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désarmée; pour qu'elle ne pût se relever, il attacha à ses flancs un ennemi infatigable, Massinissa, auquel il donna le titre de roi avec les États de ses pères, la forte ville de Cirta et tout ce qui avait été enlevé à Syphax (201).

Son entrée dans Rome fut le plus splendide triomphe. Il portait au trésor 123 000 livres d'argent, et chaque soldat avait reçu 400 as. Syphax suivait le char. Duillius n'avait eu qu'une inscription sur une colonne rostrale; Scipion prit le nom d'Africain, et le peuple lui offrit le consulat et la dictature à vie. Ainsi Rome oubliait ses lois pour mieux honorer son heureux général. Elle offrait à Scipion ce qu'elle laissera prendre à César : c'est que Zama n'était pas seulement la fin de la seconde guerre punique, mais le commencement de la conquête du monde.

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ÉTAT DU MONDE ANCIEN VERS L'AN 200
ET GUERRES DE 200 A 176.

ITALIE ET AFRIQUE.

ET LA MACÉDOINE.

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LES SÉLEUCIDES ET LES PTOLÉMÉES. - LA GRÈCE NOUVELLE GUERRE AVEC PHILIPPE DE MACÉDOINE (200). CYNOCEPHALES (197). PROCLAMATION DE LA LIBERTÉ GRECQUE (196); NABIS (195). ANTIOCHUS EN GRÈCE; COMBAT DES THERMOPYLES (191). BATAILLE DE MAGNÉSIE (190); SOUMISSION DES GALATES (189). — SOULÈVEMENT DES ESPAGNOLS (197); succès de CATON (195); ET DE SEMPRO. GRACCHUS (178). SOULÈVEMENT DES CISALPINS (200); LES BOÏES ÉMIGRENT VERS LE DANUBE.

Italie et Afrique.

Les plaies de la guerre se ferment vite chez le peuple victorieux. Dès l'an 206, après la bataille de Métaure, le sénat avait rappelé les laboureurs dans les campagnes, et diminué l'effectif des armées pour laisser plus de bras à l'agriculture. Des colonies envoyées dans la Campanie et le Bruttium, des vétérans de Scipion, établis dans la Lucanie et la Pouille, avaient repeuplé les solitudes faites par la guerre, et des terres données aux créanciers de l'État avaient éteint les dettes publiques.

Aucun danger ne semblait menacer l'avenir, car Rome était sortie plus forte de la terrible épreuve de la seconde guerre punique, et autour d'elle il n'y avait que faiblesse. La chute de Carthage lui avait livré tout l'occident. En Afrique, elle n'a qu'à laisser agir la haine jalouse de Massinissa, et jamais Carthage ne se relèvera de Zama. En Espagne, les légions auront bientôt à combattre leurs anciens alliés, mais cette guerre ne sera pendant trois quarts de siècle qu'une rude école pour les soldats, et un moyen de fortune pour les généraux. Quant à la Gaule, Rome se souvient trop des tumultes gaulois pour risquer sa fortune dans ce chaos barbare et redoutable. De ce côté, elle se tiendra un siècle et demi sur une prudente défense. La Germanie n'est pas encore découverte. Restent, il est vrai, les Cisalpins; danger sérieux, quoique les terreurs de Rome l'exagèrent, guerre la

borieuse et ingrate, qui usera bien des consuls et bien des armées; mais où l'on ne trouvera point à gagner ces brillantes victoires et ces ambitieux surnoms, dont les généraux romains sont maintenant si avides. Au sud, comme à l'ouest et a nord de l'Italie, il n'y a donc plus, pour longtemps du moins, rien de grand à accomplir. Aussi le sénat en détourne-t-i1 ses regards, pour les porter sur l'Orient où sont de vastes monarchies, et d'immenses richesses mal défendues.

Les Séleucides et les Ptolémées.

Le royaume des Séleucides couvrait encore une ligne immense, de l'Indus jusqu'à la mer Égée. Mais quelle désespérante faiblesse sous cet éclat emprunté! A Magnésie, il n'en coûtera pas 400 hommes aux Romains pour chasser devan' eux la formidable armée d'Antiochus. C'est que, infidèles à la pensée du conquérant, tous ses successeurs restèrent des étrangers pour les peuples de l'Asie. Antiochus lui-même insultait à leurs dieux par ses sacriléges; à leurs coutumes, à leurs idiomes, par ses mœurs et son langage; à la juste ambition de leurs chefs nationaux par sa prédilection pour les aventuriers de race hellénique. La Grèce fournissait alors à toutes les armées des mercenaires, à tous les princes des ministres, des généraux et des courtisans. Pas un satrape d'Antiochus n'était Mède ou Perse, et les indigènes n'étaien! appelés au service militaire que dans les corps légers qui grossissent inutilement les armées asiatiques. Des Grecs e' les descendants des Macédoniens formaient la phalange.

L'Égypte avait plus d'unité et en apparence plus de force, au moins pour se défendre. Afin d'en faire la plus grande puissance commerciale, les Ptolémées y avaient rattaché, au sud, les pays situés le long de la mer Rouge, au nord, Cypre, la Palestine et la Syrie, qui sont l'éternelle ambition de tous les maîtres intelligents de l'Égypte. Malheureusement tout ce que cette Égypte hellénisée eut de puissance et de vie se concentra dans Alexandrie, ville nouvelle et presque placée hors du pays. De là les Ptolémées voyaient mieux les affaires de l'Asie et de la Grèce. Ne croyant aussi qu'au

courage des soldats grecs, ils confiaient leurs armées, leur vie, à des mercenaires toujours prêts à trahir. L'Égypte tout entière était dans Alexandrie, et Alexandrie, comme ses rois, était à la merci de ceux que Polybe appelle les Macédoniens. L'importance que les Ptolémées attachaient à leurs posessions d'outre-mer, et leur rivalité avec les rois de Macédoine et de Syrie, les firent entrer de bonne heure dans l'alliance de Rome. Dès l'année 273, Philadelphe conclut avec la république un traité que ses successeurs acceptèrent; en 201, la tutelle du jeune Ptolémée Epiphane avait été déférée au sénat romain.

La Grèce et la Macédoine 1.

Depuis la guerre de Pyrrhus, le sénat suivait attentivement toutes les révolutions de la Grèce. Il y avait longtemps que ce beau pays n'avait plus ni force, ni liberté. Athènes, Sparte et Thèbes qui y avaient tour à tour dominé, s'étaient épuisées à soutenir une fortune trop grande, et leur puissance avait passé à des peuples demi-barbares. Par son union avec la Macédoine, la Grèce parut redoutable. L'empire perse tomba sous la main d'Alexandre. Mais les rivalités de ses successeurs rompirent ces liens, et chaque ville rendue à elle-même se retrouva plus faible et dégénérée.

Les troubles de la Macédoine, l'abaissement des grandes cités, la torpeur politique de Corinthe et d'Argos laissaient la carrière libre. Deux peuples nouveaux y parurent les Étoliens et les Achéens, qui, tantôt ennemis, tantôt réunis contre la Macédoine, ne firent qu'augmenter le chaos où se perdaient les derniers restes des mœurs et du patriotisme. L'Étolie était habitée par une race d'hommes en lutte avec tous leurs voisins, et ne vivant que de pillage. Ce que Sparte était pour le Péloponèse, l'Etolie l'était pour la Grèce entière. une menace continuelle et un danger; et pour compléter la ressemblance, le stratége Scopas voulait, comme Cléomène, abolir les dettes et établir de nouvelles lois. Par crainte de

4. Pour tout ce qui concerne la Grèce, je demande la permission de renvoyer à mon Histoire de la Grèce ancienne, 2 vol in-8°.

Sparte, Aratus livra le Péloponèse à la Macédoine, et des que Philippe se fut déclaré l'ennemi de Rome, celle-ci trouva dans les Étoliens les plus utiles auxiliaires. Leur pays lui ouvrit la Thessalie et la Grèce centrale; leur cavalerie lui assura peut-être la victoire à Cynocéphales.

Chez les Achéens, les mœurs et l'esprit public étaient meilleurs; et leurs chefs Aratus, Philopomen et Lycortas, le père de Polybe, voulurent véritablement le salut de la Grèce. Au lieu de le chercher, comme Athènes, Sparte et la Macédoine, dans une domination violente, ils espérèrent le trouver dans une confédération dont le principe fut celui des anciennes amphictyonies : l'égalité de tous les peuples associés. Mais l'union et la paix n'étaient pas possibles entre les tendances aristocratiques des Achéens et l'esprit révolutionnaire de Lacédémone; entre les pacifiques marchands de Corinthe et les Klephtes de l'Etolie; entre toutes ces républiques et les ambitieux rois de Macédoine.

Avant de songer à amener tous ces peuples à une union fraternelle, il aurait fallu effacer de leur souvenir toute leur histoire et arrêter la dissolution des mœurs, la ruine du patriotisme et de la religion. Il aurait fallu surtout empêcher le contact avec cet Orient si riche et si corrompu qui enlevait à la Grèce ce qu'il lui restait de poëtes et de savants, pour les écoles d'Alexandrie et de Pergame; ce qu'elle avait encore d'hommes de talent et de courage, pour les cours des Ptolémées et des Séleucides. Elle donnait le meilleur de son sang, et recevait en échange l'or qui nourrissait l'improbité et rendait toute chose vénale. Aussi quelle torpeur dans la plupart des villes! Athènes n'étonnait plus le monde que par ses flatteries envers les rois; pour toute flotte elle n'avait que trois navires non pontés. « A Thèbes, dit Polybe, on laissait ses biens non à ses enfants, mais à ses compagnons de table, à condition de les dépenser en orgies; beaucoup avaient ainsi plus de festins à faire par mois que le mois n'avait de jours. Pendant près de 25 ans les tribunaux restèrent fermés.... » Corinthe se contentait d'être la cité la plus voluptueuse de la Grèce. Aratus prenait et vendait l'Acrocorinthe sans que les citoyens intervinssent même au

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