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core et surtout au sujet, qui agit de diverses manières par ses facultés, trouve quelque objet et s'y complaît. Seul le sujet cède en définitive à ses inclinations et les applique; seul il souffre ou il jouit, est heureux ou malheureux.

Or les inclinations, de même que les appétits et les jouissances, se divisent d'abord en spirituelles et. sensibles bien que les inclinations supérieures soient toujours alliées à des inclinations sensibles, il n'est pas permis de méconnaître cette distinction fondamentale. Nous ne saurions donc imiter les philosophes de ce temps, d'ailleurs spiritualistes, qui, en discourant sur la sensibilité, traitent des inclinations les plus nobles, celles dont le caractère est éminemment spirituel et moral, puisqu'elles aboutissent aux plus hautes vertus, comme l'amitié. la religion, le patriotisme, la charité. Il faut traiter de celles-ci en morale et non pas en psychologie. Si nous consentons à réunir ici toutes les inclinations, depuis les plus hautes jusqu'aux plus simples, c'est en faisant bien remarquer qu'elles n'appartiennent pas seulement à la sensibilité, mais à l'homme tout entier, à toutes ses facultés. De division principale des inclinations il n'y en a pas d'autre que celle que nous avons donnée en divisant les facultés elles-mêmes et particulièrement les appétits. Toutes les autres sont faites en raison des objets matériels et des principaux exercices qui se partagent l'activité humaine; elles sont accessoires, au point de vue philosophique, quelque riches et suggestives qu'elles soient par ailleurs; elles appartiennent donc à l'écrivain, au moraliste plutôt qu'au philosophe, qui ne doit les mentionner qu'incidemment. C'est ce qu'il nous reste à faire.

On peut donc diviser les inclinations en personnelles et altruistes, ou bien en personnelles, sociales et supérieures. Aux inclinations personnelles se rapportent l'amour de sa propre excellence, qui devient facilement l'estime de soi-même, la complaisance dans les éloges décernés par autrui ; l'amour de l'activité et en particulier de la liberté ; l'amour de la propriété, du pouvoir, du commandement.

Aux inclinations sociales se rapporte la sympathie sous toutes ses formes : la pitié pour les malheureux, la considération pour les meilleurs, l'amitié, la reconnaissance, l'amour de la famille, celui de la patrie ou le patriotisme. Ici plusieurs discutent l'opinion de. La Rochefoucauld, qui prétend que toutes les sympathies sont fondées en définitive sur l'égoïsme. Mais ces questions se présentent plutôt en morale, lorsqu'il s'agit de déterminer les vrais mobiles. de la vertu.

Aux inclinations supérieures, plus ou moins imper. sonnelles et désintéressées, se rapporte l'amour du vrai, du beau, du bien. Que n'inspire pas surtout l'amour de la vertu ! Au-dessus de tous les amours et les sanctifiant tous il y a l'amour de Dieu. Certes nous ne nions pas que ces nobles affections aient leurs prédispositions et leurs conséquences dans la sensibilité. Mais nous répétons qu'il est abusif d'en traiter en psychologie et surtout au chapitre de la sensibilité. 905. Les instincts. Ce que nous avons dit des inclinations s'applique, toute proportion gardée, aux instincts. Ceux-ci ne sont que des inclinations plus précises qui échappent davantage à la direction libre de l'homme et aux habitudes. Au fond, les instincts ne sont que des appétits, c'est-à dire des principes d'action qui sont déterminés à entrer en exercice par le

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fait de certaines perceptions. C'est en vertu de l'instinct que l'animal exécute toutes les opérations que lui permettent ses sens et que demandent sa conservation ou celle de son espèce.

On compare souvent l'habitude à l'instinct. La première n'est qu'une détermination de la faculté qui provient de l'exercice, tandis que l'instinct est donné tout entier par la seule nature. Il est vrai que les évolutionnistes ont voulu ramener l'instinct à l'habitude, en n'y voyant qu'une habitude invétérée et hẻréditaire. Il est certain que l'habitude est comme une seconde nature et que par conséquent elle imite l'instinct, souvent d'autant mieux qu'elle est plus parfaite. Mais il est évident que les instincts principaux de l'animal lui sont si nécessaires et dans leur perfection, qu'il n'aurait pu vivre ni encore moins perpétuer son espèce, s'il ne les avait eus antérieurement à toute expérience, et par conséquent avant toute habitude (voir le chap. 41 sur l'Estimative).

CHAPITRE LIV

DE LA VOLONTÉ ET DE LA LIBERTÉ

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906. Importance de cette question. Audessus de l'appétit sensible il y a l'appétit intellectuel ou volonté. Nous aurions peu de chose à en dire, après les explications où nous sommes entré sur la distinction et les rapports des deux appétits: inférieur et supérieur. Il est facile de transporter à l'ordre spirituel tout ce que nous avons dit de l'amour, de la haine, du désir, de l'espérance et des autres passions. Mais, parmi les attributs de l'appétit supérieur ou volonté, il en est un qui devra nous retenir assez longtemps: nous voulons parler de la liberté.

L'homme est-il libre? et dans quelle mesure? Cette question psychologique est liée intimement à toutes les questions morales et sociales. L'ordre moral et toutes les libertés civiles et politiques sont fondées sur la liberté psychologique. Si l'homme n'est pas libre, l'ordre moral se confond avec l'ordre physique, il ne diffère pas de l'équilibre des intérêts, des passions et des instincts. De plus, si l'homme ne possède pas la liberté intérieure, celle de l'âme, c'en est fait de la liberté extérieure, celle d'aller et de venir, d'écrire, d'enseigner, d'user de tous les droits du citoyen et de prendre une certaine part au gouvernement. Avant

de revendiquer aucun droit, l'homme doit se posséder lui-même tous les droits, comme tous les devoirs, sont fondés sur la liberté psychologique et morale. La question présente est donc très importante. Nous nous efforcerons de la traiter avec précision, comme aussi avec toute l'étendue et tous les détails nécessaires. La volonté est une faculté absolument elle est inviolable

THESE. distincte de l'appétit sensible ; et elle est libre, · bien que sa liberté soit limitée en même temps que servie par toutes les facultés et les autres conditions de son exercice.

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907. Distinction des deux appétits. — Il suffit presque de rappeler cette première vérité, après ce qui a été dit dans le chapitre précédent (v. n. 885). L'appétit intellectuel a pour objet le bien en général, et par conséquent le bien moral et supérieur, l'honnête et tout ce qui s'y rattache; l'appétit sensible, au contraire, a pour objet le bien sensible et particulier : d'où il suit que ces deux appétits sont absolument distincts, non moins que l'intelligence et les sens, qui les guident et les éclairent. Chercher à les confondre, c'est méconnaître leur nature, c'est confondre l'universel avec le particulier, le bien moral avec le bien sensible; c'est mal interpréter le commerce d'ailleurs si intime de la volonté raisonnable avec le simple appétit. La volonté pure a sa manière d'aimer, de haïr, de désirer, de craindre, qui n'est point celle de la passion. Et bien que pratiquement l'activité de l'homme tende à l'unité, puisque la volonté et la passion tendent à s'accorder, cependant la source de J'activité humaine n'est pas unique, elle est double, de même que la source de nos connaissances. Mais il est inutile d'insister.

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