Sempiternel rêveur, insensible à ma cause,
Sans pouvoir souffler mot, même en faveur d'un roi Dont on ravit les biens, la précieuse vie
Par un forfait damnable. Or, suis-je donc un lâche? Qui me traite de drôle et me fend la caboche, Qui m'arrache la barbe et me la jette au nez, Qui me tire l'oreille et fait rentrer les mots En la gorge jusqu'aux poumons? A qui, voyons? Ah, parbleu,
J'empoche tout, ayant au ventre autant de cœur Qu'une poule mouillée et n'ayant pas de fiel A rendre amer l'outrage, ou sans tant lanterner J'aurais déjà repu tous les milans du ciel Des entrailles du mécréant. Le scélérat! Le bandit altéré de sang et de luxure,
Le ribaud, le sans-cœur, le traître, l'inhumain ! Oh, vengeance!
Quel âne patient suis-je donc? Il est beau Que, fils d'un tendre père assassiné, poussé Par le ciel et l'enfer à en tirer vengeance, Je décharge mon cœur en un flux de paroles, En gros mots, comme fait la catin, la goton, La drôlesse!
Fi! Pouah! Au travail, mon cerveau! Hum, on dit Qu'en étant spectateurs d'un drame, des coupables Furent, par le seul art du spectacle, touchés Jusques au fond de l'âme à tel point qu'aussitôt Ils firent en public l'aveu de leurs méfaits. Car le meurtre, s'il est sans langue, a pour parler Un bien miraculeux organe. Ces acteurs
Joueront un cas semblable au meurtre de mon père Devant mon oncle, et là, j'observerai ses traits,
I'll tent him to the quick: if he but blench, I know my course. The spirit that I have seen May be the devil; and the devil hath power To assume a pleasing shape; yea, and perhaps Out of my weakness and my melancholy, As he is very potent with such spirits, Abuses me to damn me.
Enter King, Queen, Polonius, Ophelia, Rosencrantz, and Guildenstern.
King. And can you, by no drift of circumstance, Get from him why he puts on this confusion, Grating so harshly all his days of quiet With turbulent and dangerous lunacy?
Ros. He does confess he feels himself distracted, But from what cause he will by no means speak. Guil. Nor do we find him forward to be sounded; But, with a crafty madness, keeps aloof,
When we would bring him on to some confession Of his true state.
Ros. Most like a gentleman.
Porterai jusqu'au vif la sonde et s'il tressaille, Mon chemin est tracé. Le spectre que j'ai vu Peut être le démon; et le démon sait prendre Un aspect séduisant; oui, et, qui sait? mettant A profit ma faiblesse et ma mélancolie, Ayant pleine puissance auprès de tels esprits, Il m'abuse pour me damner. J'aurai des faits Plus concluants alors. Cette pièce par moi Est le piège tendu pour le secret du roi.
Entrent le Roi, la Reine, Polonius, Ophélie, Rosencrantz et Guildenstern.
Le Roi. Et ne pouvez-vous point, par des détours, apprendre De lui d'où vient qu'il fait paraître ce grand trouble, Par qui grince en ses jours sereins l'âpre discorde D'une démence turbulente et dangereuse?
Ros. I confesse qu'il sent son esprit dérangé,
Mais d'où cela lui vient, il ne veut point le dire. Guil. Il ne se prête pas à se laisser sonder,
Mais reste au large avec une folie adroite, Quand nous voulons le diriger vers un aveu De son état réel.
Vous a-t-il fait accueil?
Ros. Accueil des plus courtois.
Guil. But with much forcing of his disposition. Ros. Niggard of question, but of our demands Most free in his reply.
Ros. Madam, it so fell out that certain players
We o'er-raught on the way: of these we told him, And there did seem in him a kind of joy To hear of it: they are about the court, And, as I think, they have already order This night to play before him.
And he beseech'd me to entreat your majesties
To hear and see the matter.
King. With all my heart; and it doth much content me To hear him so inclined.
Good gentlemen, give him a further edge,
And drive his purpose on to these delights. Ros. We shall, my lord.
[Exeunt Rosencrantz and Guildenstern. Sweet Gertrude, leave us too;
King. For we have closely sent for Hamlet hither, That he, as 'twere by accident, may here Affront Ophelia:
Her father and myself, lawful espials,
Will so bestow ourselves that, seeing unseen, We may of their encounter frankly judge, And gather by him, as he is behaved, If't be the affliction of his love or no
That thus he suffers for.
And for your part, Ophelia, I do wish
Guil. Mais en contraignant fort son inclination. Ros. Très peu questionneur, mais fort prêt à répondre Quand nous l'interrogions.
Ros. Madame, nous avions en venant dépassé Certains comédiens. Nous lui parlâmes d'eux. Il sembla ressentir une sorte de joie
D'apprendre la nouvelle. Ils sont en cette cour Et si je ne me trompe, ont déjà reçu l'ordre De jouer devant lui dès ce soir.
C'est bien vrai: Et je dois de sa part prier Vos Majestés D'entendre et voir la chose.
Le Roi. De tout mon cœur, et je suis aise de savoir Qu'il est en cette humeur.
Mes bons messieurs, continuez à aiguiser Son appétit pour ces plaisirs et l'y poussez.
Ros. Oui, monseigneur.
(Sortent Rosencrantz et Guildenstern). Allez aussi, chère Gertrude: Car nous avons manigancé qu'Hamlet s'en vienne En cette salle afin qu'il y trouve Ophélie. Ici son père et moi, espions légitimes,
Nous cacherons si bien que, voyant, mais non vus, Nous serons renseignés au vrai par leur rencontre, Et nous saurons par lui, selon qu'il agira,
Si c'est bien, oui ou non, une peine d'amour Qui le fait tant souffrir.
Je souhaite, Ophélie, en ce qui vous concerne,
« PoprzedniaDalej » |