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descendant; mais sa paternité atteint cependant d'une manière directe le corps, les organes, et indirectement toute la personne; elle n'est pas amoindrie, tout en laissant à la paternité de Dieu la part qui lui revient. S'il est vrai que celui qui tue le corps tue l'homme tout entier, bien que l'âme soit immortelle, à plus forte raison est-il vrai de dire que celui qui engendre le corps engendre l'homme tout entier, bien que l'âme qui anime le corps échappe elle-mème à toute génération.

766. L'origine de l'âme humaine et le transformisme. La doctrine que nous avons établie dans les pages précédentes est on ne peut plus défavorable au transformisme.

Il est particulièrement absurde que la matière minérale se soit organisée d'elle-même et soit devenue une cellule vivante; car il y dans les êtres vivants un principe sui generis qui est au-dessus des forces physiques et chimiques. Il est encore particulièrement absurde que la matière minérale ou même la matière de la plante ait pu se changer en animal; car le principe de la sensation et de la connaissance est un principe sui generis avec lequel les autres principes vitaux, qui se manifestent dans la plante, n'ont aucune proportion. Mais si, par impossible, le transformisme pouvait triompher de toutes ces impossibilités, franchir toutes ces barrières, il y en a une devant laquelle il serait contraint de s'arrêter c'est celle qui sépare l'animalité de la nature humaine. Ici nous sommes en présence d'une nature intellectuelle, raisonnable, qui s'oppose radicalement à la matière et s'en affranchit. On peut confondre les règnes de la nature et s'obstiner à ne voir

que des variétés là où il y a des espèces parfaitement tranchées et irréductibles entre elles; mais il est absolument impossible de confondre la matière avec l'esprit. Il faut donc que le transformisme refuse d'expliquer l'origine de l'homme. L'humanité n'est pas le résultat d'une évolution de la nature. Le corps humain fût-il le produit d'une longue élaboration de la matière, l'âme humaine n'en serait pas moins spirituelle et créée directement de Dieu.

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767. Objection. Entre autres choses, on peut opposer aux doctrines précédentes que l'âme de l'homme est de même genre que celle de l'animal. C'est même à cause de cette similitude profonde et essentielle que l'homme est regardé par les scolastiques et Aristote comme faisant partie du règne animal; ils le définissent un animal raisonnable : c'est le premier des animaux. Mais l'âme de l'animal doit simplement son existence à l'acte de la génération. Pourquoi donc l'âme de l'homme n'aurait-elle pas la même origine? Et puis quel besoin ici de faire intervenir le Créateur, qui accroîtrait continuellement son œuvre en y ajoutant des substances et des forces nouvelles? Ne l'a-t-il pas accomplie dès le commencement et n'a-t-il pas livré le monde à lui-même et à ses lois ?

Rép. Nous répondrons que si l'âme de l'homme est de même genre que l'âme de l'animal, en tant que premier principe de vie, elle est loin d'être de la même espèce. Or, si les êtres se ressemblent par le genre qui leur est commun, ils se distinguent par l'espèce: c'est dans celle ci qu'il faut toujours chercher ce qui les met à part et les définit. L'homme fait donc partie du règne animal; mais en même temps il

appartient au monde des esprits. Si par son corps et ses facultés inférieures il vit dans le premier, par ses facultés supérieures et par l'essence même de son âme il entre dans le second. C'est pourquoi son âme n'a pas d'autre principe que Dieu même, qui est le père des esprits. Quant à la nécessité de multiplier la création avec les âmes, est-elle une objection sí grave? Quelle différence y a-t-il pour l'Eternel entre la création simultanée d'une multitude d'àmes et leur création successive dans le temps? L'unité de l'œuvre est toujours la même, du côté du Créateur. Si la création paraît avoir été accomplie tout entière simultanément et dès l'origine, c'est en ce qui concerne la création matérielle; mais nous ne pouvons rien préjuger contre la création successive des âmes.

Quant à l'objection tirée de ce que l'introduction successive des âmes dans le monde y augmenterait la somme d'énergie créée, somme qui paraît être absolument fixe, il est facile de répondre que l'énergie propre à l'âme humaine est toute spirituelle; elle ne tombe pas par elle même sous l'observation sensible, elle n'est pas mesurable par le dynamomètre, elle se traduit seulement par des actes extérieurs; elle tombe sous notre appréciation en dirigeant les forces de la nature sur lesquelles elle a prise au moyen du corps, dont elle se sert comme d'un instrument merveilleux et universel (1).

(1) Voir d'ailleurs ce que nous dirons à ce sujet en traitant de la liberté humaine et en réfutant les objections du déterminisme mécanique.

CHAPITRE XLVI

DE L'UNION DE L'AME AVEC LE CORPS ET DE SES
CONSEQUENCES

Après avoir étudié la nature de l'âme et cherché son origine, considérons-la directement dans son union avec le corps et dans les rapports qu'elle soutient avec lui. Le sujet à traiter est vaste et complexe. Nous déterminerons d'abord le genre d'union de l'âme avec le corps, d'où résulte le composé humain. Cette union est-elle substantielle ou accidentelle : substantielle, comme le prétendent les scolastiques; accidentelle, comme l'ont prétendu les platoniciens et la plupart des spiritualistes exagérés ? Cette question étant résolue, celle de l'unité de l'âme se pose aussitôt. L'âme intelligente ou la raison qui distingue l'homme, est-elle, dans son fond, la même réellement pour tous les hommes, à ce point qu'ils aient rigoureusement une même intelligence, une même humanité? La réponse affirmative a été faite par Averroès et par quelques spiritualistes téméraires de notre temps. Cette · erreur tient à une solution fausse du problème des universaux. Ensuite, si l'âme intelligente se multiplie avec les corps, il reste à savoir s'il n'y a qu'une âme pour chaque corps, ou bien si, au contraire, il n'y a

pas dans chaque homme plusieurs âmes distinctes, plusieurs principes de vie. En d'autres termes, que faut-il penser de l'animisme et du vitalisme? Après l'avoir dit, il nous sera facile d'exclure certaines hypothèses sur l'action et les rapports réciproques de l'âme et du corps occasionnalisme, harmonie préétablie, etc. Tel est notre sujet et voici nos conclusions avec leurs preuves.

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THÈSE. La nature humaine résulte de l'union substantielle de l'âme intelligente et du corps, d'où il suit que l'unité de l'âme se règle sur celle de l'homme; il y a autant d'âmes intelligentes distinctes que d'hommes distincts, et une seule âme en chaque homme. Par là sont exclues l'erreur d'Averroès et de certains panthéistes, d'une part, et celle des vitalistes, d'autre part. La même union substantielle explique les rapports généraux de l'ame avec le corps; elle exclut l'occasionnalisme de Malebranche, l'harmonie préétablie de Leibnitz et l'hypothèse d'un médiateur plastique; - elle définit l'influence physique de l'âme sur le corps et du corps sur l'âme; elle explique enfin comment l'âme possède le corps, est présente tout entière dans chaque partie et réside spécialement en certains organes, sans être limitée par aucun.

768. Union substantielle de l'àme et du corps. Dès notre première affirmation nous nous trouvons en présence des platoniciens, de Descartes, de Malebranche, de tous ceux en un mot qui, en reconnaissant très bien les privilèges de l'âme humaine et son caractère incorporel, n'ont pas su définir aussi heureusement son genre d'union avec le corps. Cette erreur n'est point commune à notre époque. Depuis

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