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aurions préféré une édition critique des principaux biographes de Grégoire. Ce traité n'est assurément pas dépourvu d'intérêt. Néanmoins on ne doit accepter qu'avec les plus grandes réserves les récits de Bonizo, et, de l'aveu même de Jaffé, il convient de n'ajouter foi à ses assertions que pour les faits de peu d'importance. Cet écrit offre en effet, à plusieurs endroits, un témoignage sensible de ces falsifications historiques auxquelles se portèrent alors les hommes du parti grégorien.

LES REGISTRES D'INNOCENT III

Les registres qui contiennent la correspondance d'Innocent III ont été divisés, comme celui de Grégoire VII, en un certain nombre de livres dont chacun correspond à une année du pontificat. Ce pape ayant occupé le Saint-Siège durant une période de dix-huit ans et demi, de 1198 à 1216, sa correspondance a dû remplir dixneuf livres. De ce nombre, quatorze sont parvenus jusqu'à nous, savoir les livres I-III, V, VI et VIII-XVI, avec le Registrum super negotio imperii Romani ou recueil des lettres sur les affaires de l'Empire. Dès 1543, le cardinal Sirlet publiait les deux premiers livres, et, en 1635, les livres XIII-XVI étaient mis au jour par François Bosquet'. Baluze entreprit de compléter les travaux de Sirlet et de Bosquet; et, en 1682, il donnait une collection des lettres d'Innocent III renfermant, avec les deux premiers livres, les livres X-XVI et le Registrum imperii3. Le reste parut en 1791 par les soins

1. Ces livres remplissaient un registre dont on a perdu la trace depuis la publication qu'en a faite Fr. Bosquet.

2. Cette collection renfermait aussi une partie du livre V. Le tout parut sous ce titre : Epistolarum Innocentii III libri undecim,

de La Porte Du Theil, qui avait eu à sa disposition une copie des livres III, V, VI, VIII et IX conservés au Vatican 1. En 1855, l'abbé Migne rassembla en un seul corps d'ouvrage les textes édités par ces deux illustres savants 2. M. Léopold Delisle, dans son Mémoire sur les actes d'Innocent III, mémoire imprimé en 1858, a donné l'historique de ces diverses publications 3.

Les livres ainsi publiés ne nous sont pas tous parvenus intégralement. Nous n'avons qu'une très petite partie du livre III. Il n'offre que 57 lettres, tandis qu'on en compte 600 dans le premier livre et que chacun des autres livres en contient généralement de 200 à 250 et quelquefois 300. Le livre V, où l'on ne rencontre que 162 lettres, est probablement incomplet. Enfin le livre II présente des déficit certains, bien qu'il renferme près de 300 lettres. M. L. Delisle cite en effet deux lettres dont ce livre ne contient aucune trace et que l'on sait, par le témoignage d'Innocent III, avoir fait partie du deuxième livre. Baluze parle aussi d'une lettre de ce

Parisiis, ap. Fr. Muguet, 1682. in-fo. Les livres X-XII, imprimés dans cette collection, sont aujourd'hui en Angleterre dans la bibliothèque de lord Ashburnham. Voy. L. Delisle, Lettres inédites d'Innocent III, Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, année 1873, 4e livraison.

1. Diplomata, chartæ, t. II et III, Parisiis, ap. J. Nyon, 1791, in-fo. Les livres I et II, de même que les livres publiés par La Porte Du Theil, sont encore aujourd'hui au Vatican.

2. Innocentii III Opera omnia, quatuor tomis distributa, accurante J. P. Migne, 1855, in-4o (Patrologiæ latinæ cursus completus, t. CCXIV-CCXIX).

3. Mémoire sur les actes d'Innocent III, Paris, Durand, 1858, in-8°. 4. L. Delisle, mémoire cité, p. 6.

pape, qu'au dire de Roger de Hoveden un évêque, venu d'Angleterre à Rome, aurait fait transcrire sur le deuxième livre, et qu'on ne retrouve pas dans celui que nous possédons'. Quant aux livres IV, VII et XVIIXIX, qui n'ont pas été publiés, ils sont vraisemblablement perdus. Ce n'est pas qu'on ne possède sur ces livres quelques informations. Déjà La Porte Du Theil avait fait connaître un fragment de table extrait des archives du Vatican et paraissant se rapporter aux livres XVII, XVIII et XIX 2. De son côté, M. L. Delisle a trouvé un texte en date du mois de juin 1283, attestant que le livre XVIII était alors conservé dans les archives pontificales. Une heureuse découverte est venue compléter ces premières indications. Le P. Theiner a retrouvé parmi les registres d'Innocent VI et a publié en 1863 un inventaire détaillé de 766 lettres que renfermaient les livres III, IV, XVIII et XIX, et dont 275 appartenaient au livre III. Depuis cette découverte, il ne reste plus que les livres VII et XVII sur le contenu desquels aucune notion certaine n'a encore été recueillie.

Bien que, par les seuls livres qui nous ont été conservés, nous possédions le texte de 3,702 lettres, nous

1. Migne, ibid., t. I, col. 856, note.

2. Diplomata, chartæ, t. II, p. viij.

3. Mémoire sur les actes d'Innocent III, p. 7. Ajoutons que l'existence du livre IV est attestée par un passage d'une lettre d'Innocent III: « Ut in illa (epistola) quae fit comiti Celanensi in regesto quarti anni domini Innocentii (Ep. V, 30). »

4. Dans l'ouvrage intitulé: Vetera monumenta Slavorum meridionalium historiam illustrantia. Voy. Bibliothèque de l'École des Chartes, 5 série, IV, 440.

sommes loin, comme on le voit, de connaître toutes celles qui remplissaient les registres. On sait d'ailleurs qu'il n'était pas dans les usages des officiers de la chancellerie de garder copie de tous les actes expédiés par le Saint-Siège. Des recherches faites à diverses époques et continuées jusqu'à ce jour ont permis d'augmenter la somme des lettres transmises par les registres. Déjà Baluze avait enrichi sa publication d'une soixantaine d'actes qu'il ajouta, sous forme d'appendices, à chacun des livres édités par ses soins. On doit également à La Porte Du Theil l'addition de 85 pièces. L'abbé Migne, de son côté, a donné un supplément d'environ 250 lettres extraites par lui de divers recueils imprimés. Enfin le P. Theiner, ainsi que nous l'avons dit, a fait connaître, sinon le texte, du moins la substance de plus de 700 lettres appartenant aux livres qui nous manquent'. En 1873, M. August Potthast, ajoutant aux travaux de ces divers savants le résultat de ses propres investigations, a pu donner, dans son Regesta pontificum2, l'analyse de 5,316 lettres. M. L. Delisle estime que, par de nouvelles recherches opérées dans les dépôts d'archives, ce chiffre pourra être augmenté de plusieurs centaines de pièces. Lui-même a publié le texte de 21 lettres dont M. August Potthast n'a connu que le sujet 3.

1. Il faut en effet retrancher des 766 lettres, dont le P. Theiner a donné le sommaire, les lettres que nous connaissons du livre III. 2. Regesta pontificum Romanorum, inde ab anno post Chr. nat. MCXCVIII ad annum MCCCIV, edidit Augustus Potthast. Berolini, MDCCCLXXIII, in-4°.

3. Lettres inédites d'Innocent III, Bibliothèque de l'École des Chartes, année 1873, 4e livraison, p. 402-419. Dans son Mémoire

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