EGIST E. Va, je me crois fon fils; mes preuves font fes larmes, POLIFONTE. Ta rage auparavant sera seule punie. C'est trop. MEROPE fe jettant à fes genoux. Commencez donc par m'arracher la vie : Ayez pitié des pleurs dont mes yeux font noyés. Que vous faut-il de plus ? Mérope est à vos pieds : Mérope les embraffe, & craint votre colère. A cet effort affreux jugez fi je fuis mère : Jugez de mes tourmens ; ma détestable erreur Ce matin de mon fils allait percer le cœur. Je pleure à vos genoux mon crime involontaire. Cruel! vous qui vouliez lui tenir lieu de père, Qui deviez protéger les jours infortunés, Le voilà devant vous, & vous l'affaffinez. Son père eft mort, hélas ! par un crime funeste; Sauvez le fils je puis oublier tout le reste : Sauvez le fang des Dieux, & de vos Souverains; Il eft feul fans défense, il eft entre vos mains. Qu'il vive, & c'eft affez. Heureufe en mes mifères, Lui seul il me rendra mon époux, & fes frères. Vous voyez avec moi fes ayeux à genoux, Votre Roi dans les fers. EGIST E. O Reine, levez-vous, Et daignez me prouver que Cresfonte est mon père, En ceffant d'avilir & fa veuve, & ma mère. Je fais peu de mes droits quelle eft la dignité; Le fang des demi-dieux dont on me fait fortir. Eh bien, il faut ici nous expliquer fans feinte. Vous achetiez fa mort avec mon hyménée. La vengeance à ce point a pû vous captiver. L'amour fera-t-il moins, quand il faut le fauver? Quoi, barbare! MEROP E. POLIFONTE. Madame, il y va de sa vie. Votre ame en fa faveur parait trop attendrie, Seigneur, que de fon fort il foit du moins le maître. POLIFONTE. C'est votre fils, Madame, ou c'est un traître. Je dois m'unir à vous pour lui fervir d'appui, Ou je dois me venger, & de vous, & de lui. C'est à vous d'ordonner fa grace ou fon fupplice. Vous êtes en un mot fa mère ou fa complice. Choififfez; mais fachez qu'au fortir de ces lieux Je ne vous en croirai qu'en présence des Dieux. Vous, foldats, qu'on le garde; & vous, que l'on me fuive. ( à Mérope. ) Je vous attens; voyez fi vous voulez qu'il vive. MEROPE. Ne m'ôtez pas la douceur de le voir; Rendez-le à mon amour, à mon vain defespoir. POLIFONTE. Vous le verrez au temple. EGISTE, que les foldats emmènent. O Reine augufte & chère! CRuels, SCENE III. MERO PE feule. Ruels, vous l'enlevez; en vain je vous implore: SCENE IV. MEROPE, NARBAS, EURICLES. Sais-tu MEROPE. Ais-tu l'excès d'horreur où je me vois livrée ? NARBA S. Je fais que de mon Roi la perte est assurée, Qu'on obferve mes pas. Vous ! NARBA S. MEROPE.. J'ai tout révélé. Mais, Narbas, quelle mère, Prête à perdre fon fils, peut le voir & se taire ? J'ai parlé, c'en eft fait : & je dois déformais Réparer ma faibleffe à force de forfaits. Qu'il vous faut raffembler les forces de votre ame. Le tyran règle tout; il femble qu'il apprête Polifonte, dit-il, a reçu vos fermens; L |