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presque entière, soit pour dater les lettres de papes qu'on rencontre dans les textes, soit pour en contrôler l'authenticité. Si on ajoute à cela l'heureux effet d'une méthode qui rend le Regesta d'un usage si facile aux érudits, on comprendra la réputation que cet ouvrage a value à son auteur, réputation qui, franchissant les limites de l'Allemagne, s'est étendue en France, en Italie et en Angleterre.

Si considérable, si substantiel que fût son travail, Jaffé ne se flattait point de la pensée qu'il dût être définitif; et, présumant qu'après lui on pourrait vouloir en combler les lacunes, il mit en tête de son ouvrage un index détaillé de tous les documents qu'il avait consultés, en vue d'épargner aux savants le soin d'entreprendre des recherches déjà faites. Ses prévisions se sont réalisées. A l'heure où nous écrivons, se prépare en Allemagne, sous la direction de l'éminent professeur de Berlin, G. Wattenbach, une nouvelle édition du Regesta pontificum. Indépendamment de la correction d'un certain nombre d'erreurs qui étaient inévitables dans une œuvre aussi étendue, cette seconde édition, dont les premiers fascicules ne tarderont pas à paraître1, se recommandera par l'addition de 2 à 3,000 lettres. C'est principalement sur la période écoulée entre la mort de Jean VIII et l'avènement d'Innocent III (882-1198) que portera cette addition 2. Deux importantes publications, dont la date est toute récente, offriront un secours précieux aux nouveaux éditeurs. La première a pour

1. A Leipsig, chez Veit et Comp.

2. Cette partie du travail a été confiée à un jeune et consciencieux érudit, le Dr Lowenfeld.

auteur M. J. Harttung, qui a mis au jour 453 lettres inédites, au moins pour la majeure partie, et appartenant toutes, sauf quelques-unes, aux papes du xe siècle 1. La seconde publication, qui mérite une mention particulière, est due à l'heureuse découverte faite au British Museum d'un recueil manuscrit, renfermant des lettres ou fragments de lettres d'un certain nombre de pontifes qui ont occupé la chaire apostolique de la fin du ve siècle à la mort d'Urbain II. Ce recueil, qui date du commencement du xII° siècle, paraît avoir été composé à Rome même d'après les pièces ou les registres conservés dans les archives du Saint-Siège. M. Ewald, dans un savant travail, a donné le texte ou l'analyse de ces lettres, dont 233 ne semblent pas avoir été connues jusqu'à ce jour 2.

1. Acla pontificum Romanorum inedita, Tübingen, 1880, in-4°. Les 453 lettres publiées par M. Harttung s'étendent de l'année 748 à l'année 1198. Mais, hormis 12 lettres antérieures au XIe siècle et 62 qui datent du xre, toutes les autres, au nombre de 379, appartiennent au x11o. Contrairement au titre de ce recueil, nous disons que ces lettres sont inédites pour la majeure partie, et non pas toutes, parce qu'en effet l'auteur n'a pas pris garde qu'un certain nombre avaient été déjà mises au jour.

2. Neues Archiv, in-8°, Hannover, 1880, t. V, p. 277-414 et 505596. M. Ewald a eu à sa disposition, non le manuscrit lui-même, mais une copie de ce manuscrit faite par M. Bischop à qui revient le mérite de cette découverte. Il parait toutefois que Pertz, dans ses voyages en Angleterre, avait eu déjà connaissance de ce recueil et en avait fait quelques extraits; mais ces extraits n'ont été publiés que lorsque la copie de M. Bischop était totalement terminée (voy. Neues Archiv, t. IV, p. 337). On a des raisons de croire que ce recueil avait été composé en vue d'un de ces travaux sur le droit canon qui ont été si nombreux à la fin du xr et dans le cours du XIe siècle. D'après M. Bischop, il serait l'œuvre de differentes mains. A côté de textes défectueux, obscurs, et qui sont vraisem

Avant que la nouvelle édition, dirigée par M. Wattenbach, eût été commencée, l'œuvre de Jaffé avait déjà donné lieu à une autre publication. Le D' August Potthast, de Berlin, a voulu faire pour le x siècle ce que Jaffé avait fait pour les douze premiers siècles de l'Église. Sous le même titre de Regesta pontificum, et en suivant à peu de chose près la même méthode, il a donné l'analyse de toutes les lettres des papes depuis et y compris le pontificat d'Innocent III jusqu'à l'avènement de Clément V, de toutes celles du moins qui se trouvaient éparses dans les collections imprimées ou contenues dans des publications particulières. Comme les registres correspondant à cette période sont conservés au Vatican, on peut contester, à certains égards, l'utilité de ce travail. Du moins cette utilité subsistera tant que les registres dont il s'agit ne seront pas

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blablement le fait de copistes inhabiles, il en est d'autres très corrects et d'une grande importance. Ajoutons que ce recueil est resté sans usage connu et qu'on n'en trouve la mention dans aucun document contemporain. Quant aux papes de qui émanent les lettres contenues dans ce manuscrit, ce sont Gélase Ier, Pélage Ier, Pélage II, Leon IV, Jean VIII, Étienne VI, Alexandre II et Urbain II. Sur 134 lettres ou fragments de lettres provenant des deux derniers papes, 87 ne semblent pas jusqu'ici avoir été connues; 66, qu'on a également lieu de croire inédites, proviennent des trois premiers; le reste se répartit entre Léon IV, Jean VIII et Étienne VI. Il importe de noter que M. Harttung, dans l'ouvrage dont nous avons parlé ci-dessus, ne donne aucune lettre de Léon IV ni d'Étienne VI. Il en donne une pour Jean VIII, 9 pour Alexandre II et 18 pour Urbain II. Aucune de ces 28 lettres ne se trouve répétée parmi celles que M. Ewald a mentionnées, comme inédites, sous le nom de ces trois derniers papes.

1. Regesta pontificum Romanorum inde ab a. post Christum natum MCXCVIII ad a. MCCCIV, edidit Augustus Potthast, 2 vol. in-40 Berolini, 1873-1874.

mis au jour. Déjà l'on possède le texte des registres d'Innocent III'. Ceux qui concernent le pontificat d'Innocent IV, un des plus importants du XIe siècle, vont également être livrés à la publicité. Un élève de l'école française de Rome, M. Berger, admis à dépouiller ces registres aux archives du Vatican, a recueilli 8,600 pièces dont l'impression, commencée à cette heure, ne comportera pas moins de trois volumes in-4°. La libéralité. que montre à cet égard la cour de Rome donne lieu d'espérer que la science ne tardera pas à s'enrichir d'autres publications, et qu'aux registres d'Innocent III et d'Innocent IV viendront s'ajouter les registres, non moins précieux, de Grégoire IX et de Boniface VIII 3.

1. Voici ci-après ce que nous disons des registres d'Innocent III. 2. Séance de l'Académie des inscriptions et belles-lettres du 13 novembre 1880; discours de M. E. Leblant. M. A. Potthast, dans son ouvrage, ne signale que 4,519 lettres d'Innocent IV.

3. Comme complément de ces informations, nous devons dire qu'un eccclésiastique, M. Horoy, a entrepris récemment la continuation de la Patrologie de l'abbé Migne depuis la mort d'Innocent III jusqu'à l'époque du concile de Trente. Quelques volumes ont été imprimés, contenant les œuvres et une partie de la correspondance d'Honorius III. Malheureusement cette entreprise, qui méri tait d'être encouragée, paraît interrompue. Voici le titre des volumes publiés, lesquels, au point de vue de la critique, laissent, il faut le reconnaître, beaucoup à désirer: Medii ævi bibliotheca patristica seu ejusdem temporis Patrologia ab anno MCCXVI usque ad concilii Tridentini tempora..., recognoscente et annotante Horoy, sacerdote e Bellovacensi diocesi oriundo; Honorii III tomus secundus. Paris, imprimerie de la Bibliothèque ecclésiastique, 1879, in-4°. Voy., sur ces deux premiers volumes, un compte-rendu de M. Ulysse Robert, Bibl. de l'Éc. des chartes, année 1879, p. 478-482.

LE REGISTRE DE GRÉGOIRE VII

ET

LES MONUMENTA GREGORIANA

Le registre de Grégoire VII, que Jaffé a publié en 1865 dans ses Monumenta gregoriana1, n'était connu jusqu'alors que par des éditions fautives. Jaffé en a donné un texte entièrement conforme au manuscrit du Vatican, en se servant d'un exemplaire collationné sur ce manuscrit par Giesebrecht. Nous avons eu l'occasion de

que ce registre n'était pas le registre original, ou, pour parler plus exactement, qu'il n'était qu'une transcription incomplète faite, à l'époque de Grégoire VII, du véritable registre. Diverses considérations mettent ce fait hors de doute. Conformément à un usage qu'on voit constamment suivi à la chancellerie romaine à partir du XIIe siècle et qui vraisemblablement existait déjà avant Grégoire VII, le registre qu'a publié Jaffé est distribué par livres dont chacun correspond à une

1. Monumenta gregoriana, edidit Ph. Jaffé, in-8°, Berolini, 1865.

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