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vons plus d'autres ressources que sa providence; comme si l'amour infini et tout-puissani ne pouvait rien.

Saint Augustin enchérit encore sur tout cela dans une de ses lettres, où il vent prouver que ce que nous voyons par l'intelligence a plus d'être et de vérité que tout ce que les yeux nous découvrent. Cette pensée ramenait la lumière et la joie dans son âme, et la dégageait des nuages où les soins et les affaires l'avaient souvent enveloppée. Lors, dit-il, que pour me renouveler, je rappelle ce grand principe, et qu'après avoir imploré le secours de Dieu, je commence à m'élever vers lui et vers ce qui est solidement vrai, cette vue anticipée des choses permanentes me remplit tellement l'esprit, quo je suis étonné quelquefois de me voir obligé de recourir au raisonnement pour me persuader de l'existence de ce qui nous environne, et qui nous est aussi présent que nousmême.

On ne peut exprimer plus vivement ce qu'il y a de force et de réalité dans les opérations d'une intelligence épurée.

LA VIE

DE

1

SAINTE THERESE.

Livre premier.

SAINTE THÉRÈSE naquit en l'année 1515, le 28 de mars, dans une ville épiscopale de la vieille Castille nommée Avila, que les auteurs du pays estiment une des plus considérables de l'Espagne. Ils en louent la pureté de l'air, la salubrité des eaux, la fertilité du terroir, et la situation des maisons, bâties sur le penchant d'une colline, d'où l'on découvre une vue agréable. Ils font aussi l'éloge de la piété des habitants, et surtout du courage et de la générosité des femmes.

Les parents de la Sainte y vivaient avec toute la distinction que méritaient leurs vertus et leur naissance. Son père était un gentilhomme qui soutenait honorablement l'éclat de sa condition, et s'appelait Alphonse de Cepède. Quoiqu'il parût dans le monde et dans les compagnies autant que les affaires et les bienséances l'y obligeaient, il aimait naturellement la solitude et la lecture, et consacrait la meilleure partie de son temps à la retraite et à la prière. Il eut un grand nombre d'enfants, trois de sa première femme, et neuf de la seconde, et les affectionna tous; mais il eut pour Thérèse une prédilection particulière; elle était la troisième du second lit, et sa mère s'appelait Béatrix d'Ahumade.

Cette dame n'eut que deux filles, dont Thérèse était l'aînée, et les sept garçons, à la réserve d'un seul, s'engagèrent tous dans la profession des armes, où ils se distinguèrent par leur valeur et par leur fidélité à tous les devoirs.

Le nom que notre Sainte reçut au baptême signifie, dit-on, un feu ou un prodige, dans sa langue originale, et un poète a même rapporté que les païens donnaient ce nom à Bellone pour exprimer sa force. Mais quoi qu'il en soit, le courage de Thérèse fut encore mieux exprimé dans ses actions que dans son nom.

Dès sa tendre jeunesse on remarqua l'élévation de ses sentiments. A peine sa raison était-elle développée, qu'elle forma des projets et des entreprises. Elle ne connut pas plus tôt les mystères de la foi, qu'elle les goûta, et crut que ce n'était point assez aimer Jésus-Christ, que de ne lui pas sacrifier sa vie.

Entre tous ses frères il y en avait un nommé Rodrigue, que les convenances de l'âge et de l'humeur lui rendaient plus cher que les autres. Elle se séparait avec lui pour faire ensemble de pieuses lectures, et pour admirer les exemples des premiers chrétiens. Leurs jeunes cœurs s'enflammaient de telle sorte au récit des souffrances et des victoires de tant de martyrs, que l'envie de marcher sur leurs traces croissait en eux de jour en jour. Ils trouvaient même que les saints avaient acheté le ciel à bon marché ; l'idée d'une éternité les frappait d'étonnement; et ils s'écriaient: Quoi toujours, toujours ils verront Dieu! Quoi jamuis, jamais les damnés ne le verront ! Et sur ces paroles ils faisaient des réflexions aussi solides qu'auraient pu faire des personnes accoutumées à s'occuper depuis long-temps des vérités éternelles. Après avoir bien conféré tous deux sur la meilleure manière de servir Dieu, un jour dans les transports de leur ferveur, ils prirent la résolution de s'échapper de la maison paternelle pour aller chez les Maures, en demandant l'aumône, s'offrir à la persécution de ces barbares, et donner leur vie pour le nom de Jésus-Christ. Ils se préparèrent du mieux qu'ils purent à l'exécution de ce dessein, et amassèrent pour leur voyage autant de petites provisions que leur faiblesse leur put permettre d'en emporter, s'abandonnant pour les suites à tout ce qu'il plairait à la Providence divine d'en ordonner. Thérèse avait sept ans quand elle se mit ainsi en chemin avec son frère. Ils sortirent de la ville par la porte d'Adaja, qui est le nom de la rivière, et marchaient tous deux délibérément, lorsqu'un de leurs oncles les rencontra sur le pont: il leur demanda où ils allaient dans cet équipage, et ils lui répondirent sans façon qu'ils allaient se faire martyriser chez les Maures, et que rien ne leur paraissait égal au bonheur de mourir pour Jésus-Christ. Leur oncle les ramena au logis, où leur mère était dans la désolation et dans les alarmes. Elle les reprit fortement de leur sortie. Rodrigue rejeta la faute sur sa sœur, et dit que c'était elle qui l'avait pressé de faire ce voyage et de se mettre en chemin avec elle.

Thérèse, affligée du peu de succès de son entreprise, ne changea pas pour cela de sentiments et continua de vivre séparée du commerce du monde. Les bagatelles de l'enfance ne la touchaient point, et faisant toutes ses délices des entretiens qu'elle avait avec son frère sur la béatitude éternelle, pour se consoler de n'avoir pu souffrir le martyre, ils bâtissaient ensemble dans le jardin de petits hermitages où ils se retiraient comme dans des demeures fort solides, sans être rebutés par les insultes des vents et des orages, qui ne respectaient pas toujours leurs édifices. Si Thé. rèse admettait à ces innocentes occupations d'autres personnes, c'était à condition que ses compagnes représenteraient dans leurs jeux la vie qu'on mène dans les monastères de religieuses, quoiqu'alors elle n'eût pas beaucoup d'envie de s'y renfermer. Elle était, dans ces premiers temps, très-exacte à remplir les devoirs de piété qu'elle s'était prescrits; elle faisait de longues prières, et compatissait beaucoup aux misères des pauvres, qu'elle assistait autant qu'une personne de son âge en peut avoir les moyens et les occasions.

Son père, pour l'entretenir dans les bonnes dispositions où il la voyait, lui faisait lire toutes sortes de bons livres. Elle recevait aussi d'excellents avis de sa mère, qui lui inspira une fervente dévotion à la sainte Vierge, dont elle a, dit-elle, toujours été secourue, et qui ne lui a jamais manqué. Elle dit que sa mère était très-belle, mais nullement occupée de sa beauté, et que, dans l'état de langueur où elle passa 2

S. TH. I.

presque toute sa vie, elle porta patiemment ses infirmités. Sa santé se ruina enfin peu à peu, et elle mourut âgée seulement de trente-sept ans.

Thérèse en fut extrêmement affligée, et dans l'excès de sa douleur elle fut, selon sa coutume, se jeter aux pieds de la Mère de Dieu, qu'elle pria d'être la sienne désormais, et de la dédommager de sa perte.

C'en était une à la vérité très-considérable pour Thérèse, que sa mère avait élevée avec beaucoup de soin. Cependant, quoique cette dame eût une piété trèséclairée, sa tendresse excessive pour ses enfants l'avait rendue trop indulgente en beaucoup de petites choses qui ne laissaient pas d'être importantes pour leur éducation. Comme elle était habituellement très-infirme, surtout quelques années avant sa mort, pour donner à ses maux quelque distraction agréable, elle se permettait la lecture de ces romans dont l'Espagne a produit un si grand nombre. Ses filles, qui se crurent autorisées par son exemple, s'y attachèrent aussi bien qu'elle, et ces livres firent sur Thérèse de fortes impressions qui furent l'origine des affaiblissements de sa vertu. Elle déplore dans sa vie ce peu d'application des pères et des mères, qui, pendant que leurs enfants sont encore jeunes, ont pour eux des condescendances indiscrètes, qui deviennent la source de leur malice, et les plus grands obstacles à leur salut éternel.

Thérèse n'avait que douze ans quand sa mère mourut, et néanmoins ces dangereux livres avaient déjà surpris son cœur. Peut-être que dans une personne d'un esprit moins avancé, ils n'auraient pas faits de si bonne heure leurs progrès funestes; mais il y a dans les génies du premier ordre une pénétration curieuse qui les met quelquefois plus en péril que les autres. Cependant, quelque soin qu'elle ait pris d'exagérer ses infidélités, le vice ne donna jamais d'atteinte mortelle à son innocence, et tout se réduisit à des transgressions et à des légèretés qu'il ne faut nullement dissimuler, mais aussi qui ne doivent pas être empoisonnées. Du caractère dont elle était, les joies mondaines purent bien amollir son âme, mais n'en bannirent jamais tout-à-fait l'amour de Dieu. Voici comme les auteurs contemporains l'ont dépeinte.

Thérèse avait l'esprit juste, étendu, susceptible des plus belles connaissances, un génie propre aux grands desseins, l'âme noble et supérieure aux événements; un jugement solide et incapable de se laisser prévenir, ou de se fier témérairement à ses lumières; un cœur fidèle, généreux, sensible au mérite, à l'amitié, à la justice, au devoir; une humeur égale et flexible. Tout plaisait en elle : la conversation, les manières, la politesse, la modestie, la droiture; et toutes ces qualités assaisonnées des grâces extérieures de sa personne, faisaient le plus agréable assortiment du monde, et rendaient son commerce délicieux.

Aussi l'on eut toujours beaucoup d'empressement pour faire quelque liaison avec elle. Cependant comme son père aimait peu le monde, il n'attirait guère de visites chez lui, et craignait d'ailleurs que le tumulte des compagnies n'introduisit dans sa famille une dissipation qui détournât ses enfants des exercices où il les voulait assujétir, pour les former à la pratique des vertus chrétiennes. Il ne put néanmoins éviter de recevoir quelques parents proches, du même âge que Thérèse. Il y avait entr'autres une cousine, dont l'esprit badin et les galantes manières lui plaisaient fort. Cette fille avait beaucoup de penchant pour toutes sortes d'amusements profanes. Elle lisait avec âpreté les aventures de chevalerie, et après s'en être bien rempli la tête, elle venait s'en réjouir avec Thérèse, qui prenait beaucoup de plaisir à les entendre, et lui racontait aussi ses lectures, où elles faisaient toutes deux des réflexions frivoles et peu édifiantes pour les mœurs. Quelques cousins germains furent admis

à ces conversations trop enjouées; chacun y parlait de ses petits desseins, dont Thérèse était fort curieuse de leur faire conter l'histoire pour en apprendre les suites. Après des entretiens de cette nature, il n'est pas surprenant que son cœur n'eût plus de goût pour les vérités célestes. Dès qu'elle était seule, elle se replongeait dans ces lectures, où elle employait la plus grande partie des jours et des nuits, et recommençait ensuite à s'en entretenir, plus touchée que jamais de ces illusions, et toute disposée à en écouter de nouvelles. Sa dangereuse parente était attentive à la faire entrer dans ses galanteries, dont elle lui rendait un compte exact, et Thérèse par une reconnaissance assez mal entendue lui découvrait tout ce qui se passait dans son cœur. Cette mutuelle confidence fut pernicieuse à notre Sainte. L'officieuse cousine lui fit connaître quelques personnes propres à lui plaire; elle s'accoutuma peu à peu à les voir et à les souffrir, et bientôt ensuite à les croire et à les souhaiter, avec d'autant moins de scrupule que c'était, disait-on, dans la vue d'un établissement honnête et convenable à sa condition.

A la naissance de ces nouveaux sentiments, toutes les lumières de la grâce s'éclipsèrent, et les restes de sa ferveur s'éteignirent au même instant. Elle commença dès lors à prendre un soin particulier de sa personne, surtout de sa coiffure et de ses mains: elle étudia son langage, sa contenance, sa démarche; tout cela lui parut des objets dignes d'une grande application. En un mot, la parure lui devint une occupation sérieuse, et elle ne tarda pas long-temps à être assez habile pour donner des leçons aux autres. Car elle eut toujours, durant ces déplorables années, beaucoup de talent pour réussir dans les vanités et dans les curiosités mondaines.

Un tel changement ne put être ignoré de son père. L'aversion qu'il témoigna toujours pour les lectures profanes avait engagé Thérèse à lui cacher soigneusement cette inclination déréglée qu'il avait sans cesse combattue dans sa femme, et qu'il n'aurait eu garde de souffrir dans ses enfants, s'il en avait eu connaissance. Ainsi elle vécut de la sorte pendant trois ans sans qu'il s'aperçût du danger de ses conversations, ni même de son ajustement recherché. Elle avait si bien pris ses précautions pour s'assurer de la discrétion des femmes de chambre, que leur propre intérêt les empêcha de rien découvrir de ses dérèglements à son père, qui ne les connut que fort tard. Enfin la dissipation de sa fille le frappa comme les autres; il en voulut savoir l'origine, et ne l'eut pas plus tôt apprise, qu'il résolut d'y mettre ordre. Il observa néanmoins des ménagements; et pour ne rien faire avec un éclat qui sans doute eût beaucoup mortifié Thérèse, il attendit la conclusion du mariage de sa sœur aînée, et se servit de ce prétexte pour faire rentrer sa seconde fille dans un couvent, où, depuis la mort de sa mère et le départ de sa sœur, il lui convenait mieux d'être élevée que dans la maison paternelle.

Cette séparation fut pénible à Thérèse, mais ne le fut pas tant qu'on pourrait penser. Elle avait alors quinze ans. Comme il y avait eu dans sa conduite moins de malice que de facilité d'humeur, elle ne souffrit pas beaucoup à s'éloigner de sa compagnie. De plus, l'attention qu'elle avait à ménager les dehors, et sa délicatesse sur l'honneur, lui firent comprendre que, puisqu'on en venait avec elle à une précaution si sévère, il fallait qu'elle l'eût bien méritée, et qu'elle se fut exposée au danger de perdre l'estime des gens sages, et cette réflexion la consolait un peu d'être dans le cloître. Elle déteste dans sa vie les illusions de cette fausse gloire qui l'avaient rendue si sensible au jugement des hommes, tandis qu'elle était si peu touchée de l'état où la tenaient devant Dieu les infidélités de son cœur. Le couvent d'Avila, où elle fut mise, s'appelait Notre-Dame-de-Grâce. C'était une retraite honnête, et rem

plie d'un assez grand nombre de religieuses qui prenaient soin d'y élever beaucoup de jeunes filles qualifiées que leurs parents avaient commises à leurs soins.

Thérèse, qui n'y entra que par obéissance, s'y ennuya d'abord; elle y passa les huit premiers jours assez tristement, plutôt par le soupçon de s'ètre déshonorée dans le monde, que par le chagrin d'ètre en religion. Car alors elle ne pouvait, dit-elle, souffrir le mépris, et sentait un plaisir secret à se voir estimée.

La maîtresse des pensionnaires s'aperçut de ses inquiétudes; c'était une fille de beaucoup d'esprit, que Thérèse goûta bientôt; et ne sachant à qui s'adresser pour se soulager dans son ennui, elle s'ouvrit volontiers à cette religieuse, qui sut profiter de la conjoncture pour lui représenter ce qu'il y a de faux et de funeste dans les joies profanes, et combien il est amer à une âme d'avoir abandonné Dieu. Elle était surtout vivement frappée de ces paroles : Beaucoup d'appelés, mais peu d'élus, que cette religieuse lui répétait souvent. Ces entretiens différents de ceux qu'elle avait quittés, rappelèrent souvent le souvenir des douces impressions que la grâce faisait sur son cœur, avant que l'amour du monde les eût effacées. Elle se trouva partagée par des sentiments contraires qui causaient dans son âme de violents combats; car du côté du monde il lui venait furtivement certains messages qui retardaient beaucoup les progrès que la religieuse voulait faire; mais, dès qu'on le sut, on y mit obstacle si prudemment, que toutes les avenues furent dorénavant bien gardées.

La petite intelligence qu'elle avait conservée dans le monde, était avec une personne dont l'alliance lui convenait en toute manière, et elle ne l'eût pas entretenue autrement; car quoiqu'elle fût devenue très-sensible au plaisir des conversations amusantes, elle avait toujours une extrême horreur de tout ce qui pouvait être interprété à son désavantage.

Thérèse n'ayant plus rien qui la détournât des voies du salut, sentit sa ferveur se rallumer jusques-là même que l'état de la vie religieuse qu'elle n'avait auparavant jamais goûté, lui parut pour elle le plus souhaitable et le plus sûr. Elle commença donc d'y penser, mais ces pensées la quittaient et la reprenaient; tantôt elle délibérait si elle serait ou religieuse ou mariée; tantôt elle ne voulait être ni l'un ni l'autre. Enfin la régularité de ces filles venant peu à peu à la toucher, elle se recommanda à leurs prières; elle devint plus tranquille, et parut moins s'ennuyer, et l'on vit bientôt renaître les agréments et la sérénité de son humeur. Il n'y eut point de religieuse dans ce couvent qui ne la trouvât fort à son gré, et qui, lui témoignant tous les empressements d'une amitié tendre, ne tâchât de lui rendre agréable le séjour de leur maison.

Mais, plus ce qu'elles offraient de flatteur à Thérèse l'ébranlait et la détachait du monde, plus elle sentait de violence à la scule idée d'un engagement. Ces irrésolutions fatiguèrent long-temps son esprit, et lui causèrent des agitations si vives, qu'elle tomba dans une maladie fort considérable, qui contraignit son père de la retirer au bout d'un an et demi, et de la reprendre chez lui, où elle demeura quelque temps trèsfanguissante. Il crut que sa santé se rétablirait encore mieux à la campagne, et résolut de la mener chez sa fille nouvellement mariée, pour qui Thérèse conservait toujours une parfaite amitié. Ils s'arrêtèrent sur la route chez Dom Sanchez de Cépède, frère de Dom Alphonse, et oncle de notre Sainte. Dom Sanchez retint le père et la fille, et ne les voulut pas laisser aller plus loin. Ce gentilhomme était veuf, et s'était retiré dans une de ses terres, où l'amour de la solitude et le désir de son salut lui faisaient trouver mille douceurs. Les saintes lectures, les délices de la prière, les innocents travaux de la vie champêtre partageaient son temps. Dom Alphonse, se voyant obligé pour ses affaires de s'en retourner à Avila, laissa sa fille avec son oncle, qui promit

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