de, ils feront heureux après cette vie. Ouvrez-leur les yeux fur ces joyes indicibles & éternelles de l'autre Vic, & leurs Cœurs y trouveront quelque chofe de folide, qui fera très-propre à les émouvoir. La vûë du Ciel & de l'Enfer leur fera regarder les biens & les maux préfens, qui font d'une fi courte durée, comme des chofes peu confiderables, & les portera à embrafler la Vertu, que la Raifon, l'interêt & le foin que nous devons avoir de nous-mêmes, nous obligent néceffairement de préferer à toute autre chofe. C'eft fur ce fondement,& fur celui-là feul, que la Morale eft folidement appuyée, & qu'elle a droit, pour ainfi dire, d'exiger toute notre application, fans que rien puiffe nous en détourner legitimement. C'est ce qui fait que la Vertu qu'elle prefcrit, n'eft pas un fimple Nom, mais un Bien folide, & veritable, qui merite que nous mettions tout enœuvre pour l'acquerir; & c'eft juftement fous cette idée qu'elle nous eft propofée dans l'Evangile de Notre Seigneur Jefus-Christ. V. Un cinquiéme & dernier avantage que nous devons ajoûter à ceux que nous recevons de ce divin Sauveur, c'eft la promeffe qu'il nous fait de nous affifter. Si nous faifons tout ce qui eft en notre pouvoir, il s'engage de nous accorder fon Efprit, pour nous aider à faire ce que nous devons, & à le fai re re de la maniére que nous le devons. Et ici nous aurions grand. tort de demander comment fe fera l'operation de l'Esprit de Dieu fur nous, puis que nous ignorons comment notre propre Esprit nous fait agir. La Sagesse qui accompagne cet Efprit Saint, connoît mieux que nous-mêmes comment nous fommes faits, & comment il peut operer fur nous. Si un habile homme fait trouver le moyen de gagner l'ef prit de fon Enfant pour le tourner du côté qu'il veut, pouvons-nous douter que l'Efprit de Dieu ne puiffe faire la même chose à notre égard, quoi que nous ne voyions ni ne comprenions point la maniere dont il exerce son operation? Jefus Chrift qui est fidèle & jufte, nous a promis ce divin fecours: nous ne pouvons plus douter qu'il n'accompliffe fa promeffe. Pour relever cette Grace, il n'est pas néceffaire de s'étendre fur la fragilité de notre Nature, & fur la foibleffe de notre temperament, ni de faire voir combien notre Efprit eft fujet à l'erreur, & avec quelle facilité il s'égare, & s'éloigne du chemin de la Vertu. Et fi quelqu'un a befoin de chercher, hors de luimême, la preuve de ces Veritez; s'il ne la trouve pas dans le témoignage de fa propre confcience; s'il ne fent point fes propres erreurs & fes paffions qui le portent continuel lement lement au mal, & qui fouvent prévalent fur les Régles les plus étroites de fon Devoir; il n'a qu'à jetter les yeux, au dehors, fur chaque Siècle, pour en être pleinement convaincu.. Lors donc qu'un homme fe voit environné d'un fi grand nombre de tentations, reduit à foutenir des combats contre lui-même, & expofé à la contagion de tant de mauvaises coûtumes qui font autorifées dans le Monde, ce lui eft fans doute un puiffant aiguillon pour le porter ferieufement à la pratique de la Vertu & des maximes de la Veritable Religion, que de favoir, qu'il eft entre les mains de Dieu qui s'eft engagé de le foûtenir par fon bras puiffant, & de lui faire vaincre tous ces differens obstacles. CHAPITRE XV. Où l'on examine, s'il faut chercher de Nouveaux Articles de Foi dans les Epitres des Apôtres ; où l'on montre que la Religion doit être à la portée des plus fimples. Ais avant que de finir cet Ouvrage, Mil il faut répondre à une Objection qu'on peut me faire à l'occafion des Épîtres des Apôtres. Car fi toute la Foi qu'il faut avoir pour être justifié devant Dieu, fe reduit à croire que Jefus de Nazareth eft le Meffie, & à recevoir les articles qui dépendent de cette verité, comme fa Resurrection, fes Préceptes, & fon Retour pour juger le monde, on ne manquera pas de me demander, dans quelle vûe les Epîtres des Apôtres ont elles donc été écrites, fi la ,, croyance des differentes Doctrines qu'elles renferment n'eft pas néceffaire à Salut; & fi un Chrétien peut croire ou ne pas croire, ce qui y eft propofé, & être cependant Membre de l'Eglife de Chrift, & dú nombre des veritables Fidèles? " 55' رو " Je repons à cela, que diverfes occafions particuliéres ont déterminé les Apôtres à écrire leurs Epitres; & que celui qui voudra les lire comme il faut, doit remarquer quel en eft le deffein principal, & découvrir le fujet qui y eft traité & la maniére dont on l'a traité, s'il veut pénétrer dans le veritable fens de fes Ecrits, & en retirer quelquè utilité. C'est là le vrai moyen d'entrer dans la penfée de l'Ecrivain: & ce qu'on peut trouver par cette voye, eft proprement la Verité qu'on doit croire, & non pas quelques fentences détachées de differens endroits, & conçues en termes de l'Ecriture, lefquelles nous accommodons à nos Idées & à nos préjugez. Pour entendre, dis-je, ces ces fortes de Discours, il en faut examiner le deffein, obferver la liaison de leurs Parties, & voir comment elles s'accordent en+ tr'elles mêmes & avec les autres Parties de l'Ecriture. Mais il ne faut pas prendre ça & là une Periode ou un Verfet felon qu'il s'accorde le mieux avec notre Systême particulier, comme fi chaque Periode & chaque Verfet de l'Ecriture étoient autant d'Apho rifmes diftincts & indépendants, pour faire de ces pensées détachées autant de Points Fondamentaux de la Religion Chrétienne, absolument néceffaires à falut: à moins que Dieu n'aît déclaré que ce font effectivement des Articles Fondamentaux de la Religion. Il y a plufieurs Veritez dans la Bible qu'un bon Chrétien peut ignorer entierement, & qu'il peut, par conféquent, ne pas regarder comme l'objet diftinct de fa Foi: Veritez que quelques-uns donnent peut-être pour des Doctrines tout-à-fait effentielles, & qu'ils appellent Articles Fondamentaux, parce que ce font des Points qui dif tinguent leurs Communions d'avec les au tres Sociétez Chrétiennes. Il y a dans la plupart des Epîtres des Apôtres une fuite de raisonnement, qu'on ne peut remarquer fans une extrême attention, à cause du ftile dont elles font écrites. De forte que pour les voir dans leur veritable jour, Tome 1. Y & |