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d'après Hégel, est divisée en trois parties: 1° la logique de l'intellect, qui aboutit à cette thèse l'être existe et le néant n'existe pas; 2o la logique de la raison négative, qui aboutit à cette antithèse: l'être n'existe pas et le néant existe; 3o la logique de la raison positive, qui aboutit à cette synthèse : l'ètre est et n'est pas; le néant n'est pas et il est. De prime abord, en effet, les choses nous paraissent fort simples et nous disons par exemple: Cet homme est bon, ou : Cet homme est mauvais. Mais, passé ce moment abstrait, comme Hegel l'appelle, nous arrivons au moment dialectique, où nous voyons que cet homme a du bon, s'il est mauvais, et du mauvais, s'il est bon: alors nous contredisons notre première affirmation. Vient ensin le moment spéculatif, où nous convenons que cet homme est à la fois bon et mauvais. Le commun des esprits ne dépasse pas le premier moment; ceux qui progressent et raisonnent arrivent au second; les philosophes arrivent au troisième. La théodicée d'Hégel est digne de sa logique, ou plutôt elle aussi ne diffère pas de cette logique. Le dieu hégélien est une idée pure, une abstraction, un absolu négatif; l'être de ce Dieu n'est pas fixe, immuable, mais il se transforme, Dieu devient.

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Critique. Déjà, en logique, nous avons rencontré et dissipé ces rêveries. Ajoutons seulement quelques remarques : 1° Il est absurde de réduire toute réalité à l'idée, et la métaphysique à la logique. La logique est par elle-même la moins réelle des sciences : elle a pour objet la manière dont nous connaissons les choses plutôt que les choses elles-mêmes (v. n° 18); si elle n'introduisait dans les plus hautes sciences, elle serait inutile. De même, si l'idée n'était pas objective, c'est

à-dire si elle n'exprimait pas autre chose qu'elle-même, il serait vain de s'en occuper.

2o Ensuite quelle prétention absurde de mettre l'idée au-dessus de la substance, au-dessus de l'être, de regarder comme absolu ce qui est essentiellement relatif, ce qui est image, expression et comme l'ombre de la réalité! S'il y a quelque chose d'absolu c'est l'être, et non l'idée. L'idée d'être est première comme idée, mais non comme chose. L'être est donc ce qu'il y a de premier. Mais, pour peu que l'esprit considère ensuite avec quelque profondeur, il distingue bientôt l'être. par soi et l'être contingent, l'être substantiel et l'ètre accidentel, etc. Tout se ramène à l'unité, mais par voie d'unalogie, et non par voie d'identité. La philosophie de l'identité tombe nécessairement dans le panthéisme et ses contradictions.

3o Les contradictions du panthéisme hégélien sont particulièrement révoltantes; elles proviennent toujours de la confusion des choses, de ce qu'on leur prête toujours une même réalité. Parmi les êtres, les uns sont réels et les autres simplement possibles, les uns subsistent et les autres ne subsistent pas, les uns sont corps et les autres sont esprits, etc. En affirmant qu'ils se rencontrent dans une même réalité fondamentale, il faut bien dire qu'ils sont et ne sont pas, qu'ils subsistent et ne subsistent pas, qu'ils sont esprits et matière. Surtout il faut confondre Dieu avec cet être terne, froid, indéterminé de la logique et de la métaphysique générale qui se réalise de mille manières dans la nature. C'est ce qu'il y a de plus monstrueux dans le système de Hégel, et ce que lui empruntent la plupart de nos panthéistes modernes, conscients ou inconscients. Parmi eux on pourrait compter sans

injustice Cousin, qui a donné plus d'un gage aux panthéistes allemands. On peut venir de diverses écoles au panthéisme; et un certain spiritualisme y mène aussi bien que le matérialisme. Nous pourrions donc examiner successivement les doctrines de nombre de philosophes ou écrivains de ce siècle : Michelet, Pierre Leroux, Saint-Simon, Schopenhauer, Ed. de Hartman, Vacherot (1). Mais ce serait nous condamner à des répétitions inutiles ou faire l'histoire de la philosophie contemporaine. Résolvons plutôt les principales objections de nos adversaires.

577. Objections. 1° En ce qui concerne les caractères essentiels du monde, nous avons souvent conclu des parties au tout, de cette manière par exemple: Puisque chaque partie du monde est contingente, muable, finie, le monde entier offre les mêmes caractères. Or c'est là un sophisme. Dira-t-on que les hommes ne peuvent bâtir une ville, constituer une société, parce que nul ne le peut?

Rep. Ce n'est pas un sophisme de conclure de la partie au tout, lorsque la partie est considérée non plus comme partie, d'une manière accidentelle, mais dans sa nature même. Ce n'est pas un sophisme de dire par exemple: Chaque homme est mortel; donc tous les hommes sont mortels. Ainsi avons-nous fait dans nos arguments.

2o Nous ne connaissons pas toutes les parties du monde. Donc nous ne pouvons savoir s'il n'y a rien de nécessaire, d'infini, etc.

Rép. Nous n'avons considéré, il est vrai, que cette

(1) Voir Un spiritualisme sans Dieu Examen de la philosophie de M. Vacherot.

partie du monde qui tombe sous notre expérience; mais nous l'avons considérée dans sa nature même et non seulement dans ses accidents. Donc nous avons pu, par une induction légitime, généraliser nos conclusions. Il peut se faire qu'il y ait des cieux immuables, des sphères célestes qui présentent d'autres caractères que la nôtre; mais cette immutabilité ne sera que relative, les caractères que nous avons signalés tiennent à la nature même des choses.

3° L'infini est ce hors de quoi il n'y a rien. Or il n'y a rien hors du monde. Il est donc infini.

Rep.- Cette définition de l'infini n'est pas exacte. Bien que le monde soit fini, il n'y a rien hors de lui, et il ne devient pas pour cela infini d'aucune manière, ni en quantité, ni encore moins en essence ou perfection. L'infini est ce en dehors de quoi il n'y a rien et il ne peut rien y avoir de même essence ou perfection: voilà le seul sens vrai de la proposition avancée.

4° Mais on insiste en disant : Si l'infini n'absorbait pas le fini, il pourrait croître; car l'infini et le fini réunis sont plus grands que l'infini seul.

Rép. — L'infini à lui seul est aussi grand que luimême et que tous les finis possibles. Ce que le fini ajoute à l'infini, c'est seulement une pluralité d'êtres; mais il ne fait pas qu'il y ait plus de perfection et de réalité absolue.

5o Ou Dieu contient le monde, ou bien il ne le contient pas. S'il contient le monde, il ne fait qu'un avec lui; s'il ne le contient pas, il n'est pas infini, il n'est pas Dieu.

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Rép. - Dieu contient le monde et toutes ses perfections non pas formellement, c'est-à-dire comme étant la somme de tout ce que le monde contient,

mais éminemment, comme cause et perfection absolue. Il le contient aussi d'une autre manière, par son immensité, mais non pas à la manière de l espace, qui n'a pas d'autre fondement de réalité que les corps, ou plutôt que leurs dimensions.

6o On peut admettre une série infinie de causes et d'effets qui se sont succédé et se succéderont toujours, par exemple une infinité de générations d'hommes et de plantes, ou tout au moins une infinité de jours. Bref, pourquoi le monde ne serait-il pas éternel? Mais s'il est éternel, il ne dépend que de lui-même.

Rep. Sans nous prononcer de nouveau sur l'impossibilité d'une quantité infinie, dimension ou durée (v. Métaph., 470-473), il nous suffit de répondre que mème un monde infini comme quantité serait fini en lui-même et dépendant de Dieu quant à son existence. Toute la série infinie qu'on suppose serait aussi incapable de se donner l'existence que chaque être en particulier. L'éternité du monde ne serait qu'un temps sans fin, et le temps sans fin n'entraîne aucune perfection divine (v. chap. xxvIII, de l'Espace et du Temps).

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7° Voici ce que dit Spinosa : « J'entends par substance ce qui est en soi et est conçu par soi ». Donc il n'y a qu'une substance, Dieu et la nature ne font qu'un. Rép. La substance est ce qui est en soi et est conçu par soi, c'est à-dire indépendamment d'un sujet; mais il n'est pas nécessaire que la substance soit conçue comme indépendante de toute cause d'existence. Tout le panthéisme de Spinosa repose, nous l'avons vu, sur cette misérable équivoque.

8° Une substance, dit encore Spinosa, ne peut pas en produire une autre, parce que la substance existe

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