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de comprendre sont actives: l'œil est fait pour voir, l'organisme pour se développer, et l'esprit pour connaître. Mais, à considérer leur objet propre, les facultés le produisent comme leur effet, l'atteignent comme leur terme ou bien, au contraire, le subissent comme le premier principe de leur action. De là deux genres de facultés. Les facultés végétatives, appétitives et motrices, comme aussi l'intellect dit agent par les scolastiques, sont des facultés actives, puisqu'elles réalisent ou qu'elles atteignent leur objet formel; au contraire, les facultés sensitives et l'intelligence dite intellect patient par les scolastiques, sont des facultés passives, parce qu'elles sont déterminées à l'action par leur objet, qui préexiste à leur opération.

803. Facultés végétatives, sensitives, etc. Remarques. D'une manière moins générale, les facultés se distinguent en végétatives, sensitives, appétitives, motrices et intellectuelles. Il est facile, en effet, de montrer que chacune des facultés énumérées a son objet distinct. Les facultés végétatives ont pour objet le corps vivant lui-même qui par elles s'accroît, se reproduit, ou du moins se conserve et se nourrit. Les facultés sensitives ou les sens ont pour objet non seulement le corps lui-même qu'elles perçoivent plus ou moins parfaitement, mais encore les corps extérieurs et toutes les qualités sensibles. Les facultés appétitives ou les passions ont pour objet tout bien particulier de l'ordre sensible, qui excite le désir, tandis que le mal opposé provoque l'aversion. La faculté motrice a pour objet un but à atteindre et s'exerce par un mouvement local. Enfin les facultés intellectuelles ont pour objet l'immatériel, l'universel.

Cette division, traditionnelle dans l'école, est incon

testable au fond. On peut la proposer sous des formes un peu différentes. Par exemple on peut diviser d'abord les facultés en deux ordres: facultés de connaissance et facultés d'action; les unes et les autres se divisent ensuite en sensibles et intellectuelles. Ou bien on peut diviser d'abord les facultés en sensibles et intellectuelles, puis chaque ordre en facultés de connaissance et en facultés d'action.

Nous ne parlerons pas ici des facultés ou vertus végétatives, dont nous avons traité en cosmologie. Nous dirons peu de chose de la faculté motrice. Mais nous traiterons longuement des sens et de l'intelligence dans les chapitres suivants.

804. Faculté motrice. — Ce n'est point sans raison que la faculté motrice a été distinguée de toutes les autres par les scolastiques. On ne saurait la confondre avec les vertus végétatives; car le mouvement des plantes, quelque singulier qu'il soit dans certains cas, résulte d'une impression seulement et non d'une sensation ou connaissance. On peut le comparer à celui d'une aiguille aimantée, mais non à celui de l'ani. mal vivant qui se meut pour atteindre ce qu'il désire. Au reste il se produit dans les animaux et dans l'homme beaucoup de mouvements qui ne sont pas dus à la sensibilité et à la faculté motrice, mais seulement à des impressions et à d'autres actions purement végétati ves ou même mécaniques. Ensuite la faculté motrice diffère également des facultés de sentir, car celles-ci connaissent, tandis que la faculté motrice exécute; chez les paralytiques, la sensibilité persiste avec la perte du mouvement, et la physiologie a d'ailleurs constaté que les nerfs sensibles sont autres que les nerfs moteurs. Enfin la faculté motrice diffère des

facultés appétitives ou des passions, car elle peuts'opposer à elles. Il arrive que l'homme marche à la mort, alors que toutes ses passions le porteraient à fuir; d'autres fois, au contraire, les désirs les plus vifs agitent son âme, mais tous ses membres sont paralysés.

Maintenant quel est le rôle de la faculté motrice par rapport aux autres facultés? D'abord, il est évident qu'elle est au service de l'intelligence, de l'imagination et des passions; elle peut agir sous l'influence de unes ou des autres et de toutes ensemble. Il paraît également certain que l'intelligence et l'imagination agissent sur la faculté motrice médiatement, par les appétits ou les passions. Car la faculté motrice est une faculté sensible et d'exécution: elle est donc subordonnée aux facultés d'action de l'ordre sensible.

Tel serait dès lors l'ordre naturel selon lequel s'accompliraient tous les actes raisonnables, depuis les plus cachés jusqu'aux actes purement extérieurs. A l'idée et à une première connaissance succéderait un jugement pratique de l'esprit. Celui-ci, par le moyen de l'imagination, mettrait en jeu les appétits sensibles, et, par eux, la faculté motrice. Celle-ci, en moins de temps que nous n'en mettons à le dire, exécuterait tel ou tel ordre de l'esprit.

CHAPITRE XLVIII

DE LA SENSIBILITÉ ET EN PARTICULIER DES SENS EXTÉRIEURS ET DE LA SENSATION. PRINCIPE, NATURE, OBJET, SIÈGE DE LA SENSATION.

La faculté de sentir ou la sensibilité est de deux sortes l'une, qui est une faculté de connaissance et qui comprend tous les sens, extérieurs et intérieurs; l'autre, qui est une faculté d'action: c'est l'appétit sensible et, avec lui, toutes les passions.

805. Les cinq sens: objets, organes, actes respectifs. Nous parlerons d'abord des sens, ces avant-coureurs de l'intelligence: præambula ad intellectum.

Les sens sont extérieurs ou intérieurs. Les premiers ont leurs organes à la périphérie du corps, de manière à entrer en relation directe avec les objets. On en distingue cinq: la vue, qui a pour objet la lumière, les couleurs, les nuances, etc.; l'ouïe, qui a pour objet les sons, les timbres, les intervalles musicaux, le bruit et tout ce qui s'y rapporte; l'odorat, qui a pour objet les odeurs ; le goût, qui a pour objet les saveurs ; le toucher, qui a pour objet les qualités tactiles, comme la dureté, la mollesse, la chaleur et le froid, l'humidité et la sécheresse, etc.

Les organes respectifs des cinq sens sont les yeux,

les oreilles, les narines, la langue, et non le palais, les mains, surtout à l'intérieur et à l'extrémité des doigts, comme aussi toute la surface du corps et même en général toutes les parties molles. Au toucher on peut donc rapporter ce qu'on a appelé le sens musculaire, sorte de tact exercé par certaines parties internes du corps, surtout par les parties musculaires, les unes sur les autres. Nous laisserons aux physiologistes le soin de décrire les divers organes de la sensibilité extérieure et intérieure.

Ajoutons, pour mémoire, que l'acte de la vue, c'est de voir, de regarder, de considérer, de distinguer, etc.; l'acte de l'ouïe, d'entendre, d'écouter, d'ouïr; l'acte de l'odorat, de flairer; l'acte du goût, de goûter, de déguster; l'acte du tact, de toucher, de palper, etc. Moins qu'ailleurs encore les synonymes sont ici inutiles. Ils signifient qu'à l'acte principal du sens s'en ajoutent d'autres qui le modifient ainsi regarder, c'est voir avec intention ou volonté, c'est chercher à voir; écouter, c'est chercher à entendre; palper, c'est toucher doucement et à plusieurs reprises.

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806. Remarques sur le goût et la vue. Remarquons encore que plusieurs mots s'appliquent tantôt à l'objet du sens et tantôt au sens lui-même : ainsi le goût et la vue. Ici le langage semble nous avertir déjà d'une vérité et d'un danger. Cette vérité, que nous établirons tout à l'heure, c'est l'union intime du sujet et de l'objet dans l'acte de la perception. Ce danger, c'est celui de confondre l'objet et le sujet, à cause de cette union; c'est de réduire l'objet à une simple représentation, qui est dans le sujet; c'est de regarder la sensation comme purement subjective, en lui enlevant tout caractère objectif.

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