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et il est surprenant qu'une personne si faible et presque toujours en marche ou malade en ait fait de si excessives.

Il faut dans un genre de vie comme celui où elle était appelée être beaucoup audessus des inconvénients de la pauvreté, car on s'y trouve souvent réduit; aussi l'amour de cette vertu fut-il en elle très-agissant. Les expériences qu'elle en fit dans les divers établissements de ses monastères sont des preuves bien remarquables du détachement où elle était de toutes sortes de commodités. Pour satisfaire à tant de divers besoins qui la pressaient, elle fut si attachée au travail qu'à peine avait-elle du temps pour reposer. Elle se réjouissait dans les alarmes de l'indigence autant qu'un avare dans l'abondance de ses richesses.

On peut juger de quelle obéissance elle eut besoin en une infinité de rencontres. Elle la pratiqua dans les choses où son inclination était le plus opposée, sans examiner ni le mérite des personnes ni leurs raisons.

On verra dans sa vie de quel caractère était sa reconnaissance, et l'on ne trouvera peut-être jamais une âme plus violemment touchée par ce sentiment. Le plus petit service qu'elle recevait ne sortait point de son souvenir, et les moindres bienfaits lui étaient toujours présents.

Mais quelle doit avoir été la prudence d'une personne engagée dans des négociations si épineuses? Jamais on ne la vit prendre de fausses mesures dans toute sa conduite, surtout dans le gouvernement de ses monastères. Elle ne prescrivait rien à ses religieuses avec aigreur, et les déterminait sans nulle violence à faire tout ce qu'elle voulait. Quand il était question de les corriger de leurs manquements, elle savait ménager et proportionner les rigueurs de la pénitence sans les accabler. Elle aimait autant les coupables qu'elle haïssait les fautes; et de la manière dont elle les reprenait, jamais elle ne s'attira la moindre aversion. Elle examinait avec discernement la différence des esprits, pardonnait volontiers aux mélancoliques, mais ne leur souffrait rien de mal à propos. Elle affectionnait beaucoup les religieuses ferventes et soumises, et conservait de la fermeté pour les tièdes et les indociles. Quand il fallait admettre une postulante, elle s'arrêtait moins à sa piété qu'au bon esprit. On lui en demanda quelquefois la raison, et elle répondait : Que la piété pouvait s'acquérir dans le cloître, mais que la trempe de l'esprit ne pouvait changer. Elle trouvait pour l'ordinaire les filles de petit génie peu capables de s'exercer à la vertu, et très nuisibles aux autres par leur entêtement. Si parmi ses religieuses il y en avait quelques-unes qui reçussent dans l'oraison des grâces non communes, elle les obligeait de consulter sur cela d'habiles théologiens qu'elle consultait aussi elle-même; car elle voulut toujours être bien éclairée sur ces sortes de choses, non-seulement en ce qui la regardait, mais aussi celles que la Providence divine avait commises à ses soins.

Voilà de quelle manière le Seigneur l'avait préparée pour exécuter ses ordres, et l'on doit convenir que des vertus de ce caractère la rendaient très-propre aux desseins de Dieu, soutenaient en elle les principes de sa vocation, et la mettaient en état, durant ses occupations extérieures, de vaincre le monde avec tout ce qu'il peut avoir ou de terrible, ou de séduisant, ou d'agréable.

Comme l'on n'a que trop de penchant à fonder son opposition à la pratique des vertus chrétiennes sur l'impossibilité d'atteindre à la perfection des saints, que l'on s'autorise à ne pas imiter quand leurs actions paraissent trop au dessus des efforts ordinaires de la nature, on s'est propose, dans cet ouvrage, de donner une vie qui put servir de modèle, de sorte qu'il ne faut pas s'attendre à voir ici sainte Thérèse dans des ravissements fréquents et dans de continuelles extases. On a même évité de la représenter sous ces idées, et sans prétendre combattre la réalité de ces dons excellents, dont

la vérité n'est point révoquée en doute par ceux qui savent ce que peut l'amour d'un Dieu tout-puissant sur une âme où il veut répandre ses délices, on a cru qu'il ne fallait pas montrer cette Sainte comme l'objet d'une admiration stérile, mais plutôt exposer la grandeur de son courage et la pureté de ses vertus à l'imitation des âmes ferventes.

Cependant il n'a pas été possible, et même il y aurait eu de l'injustice de retrancher tout ce qui a rapport à ces grâces choisies que la Sainte a reçues en une si grande abondance; mais on en a parlé modérément.

Il faut pourtant convenir que tout ce qu'on a supprimé de ces divines opérations qui l'ont si fort distinguée entre tous les autres saints, est reconnu pour très-solide par les docteurs les plus opposés à ces sortes de choses.

Tous les théologiens ont toujours déclaré que ses dispositions et ses enseignements sur ces matières ne renferment que des vérités hors d'atteinte; on n'en admet point, et l'on n'en soutient point d'autres dans tout son ordre. En vain les faux mystiques modernes ont voulu mettre leurs dogmes insensés à l'abri de la doctrine de cette Sainte; une nourriture céleste, comme l'appelle l'Église, ne souffre point de mélange et de corruption; et pour me servir des paroles d'un grand (1) orateur de nos jours, jamais le manteau de Thérèse et de ses enfants ne couvrit des erreurs condamnées.

Il serait donc à souhaiter que la plupart des hommes fussent plus disposés à croire la vérité de ces communications mystérieuses, et qu'en faisant une histoire on ne fût pas obligé de se gêner jusqu'à ménager la délicatesse de certains critiques peu éclairés. Mais comme on écrit pour l'utilité générale de tous les fidèles, et que, suivant les règles de la sagesse et les maximes des saints oracles, il faut proportionner les vérités à l'intelligence humaine, il est de la prudence de ne pas exposer le langage du divin amour à l'insulte des profanes et aux mépris de ceux qui condamnent et blasphèment tout ce qu'ils ignorent, et qui, devenus semblables à des animaux sans raison, corrompent tellement leur esprit, qu'ils ne connaissent rien que par le seul instinct de la nature. Les dons spirituels seront toujours inintelligibles aux hommes charnels; ainsi, loin de familiariser indiscrètement ces mystères, il faut souvent n'en rien dire. Mais si l'on n'en parle que sobrement, c'est par respect pour ces dons sublimes, et nullement pour le goût de pareilles critiques, qui n'est rien moins que respectable.

D'ailleurs, il n'est pas donné à tous de démêler avec précision les diverses subtilités de ces opérations de la grâce; il est aisé d'y prendre le change, et de confondre ce que les mystiques abusés ont écrit de faux et de vain sur ces matières, avec ce que sainte Thérèse en a dit de vrai et de solide. Semblables méprises ne sont pas sans exemples, et elle les appréhendait si fort, qu'en beaucoup d'endroits de ses ouvrages elle recommande qu'on les lise avec précaution, et ne permet pas à toutes sortes de personnes de les lire.

Enfin, ce qui m'a encore déterminé d'en user ainsi, c'est que j'ai cru devoir me faire justice à moi-même, et reconnaître mon insuffisance. Il faut des mains habiles pour toucher à des choses si délicates, et les développer judicieusement. Thérèse seule est capable de les traiter avec toute la justesse et toute la dignité qui leur convient; et j'avoue sans peine que l'entreprise est au-dessus de mes forces et de mes lumières. Voila les raisons qui nous ont obligé de rapporter si peu de chose des états si extraordinaires de la Sainte, quoique nous en soyons plus persuadés que personne, malgré ce qu'on y peut opposer. Nous regardons ces âmes privilégiées comme les prophètes du nouveau Testament, à qui Dieu révèle encore aujourd'hui ses plus secrets mystè

(1) Le père de la Rue dans un panégyrique de sainte Thérèse.

res, comme il les révélait à ceux de l'ancien : car prophétiser n'est pas seulement prédire, mais voir, connaître, pénétrer et approfondir ce qui est inconnu au commun des chrétiens. Il y aura donc toujours des prophètes en Israël; l'esprit de Jésus sera l'esprit de prophétie, et l'esprit de prophétie sera le témoignage de Jésus. Mais comme cet esprit de prophétie a de tout temps été l'objet de la raillerie du monde corrompu, on se moque en nos jours des nouveaux prophètes, comme on se moquait des anciens, qui pour cela n'en étaient ni moins éclairés de Dieu, ni moins respectables dans leurs visions prophétiques.

A comparer celles d'Isaïe, de Jérémie, d'Ézéchiel, de l'Apocalypse, avec celles de sainte Thérèse, que découvre-t-on dans celles-ci qu'on ne découvre pareillement dans les autres que nous faisons profession de croire? Que ne trouve-t-on pas dans les visions du (1) Pasteur, de sainte Perpétue, de saint Cyprien, et de tant d'autres que tous les siècles et tous les Pères de l'Église ont respectées?

Il serait inutile, pour appuyer davantage la vérité de ces révélations, d'ajouter quelque chose aux autorités que nous venons de rapporter; néanmoins examinons un peu les raisons de ceux qui les combattent, et les causes de leur résistance à les croire.

Ils sont tellement accoutumés à ne faire jamais abstraction des sens dans leurs idées, qu'ils ne sauraient comprendre qu'on puisse entendre ou voir quelque chose sans l'entremise des oreilles et des yeux. Voir un objet immédiatement par l'esprit, entendre une voix intérieure, rien ne leur paraît plus chimérique ordinairement que ces façons de parler. Cependant rien n'est plus réel, les sensations de la vue et de l'ouïe ne sont que des figures et des images de la vue et de l'ouïe spirituelles. Les sens ne sont que des instruments et des organes pour former certaines impressions dans l'âme, et ne sont nullement les causes d'une infinité d'opérations intellectuelles, indépendantes du ministère de l'ouïe et des yeux. Avoir dans l'esprit une idée fixe, claire et distincte de quelque objet, c'est le voir. Penser actuellement à quelque principe sûr, à quelque maxime certaine, c'est entendre la vérité. Le nom ne fait rien à la chose : si cela n'est pas ainsi appelé par le commun des hommes, s'ils ont sur cela d'autres notions, il n'en est pas moins vrai que l'âme voit et entend immédiatement par elle-même. Il n'est pas nécessaire, pour admettre ses opérations purement intellectuelles, de nous renvoyer à sa manière d'agir après la mort : dès cette vie même elle opère souvent ainsi; et l'expérience nous apprend combien les spéculations métaphysiques, poussées jusqu'à quelque excès, sont capables d'arrêter l'action des sens. Pourquoi donc les opérations intellectuelles qui ont la religion pour principe, et qui sont soutenues et même prévenues par un secours surnaturel, ne seront-elles pas indépendantes de l'entremise des organes sensibles?

Ce qui rend les opérations purement spirituelles si difficiles à croire pour certaines personnes, c'est qu'elles ne jugent de l'action de l'esprit que par ses rapports avec les sens; mais cela ne le met point essentiellement dans leur dépendance. Les sentiments de notre âme ne sont attachés aux organes du corps en certaines choses que par l'institution divine qui l'a ainsi ordonné, et nullement par des relations nécessaires des organes aux sentiments; rien n'est plus opposé que la nature des uns et des autres. Bien loin que l'entremise des sens soit nécessaire à l'âme pour agir, plus ils ont de part à son opération, plus ils l'affaiblissent et la dégradent. Car toute action des sens met l'âme dans la servitude et la dépendance, et lui ôte quelque chose de sa noblesse et de sa vivacité. Les assujettissements du corps resserrent ses connaissances et bor

(1) Livre d'Hermas.

nent l'étendue de ses lumières; dès qu'elle agit indépendamment, et que ses idées et ses perceptions sont immédiates, elle a toute une autre force; et ce serait bien mal connaitre l'essence de l'âme, que de regarder comme des chimères ses opérations les plus vives et les plus réelles.

Les causes de l'incrédulité de la plupart des gens sur ces matières naissent donc d'un renversement d'idées; on attribue tout au corps, et presque rien à l'âme ; et c'es néanmoins tout le contraire; car, selon la véritable idée des choses, on peut dire qu'en un sens tout appartient à l'esprit. C'est lui qui voit, et non pas les yeux; c'est lui qui entend, et non pas les oreilles. L'âme dépend du ministère des sens dans les opérations sensibles, mais n'en a que faire dans les opérations intellectuelles, comme nous avons dit. Or, tout étant de ce genre à l'égard de ce qui nous met en commerce avec Dieu, et les sens ne pouvant atteindre à ce qui est purement intellectuel, c'est sans eux qu'elle entend et qu'elle voit; car toutes les opérations de l'intelligence se réduisent à voir et à entendre, puisque c'est entendre que d'avoir dans l'esprit une vérité, et que c'est voir que d'avoir une idée vive et distincte.

Au reste, il ne faut pas croire qu'il n'y ait que les objets de pure intelligence qui puissent nous donner des perceptions et des idées indépendamment des sens. Je dis même que les objets sensibles qui peuvent être présents à l'esprit sans le ministère des organes extérieurs ne rendent pas ses opérations moins réelles. C'est une erreur de penser que tout ce qui s'imprime dans l'esprit par l'entremise de l'imagination, est chimérique. L'imagination, à proprement parler, est le réservoir des images que les objets ont imprimées ou peuvent imprimer dans l'âme par les sens; mais elle y ajoute souvent beaucoup, elle les spiritualise, elle les perfectionne, et même les perpétue, pour ainsi dire; car sans employer davantage le ministère des organes extérieurs, l'âme se les peut représenter une infinité de fois, quoiqu'elle n'en ait reçu qu'une seule fois l'impression par les sens. L'imagination en elle-même est une modification de l'âme, et peut être cause occasionnelle ou en bien ou en mal. Dieu l'emploie comme il veut, et de la manière qu'il emploie les sens extérieurs, pour donner à l'âme l'impression des objets; il est le maître d'en tirer des images et des idées, comme de tirer de la mémoire les souvenirs. Si ces souvenirs et ces images n'ont rien que de conforme à la vérité, et représentent à l'âme quelque mystère de la religion, ou quelque maxime de l'Ecriture, je ne vois pas pourquoi l'on peut appeler cela des chimères et des fantômes sans réalité. Ce n'est pas l'extérieur et le sensible de l'opération qui la réalise, c'est l'impression qu'elle fait sur l'àme. L'imagination n'est en elle-même ni bonne ni mauvaise; mais quoiqu'elle ne juge de rien et ne désire rien, elle peut être à l'entendement une occasion de bien ou mal juger, et à la volonté une occasion de désirer ou bien ou mal, soit que l'erreur ou la vérité la mette en mouvement, soit que la cupidité ou la charité la fasse agir.

Tout ceci supposé, qui doute qu'une âme juste et chérie de Dieu par une préférence distinguée, ne puisse avoir avec lui des communications intimes qui remplissent son esprit d'idées si pures et de vérités si certaines, qu'elle voit et qu'elle entend bien des choses que les hommes plongés dans les sens ne sont pas capables de voir ni d'entendre? Sous quelle autre notion cette âme peut-elle faire connaître ces vérités et ces idées, quand elle s'en explique, qu'en disant qu'elle voit et qu'elle entend? Lorsque, par exemple, l'humanité de Jésus-Christ est représentée à l'esprit dans quelque état et dans quelque circonstance de la vie du Sauveur, si l'impression de cette idée est bien vive et bien profonde, et que l'âme en soit toute occupée, pense-t-elle seulement alors si les sens y ont part ou non, et peut-elle dire autrement, sinon qu'elle a vu l'humanité de Jésus-Christ sous telle ou telle forme? Saint Paul, tout éclairé qu'il était, en

parlant de son ravissement au ciel, dit qu'il ne sait si cela s'est fait ou dans son corps, ou sans son corps. Lorsque l'idée de l'enfer, du paradis, de quelques attributs de Dieu s'imprime bien vivement dans une âme, peut-elle sur cela s'expliquer d'une autre façon qu'en disant qu'elle a vu l'enfer, le paradis, les perfections divines? Il ne s'agit pas de savoir si cette idée est juste et répond exactement à la vérité de ce qu'elle rcprésente; il suffit que ce soit la manière dont Dieu juge à propos de l'éclairer sur ce sujet. Ainsi dès qu'il est certain que ces choses sont possibles, toutes les objections se réduisent à dire que ce qu'on appelle visions et voix intérieures n'est le plus souvent dans telles et telles personnes que des fantômes et des chimères, c'est-à-dire, des idées vagues et sans fondement, ou des paroles purement imaginées.

Je sais qu'à l'égard de bien des gens faibles qui s'attribuent ces sortes de grâces dont nous parlons, il peut entrer de l'illusion dans leurs pensées, et que sans parler des surprises de l'orgueil, une imagination trop forte et trop dominante est la source de bien des prestiges. Mais les mauvaises conséquences ne doivent pas détruire les bons principes. Quand on a de vraies raisons pour s'assurer de la sagesse d'un esprit; et quand, après bien des preuves, on a reconnu dans quelqu'un l'uniformité de la conduite, l'humilité des sentiments, le réglement des passions, la pureté des mœurs, je ne vois pas pourquoi l'on refuserait de donner créance à ces dons privilégiés que Dieu accorde à quelques âmes choisies. Le peu d'expérience qu'en a le commun des fidèles, le peu de facilité pour les expliquer, le peu de pénétration pour les comprendre, tout cela ne doit pas, ce me semble, engager à les nier.

Ainsi, lorsque nous lisons en tant d'endroits de la vie et des écrits de sainte Thérèse, qu'elle a vu Jésus-Christ de telle et telle manière, que Dieu lui a dit intérieurement telles et telles paroles, je ne fais nulle difficulté d'y ajouter foi, parce que je crois donner à son discours l'interprétation convenable, et que d'ailleurs je suis convaincu de la solidité d'esprit et de la sincérité de cette Sainte.

Enfin une des causes les plus ordinaires de toutes les objections qu'on forme sur ces sortes de sujets, c'est le peu d'idée qu'on a de la Divinité, dont on ignore la manière d'agir sur les âmes; et je ne puis mieux soutenir cette raison que par les paroles éloquentes d'un grand prélat de notre France.

La plupart des hommes, dit-il, ne connaissent Dieu que comme je ne sais quoi de merveilleux, d'obscur et d'éloigné de nous. On ne le regarde que comme un être puissant et sévère qui demanae beaucoup de nous, qui gêne nos inclinations, qui nous menace de grands maux, et contre le jugement duquel il faut se précautionner. Quand on dit aux hommes de chercher Dieu dans leur propre cœur, c'est leur proposer de l'aller chercher dans les terres les plus inconnues; car`qu'y a-t-il de plus inconnu pour eux que le fond de leur propre cœur, et que ce sanctuaire impénétrable de l'âme, où Dieu veut qu'on l'adore en esprit et en vérité? Comment entendraient-ils les vérités célestes, puisque les vérités terrestres, dit Jésus-Christ, ne peuvent se faire sentir à eux? Tout disparaît comme une ombre aux yeux de celui qui a vu Dieu une fois au fond de son âme. C'est Dieu qui fait tout, qui donne tout, qui règle tout, et le monde ne le voit point; mais celui qui ne le voit point n'a jamais rien vu, et passe sa vie dans les illusions d'un songe ........ C'est dans le sein tendre et paternel au Seigneur que nous l'oublions; c'est par la douceur de ses dons que nous cessons de penser à lui. Ce qu'il nous donne à tout moment, au licu de nous attendrir et de nous enlever, nous amuse. Il est la source de tous les plaisirs, les créatures n'en sont que les canaux grossiers; et le canal nous fait compter pour rien la source. Cet amour immense nous poursuit partout, et nous échappons toujours à ses poursuites. Il est partout, et nous ne le voyons en aucun endroit; nous croyons être seuls dès que nous n'avons que lui. Il fait tout, et nous ne comptons sur lui en rien, et même nous croyons tout désespéré quand nous n'a

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