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dre sur lui à Antinoüs, dont il fit un dieu, et aussi son caractère qu'on peint irascible jusqu'à la cruauté. Le célèbre constructeur du pont de Trajan, Apollodore de Damas, paya peut-être de sa vie un jugement trop sincère sur les talents d'Adrien comme statuaire. Dès les premiers jours de son règne, quatre consulaires, accusés de conspiration, et parmi eux Corn, Palma, et le Maure Lusius Quietus que Trajan avait songé à choisir pour son successeur, avaient été condamnés par le sénat. Sur la fin de sa vie, lorsqu'il eut adopté Ælius Vérus, et à la mort de celui-ci, Titus Antoninus, les complots recommencèrent. Un beau-frère d'Adrien, Servianus, périt avec son petit-fils, et d'autres victimes semblent avoir succombé. Aussi le sénat, irrité d'ailleurs contre un prince qui faisait tout par lui-même, songea, lorsqu'il fut mort à Baïes, le 12 juillet 138, à condamner sa mémoire. La justice, cependant, et les pieuses prières d'Antonin, l'emportèrent.

Antonin le Pieux (138-161); paix profonde.

Les ancêtres d'Antonin étaient originaires de Nîmes; établis à Rome, ils y avaient rempli les plus hautes charges. Antonin lui-même, distingué par Adrien, avait reçu de ce prince l'administration d'une partie de l'Italie, plus tard le proconsulat d'Asie, et il avait enfin été adopté par lui à la condition qu'il adopterait à son tour M. Aurélius, et le fils d'Elius Verus, Lucius. Sous son règne de 23 années (138-161), l'empire jouit d'une paix profonde, due autant à ses vertus qu'à sa modération et au gouvernement habile de son prédécesseur, qui avait écarté pour quelque temps les causes de désordre. Sa renommée s'étendit si loin que les princes de l'Inde, de la Bactriane et de l'Hyrcanie, le choisirent pour arbitre dans leurs querelles: ses contemporains reconnaissants lui donnèrent le beau surnom de Père du genre humain. Il n'éleva jamais aux charges publiques que des hommes expérimentés et justes, et il les laissait mourir dans leurs places, quand il ne pouvait les remplacer par de plus habiles. Une sage économie dans l'administration financière lui donna les moyens de fonder d'utiles institutions:

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par exemple, deux lieux de refuge où les filles orphelines furent élevées sous la protection de l'impératrice Faustine, et des traitements pour les professeurs instruits qu'il établit, non plus seulement à Rome comme Vespasien, mais dans les grandes villes des provinces. Il put aussi venir au secours des cités frappées par quelque fléau, comme Rome, Antioche, Narbonne et Rhodes, désolées par des incendies ou des tremblements de terre. La richesse d'un prince, disait-il, est la félicité publique. Lui-même, il vivait simplement, accessible à tout le monde, et prêt à faire droit à toutes les réclamations. Deux conspirations furent découvertes contre lui: les deux chefs seuls périrent. Une apologie du christianisme, composée par le philosophe Justin, et présentée à l'empereur, valut aux chrétiens, déjà nombreux à Rome et dans les provinces, tolérance et protection.

Antonin ne fit aucune guerre, et ne visita même pas les provinces trop paisibles et trop bien gouvernées pour que sa présence y fût nécessaire. Ses lieutenants livrèrent cependant quelques combats, en Afrique contre les Maures, et sur le Danube, aux Alains et aux Quades. Les Lazes et les Arméniens acceptèrent les rois qu'il leur donna. Les Juifs firent aussi quelques mouvements, et les Bretons essayèrent de détruire le mur d'Adrien.

Un fait qui peint la modération d'Antonin est raconté par Appien. Il vint alors à Rome des députés de peuples barbares qui demandèrent à être reçus sujets de l'empire: on refusa. C'était la politique d'Auguste et d'Adrien, et cette politique avait eu dans le bonheur de 100 millions d'hommes. d'assez beaux résultats pour qu'Antonin la suivît. Mais cette paix amenait aussi l'oubli de l'ancienne vertu guerrière; les légions, inactives derrière les remparts de leur camp, ne savaient plus manier les armes ni supporter les fatigues; et il faudra toute la sévérité d'Avidius Cassius pour arracher les soldats, surtout ceux de Syrie, à leur mollesse, pour les déshabituer des bains et des voluptés dangereuses de Daphné, pour faire tomber de leurs têtes les fleurs dont ils se couronnaient dans les festins. »

Marc Aurèle le Philosophe (161-180); attaques des

Germains.

Lorsque Antonin se sentit mourir, il fit porter la statue d'or de la Victoire dans l'appartement de son fils adoptif, Marcus Aurélius Antoninus, surnommé le Philosophe. Le nouvel empereur prit à tâche de continuer l'administration de ses trois prédécesseurs. Il créa, pour la protection des pupilles, un préteur titulaire, ordonna que la sépulture des pauvres serait faite aux frais de l'État, et fit pour les gouverneurs de province, par la promulgation de l'édit provincial, ce qu'Adrien avait fait pour les préteurs par celle

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de l'édit perpétuel. L'arbitraire était ainsi partout poursuivi et l'unité mise dans l'administration. De nouvelles facilités

4. La Maison Carrée est un rectangle de 25,65 sur 43,45. L'intérieur n'a que 16 mètres de long sur 12 de large, et autant de hauteur. Les murs ont seulement 70 centimètres d'épaisseur. Dix colonnes d'ordre corinthien cannelées forment le péristyle; 20 autres, à moitié engagées dans les parois enveloppent l'édifice. Ce gracieux monument a été imité à Paris, dans des proportions plus grandes, à l'église de la Madeleine,

accordées pour l'obtention du droit de cité romaine préparaient une autre unité, celle des conditions.

Marc Aurèle avait partagé le titre d'Auguste avec Lucius Vérus, à la fois son gendre et son frère d'adoption, homme livré à tous les plaisirs et qui ne prêta jamais à l'empereur un utile concours. Envoyé par lui dans des circonstances graves en Orient où les Parthes venaient de tailler en pièces les légions d'Arménie, il ne s'occupa à Antioche que de ses honteuses débauches, laissant l'habile et célèbre Avidius Cassius soutenir victorieusement la guerre, prendre Ctésiphon et Séleucie qu'il détruisit, construire des forteresses dans l'Osrhoène et faire de Nisibe le boulevard de l'empire (165). L'année suivante, les deux empereurs célébrèrent par un triomphe la fin de cette guerre. Peu après une peste terrible sévit dans Rome et désola tout l'empire. Les peuples germains des bords du Danube, qui depuis longtemps étaient restés en paix, se préparèrent au même moment à une autre attaque générale, et de grands désastres, des tremblements de terre, accompagnèrent cette irruption des barbares, comme si les -dieux avaient voulu secouer l'empire romain de sa torpeur.

Mais le philosophe stoïque qui occupait alors le trône impérial ne se laissa pas effrayer; il avait de bonne heure appris à soumettre le corps à l'âme, ses passions à la raison. Pour lui, la vertu était l'unique bien, le mal l'unique peine. Tout le reste était indifférent. Au milieu des périls de la guerre contre les Marcomans, sur les rives du Danube, il écrivit les admirables maximes de la sagesse stoïcienne dans les douze livres de son ouvrage intitulé: Eis έautóv. Sévère pour lui-même, juste et bienveillant pour les autres, excepté pour les chrétiens, qu'il persécuta, Marc Aurèle trouva dans son fils dénaturé une cause de continuels chagrins. Sa femme, la jeune Faustine, paraît aussi avoir tenu une conduite déréglée, bien que son époux l'ait plusieurs fois louée dans son livre.

A titre de philosophe, Marc Aurèle regardait la guerre comme une honte et une calamité. Mais quand la nécessité d'une légitime défense lui mit les armes à la main, il montra un courage supérieur. Sous la conduite de leur roi, les Mar

comans, sortant de la Bohême, avaient longé avec d'autres Germains les bords du Danube et attaqué la Dacie. Cette attaque en amena d'autres. Presque tout le monde barbare s'ébranla; et ce qui était menaçant pour l'empire, il s'ébranla avec un ensemble qui montrait la Germanie tout organisée pour l'invasion. Les Sarmates Roxolans, des Quades, des Jazyges, des Vandales et d'autres peuples, connus de nom seulement, formèrent une grande ligue dont les Marcomans n'étaient en quelque sorte que l'avant-garde. Cette lutte contre les peuples du Danube était d'autant plus dangereuse que les meilleures troupes de l'empire étaient retenues en Orient, que les Chauques avaient, dans le même temps, envahi la Belgique, et les Cattes franchi les remparts qui couvraient les terres décumates. Les mouvements partiels furent aisément comprimés. Mais tout à coup Rome apprit avec effroi que les barbares avaient passé le Danube, qu'ils avaient ravagé la Pannonie, l'Illyrie, et pénétré jusqu'aux environs d'Aquilée. Les deux empereurs marchèrent à la fois contre eux; ils reculèrent mais en emmenant 100 000 captifs. Marc Aurèle chercha à semer la division parmi eux. Il détacha de la ligue quelques tribus auxquelles il assigna des terres en Dacie, en Moesie, dans l'Italie même. A d'autres il accorda certains priviléges, et il admit beaucoup de barbares dans ses troupes. Ces mesures donnèrent un répit de quelques années. Ce fut au retour de cette expédition (déc. 169) que la mort en frappant Vérus délivra Marc Aurèle d'un collègue indigne.

Les Germains, qui n'avaient point été vaincus, reparurent encore une fois sous les murs d'Aquilée. Pour trouver l'argent nécessaire à cette guerre, Marc Aurèle fit vendre les objets précieux et les joyaux du palais impérial. Le long règne pacifique d'Antonin, la famine, la peste, les combats sur l'Euphrate et le Rhin avaient si fort diminué les légions ou occupaient tant de soldats, qu'il fallut armer des esclaves, des gladiateurs, et enrôler encore des barbares (172). L'ennemi se retira devant lui, mais l'empereur comprit qu'il était nécessaire de frapper quelque coup décisif, et après avoir fait de Carnuntum en Pannonie sa place d'armes. ii

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