Obrazy na stronie
PDF
ePub

Comme donc ni la traduction de M. Arnaud d'Andilly, ni celle de M. l'abbé Chanut ne nous apprennent rien de ces quatorze années, puisqu'ils ne sont que les simples interprètes de la Sainte, on ignore encore à cet égard tout ce qu'ils n'ont pu nous dire.

Il est vrai que le Livre de ses fondations est un supplément où l'on trouve plusieurs incidents remarquables qui ne sont pas dans sa vie; mais cela ne va pas encore jusqu'à la fin, et n'a point l'air d'une narration méthodique.

Nous avons en vieux français une Vie de sainte Thérèse écrite en espagnol par le père Ribera, jésuite. J'avoue que c'est une histoire entière et conduite depuis sa naissance jusqu'à sa mort; mais, sans parler de la composition, qui est très-peu conforme au goût d'aujourd'hui, le style de la traduction en est devenu si barbare, qu'il est malaisé de n'en pas souhaiter une autre. Cela n'empêche pourtant pas qu'on n'y rencontre des endroits assez curieux, et l'on s'en peut servir comme d'un ancien mémoire; car ce père est un des premiers auteurs et des mieux instruits sur ce qui regarde cette Sainte.

Outre ces raisons qui semblent assez essentielles pour faire désirer une nouvelle histoire, on peut encore ajouter que la manière dont sainte Thérèse écrit la sienne embarrasse beaucoup la narration. Souvent elle s'arrête à des réflexions étrangères qui mettent trop de distance entre les événements, dont la liaison est si longtemps interrompue qu'on a peine à les rapprocher. Les digressions longues et réitérées rendent le récit languissant, et sont cause que l'on prend beaucoup moins de part à des faits qui ne se réunissent pas assez, et qui, faute d'être rapportés de suite, échappent à notre souvenir.

Sainte Thérèse fut obligée d'écrire de cette sorte, parce qu'il était plus question de donner à connaître les dispositions de son âme que le cours des actions de sa vie. Ses confesseurs, pour qui elle écrivait, exigeaient d'elle un détail fort étendu sur la nature des grâces et des inspirations qu'elle recevait; et le soin qu'elle prend de les satisfaire avec exactitude la jette quelquefois tellement à l'écart, qu'elle ne sait pas elle-même comment reprendre le fil de son discours.

Tout cela suppose une relation assez peu suivie. Mais, d'ailleurs, combien faut-il s'imaginer qu'elle a supprimé de circonstances qui donnaient trop de lustre à ses actions? Combien de faits ne pouvaient tourner qu'à son avantage? On est surpris d'en découvrir un si grand nombre dans les auteurs contemporains, dont quelques-uns l'ont pratiquée longtemps, et nous apprennent des particularités qu'il y aurait de l'injustice à taire et à retenir enveloppées sous les voiles du silence. Il faut donc revenir toujours aux historiens espagnols.

L'abrégé latin du père Jean de Jésus-Maria, l'un des premiers Carmes réformés, m'a été très-utile pour mon dessein; il est composé avec beaucoup d'ordre et d'agrément, et j'en ai tiré de grands secours.

Mais les mémoires les plus amples et les plus sûrs sont les Annales des Carmes déchaussés et la Vie (1) que l'évêque de Terrassonne écrivit très-peu d'années après la mort de la Sainte, qu'il avait fort connue, et qu'il conduisit même pendant quelque temps.

Le premier de ces ouvrages, qui est l'histoire générale de l'ordre, rapporte avec soin tout ce qu'on peut dire de plus certain de sainte Thérèse. Mais il est écrit avec tous les assaisonnements du langage espagnol, c'est-à-dire, avec des allégories conti

(1) Messire Jacques d'Yépez, religieux kiéronymite, et depuis évêque de Terras

sonne.

nuelles, des métaphores peu judicieuses, des louanges insipides; et la vérité, pour ainsi parler, gémit sous ces ornements bizarres et mal assortis, en sorte qu'il la faut aller chercher sous ces amas de figures entassées pour la remettre en etat de paraître au jour avec sa beauté simple et naturelle.

L'évêque de Terrassonne est tombé dans les mêmes inconvénients des écrivains de son pays. Il ne laisse point aux lecteurs le plaisir de sentir naître leur admiration. On dirait qu'il se défie de leur jugement, tant il a soin de le prévenir, car à chaque évé nement il ajoute de magnifiques éloges, comme si la sainteté ne brillait pas assez au seul éclat des vertus.

Cependant il faut demeurer d'accord que ces deux livres renferment bien de beaux traits capables d'enrichir une histoire. J'ai tâché d'en composer ceile-ci, où l'on trou-` vera du moins rassemblés dans une même suite tous les faits qui donnent à connaitre sainte Thérèse sous son véritable caractère, sans rien omettre des circonstances qui l'ont rendue dans l'Eglise un des plus grands exemples de ces derniers temps.

Au reste, ce n'est point ici la vie d'une religieuse retirée dans une cellule où rien ne la soustrait à la paisible contemplation des vérités éternelles. Elle eût été bien contente d'y passer tranquillement ses jours; et les grâces extraordinaires qu'elle y recevait dans la ferveur de ses oraisons ne lui donnaient pas beaucoup d'envie de chercher à se répandre parmi le monde. Mais la Providence divine la destinait à beaucoup de travaux extérieurs qui devaient contribuer à la gloire de Jésus-Christ et à la sanctification des âmes.

On ne doit pas s'étonner de voir une femme faible, et appelée à un état de vie solitaire, exposée néanmoins à tant d'occasions de se dissiper et à tant de courses et de voyages. Personne ne convenait mieux que cette Sainte aux desseins de Dieu pour travailler à l'étendue de son royaume. Les grandes connaissances qu'il lui avait données sur les biens de la vie future et sur la beauté de la justice firent naître dans son cœur ce zèle ardent qui la dévorait pour le salut du prochain; les dons sublimes dont elle fut favorisée la tinrent toujours au-dessus des tentations qui s'élèvent au milieu du commerce du monde, quand on est obligé de s'y rencontrer. Ce sont ceux que Dieu destine à sanctifier et à convertir les autres qui doivent être auparavant les plus retirés dans la solitude, où l'on se munit des armes nécessaires pour combattre en sûreté contre les puissances des ténèbres; et le ministère apostolique serait la vocation la plus périlleuse de toutes, si pour en remplir les fonctions Dicu choisissait des sujets que les lumières les plus vives de sa grâce et les expériences fréquentes de sa miséricorde n'auraient pas assez affermis contre les dangers et la corruption du siècle.

C'est sur de tels fondements que sainte Thérèse a été soutenue durant tous les travaux pénibles qui lui ont fait passer les dernières années de sa vie dans de si fatigantes agitations. Cela n'était pas assurément de son choix; elle s'en est expliquéc souvent; mais les volontés divines ont toujours prévalu dans son cœur ; et, quand il a fallu les accomplir, elle s'est toujours mise au-dessus de ses propres penchants et des iugements des hommes, qui n'ont pas manqué d'attaquer sa conduite, parce qu'ils n'en reconnaissaient pas les principes.

Ainsi, pour la justifier dans ses démarches, et pour faire en sorte qu'on puisse juger d'abord de la vocation de cette Sainte que Dieu avait choisie pour être le sanctuaire de ses grâces les plus distinguées et l'instrument de tant d'œuvres éclatantes, il ne sera pas hors de propos de donner une idée générale du caractère de ses vertus : on en sera plus susceptible de leur impression par les sentiments avantageux dont on aura pu se laisser prévenir.

La plupart de ceux qui donnent la vie de quelque saint ont coutume de mettre à la fin de leur ouvrage un supplément où ils font l'éloge de chaque vertu séparément. J'avoue que je ne puis me soumettre à cette méthode, et j'ai toujours pensé qu'après avoir conduit le récit des actions d'une personne jusqu'à sa mort, le lecteur ne s'intéressait plus guère à ce qu'on lui en rapportait au-delà, et qu'il est peu sensible à des traits de sainteté détachés des circonstances qui en font le prix et le mérite (1). Ainsi, au lieu de mettre le panégyrique après l'histoire, j'ai cru le pouvoir placer auparavant; d'autant plus que ce qu'on rapporte ici n'aurait pu s'appliquer à des faits particuliers, ni se bien arranger dans le cours de la narration.

Je ne serais pas entré dans ce détail, si l'on pouvait se dispenser de répondre aux preventions de quelques gens, qui, faute d'être assez instruits du caractère de sainte Thérèse, ont osé dire qu'elle s'était trop témérairement engagée dans des entreprises étrangères à sa vocation et à son état.

Comme donc elle n'était pas seulement appelée aux simples exercices de la vie religieuse, mais à des travaux apostoliques, nous essaierons de faire voir qu'il y cut dans ses vertus une force et une fermeté convenables aux emplois que Dieu lui avait destinés.

Sa foi ne fut pas seulement inébranlable et sans atteinte, et ne se réduisit pas à des dispositions passives qui la tenaient soumise aux vérités révélées; pleine de reconnaissance et d'admiration pour un don si précieux, délicate sur la docilité due à toutes ses parties, armée d'un courage à toute épreuve pour les soutenir, fidèle aux plus légères pratiques de la religion, sensible au moindre souvenir de ses augustes mystères, qu'elle croyait d'autant plus fortement qu'elle les comprenait moins; mais elle était encore embrasée par le zèle d'en étendre la créance chez les nations les plus barbares. Ce fut l'objet qu'elle se proposa dans les divers établissements de ses couvents, pour engager les solitaires qu'elle rassemblait à demander à Dieu, par leurs oraisons et leurs pénitences, les lumières de la foi sur les peuples qui n'en étaient pas encore éclairés.

Cette vertu n'était pas seulement vive et agissante dans ses écrits. Jamais la doctrine d'aucun théologien ne fut exposée à un examen plus rigoureux que les ouvrages de cette Sainte. Bien loin d'éviter le jugement des gens habiles, dès qu'elle apprenait que quelque docteur célèbre ne jugeait pas d'elle avantageusement, elle l'allait trouver aussitôt pour s'éclaircir avec lui. Comme elle ne souhaitait rien tant que d'éviter les illusions, elle croyait ne pouvoir trouver de meilleurs conseils qu'auprès de ceux que de faux bruits avaient mal prévenus pour elle; car elle regardait leurs sentiments comme les plus sincères et les plus dégagés de la flatterie. Tout ce qu'il y avait alors d'hommes savants dans l'ordre de Saint-Dominique, dans la compagnie de Jésus, dans l'ordre de Saint-François ; les plus illustres par leurs lumières et par leurs vertus, prononcèrent en sa faveur sur la nature de ses dispositions intérieures ; et plusieurs d'entre eux, qui d'abord l'attaquaient dans sa doctrine, en devinrent par la suite les plus zélés défenseurs. Elle s'adressa toujours pour être éclaircie aux personnes les plus capables; son génie sublime ne s'accommodait de rien de médiocre en pareille matière, et tant de témoignages importants sont des preuves de la pureté et de la vivacité de sa foi.

Nous ne prétendons pas exprimer quelle fut la violence de son amour pour JésusChrist; tout ce qu'on en publierait n'approcherait point de ce qu'on en voit dans ses livres. Si les actions sont des preuves de l'amour, on aura quelque idée du sien par le

(1) M. l'abbé Chanut, qui a traduit la Vie de la Sainte, fait un détail de ses vertus dans son Epitre dédicatoire aux carmélites de ce royaume.

prodigieux nombre de ses difficiles entreprises; par sa fermeté dans les traverses et dans les obstacles; par son courage et par sa joie dans les souffrances, par sa patience dans les maladies. Elle mourait, pour ainsi dire, de langueur, d'être obligée de vivre au milieu des nuages de son exil où la présence de l'époux céleste lui était cachée; elle s'en plaignait tendrement à lui, et désirait ardemment la mort. Nul instant de ses journées n'était sans action, et ne ralentissait l'activité de ses mouvements. Elle n'eut pas comme les autres des heures marquées pour penser aux vérités divines, elle les y employait toutes, et il n'y avait pas plus de vide dans son temps que dans son cœur. Quelquefois elle était tellement dévorée par ses désirs de voir Dieu, qu'on eût dit qu'elle allait expirer. Alors elle se retirait dans les lieux les plus écartés du monastère; et quand on l'y découvrait, on la trouvait toute abîmée dans les transports de son amour. Le commerce inévitable de la conversation, le boire, le manger, les négociations, les voyages, rien n'était capable de la distraire un moment. Quand le cœur est tout à Dieu, et que nul objet ne le divise, il n'a pas besoin de la solitude et du repos pour se soutenir. Ainsi c'est à des âmes remplies de ces sentiments qu'il appartient de paraître au milieu du monde, sans crainte que rien ne les y affaiblisse.

Une autre disposition bien nécessaire pour se livrer sans dégoût à tous les exercices d'une vie apostolique, c'est la charité du prochain. Aussi celle de sainte Thérèse futelle digne des desseins que le Seigneur avait sur elle. Ce fut cette vertu qui la fit tant de fois sortir de son monastère pour aller efficacement travailler au salut des âmes qu'elle voyait périr. Elle en était si vivement enflammée, qu'elle enviait leurs talents aux prédicateurs, aux théologiens, aux docteurs, et elle eût voulu être capable de remplir les fonctions de tous les Apôtres pour gagner tous les hommes à Jésus-Christ.

Ses prières ferventes ont souvent attiré la conversion des pécheurs, et délivré les âmes détenues dans les lieux où la justice divine les purifie. Elle visitait les malades avec une affection sans égale, et partageait entre eux tout ce qu'on lui donnait pour son propre soulagement. Elle témoignait une douceur prévenante à tous ceux qu'elle savait ne la pas aimer, et leur parlait avec des termes et des démonstrations de bonté qui souvent ont désarmé leur haine.

Mais un des principaux motifs de ses fondations et de tant de peines qu'elle endura, fut l'envie de faire honorer Jésus-Christ au Saint-Sacrement, et d'élever, disait-elle, autant de sanctuaires qu'elle pourrait, où le Sauveur fût adoré sous les voiles eucharistiques. On sait avec quelles dispositions elle prenait cette divine nourriture, et les effets qu'elle produisit dans son âme.

Quelle confiance en Dieu n'exigent point les travaux apostoliques! combien la sienne fut-elle parfaite, et que de preuves ne nous en fournira point son histoire! il est bien nouveau de voir une femme seule, toujours infirme, toujours traversée et comme enchaînée, exposée à tant d'outrages, à la raillerie, à l'indigence, qui néanmoins est assez résolue pour ne jamais désespérer du succès de ses desseins malgré de continuels obstacles. Elle n'entreprit que des choses presqu'impossibles, et dans les divers établissements de ses monastères, surtout de ceux d'Avila, de Médine et de Séville, à peine avait-elle le premier argent pour commencer des ouvrages qui demandaient des sommes considérables; mais sans s'amuser à réfléchir sur les moyens d'en trouver, elle s'assura toujours que tout lui viendrait des trésors de Jésus-Christ. Nulle adversité ne fut capable de l'abattre; elle ne craignit jamais que le péché; et sans rien avoir pour appuyer son espérance, elle espéra néanmoins toujours. Dans le temps que les magistrats d'une ville, les docteurs les plus vénérables, ses amis, ses parents, s'opposaient à ses desseins; dans le temps que le démon redoublait sa rage contre elle; que

Dieu, pour éprouver sa constance, se cachait aux yeux de sa foi, elle eut toujours confiance que tout ce qu'elle avait entrepris réussirait.

De quel courage n'eut-elle pas besoin en une infinité d'occasions, et quels témoignages n'en donna-t-elle pas! L'éclat de cette vertu consistant à ne point s'arrêter à rien de médiocre, et à chercher en chaque chose ce qu'il y a de grand, personne ne peut lui disputer d'avoir excellé en ce genre. Jamais elle n'eut que de vastes projets, et n'imagina rien de faible ni de borné. Dès les plus tendres années de l'enfance on vit en elle cette disposition. Lorsque les difficultés venaient l'accabler, et quand le faux zèle de ses ennemis fut près de renverser tous ses premiers établissements, loin de s'abandonner aux pleurs et aux regrets, et de donner des marques de faiblesse, elle fut la première à consoler les autres et à les encourager. Durant les périls et les fatigues de ses voyages elle les ranimait et les réjouissait même quelquefois. Quelle fermeté n'y avait-il pas à s'aller hardiment présenter à ceux qu'elle savait être prévenus contre elle, sans être effrayée par leur condamnation et par leur critique!

Comme les heureux succès et la grande réputation sont les piéges les plus dangereux qu'on puisse tendre à l'humilité, si celle de sainte Thérèse n'eût été bien établie que serait-elle devenue? Aussi c'était pour s'y maintenir qu'elle s'accusait de ses fautes avec exagération. Rien ne lui faisait plus de peine que de se voir honorée; elle eût souhaité pouvoir se soustraire à la vue de ceux qui s'apercevaient de ses bonnes œuvres, et s'aller cacher dans quelque endroit où elle eût été inconnue. Il lui est quelquefois arrivé de demeurer du temps en des lieux où elle remarquait qu'on avait peu d'estime pour elle, comme elle le témoignait un jour à son confesseur en lui écrivant ; et quand elle se réjouissait ainsi d'être connue dans ses imperfections, elle croyait se réjouir de la vérité. Elle avait accoutumé de dire qu'elle s'étonnait comment on pouvait s'arrêter à ce qu'elle faisait et à ce qu'elle disait, tant elle se croyait indigne d'attirer la moindre attention. Lorsqu'on fit courir à Séville tant de bruits faux et désavantageux à son innocence: Je rends grâces à Dieu, dit-elle, de ce qu'on me connaît mieux ici que partout ailleurs. Dans ces humiliations monastiques, qui semblent quelquefois si peu de chose aux gens du siècle, parce qu'ils ne voient pas les ressorts du cœur qui leur donne le mouvement, elle excellait par ses motifs et par ses manières. Déjà fort avancée en âge elle avait coutume de consulter de jeunes religieuses, de rendre les plus humiliants services, de porter pour elles les fardeaux les plus pesants, de leur demander pardon s'il lui échappait quelque parole un peu dure, de se tenir abais sée devant les différentes prieures qu'elle rencontrait dans les villes où elle passait, sans examiner ni leur capacité ni leurs talents; de se prosterner dans le réfectoire, de dire tout haut ses fautes, et de n'en point apporter d'excuse si on l'en reprenait. Jamais elle ne fut, dit-elle, tentée de vaine gloire et n'eut à se confesser de rien qui eût rapport à ce vice.

Dès sa première jeunesse elle fut attaquée de diverses maladies, et n'en fut guère exempte tant qu'elle vécut; mais elles ne retardèrent jamais ni ses affaires ni ses entreprises, et elle les souffrit avec une force extraordinaire, quoiqu'elle en ait peutêtre souffert de plus longues et de plus cruelles que personne. Elle assure que pendant quarante ans elle n'avait point passé de jour sans endurer quelque douleur. Si tout ce qu'elle souffrit d'incommodités dans ses courses différentes mit sa patience à tant d'épreuves, les mauvaises humeurs des autres, les médisances, les jalousies, les outrages ne furent pas plus capables de l'ébranler.

Les fatigues de ses voyages et les rigueurs des saisons, qui lui étaient fort sensibles, ne lui servirent jamais de prétexte pour diminuer ses austérités ni pour les suspendre ;

« PoprzedniaDalej »