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derrière la forte enceinte de Véies, tomba sous l'épée; l'aile droite, intacte, battit en retraite sur Rome, et courut occuper la citadelle du mont Capitolin, où s'enfermèrent aussi le sénat, les magistrats, les prêtres et mille des plus braves de la jeunesse patricienne. Le reste se dispersa dans les villes voisines. Cæré donna asile aux vestales et aux choses saintes.

Prise de Bome: siége du Capitole; Camille.

Les Gaulois n'entrèrent que le surlendemain de la bataille. Tout était désert; ils virent seulement quelques consulaires qui, plutôt que d'aller mendier un asile chez leurs anciens sujets, étaient restés dans leurs demeures, assis sur leurs chaises curules. Les barbares crurent voir des êtres surnaturels; mais un d'eux ayant passé doucement la main sur la longue barbe de Papirius, celui-ci le frappa de son. bâton d'ivoire, et le Gaulois, irrité, le tua; ce fut le signal du massacre. Rien de ce qui avait vie ne fut épargné; après le pillage, l'incendie détruisit les maisons.

Les barbares voulurent monter au Capitole : une pente étroite et rapide y conduisait; les Romains eurent peu de peine à les repousser, et il fallut changer le siége en blocus. Pendant sept mois, les Gaulois campèrent au milieu des ruines; un automne pluvieux amena des maladies qui les décimèrent, et la famine les força de courir par bandes toutes les campagnes voisines. Les Latins et les Étrusques s'étaient d'abord réjouis des malheurs de Rome; ils s'effrayèrent à leur tour. Ardée donna à Camille, exilé dans cette ville, quelques soldats avec lesquels il surprit et massacra un détachement gaulois. Ce premier succès encouragea la résistance; de tous côtés, les paysans s'insurgèrent, et les Romains réfugiés à Véies proclamèrent Camille dictateur. Il fallait la sanction du sénat et des curies pour confirmer l'élection et rendre à Camille les droits de citoyen qu'il avait perdus par son exil. Un jeune plébéien, Cominius, traversa le Tibre à la nage, évita les sentinelles ennemies, et, s'aidant des ronces et des arbustes qui tapissaient les parois escar

pées de la colline, il parvint jusqu'à la citadelle. Il en redescendit aussi heureusement et rapporta à Véies la nomination qui devait lever les scrupules de Camille. Mais les Gaulois avaient remarqué l'empreinte de ses pas, et, par une nui' obscure, ils montèrent jusqu'au pied du rempart. Déjà ils atteignaient les créneaux, quand les cris des oies, consacrées à Junon, éveillèrent Manlius, qui renversa du haut du mur les plus avancés des assaillants.

Le Capitole était sauvé; mais les vivres étaient épuisés, e' Camille ne paraissant pas, le tribun militaire Sulpicius convint avec le brenn, rappelé dans sa patrie par une attaque des Venètes, de payer pour la rançon de Rome, 1000 livres d'or (326 kilogramm. 340 grammes), et que des vivres, avec des moyens de transport, seraient fournis aux Gaulois par les alliés et les colonies de Rome. Quand on pesa l'or, les barbares apportèrent de faux poids, et comme Sulpicius se récriait: Væ victis! dit le brenn, « malheur aux vaincus! » et il jeta encore dans la balance sa large épée et son baudrier. Les barbares s'éloignèrent mais Camille annula le traité de son autorité dictatoriale. Il ordonna aux alliés de fermer leurs portes et d'attaquer les bandes isolées. Durant le blocus, où étaient venus jusqu'à 70 000 Gaulois, de nombreux détachements avaient quitté le siége pour courir le pays; il en était allé jusqu'en Apulie; quand ils revinrent, le gros de l'armée était parti, tout le Latium en armes et les légions romaines réorganisées. Aussi, de ceux-là bien peu échappèrent. Les Cærites en massacrèrent toute une troupe tombée de nuit dans une embuscade, et une autre fut détruite par Camille. La vanité romaine changea ces légers succès en une victoire si complète que pas un barbare n'aurait échappé à l'épée vengeresse des soldats de Camille.

Reconstruction de la ville et rétablissement

de la puissance romaine.

Rome délivrée était en ruines. Plusieurs tribuns reprirent la proposition de transporter le peuple à Véies, dont l'épaisse

enceinte et les maisons étaient encore debout. La sage opposition de Camille et du sénat eût été vaine peut-être, sans un présage qui décida le peuple, encore irrésolu, à rétablir la ville. Une année y suffit. L'épée des barbares avait fait de grands vides dans la population; pour les combler et éviter une révolte dangereuse des sujets, le droit de cité fut accordé aux habitants du territoire de Véies, de Capène et de Falérie; on en forma 4 tribus nouvelles. C'était une très-grave mesure, que celle qui appelait, d'un coup tant d'hommes au partage de la souveraineté, et qui donnait à d'anciens sujets 4 suffrages sur 25. Mais c'était peut-être la seule qui pût tirer Rome de la dangereuse situation où les Gaulois l'avaient. laissée. Elle en fui aussitôt récompensée, car nul doute que cette concession n'ait beaucoup aidé à ses succès, lorsqu'elle se vit attaquée, avant d'être sortie de ses ruines, par les Volsques, les Eques, une partie des Latins et les Étrusques de Tarquinie.

Camille, qu'on retrouve à la tête des légions, gagna dans ces circonstances difficiles, avec bien plus de justice que dans la guerre gauloise, le titre de second fondateur de Rome. A l'intérieur, il rappelait par ses patriotiques conseils les partis à l'union, ou il cherchait, par sa fermeté, à leur imposer la paix. Dans les camps, ses habiles réformes préparaient la victoire, que ses talents assuraient sur le champ de bataille. Il arma les soldats de longues piques et de casques d'airain, de boucliers bordés d'une lame de fer, contre lequel s'émoussèrent les sabres mal trempés des barbares. Il rendit la légion plus mobile, changea tout l'ordre de bataille, en substituant la division en manipules, à l'ancienne organisation en phalange. Les Tarquiniens furent battus, et il ne resta pas un ennemi entre la forêt Ciminienne et le Tibre. Mais, sur la rive gauche, Camille eut peine à prévenir de grands désastres. En 379, les Prénestins pénétrèrent jusqu la porte Colline; vaincus cependant sur les bords de l'Allia, ils demandèrent la paix; trois ans après, une bataille de deux jours termina une guerre contre les Antiates. Dès lors, Rome fut tranquille aussi du côté du Latium, mais elle n'v avait pas rétabli son autorité.

Manlius.

Au milieu de ces graves difficultés extérieures, les discussions avaient recommencé au forum, et, comme un siècle auparavant, les dettes, résultat des dernières guerres, en étaient la première cause. Les ergastula se remplirent encore; Camille lui-même montra beaucoup de dureté. Un patricien, le sauveur du Capitole, Manlius Capitolinus, se fit le patron des pauvres, et délivra de prison jusqu'à 400 débiteurs, en satisfaisant leurs créanciers. Accusé par les grands de vouloir séduire le peuple, il montra dans les comices centuriates les armes de 30 ennemis tués par lui, 8 couronnes civiques, 32 récompenses militaires, et les cicatrices qui couvraient sa poitrine, et le Capitole, d'où il avait précipité les Gaulois. Il fut acquitté; mais, dans une assemblée tenue hors de la vue de cette forteresse, il fut condamné à mort (383). D'après Dion, Manlius, occupant avec ses partisans le mont Capitolin, aurait été précipité de la roche Tarpéienne par un traître qu'il écoutait sans défiance.

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LOIS LICINIENNES (376-369). INEXÉCUTION DE LA LOI AGRAIRE, MAIS PARTAGE DU CONSULAT, CRÉATION DE LA PRÉTURE ET DE L'ÉDILITÉ CURULE. SUCCÈS TOUT AUTOUR DE ROME.

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Lois liciniennes (376-366).

Manlius n'était qu'un ambitieux vulgaire; C. Licinius Stolon, et L. Sextius furent de véritables réformateurs. C'étaient deux riches et nobles plébéiens, auxquels l'égalité des deux ordres par le tribunat militaire ne parut qu'un mensonge politique. Nommés tribuns en 376, ils demandérent le partage du consulat, et pour forcer le peuple à prendre intérêt à cette question, ils présentèrent les résolutions suivantes :

1o A l'avenir, on n'élira plus de tribuns militaires, mais deux consuls, dont l'un sera toujours plébéien;

2o Aucun citoyen ne pourra posséder plus de 50 arpents de terres domaniales, ni envoyer dans les pâturages publics plus de 100 têtes de gros bétail et 500 têtes de petit; sur ces terres restituées à l'État, on distribuera à chaque citoyen pauvre 7 arpents; ceux qui resteront fermiers de l'Etat paveront au trésor public la dîme des fruits de la terre, un cinquième du produit des oliviers et de la vigne, et la redevance due pour chaque tête de bétail;

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