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la Pannonie. La véritable impératrice était Salonia, célèbre par ses vertus, son courage et son savoir, qui s'était faite disciple de Plotin, un des fondateurs du Néoplatonisme.

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Représentez-vous l'État en proie aux diverses usurpations, les tyrans se battant entre eux, se défendant contre les troupes du prince légitime, repoussant les barbares ou les appelant à leur secours : Ingénuus avait un corps de Roxolans à sa solde, Posthume, un corps de Francs. On ne savait plus où était l'empire: Romains et barbares, tout était divisé les aigles romaines contre les aigles romaines; les enseignes des Goths opposées aux enseignes, des Goths. Chaque province reconnaissait le tyran le plus voisin.... Un lambeau de pourpre faisait le matin un empereur, le soir une victime, l'ornement d'un trône ou d'un cercueil.... Et à travers tout cela, des jeux publics, des martyrs, des sectes parmi les chrétiens, des écoles chez les philosophes, où l'on s'occupait de systèmes métaphysiques au milieu des cris des barbares. (Chateaubriand.) D

Les désordres intérieurs se compliquaient en effe d'invasions redoutables faites par les barbares. Les plus terribles étaient alors les Goths, établis le long de la mer Noire et sur le bas du Danube, d'où ils pénétraient dans l'Asie Mineure, la Thrace ou la Grèce; et les Hérules, qui partaient de la mer d'Azof montés sur 500 navires', et allaient piller les rivages et toutes les îles de la mer Egée. Les villes, sur l'ordre de l'empereur, s'entourèrent de murailles. Byzance leur échappa ainsi; mais Athènes, Corinthe, Sparte et Argos furent dévastées. Un Goth voulait brûler à Athènes les bibliothèques, un autre l'arrête : « Laissons, dit-il, à nos ennemis ces livres qui leur ôtent l'amour des armes. » Les Athéniens cependant, sous la conduite de l'historien Dexippe, eurent l'honneur de battre ces brigands, qui se vengèrent sur la Béotie, l'Épire, la Thrace et l'Illyrie. Gallien n'avait mis un terme à leurs ravages qu'en concluant la paix avec eux et en prenant à sa solde un corps d'Hérules. Mais l'invasion n'était que pour un instant suspendue; elle va reprendre son cours sous Claude II.

Restauration de l'empire par les princes illyriens (268-285) Claude 11 (268) ; Aurélien (270); défaite de Zénobie (273).

Gallien expirant avait choisi pour son successeur ce Dalmate qui était alors le général le plus renommé de l'empire. Claude vengea sa mort en faisant décapiter Auréolus, l'instigateur du complot dont Gallien avait été victime. Les Alamans pénétrèrent en Italie; il leur fit essuyer, près du lac de Garda, une sanglante déroute, et Tétricus, menacé d'une guerre sérieuse, ouvrit des négociations pour obtenir au moins le partage de l'autorité. Une invasion de 320 000 Goths suspendit le traité en forçant Claude de courir au secours de la Macédoine, où ils assiégeaient Cassandrie et Thessalonique. Il remporta une grande victoire près de Naïssus et poursuivit leurs débris dans la Mosie; mais une peste qui survint enleva le vainqueur à Sirmium, au milieu de ses préparatifs contre Zénobie (avril 270). La garnison d'Aquilée proclama le frère de Claude, Quintilius. Mais lorsqu'il apprit que les légions du Danube avaient, sur la désignation de Claude lui-même, reconnu Aurélien, il se fit ouvrir les veines.

Aurélien, originaire de la Pannonie, était de la plus basse extraction, mais il s'était signalé par son courage. Le premier il avait vaincu les Francs. Les soldats l'appelaient Aurelianus manus ad ferrum (fer en main). Plein d'activité et d'énergie, il était l'homme que les circonstances demandaient, et mérita le titre de restitutor orbis. Il se rendit d'abord à Rome, et après un court séjour il alla en Pannonie à la rencontre d'une armée de Scythes, de Marcomans, de Juthunges et de Vandales. Mais il fut aussitôt rappelé en arrière par une invasion des Alamans qui pénétrèrent par la Rhétie jusqu'à Plaisance, où ils détruisirent une armée romaine, et de là jusque sur les bords de l'Adriatique. La terreur était dans Rome. Le sénat consulta les livres sibyllins, et, d'après leurs réponses, on immola des victimes humaines qu'Aurélien livra. Une victoire remportée sur le Métaure, près de Fanum Fortunæ délivra l'Italie. Le danger que Rome avait couru engagea l'empereur à l'entourer d'une forte muraille de 21 milles de longueur. Il fut moins heureux

contre les Goths; la bataille fut sanglante et indécise. Les harbares pourtant reculèrent; un traité leur abandonna la Dacie, dont il transporta les habitants en Mosie, qui prit dès le nom de Dacie d'Aurélien. Le Danube redevenait la limite de l'empire.

La tranquillité rétablie sur la frontière, il passa en Orient (273) pour combattre la reine de Palmyre, princesse : élèbre par son courage et sa rare intelligence, qui ne songeait à rien moins qu'à fonder un grand empire oriental. Il lui enleva la Syrie, l'Égypte et une partie de l'Asie Mineure où elle commandait. Deux batailles près d'Antioche et d'Émèze forcèrent Zénobie à se réfugier dans sa capitale, qu'Aurélien vint aussitôt assiéger. Quand la ville fut à bout de ressources, Zénobie s'enfuit sur des dromadaires vers l'Euphrate; mais arrêtée, elle fut conduite à Aurélien. Son principal ministre était le sophiste Longin, duquel nous avons encore un traité sur le Sublime. Longin, soupçonné d'être l'auteur d'une lettre offensante envoyée par Zénobie à Aurélien, fut mis à mort; l'empereur réserva la reine pour son triomphe. Les Palmyréens s'étant révoltés après son départ, il revint sur ses pas, égorgea la population et détruisit la ville.

En Égypte, un riche marchand, car le commerce avait accumulé dans quelques mains des fortunes colossales, Firmus, soutenu des Blemmyes, avait pris la pourpre; il fut aisément renversé, et tout l'Orient se trouva rattaché à l'empire.

Dans l'Occident, Tétricus gouvernait la Gaule, l'Espagne et la Bretagne; mais il n'aspirait qu'à déposer ce fardeau trop lourd pour ses forces, et il suppliait secrètement Aurélien de le délivrer de ses légions: Eripe me his, invicte, malis, lui écrivait-il en citant Virgile. A la bataille de Châlons-sur-Marne (274), Tétricus trahit son armée et passa du côté d'Aurélien. Le triomphe de l'empereur fut le plus magnifique que Rome eût vu depuis longtemps; Tétricus et Zénobie y parurent avec leurs enfants et nombre de prisonniers appartenant aux nations les plus éloignées. Le triomphateur était lui-même monté sur un char traîné par

quatre cerfs, attelage qui avait été pris à un roi goth. Tétricus

fut nommé gouver

neur de Lucanie; son fils devint sénateur, et Zénobie se retira dans une belle villa du territoire de Tibur entre celles d'Horace et d'Adrien. Leurs enfants se marièrent dans les plus grandes maisons, et Eutrope vit, sous le règne de Valens, leurs descendants. Délivré des embarras extérieurs, Aurélien essaya de rétablir l'ordre dans l'administration, comme la discipline dans les armées. Les remèdes, sans doute, devaient être énergiques, peutêtre les rendit - il cruels; beaucoup de sang coula. Une réforme qu'il entreprit de la monnaie altérée amena à Rome une sédition dans laquelle périrent 7000 de ses soldats. Il les vengea par des supplices. On accusait aussi son orgueil, car le premier des

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empereurs il osa ceindre sa tête d'un diadème. Pour occu

per l'esprit remuant des légions, il prépara une expédition contre les Perses, qui n'avaient pas encore expié la honte qu'ils avaient infligée à l'empire par la captivité de Valérien; mais son secrétaire Mnesthée, accusé de concussions, et craignant le châtiment, le fit assassiner, entre Héraclée et Byzance (janv. 275). Il mourut regretté des troupes, haï du sénat, jugé par tous trop sévère, mais avec le renom d'un prince heureux et habile, qui eût peut-être, s'il eût vécu, sauvé l'État.

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Tacito (275); Probus (276); Carus (282); Carin
et Numérien (284).

Comme il n'y avait point à l'armée de chef populaire parmi les troupes, les soldats renvoyèrent l'élection au sénat qui, se souvenant des Gordiens, de Pupien et Balbin, déclina prudemment cet honneur. Les légions s'obstinèrent dans leur refus; c'était encore une manière de commander. Près de huit mois se passèrent ainsi. Mais les Germains ayant fait une invasion en Gaule, le sénat se décida à proclamer, à la fin de septembre 275, un de ses membres, Tacite, vieillard de 75 ans, qui prétendait descendre de l'historien, et qui possédait en biens-fonds une fortune de 75 millions, avec assez d'argent comptant pour payer la solde de toutes les armées. Ce choix n'était pas habile; il eût fallu laisser ce vieillard au repos qu'il aimait, et envoyer aux soldats un chef qui connût la guerre. Les troupes le reçurent cependant sans murmures; il chassa les Alains de l'Asie Mineure et pénétra jusqu'au Caucase, pour commencer de ce côté la guerre contre les Perses. Mais il mourut ou fut tué le 12 avril 276. Son frère Florianus, qui prit la pourpre, eut le même sort, trois mois après, quand ceux qui l'avaient soutenu apprirent l'avénement de Probus.

Cette fois les soldats avaient choisi eux-mêmes et bien choisi. Probus, né à Sirmium, avait servi, avec distinction, sous Valérien; Tacite lui avait donné le consulat et le gouvernement de l'Orient. Il demanda au sénat la confirmation de son élection, et après s'être montré à Rome, il courut en

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