et au consommateur de leur foi, qui, pour l'amour d'eux, ne craignit pas les souffrances de la croix, et en méprisa la honte; ils le suivent au travers des peines et des angoisses de la misère et du malheur, des reproches et de la persécution. Les chagrins de la terre s'évanouissent à leurs yeux devant les gloires du ciel. Heureux sont ceux qui suivent Christ d'aussi près! Peu d'entre nous atteignent à une telle perfection; mais Dieu, qui connoît notre foiblesse,ne nous envoie pas plus de tribulations que nous ne pouvons en supporter. Confions-nous donc en son support et sa bonté, espérons en sa miséricorde, et efforçons-nous lorsqu'il nous envoie des afflictions, de les' supporter avec patience et résignation, afin qu'elles répondent au but que Dieu leur assigne en général : celui de nous corriger, de purifier nos cœurs, et de nous rendre moins indignes de la fayeur céleste.

Je termine ce discours en m'adressant à ceux qui n'ont encore été appelés à aucune épreuve sévère, qui ont des forces et de la santé, et auxquels les mauvais jours paroissent dans l'éloignement: qu'ils se rappellent que dans ce, monde on ne peut être toujours heureux ! Il faut jouir avec reconnoissance des jours de bonheur, mais se préparer pour ceux de l'épreuve qui les suivront. Ah! gardez-vous d'attacher trop fortement votre cœur aux biens de ce monde, et soyez toujours prêts à vous en détacher lorsque Dieu vous les retirera. Rappelez-vous les conseils du sage fils de Sirach, que vous trouverez dans le second chapitre de l'Ecclésiastique, chapitre que je recommande particulièrement aux jeunes gens comme contenant les plus importantes et les plus utiles leçons: Mon fils, si tu te disposes à servir le Seigneur ton Dieu, prépare ton ame à diverses épreuves. Dirige

ton cœur, fortifie-le, et ne sois point impatient dans le moment de l'afflic tion..... supporte tout ce qui peut t'arriver: sois patient lorsque l'affliction se renouvelle. Comme on éprouve par le feu la pureté de l'or, les amis de Dieu sont éprouvés dans le creuset de l'affliction.

Puisque nous devons tous, tôt ou tard, boire dans la coupe amère de l'affliction, adressons-nous tous, mes chers frères, à Celui qui seul, à l'approche de ce mo→ ment, peut nous donner des forces et de la sérénité. Prions ensemble avec un cœur humble et contrit. Daigne écouter nos prières et nos supplications, ô mon Dieu! Aides-nous de ta miséricorde, guide tes serviteurs dans le chemin du salut, afin qu'ils marchent à travers les vicissitudes de cette vie mortelle, forts de ta protection, qu'ils implorent par les mérites de notre Seigneur JésusChrist. Amen.

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SERMON XV.

SUR LE PARDON DES INJURES.

St. Luc, XXIII, 34. Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font.

Le pardon des injures a toujours été

considéré comme une des plus fortes preuves d'une véritable disposition chrétienne. C'est la gloire de notre religion d'avoir élevé cette vertu à un degré auquel elle n'avoit jamais été portée auparavant. La vengeance n'est plus permise sous aucun prétexte. Le ressentiment n'est plus appelé courage. Rendre le mal pour le mal n'est plus appelé justice. Le Chrétien doit pardonner, s'il veut que son Dieu lui pardonne. Il doit déployer son courage, en supportant noblement les souffrances et les injures, montrer sa justice en re

connoissant avec humilité que comme nous avons tous péché, nous devons avoir les uns pour les autres cette indulgence que nous attendons tous de notre Père Céleste. Convaincu de la foiblesse de la nature humaine, il prie pour le malheureux qui l'offense, auquel il espère que Dieu pardonnera des péchés bien plus grands que les torts qu'il peut avoir eus envers ses semblables.

Notre Divin Maître nous a laissé sur ce sujet l'exemple le plus glorieux et le plus frappant que présente l'histoire. Tous l'avoient offensé, cependant il meurt pour tous. Durant le cours de sa vie, nous le voyons pratiquer sans cesse cette vertu sublime. Quand ses Disciples auroient voulu faire descendre le feu du Ciel pour consumer ceux qui ne vouloient pas le recevoir, il leur répondit avec douceur: Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes animés (St. Luc, IX, 55). Quand Judas, l'un des Apôtres