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l'Église par les exemples de toutes les vertus, et lui donnant un nouvel éclat par la gloire des signes et des prodiges. Mais, en nos jours, il a opéré un salut signalé par les mains d'une femme, en suscitant dans son Église, comme une nouvelle Débora, la vierge Thérèse, laquelle, ayant remporté une victoire admirable en domptant sa chair par une virginité perpétuelle, triomphant du monde par une humilité merveilleuse, et terrassant toutes les embûches du démon par un grand nombre de vertus éminentes; aspirant à de plus hauts exploits, et s'élevant au dessus de la condition et de la portée de son sexe par la grandeur de son courage, elle a ceint de force ses reins, et a formé un bataillon de personnes fermes et valeureuses, qui combattissent avec des armes spirituelles pour la maison du Dieu des armées, pour sa loi et pour ses commandements, laquelle vierge, pour l'accomplissement d'un si grand œuvre, Notre-Seigneur a remplie de l'esprit de sagesse et d'entendement, et l'a tellement inondée des trésors de sa grâce, que sa splendeur, comme une étoile dans le firmament, éclate et brille dans la maison de Dieu pour une éternité. Nous avons donc jugé digne et convenable que celle que Jésus-CHRIST, Notre Seigneur, fils unique du Père éternel, a daigné manifester à son peuple, comme une épouse ornée d'une couronne et parée de ses joyaux dans la gloire des miracles; suivant notre sollicitude pastorale dans l'Église universelle, à laquelle, bien que sans le mériter, nous présidons; nous avons, dis-je, jugé convenable de décréter d'autorité apostolique, qu'elle soit honorée comme une sainte et une élue du Seigneur, afin que tous les peuples confessent Dieu dans ses merveilles, et que tout homme connaisse que ses miséricordes ne sont point taries; en sorte que, bien que nos péchés exigeant les fléaux de sa justice, il nous visite avec la verge de son indignation, il ne retient pas néanmoins, ou ne retire point ses miséricordes et ses largesses par les traits acérés de sa colère, lorsque, dans nos afflictions, il nous munit de nouveaux secours, et va multipliant ses amis, qui défendent et protègent son Église par les suffrages de leurs mérites et de leurs intercessions; et afin que tous les fidèles de JésusCHRIST entendent quelle abondance de son esprit Dieu a versé sur sa servante, et qu'ainsi la dévotion croisse de jour en jour à son égard, nous avons trouvé à propos d'insérer ici quelques-unes de ses vertus signalées et éminentes, et aussi quelques merveilles de celles que Dieu a opérées par elle.

Thérèse naquit à Avila, au royaume de Castille, l'an de notre salut 1515, de parents nobles de race et de vertu, par lesquels étant élevée en la crainte de Dieu, elle donna des témoignages admirables de sa future sainteté, dès son jeune âge, d'autant que, lisant les actions et les exploits des saints martyrs, son cœur fut tellement pénétré du feu du Saint-Esprit, qu'elle s'enfuit de la maison de ses parents avec son frère, qui était encore dans l'enfance, pour passer en Afrique, et y répandre son sang pour la foi de JÉSUS-CHRIST. Mais étant détournée de

son dessein par la rencontre de son oncle, déplorant par des larmes continuelles la perte de l'heureux partage qu'on lui avait ravi, elle compensa le désir ardent du martyre par des aumônes et autres œuvres pieuses. Étant parvenue à l'âge de vingt ans, elle se consacra entièrement au service de Jésus-CHRIST, et suivant la vocation du ciel, elle prit l'habit de religieuse dans le monastère de l'ordre de NotreDame du Mont-Carmel, qui gardait la règle mitigée, afin qu'étant plantée dans la maison du Seigneur, elle y poussât des fleurs. Après dixhuit ans de profession dans cette maison, affligée de maladies graves, et tourmentée par diverses tentations, sans être soulagée des consolations d'en-haut, elle supporta le tout avec l'assistance de Dieu, si con-stamment, que, par cette preuve de sa foi, elle fût trouvée plus précieuse que l'or qui est affiné par le feu, et digne d'honneur, de louange et de gloire au jour de la révélation de JÉSUS-CHRIST. Et parce que, pour élever un haut édifice des vertus chrétiennes, il a fallu mettre le fondement de la foi, Thérèse l'a posé si ferme et si stable, que, suivant la parole du Seigneur, elle doit être comparée à l'homme sage qui a bâti sa maison sur la pierre; d'autant qu'elle croyait et révérait tellement les saints sacrements de l'Église et les autres points et mystères de notre religion, qu'elle ne pouvait avoir plus de certitude d'aucune chose que ce fût, comme elle le disait et le témoignait souvent. Étant éclairée de cette lumière de la foi, elle contemplait si clairement des yeux de l'âme le corps de JÉSUS-CHRIST au saint sacrement de l'Eucharistic, qu'elle disait qu'elle ne portait point envie à ceux qui le voyaient des yeux du corps. Quant à la vertu d'espérance, elle en avait une si vive en Notre-Seigneur, qu'elle déplorait sans cesse sa captivité de cette vie mortelle, qui lui empêchait la jouissance continuelle de sa majesté, et assez ordinairement étant ravie en extase, et considérant les joies du paradis, elle croyait y participer. Entre toutes les vertus de Thérèse, a particulièrement éclaté l'amour de Dieu. Il était si ardent dans son cœur, que ses confesseurs admiraient et louaient sa charité, non comme celle d'un homme, mais comme celle d'un chérubin, laquelle a été aussi augmentée par Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST en plusieurs visions et révélations, lui ayant fait la grâce de la prendre pour son épouse, en lui donnant la main droite, et lui disant ces paroles : « Désormais, « comme une vraie épouse, tu soigneras mon honneur; maintenant je << suis ton unique, et tu es toute à moi. » Elle a vu aussi un ange qui lui traversait les entrailles avec un trait ardent; alors l'amour divin remplissait tellement son cœur, que, guidée par ce feu sacré, elle fit un vœu bien difficile à exécuter; savoir, de faire toujours ce qu'elle connaîtrait de plus parfait, et à la plus grande gloire de Dieu. Mais, après sa mort, en une vision, elle déclara à une religieuse qu'elle n'était pas morte par la force de la maladie, mais par l'excès d'un em.. brasement de l'amour divin. Rien ne peut égaler sa charité envers le prochain; elle pleurait continuellement les ténèbres des infidèles et des

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hérétiques; et pour obtenir leur conversion, elle offrait au Seigneur des jeûnes, des disciplines et autres mortifications. Cette sainte vierge résolut aussi dans son cœur de ne laisser passer aucun jour sans rendre quelque office de charité au prochain; en quoi elle a tellement été favorisée, qu'elle n'a jamais manqué d'occasion pour l'exercer. Quant à ce qui est d'aimer ses ennemis, elle a merveilleusement suivi notre Seigneur JÉSUS-CHRIST, parce que, souffrant de grandes adversités et d'horribles persécutions, elle aimait néanmoins ceux qui la persécutaient, et priait pour ceux qui la haissaient; les injustices et les injures qu'on lui faisait redoublaient son amour et sa charité aussi de graves personnages avaient-ils coutume de dire que celui qui voulait être aimé de Thérèse devait l'offenser ou lui nuire. Pour les vœux qu'elle a prononcés lors de sa profession, elle les a remplis avec un zèle scrupuleux; non seulement elle soumettait toutes ses actions à l'avis et à la direction de ses supérieurs avec la plus grande humilité, mais elle prit le ferme propos de conformer toutes ses pensées à leur volonté. Elle a aussi jeté au feu, en vertu de cette soumission, un livre rempli d'une insigne piété qu'elle avait composé sur le Cantique des cantiques, pour obéir en cela à son confesseur. Elle avait coutume de dire qu'elle pourrait se tromper à discerner les visions et les révélations, mais non pas à rendre l'obéissance aux supérieurs. Elle a tellement chéri la pauvreté, qu'elle gagnait sa nourriture par le travail de ses mains lorsqu'elle trouvait quelque religieuse mal vêtue, elle échangeait aussitôt ses habits avec les siens; et si quelquefois le nécessaire venait à lui manquer, elle s'en réjouissait, rendant plus de grâces à Dieu de cette disette que d'un bienfait signalé. Parmi toutes les vertus dans lesquelles elle a excellé, comme épouse de notre divin Sauveur, celle de chasteté a paru encore avec plus d'éclat; elle a accompli rigoureusement, jusqu'à la mort, le vœu qu'elle en avait fait dès son enfance, et a conservé, tant en corps qu'en esprit, une, pureté angélique et sans tache. Elle était humble de cœur. Favorisée de plus en plus des dons de l'Esprit-Saint, elle demandait au Seigneur qu'il mit des bornes à ses grâces, et qu'il n'oubliât pas sitôt ses offenses. Pour les insultes et les affronts, elle les désirait ardemment; ayant en horreur les honneurs du monde, elle fuyait jusqu'à la vue des hommes. Patiente à l'excès, sa devise était pâtir ou mourir. Outre ces présents de la libéralité divine, le Tout-Puissant l'a encore enrichie d'une infinité d'autres grâces. Il l'a remplie de l'esprit d'intelligence, de manière que, non seulement elle laissât dans l'Église de Dieu des exemples de bonnes œuvres, mais encore qu'elle l'arrosât des pluies d'une sagesse céleste, ayant écrit des livres de la théologie mystique, et d'autres qui abondent en piété, desquels les fidèles recueillent des fruit en abondance, y étant excités à désirer de jouir du séjour des saints. Inspirée par la grâce divine, elle a commencé la réforme du Carmel, et a réussi non seulement à l'égard des femmes, mais même à l'égard des hommes,

Plusieurs monastères de religieux et de religieuses ont été établis par toute l'Espagne et en d'autres lieux de la chrétienté, quoiqu'elle n'eût ni argent, ni revenu quelconque, se confiant à la seule miséricorde de Dieu, dans ses fondations. Pour l'établissement de ces maisons, non seulement elle était dépourvue de tout secours et appui humain, mais aussi, souvent elle a éprouvé la résistance et la contradiction des princes et des puissants du siècle. Cependant le Seigneur bénissant ses œuvres, les monastères ont pris racine en accroissement, et ont abondamment fructifié dans la maison du Seigneur. Dieu a voulu signaler les grandes vertus de Thérèse par des miracles, lorsqu'elle était encore sur la terre. Nous en insérerons ici quelques-uns. Ayant une grande disette de blé dans le diocèse de Cuense, et se trouvant à peine dans le monastère de Ville-Neuve de la Xare autant de farine qu'il en fallait pour nourrir, l'espace d'un mois, dix-huit religieuses; par les mérites et l'intercession de cette sainte vierge, le Dieu tout-puissant, qui nourrit et substante ceux qui espèrent en lui, la multiplia tellement, que, bien que, pendant six mois on en tirât abondamment pour la nourriture des servantes de Dieu, jamais elle ne se diminua jusqu'à la récolte. Anne de la Trinité, religieuse du couvent de Médine-du-Champ, était attaquée de fièvre et d'un érysipèle au visage. Thérèse la caressa d'abord, puis touchant légèrement les parties affligées : « Courage! dit-elle, ma fille, Dieu vous « délivrera, j'espère, de cette maladie : » aussitôt la fièvre et l'érysipèle disparurent. Alberte, prieure du même monastère, était en danger de mort, par suite d'une pleurésie, mais la sainte vierge Thérèse lui ayant touché le côté où était le mal, dit qu'elle se portait bien, et lui commanda de se lever. La religieuse parfaitement guérie se leva, en louant Notre-Seigneur. Enfin, étant venu le temps auquel elle devait recevoir de la main de Dieu la couronne de gloire, tant pour les maux supportés pour son honneur que pour les bonnes œuvres faites en vue de l'utilité de l'Église, elle tomba malade à Albe. Pendant tout le temps de sa maladie, elle s'entretenait avec ses sœurs de l'amour divin, remerciant souvent Dieu de l'avoir mise dans le sein de l'Église catholique, recommandant, comme ses premières vertus, la pauvreté et l'obéissance aux supérieurs; ayant aussi reçu en toute humilité le sacré Viatique de son pélerinage et le sacrement de l'Extrême-Onction, tenant en main l'image de Jésus-Christ crucifié, son âme s'envola aux demeures de la béatitude éternelle. Or, Dieu a manifesté, par plusieurs signes, à quel sublime degré de gloire il a élevé Thérèse; car elle a apparu à plusieurs religieuses dévotes et craignant Dieu; l'une a vu, sur le toit de l'église, dans le chœur et sur la chambre où elle est morte, une multitude de lumières célestes. L'autre a vu, près de son lit, notre Seigneur JésusChrist, éclatant de splendeur et entouré d'une grande troupe d'anges. Une autre a vu beaucoup de personnes vêtues de blanc entrer dans sa cellule et se mettre autour de son lit. Il y en eut une aussi qui, au moment où elle rendit l'esprit, vit sortir de sa bouche une colombe blanche; une 9

S. TH. I.

autre vit sortir par la fenêtre une splendeur semblable à un cristal. Même un arbre près de sa chambre, couvert de chaux, masqué par une muraille et sec depuis longues années, se trouva soudainement chargé de fleurs à l'instant où elle expira. Son corps parut, après ce dernier passage, d'une très-grande beauté, sans aucune ride, d'une blancheur merveilleuse, ainsi que les habits et les linges dont elle avait usé pendant sa maladie, exhalant une odeur délicieuse, au grand étonnement et à l'admiration de chacun. Il y a eu aussi plusieurs miracles que Dieu a opérés par les mérites de sa servante, qui ont rendu glorieuse son entrée dans le ciel. Une religieuse, qui depuis long-temps avait mal aux yeux et une douleur de tête, prit la main de la vierge défunte, et l'ayant portée sur sa tête et sur ses yeux, fut guérie sur-le-champ. Une autre, baisant ses pieds, recouvra le sens de l'odorat qu'elle avait pɛrdu, et sentit corporellement l'odeur du parfum qu'elle exhalait par la vertu divine. Son corps fut mis dans un cercueil de bois, sans aucun préparatif, et inhumé bien avant dans la terre; la fosse fut même remplie de chaux et de grosses pierres; cependant il sortait de son sépulcre une odeur si merveilleuse, qu'on résolut de déterrer ce corps-sacré. Il fut trouvé entier, sans corruption et aussi flexible que s'il eût été fraîchement enterré, étant en outre trempé d'une liqueur odoriférante qu'il rend encore jusqu'à présent, Dieu témoignant la sainteté de sa servante par un miracle continuel. C'est pourquoi le corps fut revêtu de nouveaux habits et posé dans un nouveau cercueil, les autres étant consommés de pourriture; il fut porté après au même lieu, où ayant demeuré l'espace de trois années, le sépulcre fut ouvert pour en tirer ce précieux dépôt, et le porter à Avila. Souvent visité par l'ordre des commissaires apostoliques, il fut toujours trouvé incorrompu, maniable, trempé de la même liqueur et exhalant une pareille odeur. Or, dans la succession des temps, Dieu a manifesté aux hommes la gloire de sa servante par de fréquentes grâces qu'il a accordées par son intercession à ceux qui se sont recommandés pieusement à ses prières. Un enfant âgé de quatre ans avait le corps tellement retiré et si difforme, qu'il ne pouvait marcher, ni remuer- étant couché. Ayant cette maladie depuis sa naissance, et n'en ressentant aucune douleur, on le jugeait tout-à-fait incurable; mais ayant été porté, pendant neuf jours, dans la chambre où la sainte vierge avait demeuré pendant sa vie, il sentit en soi une vertu extraordinaire, et fut soudainement guéri. Les forces lui revinrent, il marcha sans aide et sans appui au grand étonnement de tous, et publia hautement qu'il avait obtenu sa guérison par le moyen de la mère Thérèse de Jésus. Anne de Saint-Michel, religieuse, tourmentée depuis deux ans de douleurs aiguës, ayant trois chancres à la poitrine, ne pouvant reposer, tourner le cou, ni élever les bras, s'appliqua une parcelle des reliques de sainte Thérèse. S'étant recommandée à elle du fond de son cœur, elle fut guérie en un instant de toutes les plaies de son corps, et même d'un mal intérieur dont elle était travaillée depuis long-temps. François Perez, recteur

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