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attaqua avec des succès variés les Marcomans et les Jazyges, poursuivit les Quades jusque dans leur pays, où il courut, sur les bords du Gran, un sérieux danger. Une pluie mêlée d'éclairs et de tonnerre le sauva et donna lieu à la tradition sur la légion fulminante composée de chrétiens. Un traité de paix avec plusieurs nations parut terminer glorieusement cette guerre (174).

Des bords du Danube, Marc Aurèle gagna promptement la Syrie (175) pour apaiser la révolte de Cassius ou lui céder l'empire, si telle était, disait-il, la volonté des dieux. Cassius fut tué par ses soldats; et l'empereur se plaignit qu'on lui eût ôté le plaisir de se faire un ami d'un adversaire. Au moins n'y eut-il plus de victimes. « Que cette insurrection, écrivait-il noblement au sénat, n'ait coûté la vie qu'à ceux qui sont morts dans le premier tumulte. » Presque aussitôt des Marcomans et d'autres peuples qui habitaient au nord du Danube et du Pont-Euxin, des Bastarnes, des Alains que la grande nation des Goths poussait devant elle, recommencèrent leurs incursions (178). Le malheureux empereur, que la fortune condamnait à passer sa vie dans les camps, se hâta de marcher contre eux avec son fils Commode; mais il s'arrêta à Carnuntum, d'où il dirigea les opérations militaires. Les barbares firent une énergique résistance, et les prétendues victoires des Romains restèrent sans résultat. Marc Aurèle, profondément découragé, mourut le 7 mars 180, à Vindobona (Vienne), ou, selon d'autres, à Sirmium, laissant à son fils, avec l'empire, une guerre redoutable.

Commode (180-192).

Quand Marc Aurèle eut été placé, selon la coutume, au rang des dieux, Lucius Commodus Antoninus lui succéda. Il n'avait que 19 ans, et déjà la faiblesse de son père avait laissé s'enraciner en lui des passions désordonnées qui en eurent bientôt fait un tyran stupide. Il se hâta de conclure la paix avec les Marcomans et les Quades, qui promirent de ne pas s'approcher du fleuve plus près que de cinq milles, et de ne tenir d'assemblées qu'en présence de centurions romains. Plus de 20000 barbares entrèrent au service de l'empire;

c'était leur livrer les secrets de la tactique romaine. Des bords du Danube, Commode précipita son retour à Rome, où il se livra à tous les plaisirs et à sa folle passion pour la chasse et les combats du cirque. On le vit combattre 735 fois et recevoir chaque fois ses gages comme gladiateur. Il faut dire aussi que souvent il se contenta du rôle de cocher du cirque ou, dans l'arène, de celui d'Hercule. Toute son ambition était de ressembler à ce héros de la force brutale; il voulut qu'on l'appelât l'Hercule romain, et il se fit représenter sur les monnaies avec les attributs du demi-dieu.

Le préfet des gardes, Pérennis, fut d'abord chargé de tous les soins du gouvernement et continua l'administration précédente; mais des soldats mécontents qui étaient venus de Bretagne à Rome pour accuser sa dureté, le massacrèrent (186). Il fut remplacé comme préfet du prétoire et favori du prince par l'affranchi Cléander, Phrygien, qui fit argent de tout, de la vie et de l'honneur des citoyens. Les emplois, les sentences, il n'y avait rien qu'il ne vendît. Trois ans après, l'avare et cruel favori fut tué dans une sédition populaire qu'avaient excitée la peste et la famine.

La cruauté de Commode, provoquée par les conspirations, ne connut plus de bornes. Déjà, avant la mort de Pérennis, un meurtrier, armé par sa sœur Lucilla, veuve de Vérus, s'était précipité sur lui en disant : « Voilà un poignard que le sénat t'envoie. » En l'année 187, un déserteur, chef de brigands, avait de la Gaule et de l'Espagne donné rendezvous à tous les siens à Rome, à un jour fixé, pour y égorger l'indigne fils de Marc Aurèle et prendre sa place. Dénoncé par un complice, il fut saisi et tué. Mais Commode, effrayé et trop bien servi par une police secrète et par les délateurs qui avaient reparu en foule, lança des sentences de mort contre les hommes les plus vertueux, contre ses proches, contre le sénat et même contre le grand jurisconsulte Salvius Julianus. Pour n'avoir rien à craindre des provinces, il retenait auprès de lui des otages, les enfants des gouverneurs, et pour être sûr de Rome, il accordait toute licence aux prétoriens; mais ceux qui l'approchaient le plus étant ceux qui étaient le plus menacés, ce fut leur main qui le

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frappa. La veille des saturnales, il voulut passer la nuit dans une école de gladiateurs, malgré les observations qu'on lui fit sur un séjour si indigne de la majesté impériale. Là, il écrivit sur des tablettes les noms de ses victimes pour la nuit prochaine; en tête était sa concubine Marcia, le chambellan Electus et le préfet des gardes Lætus. Mais il s'endormit quelques instants; durant son sommeil, un enfant prit ces tablettes en jouant et les montra à Marcia. Cellezi se hâta de le prévenir: après le bain, elle lui donna un breuvage empoisonné, et comme il ne provoquait qu'un vomissement, elle et ses complices, qu'un même sort menaçait, firent étrangler Commode par un jeune et vigoureux athlète (31 décembre 192). Son cadavre fut secrètement emporté au palais, et l'on répandit le bruit que Commode était mort frappé d'un coup de sang. Mais le sénat, abusé sur sa force, fit jeter son corps dans le Tibre et flétrit sa mémoire. Les prétoriens vont bientôt le venger.

Pendant le règne du dernier des Antonins, il n'y avait eu que des guerres peu importantes sur les frontières de la Bretagne et de la Dacie. De vieux généraux de Marc Aurèle, Marcellus et Pertinax, les avaient terminées heureusement (182184).

CHAPITRE XXIX.

ETAT DE L'EMPIRE DURANT LES DEUX PREMIERS

SIÈCLES.

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LIMITES ET PROVINCES DE L'EMPIRE. VOIES MILITAIRES, CAMPS, FORTIFICATIONS DES FRONTIÈRES. ATTITUDE HOSTILE DES GERMAINS ET DES PERSES. AUTORITÉ ABSOLUE DES EMPEREURS; IMPUISSANCE DU SÉNAT; NULLITÉ DU PEUPLE. ADMINISTRATION DE LA JUSTICE, DES FINANCES ET DES ARMÉES. INDUSTRIE ET COMMERCE; DÉPRAVATION DES MEURS. CARACTÈRE DE LA LITTÉRATURE SOUS L'EMPIRE. -RELIGION; PROGRES DU CHRISTIANISME.

Limites et provinces de l'empire.

L'empire romain avait une étendue de plus de 1000 lieues (4450 kilomètres) de l'Océan à l'Euphrate, sur une largeur

moyenne de 500 du Danube au Sahara. Les diverses provinces qui le composaient, violemment rattachées les unes. aux autres par la conquête, manquaient encore de l'union que donnent des institutions générales, et de l'esprit national, du patriotisme qui pouvaient bien difficilement se former au sein d'une si vaste domination. Auguste reconnut cette cause de faiblesse et se garda d'accroître son empire par de nouvelles victoires; ses successeurs l'imitèrent, et, Trajan excepté, aucun empereur ne dépassa les limites que la nature elle-même avait fixées : l'Atlantique, le Rhin, le Danube, l'Euphrate, les cataractes du Nil, les déserts de l'Afrique et l'Atlas. L'empire n'acquit réellement depuis Auguste que la Bretagne jusqu'au mur des Pictes et la Dacie. On avait cependant formé plusieurs provinces nouvelles, soit aux dépens des anciennes ou des pays alliés, soit avec les nouvelles conquêtes ; de sorte que leur nombre avait été porté de 20 à 87 environ1.

La division en provinces de l'empereur et en provinces du sénat subsistait; mais les dernières ne s'étaient pas accrues depuis le partage fait par Auguste. D'ailleurs l'empereur était absolu dans les unes comme dans les

autres.

1. C'étaient, outre celles qui ont été nommées, p. 388, les deux Germanies, les Alpes maritimes, la Rhetie, le Norique, la Mosie, les deux Pannonies, divisées, sous Vespasien ou Trajan, en Pannonie supérieure et en Pannonie inférieure, la Galatie avec la Lycaonie, la Pamphylie avec la Lycie, créées sous Auguste; la Cappadoce, sous Tibère; la Numidie, sous Caligula; les deux Mauritanies; a Judée, sous Claude; les Alpes Cottiennes, sous Néron; la Gallicie avec l'Asturie, la Thrace, les Iles et la Comagene, sou Vespasien; la Bretagne, sous Domitien; la Dacie, l'Arménie Mineure, l'Arménie Majeure, l'Assyrie, la Mésopotamie et l'Arabie, sous Trajan; à une époque incertaine, la Transpadane. Adrien abandonna la grande Arménie, l'Assyrie et la Mésopotamie; mais Avidius Cassius, sous Marc Aurèle, recouvra la Mésopotamie. C'est depuis Adrien surtout que les démembrements de provinces devinrent fréquents. Ce prince divisa lui-même l'Italie, moins les environs de Rome (Urbicaria regio), en 4 consulariats: 4° Ombric, Toscane et Picenum; 2o Campanie et Samnium; 3° Apulie et Calabre; 4° Lucanie et Bruttium. Il détacha l'Épire de l'Achaïe, la Phenicie de la Syrie et fit deux Masies. Après lui on trouve deux Rhéties, une Venétie, détachée peut-être au siècle de Transpadane, une Thessalie et deux Thraces.

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Voles militaires, camps, fortifications des frontières.

Héritiers des censeurs de la république, les empereurs continuèrent les ouvrages qu'ils avaient commencés. Auguste donna une attention particulière à la réparation ou à la continuation des voies romaines. Toutes les routes de l'Italie furent, par ses ordres et souvent à ses dépens, remises en bon état, et tandis qu'il chargeait Agrippa d'en percer de nouvelles à travers la Gaule, lui-même conduisit jusqu'à Gadès la voie qui traversait les Pyrénées orientales. Ses successeurs l'imitèrent, et l'empire se trouva couvert d'un réseau immense de routes militaires, qui rendirent la surveillance plus prompte, la défense plus facile et qui aidèrent à la rapide propagation de la civilisation romaine dans toutes les provinces.

Sur ces routes étaient disposées, de distance en distance, des stationes et des mansiones, où les relais et toutes les choses nécessaires à la rapidité et à la sûreté du voyage étaient préparés avec soin, et à une époque où ce système, tout récent encore, n'avait pas reçu les perfectionnements qui lui furent donnés dans la suite, particulièrement par Trajan, Tibère fit 200 milles en 24 heures, de Lyon jusque dans la Germanie, pour aller recevoir les derniers soupirs de son frère Drusus1.

L'empire avait rendu les armées permanentes parce qu'une grande force militaire était l'indispensable appui du despotisme; mais il les avait utilisées en les envoyant en face des barbares. S'il ne voulait pas reculer ses frontières, il entendait du moins qu'elles fussent bien défendues. Ses légions furent donc, pour la plupart, rangées le long du Rhin, du Danube et de l'Euphrate, où elles s'établirent dans des camps, qui devinrent peu à peu des villes importantes,

4. Mais ces postes ne servaient qu'aux agents du gouvernement ou à ceux

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qui obtenaient une permission spéciale. Les Romains firent peu de canaux,

car on ne savait pas alors construire des écluses. Cependant on connaît la Fossa Drusiana, qui faisait communiquer le Rhin avec le lac Flevo; la Fossa Corbulanis, canal de 23 milles d'étendue entre la Meuse et le Rhin.

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