Principes. C'eft pourquoi nous les laifferons à quartier pour un moment.

Comment, s'écriera quelque Proteftant, zelé pour fon Parti, & qui se fait un Article de foi de damner tous ceux qui rejettent les Dogmes de fon Eglife, comment eft-il poffible qu'on s'avife jamais de recevoir un Principe qui rempliroit l'Eglife Chrétienne de toute forte d'héréfies? Point de paffion, je vous en prie. L'emportement n'a jamais terminé aucune Question. Nest-il pas vrai que L'Ecriture Sainte doit être l'unique règle de la Foi des Chrétiens, & qu'Il n'y a préfentement fur la Terre aucun Interprete infaillible de l'Ecriture Sainte? Tous les Proteftans conviennent de ces deux Principes. Or s'ils les admettent fincerement, comme ils l'ont déclaré mille & mille fois dans leurs Sermons, dans leurs Confeffions de Foi, & dans les Livres qu'ils ont écrits contre les Catholiques Romains, il faut qu'ils reconnoiffent que chaque Chrétien a un égal droit d'interpreter l'Ecriture pour lui-même, & qu'une Doctrine qui eft Article de foi pour un Chrétien parce qu'il la voit dans l'Ecriture, ne l'eft pas pour un autre qui ne peut l'y trouver. Et par conféquent, nul Proteftant n'a droit de diffamer, d'anathematifer, & de traiter d'hérétiques ceux qui après avoir étudié l'Ecriture Sainte avec tout

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le foin dont ils font capables, y voyent toute autre chofe que ce qu'il y voit luimême. Par exemple, trouvez-vous dans l'Ecriture les Dogmes de la Confubftantiation, de l'Ubiquité du Corps de Jefus-Chrift, & de la Predeftination abfoluë, vous devez les croire vous ne fauriez vous en difpenfer, j'en conviens, puifque vous regardez l'Ecriture comme la Règle infaillible de votre Foi. Mais fi je rejette ces mêmes Dogmes, parce que je ne faurois les découvrir dans l'Ecriture, je ne vois pas que vous puiffiez vous emporter contre moi, me décrier, & me damner comme un hérétique abominable, devoué au Diable & à fes Anges. C'est là, dis-je, ce que je ne faurois comprendre: à moins que vous ne pretendiez, que pour être fauvé je fuis obligé de croire que toutes les Doctrines que vous voyez dans l'Ecriture, y font effectivement, quoi que je ne puiffe les y découvrir moimême. Mais fi cela eft, pourquoi me recommandez-vous de lire l'Ecriture Sainte, d'examiner toutes chofes, & de retenir ce qui eft bon, comme St. Paul nous l'ordonne expreffément? Que ne me donnez-vous plûtôt une Lifte de toutes les Doctrines que vous croyez renfermées dans ce facré Livre, afin que je me depêche de les croire, comme Tom. 1. A a

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difoit le feu Comte de Grammont? Qu'estil befoin que je les aille chercher dans l'Ecriture, où je ne les trouverai peut-être point, puifque je fuis également obligé de les croire, que je les y trouve ou non?

Mais encore, fur quoi fondé voulez-vous que je croye qu'un certain Dogme eft dans l'Ecriture, fi je ne puis l'y voir moi-même? Ce n'eft pas fur votre pure autorité. Car que vous foyez Docteur, Profeffeur, Prédicateur: que vous fachiez de l'Arabe, du Grec, de l'Hebreu, du Latin, & du Syriaque: que vous ayiez même compofé de gros Livres fur les plus importantes Queftions de la Théologie, vous êtes pourtant homme, c'est-à-dire, fujet à vous tromper, & par conféquent, vous n'avez aucun droit de m'impofer la neceffité de croire fur votre parole, que telles ou telles Doctrines font contenues dans l'Ecriture Sainte, fi je ne puis les y voir moi-même. Pour en venir-là, vous avez befoin de l'Autorité de Dieu lui-même qui feul ne peut ni tromper ni être trompé. Je veux dire, que pour avoir droit de m'obliger à croire la Confubftantiation, l'Ubiquité du Corps de Jesus-Chrift, la Prédeftination abfolue, & d'autres Articles de Foi que vous défendez avec tant d'ardeur, mais que je

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* Voyez le Menagiana, Tom. II.p.7. Ed. de Holl.

REUNION DES CHRETIEN s. 371 ne faurois trouver dans l'Ecriture, vous devez me prouver par des Miracles femblables à ceux de Jesus-Chrift & de fes Apôtres, que l'explication que vous donnez de tels & tels Paffages de l'Ecriture où vous trouvez ces Articles de Foi, eft auffi authentique que ces Paffages mêmes. Remarquez bien, je vous prie, que je ne prétens pas que vous foyiez obligé de faire des miracles pour être en droit d'embraffer les Dogmes que vous trouvez dans l'Ecriture. Bien loin de là, je foûtiens, que dès que vous êtes convaincu que ces Dogmes ont été enfeignez par Jefus-Chrift ou par fes Apôtres dans les faintes Ecritures, vous êtes indifpenfablement obligé de les recevoir. Mais je dis, que fi ne puis les découvrir dans l'Ecriture fainte, vous n'avez aucun droit de m'en impofer la croyance, à moins que vous ne me faffiez voir par des Miracles incontestables que Dieu lui-même vous autorife à annoncer de fa part aux hommes l'explication que vous donnez de tels & tels Paffages de l'Ecriture pour établir ces Dogmes. Car en ce cas-là je ferai obligé de recevoir cette explication avec autant de refpect que l'Ecritu re même.

Mais, me direz-vous, Pourquoi me pouffez-vous de cette maniére? Qu'eft il néceffaire que je mette ma Doctrine à cette épreuve, puif

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que

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que je ne me crois pas infaillible dans mes Interpretations de l'Ecriture Sainte? Ileft certain qu'en qualité de Proteftant, vous ne devez pas prétendre faire paffer vos Interpretations pour infaillibles: mais je ne m'en fouvenois prefque plus, parce qu'il me sembloit que vous l'aviez oublié vous-même. Quoi qu'il en foit, vous en convenez préfentement, à pur & à plein, fans aucune તે reftriction. Voilà qui fuffit. Il ne m'en faut pas davantage pour rentrer dans tous mes droits. Car s'il eft vrai que vous puiffiez vous tromper en expliquant l'Ecriture Sainte, je ne fuis pas plus hérétique pour rejetter les Dogmes que vous trouvez dans l'Ecriture, fi je ne puis les y voir moi même, que vous l'êtes pour les croire veritables parce que vous les y voyez: & par conféquent, vous n'avez pas plus de droit de m'imposer la croyance de la Confubftantiation,de l'Ubiquité du Corps de Jefus-Chrift, de la Prédeftination abfoluë, & du refte que vous trouvez dans l'Ecriture, que je n'en ai de vous ordonner de croire le contraire que je trouve auffi dans ce facré Livre. Comme nous pouvons nous tromper l'un & l'autre, nous ne pou vons pas nous anathematiser, & nous traiter d'hérétique l'un l'autre par la raison que nous ne voyons pas les mêmes choses dans l'Ecriture: à moins que nous ne foyons d'hu

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