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an judices; frequentes, an pauci, an singuli; et quales ipsi oratores, qua sint ætate, honore, auctoritate, debet videri; tempus pacis an belli, festinationis an otü... omnique in re posse quod deceat facere, artis et naturæ est; scire quid quandoque deceat, prudentia (1). De Orat. 1. 3.

On louait, en présence d'Agésilas, un rhétoricien, de ce qu'il savait, par son éloquence, amplifier et agrandir les petites choses, et au contraire rapetisser les grandes. Je ne trouverais pas bon, dit-il, un cordonnier qui chausserait un grand soulier à un petit pied. C'est ce que font communément les déclamateurs emphatiques et les poètes ampoulés.

Mais une attention que doit avoir le poète et qui lui est particulière, c'est de se mettre, au

· ( 1 ) Il est évident que le même genre d'éloquence ne convient pas à toute sorte d'affaires, d'auditeurs, ni de personnages, non plus qu'à tous les temps; car le langage que demandent les causes capitales n'est pas celui des causes minces et légères ; et l'un est propre aux délibérations, l'autre aux éloges; l'autre aux plaidoyers, l'autre aux harangues : la consolation, le reproche, la dispute, la narration ont leur style particulier: il importe aussi de savoir quel est l'auditoire ; si c'est le sénat, ou le peuple, ou des juges ; si l'on parle à une multitude, à un petit nombre, ou à un seul; et quel est l'orateur lui-même, quel est son âge, sa dignité, son autorité; si l'on est en paix ou en guerre, et dans un temps de calme et de loisir, ou dans quelque danger pressant. En tout état de cause, pouvoir faire ce qui convient, est de l'art et de la nature; le savoir, est de la prudence.

tant qu'il est possible, par la nature de son sujet, au-dessus de la mode et de l'opinion, en faisant dépendre l'effet qu'il veut produire des beautés universelles et jamais des beautés locales. Si on examine bien les sujets qui se soutiennent dans tous les siècles, on verra que l'étendue et la durée de leur gloire est due à cette méthode. Accordez quelque détail au goût présent et national; mais donnez au goût universel le fond, les masses et l'ensemble.

Orosmane, dans la tragédie de Zaïre, a plus de délicatesse et de galanterie qu'il n'appartient à un soudan; et l'on voit bien que le poète, qui a voulu le rendre aimable et intéressant aux yeux des Français, a eu pour eux quelque complaisance. Mais voyez comme la violence de la passion le rapproche de ses mœurs natales, comme il devient jaloux, altier, impérieux, barbare! Racine n'a pas été aussi heureux dans le caractère de Bajazet; et en général il a trop mêlé de nos mœurs dans celles des peuples qu'il a mis sur la scène; des fils de Thésée et de Mithridate il a fait de jeunes Français.

Le poème dramatique, pour faire son illusion, a besoin de plus de ménagements que l'épopée. Celle-ci peut raconter tout ce qu'il y a de plus étrange; et les bienséances du langage sont les seules qu'elle ait à garder. Mais pour un poème qui veut produire l'effet de la vérité même, ce n'est pas assez d'obtenir une croyance raisonnée,

il faut que par le prestige de l'imitation il rende son action présente, que l'intervalle des lieux et des temps disparaisse, et que les spectateurs ne fassent plus qu'un même peuple avec les acteurs. C'est là ce qui distingue essentiellement le poème en action, du poème en récit. Les Français, au spectacle d'Athalie, doivent devenir Israélites, ou l'intérêt de Joas n'est plus rien. Mais s'il y avait trop loin des mœurs des Israélites à celles des Français, l'imagination des spectateurs refuserait de franchir l'intervalle; c'est donc aux Israélites à s'approcher assez de nous pour nous rendre le déplacement insensible.

Il n'y a point de déplacement à opérer pour les choses que la nature a rendu communes à tous les peuples; et on peut voir aisément, par l'étude de l'homme, quelles sont celles de ses affections qui ne dépendent ni des temps ni des lieux; l'intérêt puisé dans ces sources est intarissable comme elles. Les sujets d'OEdipe et de Mérope réussiraient dans vingt mille ans et aux deux extrémités du monde ; il ne faut être, pour s'y intéresser, ni de Thèbes, ni de Mycènes : la nature est de tous les pays.

C'est dans les choses où les nations different, qu'il faut que l'acteur d'un côté, les spectateurs de l'autre, s'approchent pour se réunir. Cela dépend de l'art avec lequel le poète sait adoucir,、 dans la peinture des mœurs, les couleurs dures et tranchantes ; c'est ce qu'a fait souvent Corneille,

en homme de génie, quoi qu'en dise Louis Racine.

Jamais personne n'a été blessé de l'âpreté des mœurs des deux Horaces; et il serait à souhaiter que l'auteur de Bajazet et de Mithridate eût osé donner à la peinture des mœurs étrangères cette vérité dont il a fait si noblement lui-même l'éloge le plus éloquent. Tout ce qu'on doit aux mœurs de son siècle, c'est de ne pas les offenser; et nos opinions sur le courage et sur le mépris de la mort ne vont pas jusqu'à exiger, par exemple, d'une jeune princesse, qu'elle dise à son père :

D'un œil aussi content, d'un cœur aussi soumis
Que j'acceptais l'époux que vous m'aviez promis;
Je saurai, s'il le faut, victime obéissante,
Tendre au fer de Calchas une tête innocente.

Je suis même persuadé qu'Iphigénie, allant à la mort d'un pas chancelant avec la répugnance naturelle à son sexe et à son âge, comme dans Euripide, eût fait verser encore plus de larmes.

Il est vrai que, si le fond des mœurs étrangères est indécent ou révoltant pour nous, il faut renoncer à les peindre. Ainsi, quoique certains peuples regardent comme un devoir pieux d'abréger les jours des vieillards souffrants; que d'autres soient dans l'usage d'exposer les enfants malsains; que d'autres présentent aux voyageurs leurs femmes et leurs filles pour en user selon leur bon plaisir; rien de tout cela ne peut être admis sur la scène.

Mais si le fond des mœurs est compatible avec nos opinions, nos usages, et que la forme seule y répugne, elles n'exigent dans l'imitation qu'un changement superficiel ; et il est facile d'y concilier la vérité avec la bienséance. Un cartel, dans les termes de celui de François Ier à CharlesQuint, « Vous en avez menti par la gorge», ne serait pas reçu au théâtre; mais qu'un roi y dit à son égal, «<Au lieu de répandre le sang de nos sujets, prenons pour juges nos épées», le cartel serait dans la vérité des mœurs du vieux temps, et dans la décence des nôtres.

Il y a peu de traits dans l'histoire qu'on ne puisse adoucir de même sans les effacer; le théâtre en offre mille exemples. Ce n'est donc pas au goût de la nation que l'on doit s'en prendre, si les mœurs, sur la scène française, ne sont pas assez prononcées, mais à la faiblesse ou à la négligence des poètes, à la délicatesse timide de leur goût particulier, et, s'il faut le dire, au manque de couleurs pour tout exprimer avec la vérité locale.

CRITIQUE. On peut la considérer sous deux points de vue généraux. D'abord on appelle critique ce genre d'étude à laquelle nous devons la restitution de la littérature ancienne. Pour juger de l'importance de ce travail, il suffit de se peindre le chaos où les premiers commentateurs ont trouvé les ouvrages les plus précieux de l'an

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