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pris Thala au milieu du désert. Jugurtha, menacé par la trahison, poursuivi sans relâche par un infatigable ennemi, ne savait plus où reposer sa tête. Longtemps il erra dans les déserts des Gétules. Sa réputation, ses trésors attirèrent autour de lui ces barbares; il les arma, les disciplina, et, se retrouvant à la tête de forces nombreuses, il traita avec son beau-père Bocchus, roi de Mauritanie. Les deux rois réunirent leurs forces et marchèrent vers Cirta, sous les murs de laquelle les Romains s'étaient retranchés. C'est là que Métellus apprit que son commandement lui était enlevé; il partit pour ne point remettre lui-même l'armée à son odieux rival.

Marius fit une guerre plus serrée; dans maintes escarmouches, il battit les Gétules, et il faillit même, près de Cirta, tuer de sa main Jugurtha. Quand il eut ainsi aguerri ses troupes, il alla occuper Capsa (Cafza), qu'il prit en un jour, sans perdre un seul homme. Beaucoup d'autres villes furent enlevées encore ou abandonnées de leurs habitants. Vers les frontières de Mauritanie, il s'empara, par l'adresse d'un soldat ligure, d'une forteresse qui renfermait une partie des richesses du roi. Ce fut à ce siége que Sylla, son questeur, vint le rejoindre avec un corps de cavalerie latine. Avide de gloire, brave, éloquent, et d'un zèle, d'une activité que rien n'arrêtait, Sylla fut bientôt cher aux soldats et aux officiers. Marius lui-même aima ce jeune noble qui ne comptait pas sur ses aïeux (106).

Jugurtha avait perdu ses villes et ses châteaux. Pour décider Bocchus à risquer une grande bataille, sa dernière espérance, il lui promit un tiers de son royaume. L'armée romaine, surprise par les deux rois dans une marche, fut comme assiégée durant une nuit sur une colline; mais, au point du jour, les légionnaires reprirent l'avantage et firent un massacre des Maures et des Gétules. Une seconde surprise tentée sur les légions, près de Cirta, réussit un instant. Au milieu de la mêlée, Jugurtha criait, en montrant son épée ensanglantée, qu'il avait tué Marius, et déjà les Romains s'ébranlaient, quand Sylla et Marius lui-même accoururent. Les deux rois n'échappèrent que par une fuite pré

cipitée. La fidélité de Bocchus ne survécut pas à ce double désastre. Cinq jours après la bataille, il demanda à traiter. Marius confia à son questeur la dangereuse mission d'aller conférer avec le roi maure. Ici les historiens ont placé le dramatique tableau des incertitudes de Bocchus, voulant un jour livrer Jugurtha aux Romains, et le lendemain Sylla au roi numide. La première trahison terminait la guerre et lui assurait une province; la seconde attirait sur lui les vengeances de Rome, sans lui donner une chance de plus de succès, ni en ôter une au consul. Il n'a pas même dû y penser. Jugurtha, appelé à une conférence, fut chargé de liens et remis à Sylla, qui lui fit traverser, enchaîné, tout son royaume (106). Marius l'emmena à Rome. Après le triomphe, Jugurtha fut jeté dans le Tullianum. « Par Dieu, s'écria-t-il en riant, que vos étuves sont froides! » Il y lutta six jours contre la faim (104).

Bocchus reçut la Numidie Massylienne ou occidentale; la province d'Afrique fut agrandie d'une partie de la Numidie Massylienne ou orientale. Marius partagea le reste du royaume entre deux princes de l'ancienne famille royale. Il n'y avait pas à craindre que l'Afrique ainsi divisée pût jamais redevenir redoutable.

Neuf ans plus tard, le roi Apion céda la Cyrénaïque aux Romains.

Diverses expéditions des Romains pour s'assurer une route par terre vers la Grèce et l'Espagne (134-113),

Rome n'avait pas encore pris possession des Alpes ni as-suré ses libres communications par terre avec l'Espagne et la Grèce, malgré plusieurs expéditions entreprises dans ce but. Tout récemment, Porcius Caton ayant attaqué les Scordisques (114) avait péri avec toute son armée, et les barDares avaient étendu leurs ravages sur l'Illyrie entiere. L'Adriatique les arrêta, de colère, ils déchargèrent leurs flèches dans ses flots, puis ils parcoururent tous les pays au

ord de la Grèce. Peu à peu cependant ils furent refoulés sur le Danube. Ces succès et la soumission des Carnes en 115 ssuraient aux Romains la barrière des Alpes orientales;

la destruction de la peuplade des Stones, dont pas un homme ne voulut survivre à la défaite des siens, leur ouvrit les Alpes maritimes (114). Déjà depuis huit ans ils avaient, au delà de ces montagnes, une province.

Marseille avait couvert de ses comptoirs toute la côte, des Alpes aux Pyrénées. Provoqués par ces empiétements, les peuples voisins se soulevèrent. Marseille recourut en toute hâte au sénat, et une armée romaine, après avoir écrasé les Ligures Oxybes et Décéates, donna leurs terres aux Massaliotes (154). De nouvelles plaintes amenèrent une seconde fois les légions contre les Salyes (125). Fulvius Flaccus, l'ami des Gracques, puis Sextius les battirent. Les Voconces partagèrent leur sort; mais cette fois Rome garda ce qu'elle avait conquis; elle eut une nouvelle province entre le Rhône et les Alpes. Sextius lui donna une capitale, en fondant Aquæ Sextiæ (Aix, 122). Les Édues, entre la Saône, et la Loire, demandèrent aussitôt à entrer dans l'alliance de Rome. Les Allobroges, plus rapprochés de la nouvelle province, vinrent au contraire l'attaquer: 20 000 barbares restèrent sur le champ de bataille (121). L'année suivante, les Romains, conduits par Fabius, franchirent à leur tour l'Isère; mais le roi des Avernes, Bituit, les rappela soudain en jetant sur leurs derrières 200 000 Gaulois. Quand le roi barbare, monté sur son char d'argent et entouré de sa meute de combat, vit le petit nombre de légionnaires : « Il n'y en a pas là, dit-il, pour un repas de mes chiens; » mais la discipline, la tactique, surtout les éléphants, vainquirent cette multitude. Quelque temps après, Bituit, attiré par Domitius à une conférence, fut enlevé, chargé de chaînes et conduit à Rome. Fabius réunit à la province tout le pays que le Rhône enveloppe, depuis le lac Léman jusqu'à son embouchure. Les consuls des années suivantes passèrent le Rhône et étendirent la province jusqu'aux Pyrénées. Les Volkes Tectosages, maitres de Toulouse, acceptèrent le titre de fédérés, et la colonie de Narbo Martius (Narbonne) dut veiller sur les nouveaux sujets. Sa position à l'embouchure de l'Aude en fit bientôt la rivale de Marseille (118). ·

Cette province transalpine, gardée par ses deux colonies.

Aix et Narbonne, couverte par les Tectosages et les Édues, récents alliés de Rome, était comme un poste avancé, d'où le sénat contenait et surveillait les nations gauloises. C'est là que Marius allait sauver l'Italie.

Invasion des Cimbres et des Teutons dans le Norique, la Gaule et l'Espagne (113-102).

La Cisalpine était encore effrayée par la récente apparition des Scordisques sur l'autre bord de l'Adriatique, quand on apprit successivement que 300 000 Cimbres et Teutons, reculant devant un débordement de la Baltique, avaient franchi le Danube, qu'ils ravageaient le Norique, qu'ils étaient déjà dans la vallée de la Drave, à deux journées de marche des Alpes carniques. Un consul, Papirius Carbon, courut au-devant d'eux, et fut battu; et durant trois années, le Norique, la Pannonie et l'Illyrie, depuis le Danube jusqu'aux montagnes de la Macédoine, furent horriblement dévastés; quand il n'y resta plus rien à prendre, la horde traversa la Rhétie et, par la vallée du Rhin, entra sur les terres des Helvètes. La moitié de ce peuple consentit à les suivre, et tous ensemble ils descendirent le Rhin pour pénétrer en Gaule.

Dans les Kimris de la Belgique, les Cimbres reconnurent des frères; ils laissèrent sous leur protection, à la garde de 6000 hommes, tout le butin dont leur marche était embarrassée (110). Alors la Gaule subit, pendant une année, les maux de la plus terrible invasion. Arrivés sur les bords du Rhône, les Teutons virent encore devant eux ces Romains qu'ils avaient déjà rencontrés dans leurs courses vers l'Orient. L'immensité de cet empire les frappa d'étonnement, et reculant pour la première fois devant une bataille, ils demandèrent au consul Silanus de leur donner des terres, offrant en retour de faire pour la république toutes les guerres qu'elle leur demanderait. « Rome, répondit Silanus, n’a ni terres à donner ni services à demander. » Puis il passa le Rhône et se fit battre (109); les coalisés ne purent cependant forcer le passage du fleuve. Au printemps de l'année 107, les Tigurins s'acheminèrent vers Genève, où le Rhône

offrait des gués; les Teutons devaient attaquer par le bas du fleuve. Les Romains aussi partagèrent leurs forces; leurs deux armées furent écrasées. Heureusement les barbares passèrent une année à jouir de leurs victoires; ils laissèrent même le consul Cépion saccager la capitale des Volkes Tectosages, avec lesquels ils traitaient. Du sac de Toulouse, Cépion recueillit 110 000 livres pesant d'or et 1 500 000 livres d'argent. Il dirigea ce riche butin sur Marseille; mais des hommes apostés par lui tuèrent l'escorte et enlevèrent l'argent (106).

L'année suivante, le sénat envoya une nouvelle armée et un autre consul, Manlius, qui dut partager avec Cépion le commandement. Cette mesure mauvaise amena un épouvantable désastre; les deux camps placés près d'Orange furent attaqués l'un après l'autre et forcés; 80 000 légion naires, 40 000 esclaves ou valets d'armée tombèrent sous le glaive; tout le reste fut pris. Dix hommes seulement échappèrent; de ce nombre étaient Cépion et un jeune chevalier romain que nous retrouverons plus tard, Q. Sertorius. Tout blessé qu'il était, il avait traversé le Rhône à la nage, sans quitter sa cuirasse ni són bouclier. C'était la sixième armée romaine détruite par les barbares (6 octobre 105).

Cependant, au lieu de franchir les Alpes, ils tournèrent vers l'Espagne. Cette diversion fut le salut de Rome. Elle eut le temps de rappeler Marius d'Afrique, et de l'envoyer garder les Alpes. Pour approvisionner son camp, placé sur la rive gauche du Rhône, il voulut creuser, de la mer au fleuve, un canal qui pût en tout temps recevoir les vaisseaux de Marseille et de l'Italie. Ses soldats l'exécutèrent. On les appelait par dérision les mulets de Marius. Mais, dans ces pénibles ouvrages, les légionnaires perdaient les molles habitudes qui depuis un demi-siècle s'étaient introduites dans les camps, et qui venaient de coûter six armées à la république. Il modifia les armes du légionnaire, auquel il donna un bouclier rond, plus léger, et un javelot qui, une fois lancé, ne pouvait plus servir et gênait l'ennemi qui l'avait reçu dans ses armes. Autrefois, l'ordre de bataille était de trois lignes, les hastaires, les princes et les triaires; il composa les

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