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sous ses longs vêtements de deuil! Octave, après l'avoir écoutée longtemps en silence, ne lui dit que ces mots : « Ayez bon courage, ô reine, » puis il sortit. Cléopâtre resta attérée sous cette froide réponse; elle était vaincue. Bientôt elle apprit que dans trois jours elle partirait pour Rome. Cette nouvelle la décida: le lendemain on la trouva couchée morte sur un lit d'or, revêtue de ses habits royaux, et ses deux femmes sans vie à ses pieds. On ignora comment elle s'était donné la mort: Octave en montrant à son triomphe la statue de Cléopâtre avec un serpent au bras, confirma le bruit qu'elle s'était fait piquer par un aspic qu'un paysan lui avait ap porté caché sous des figues. L'Égypte fut réduite en province (30).

CINQUIÈME PÉRIODE.

L'EMPIRE SOUS LES PREMIERS CÉSARS, LES FLAVIENS
ET LES ANTONINS

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LUTTES SANGLANTES A ROME, PAIX ET PROSPERITE DANS LES
PROVINCES.

223 ans (30 avant J. C., 193 après)

CHAPITRE XXV.

AUGUSTE.

RETOUR D'OCTAVE A ROME (29 AV. J. C.); ORGANISATION DU POUVOIR IMPÉRIAL; OCTAVE EST NOMMÉ IMPERATOR ET PRINCE DU SÉNAT (28). · FEINTE ABDICATION (27); IL PREND LE POUVOIR PROCONSULAIRE (27) ET TRIBUNITIEN (23); LE CONSULAT A VIE ET LA PRÉFECTURE DES MEURS (19); LE GRAND PONTIFICAT (13).— APPARENCES RÉPUBLICAINES DU GOUVERNEMENT, EN RÉALITÉ POUVOIR MONARCHIQUE; NOUVELLES CHARGES; ARMÉES PERMANENTES, NOUVEAUX IMPÔTS. CLASSEMENT DES PERSONNES, DISTRIBUTIONS, JEUX, CONSTRUCTIONS, POLICE, RÉPROVINCES DU SENAT ET PROVINCES ORGANISATION

FORMES RELIGIEUSES ET CIVILES.

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DE L'EMPEREUR; DÉPENDANCE DES GOUVERNEURS.

DES PROVINCES OCCIDENTALES.
TALES; POSTES, ROUTES, ETC.

ORGANISATION DES PROVINCES ORIEN

ORGANISATION DES FRONTIÈRES; EX

PÉDITIONS EN ARABIE ET EN AFRIQUE; LES PARTHES RENDENT LES DRAPEAUX DE CRASSUS (20 AV. J. C.). EXPÉDITIONS DE DRUSUS ET DE TIBÈRE. DÉSASTRE DE VARUS (9 DE J. C.).

LA FAMILLE D'AUGUSTE. QUESTION DE LA SUCCESSION A L'EMPIRE. — MORT D'AUGUSTE (14 DE J. C.).

Retour d'Octave à Rome (29 av. J. C.); organisation du pouvoir impérial; Octave est nommé imperator et prince du sénat (28).

Antoine mort et l'Égypte rattachée au domaine de l'empire, Octave regagna l'Asie Mineure, où il reçut des Parthes une première ambassade. Il employa tout l'hiver et le prin

temps de l'an 29 à régler les affaires de la province. C'était la seconde année qu'il passait hors de Rome, mais il n'avait point hâte d'y rentrer. Il voulait affermir son pouvoir en l'exerçant au loin, et laisser aux Romains le temps de s'habituer à l'idée d'un maître. D'ailleurs Mécène et Agrippa veillaient pour lui dans la capitale, où ils venaient d'arrêter et de punir le complot formé par le jeune Lépide pour assas siner Octave à son retour.

Le sénat, d'ailleurs, se prêtait à tout. Après Actium il avait voté un triomphe, après la soumission de l'Égypte il en décerna un autre. Puis, au commencement de l'an 29, quand Octave prit possession en Asie, de son cinquième consulat, à Rome, les sénateurs et les magistrats firent serment d'obéir à ses actes, et lui offrirent la puissance tribunitienne pour sa vie durant, avec le droit d'étendre son inviolabilité sur quiconque l'implorerait. Au mois de sextilis qui plus tard prit son nom (août 29), il rentra enfin dans Rome, et il triompha trois fois pour les Dalmates, pour Actium et pour l'Egypte. Les soldats reçurent 1000 sesterces par tête, les citoyens 400. Les enfants mêmes ne furent pas oubliés, et il y eut tant d'or jeté tout à coup dans la circulation que, par toute l'Italie, l'intérêt de l'argent baissa des deux tiers, et que le prix des terres doubla. Octave pour annoncer solennellement l'ère nouvelle qui commençait, ferma lui-même le temple de Janus, ouvert depuis deux siècles, et déclara qu'il avait brûlé tous les papiers d'Antoine; quelques mois plus tard, il supprima les ordonnances triumvirales. C'était dire bien hautement qu'il rompait avec le passé. Mais qu'allait-il faire? On dit qu'il consulta Agrippa et Mécène; que celui-là conseilla l'abdication et celui-ci l'empire. De tels conseils ne sont tenus que sur les bancs des rhéteurs. Pour les hommes pratiques, la république était condamnée sans que Mécène eût besoin de plaider contre elle. Mais avec l'exemple de sa vie, César avait laissé à son fils l'enseignement de sa mort. Peu soucieux de se jeter dans des innovations dont les résultats seraient inconnus au milieu des hasards d'où il venait de sortir, Octave s'appliqua à faire, de pièces et de morceaux, une constitution qui resta sans nom

dans la langue politique, et qui pendant trois siècles reposa sur un mensonge. La fraude ne dure pas d'ordinaire si longtemps; c'est qu'elle n'était ici que dans la forme. Tout le monde s'entendait sur le fond des choses, mais tout le monde aussi voulait garder la décevante illusion, la chère et glorieuse image de l'antique indépendance.

Il ne prit donc ni la royauté toujours odieuse, ni la dictature qui rappelait de sanglants souvenirs. Mais il connaissait assez l'histoire de son pays, pour savoir qu'il trouverait aisément dans les prérogatives mal définies des anciennes magistratures, de quoi déguiser la monarchie sous des oripeaux républicains, et qu'il pourrait défrayer le pouvoir absolu avec les lois de la liberté. Depuis l'an 31 il était consul; il gardera pendant six ans encore cette charge qui le fait chef officiel de l'Etat et qui lui donne légalement presque tout le pouvoir exécutif.

Avant tout, il lui fallait l'armée; pour rester à sa tête il se fit décerner par le sénat le nom d'imperator, non pas ce simple titre d'honneur que les soldats donnaient sur le champ de bataille aux consuls victorieux, mais cette charge nouvelle sous un vieux titre, que César avait eue et qui conférait le commandement suprême de toutes les forces militaires de l'empire. Les généraux devinrent ainsi ses lieutenants, les soldats lui jurèrent fidélité, et il exerça le droit de vie et de mort sur tous ceux qui portaient l'épée.

Le sénat subsistait; il le conserva et résolut d'en faire le pivot de son gouvernement, mais auparavant il se fit donner, avec Agrippa pour collègue, sous le titre de préfecture des mœurs, la censure, qui lui permit de chasser de ce corps tous les membres indignes ou ennemis du nouvel ordre de choses. Le cens sénatorial était de 800 000 sesterces, il le porta à 1 200 000, ayant soin de compléter à ses frais le nouveau cens aux sénateurs qui ne l'avaient pas. Il trouvait à cela le double avantage d'accroître l'éclat extérieur de son sénat et de rendre les grands ses pensionnaires. Puis à cette assemblée, moins nombreuse et plus digne, il fit passer, au détriment du peuple, les plus importantes affaires.

L'ordre équestre fut également soumis à une révision sé

vère. Pour honorer cet ordre, il lui réserva un certain nombre de hautes places, et mit ses petits-fils à sa tête sous le nom de princes de la jeunesse. Octave fit même des patriciens. Ainsi, il paraissait relever les anciennes institutions, parce que, trop faibles maintenant pour le gêner, elles gardaient assez de force et de vie pour devenir, entre des mains habiles, d'utiles instruments.

L'an 28 il ferma le cens, qui marqua 4 063 000 citoyens. Le dernier dénombrement, en l'an 70, en avait donné neuf fois moins, 450 000. Cette augmentation, due surtout à César, prouve l'esprit libéral qui dirigeait son gouvernement. Octave ne le suivra pas dans cette voie. Le peuple romain compte maintenant plus de 19 millions d'âmes. C'est toute une nation. Il la trouve assez nombreuse et assez forte pour porter le poids de l'empire, tout en restant, ce qu'il importe encore de la maintenir vis-à-vis des provinciaux, une classe privilégiée. Sous son règne, le chiffre des citoyens ne s'accroîtra que de 34 000.

Lorsque les anciens censeurs fermaient le cens, celui dont ils avaient mis le nom en tête de la liste des sénateurs, ordinairement l'un d'eux, s'appelait le premier du sénal, princeps senatus, et cette place toute d'honneur lui était laissée sa vie durant. Agrippa donna à son collègue ce titre républicain, et plaça ainsi les délibérations du sénat sous la direction d'Octave; car d'après l'ancien usage, le princeps opinait le premier, et ce premier avis exerçait une influence. qui maintenant sera décisive.

Feinte abdication (27); il prend le pouvoir proconsulaire (27) et tribunitien (23); le consulat à vie et la préfecture des mœurs (19); le grand pontificat (13).

Aux premiers jours du l'an 27, Octave vint à la curie déposer ses pouvoirs. Ce désintéressement inattendu, qui remettait tout en question, étonna le plus grand nombre. On eut vite le mot de cette partie jouée avec un grand sérieux, à la face de Rome. Ceux qui étaient dans le secret, ou à qui on l'avait laissé deviner, se récrient contre ce lâche abandon de la république. Octave hésite, mais le sénat le presse; i

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