutes, les heures et les jours s'écoulent donc sans qu'il puisse les compter, ce qui ne l'empêche pas d'accomplir ponctuellement l'ordre donné. Faut-il supposer dans le sujet deux moi, pour ainsi dire, l'un conscient et l'autre inconscient, qui agissent tantôt successivement et tantôt simultanément ?

Enfin les phénomènes de suggestion mentale sont plus étonnants et plus suspects encore. Il paraîtrait que dans nombre de circonstances des opérateurs ont pu lire la pensée d'autrui ou bien suggérer mentalement et même à distance tels et tels ordres à des sujets exercés, et sur lesquels ils avaient acquis un certain empire et exerçaient une sorte de possession. 978. Remarques critiques. Ces faits que nous venons de rappeler soulèvent une foule de problèmes fort complexes Déjà nous avons traité du merveilleux, et en particulier de l'hypnotisme, au point de vue de sa distinction d'avec le vrai miracle (v. nos 641 etc.). Nous en traiterons encore en morale au point de vue de la licéité des pratiques. Ici nous ne pouvons nous en occuper qu'au point de vue de la psychologie. Celle-ci peut nous éclairer beaucoup sur la possibilité et le caractère des faits allégués.

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