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plaçait dans la glande pinéale, partie du corps qui n'est point double comme la plupart des autres et qui paraît la plus centrale; Malebranche la plaçait dans le cerveau; Leibniz paraît hésiter.

787. Vraie solution. Mais la question ne peut plus faire l'objet d'un doute après les solutions précédentes. Si l'âme est la forme substantielle du corps, sa présence n'a pas d'autres limites que ce corps, et, comme d'ailleurs elle n'est pas divisible, elle occupe tout entière le corps et chacune de ses parties. De même qu'un lingot d'or est vraiment de l'or dans toutes ses parcelles et que la moindre paillette a la forme substantielle d'or aussi bien que le lingot tout entier, ainsi le corps humain est tel dans toutes ses parties et dans tous ses organes: il n'est pas une cellule qui ne subsiste par l'âme et avec l'âme tout entière.

Notre affirmation n'est pas seulement une conclusion légitime des affirmations précédentes, elle est encore la conclusion rigoureuse de l'expérience la moins contestable. Tout le corps humain est sensible ou du moins tout entier il vit, se nourrit, s'accroît et se conserve. Or cela n'est possible que par l'action constante et la présence intime dans tous les organes et dans tous les tissus du premier principe de la vie.

Si nos adversaires ne sont pas encore convaincus, nous leur demanderons si la partie du corps dans laquelle ils placent l'âme est étendue ou inétendue. Elle ne peut être inétendue, car elle ne serait plus une partie réelle de la matière corporelle; sans compter qu'on ne voit pas comment tous les mouvements nerveux et toutes les impressions sensibles pourraient se concentrer dans un point mathématique. Mais, d'autre

part, si elle est étendue, pourquoi limiter ainsi la présence de l'âme? L'âme peut aussi bien occuper le corps tout entier qu'une seule partie. Puisque la difficulté vient toute de ce que l'âme, qui est un esprit, occupe le corps, qui est étendu, elle n'est pas diminuée, si nous restreignons l'étendue occupée : la difficulté est augmentée, au contraire, car on ne voit pas pourquoi l'âme occuperȧit tel organe et n'occuperait pas les autres pourquoi, par exemple, occupant le cerveau, elle n'occuperait pas tout le système nerveux, et pourquoi, occupant le système nerveux, elle n'occuperait pas le système musculaire, etc. Notre conclusion est donc la seule admissible.

788. L'âme réside principalement en certains organes. Maintenant nous conviendrons volontiers que, si l'âme est essentiellement dans tout le corps et dans chaque partie, cependant elle réside spécialement dans certains organes plus importants. L'un d'eux est le cœur, qui est l'agent principal de la circulation du sang (v. n. 895). Mais le premier est le cerveau, ce rendez-vous de tous les sens, cette source de la sensibilité, cet organe de l'imagination, de la mémoire sensible, etc., qui prêtent leur concours indispensable à tous les actes de l'intelligence et de la raison. C'est ce qui fait regarder la tête comme le siège de l'intelligence elle-même et l'expression de l'homme tout entier. La tète est d'autant mieux le siège principal de l'âme, qu'elle concentre, avec les sens intérieurs, les sens extérieurs les plus importants, la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût; sans compter que les yeux, les lèvres, les sourcils, les narines, le visage tout entier, grâce à leur mobilité exceptionnelle et à leur correspondance merveilleuse avec le

cerveau, deviennent l'expression vivante de la pensee tout entière, des idées les plus belles comme des sentiments les plus fugitifs et les plus délicats (1).

789. Objections. 1° On nous oppose que le cerveau paraît être le principe de toute action et de toute sensibilité, et par conséquent le siège unique de l'âme. Tout le monde sait, en effet, que lorsque le cerveau est gravement atteint, toute sensibilité est suspendue et tous les mouvements sont paralysés.

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Rép. Ces faits prouvent que le cerveau est l'agent principal du mouvement et de la sensibilité; mais ce n'est pas l'agent unique de l'âme. L'homme sent en réalité et par ses yeux, et par ses oreilles, et par tous les filets nerveux qui enveloppent le corps comme d'un réseau très serré et le pénètrent de toutes parts en d'innombrables radicelles; seulement les centres nerveux sont les conditions de toute sensation, surtout de toute sensation consciente: c'est ce qui a fait croire que la sensibilité ne s'exerçait qu'au cerveau. Et puis il faut ajouter que, si le cerveau préside à la vie sensible, il ne paraît pas présider de même et directement à la vie végétative. Ce rôle inférieur appartient plus ou moins à des centres nerveux secondaires et même au cœur. Donc, en supposant que l'âme ne sentît qu'au cerveau, il ne s'ensuivrait point qu'elle ne résidât que dans cet organe.

2o On nous oppose encore que si l'âme est tout entière dans chaque partie du corps, il faudra dire que l'âme se meut avec un membre pendant qu'elle se repose avec l'autre, qu'elle s'accroît avec le corps et

(1) Cf. Vallet, la Tête et le Cœur, avec la critique de cet ouvrage (Controv. et Contemporain, février 1886).

qu'elle est mutilée avec lui, qu'elle est ailleurs que dans le lieu où elle se trouve tout entière, etc.

Rép. Toutes ces objections et autres semblables sont puériles, si l'on a compris la vraie nature de l'âme et la manière dont elle reçoit du corps qu'elle possède certaines attributions. Elle ne se meut pas localement par elle même, mais le mouvement local lui est attribué indirectement, à cause du corps qu'elle anime rien n'empêche donc qu'elle agisse avec un organe et qu'elle se repose avec un autre. A plus forte raison, ce n'est pas l'âme elle-même qui s'accroît quand le corps s'accroît, ce n'est pas elle qui est mutilée quand le corps est mutilé : l'accroissement et la diminution du corps changent les limites du domaine de l'âme, mais sans la diminuer elle-même. Enfin sa présence dans un lieu n'est pas une de ces présences qui résultent de l'application de chaque partie de l'objet présent à chaque partie du lieu : l'àme est présente par sa substance même dans tout le corps, et partant, sans être divisée ni mesurée par lui; et c'est pourquoi, par exemple, elle est tout entière au cœur et à toutes les extrémités, sans être absente d'aucune partie intermédiaire.

DES

CHAPITRE XLVII

FACULTÉS DE L'AME EN GÉNÉRAL

ET DE LEURS DIVISIONS PRINCIPALES

Jusqu'ici nous avons raité de l'essence de l'âme. Nous abordons maintenant l'étude de ses puissances ou facultés. Cette seconde partie de la psychologie est appelée quelquefois du nom de dynamilogie. Son étendue égale son importance, étant donnée l'extrême complexité des diverses facultés qui se rencontrent dans l'âme humaine et la difficulté d'assigner à chacune sa part et son rôle. Nous traiterons d'abord des facultés en général, et nous soulèverons certaines questions préliminaires qu'il faut résoudre avant d'aborder l'étude de chaque faculté en particulier. Nous nous demanderons donc jusqu'à quel point la distinction de l'essence de l'âme et des facultés est fondée et, si cette distinction est réelle, comment il faut déterminer le nombre des facultés? Quel parti prendre entre ceux qui les multiplient indéfiniment et ceux qui tendent, au contraire, à les simplifier outre mesure? Ensuite, quel est l'ordre, quels sont les rapports que les facultés gardent entre elles et avec l'àme? Celle-ci est-elle leur sujet immédiat, etc. ? Voici notre réponse :

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