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c'est-à-dire un Etre doux, patient, plein de compaffion, & riche en mifericorde, ne voulût bien pardonner aux hommes, ces Créatures fragiles dont il connoît toute la foibleffe: pourvû qu'ils reconnuffent leurs fautes, qu'ils les défapprouvaffent, qu'ils lui en demandaffent humblement pardon, & priffent une ferieuse résolution de conformer à l'avenir leur vie fur cette Régle, après avoir reconnu qu'elle étoit jufte & raifonnable. Tel eft le moyen que la Lumiére de la Nature enfeignoit aux hommes, pour se reconcilier avec Dieu, telle étoit l'efperance qu'elle leur faifoit concevoir d'appaifer ce bon Père, lors qu'ils viendroient à l'offenfer. Or comme la Revelation contenue dans l'Evangile ne dit rien qui foit oppofé à cela, elle ne les empêche pas de s'abandonner à la merci de Dieu, comme à leur propre Père, & à leur Souverain Maître, duquel la Bonté & la Mifericorde font au deffus de toutes les œuvres.

Je fai bien que certaines perfonnes ne manqueront pas d'objecter un endroit du Chapitre IV. des Actes, comme étant contraire à ce que je viens d'avancer: Levoici en propres termes, vf. 10, 11, & 12. Nous vous déclarons à vous tous & à tout le Peuple d'Ifraël, que ç'a été par le Nom de Jesus

Pf. CXLV. 9.

Chrift

Chrift de Nazareth, lequel vous avez crucifié,& que Dieu areffufcité d'entre les morts, que cet homme (c'étoit le boiteux * qui venoit d'être gueri par St. Pierre) eft maintenant fain devant vous. C'est cette pierre que vous Architectes avez rejettée, qui a été faite la principale pierre de l'angle; & il n'y a point de falut par aucun autre: Car nulautre nom n'a été donné aux hommes par lequel nous devions être fauvez. Ce qui, en un mot, veut dire qu'il n'y a que Jefus qui foit le veritable Meffie; & qu'aucun autre que lui, n'a été proposé pour être le Mediateur entre Dieu & l'Homme, au nom duquel nous puiffions demander & efperer le Salut.

Mais l'on demandera peut-être ici: Pourquoi Dieu envoyoit-il le Meffie aux hommes? Qu'étoit-il befoin de leur donner un Sauveur? Et de quel avantage jouïffons-nous par Jefus Chrift?

Pour s'affurer qu'une chofe a été faite avec raison, il fuffit de favoir que c'est Dieu qui l'a faite par un acte de fa fageffe, dont, vû la foibleffe & le peu d'étendue de notre Entendement, nous pouvons être abfolument incapables de juger. Nous connoiffons peu de chofes de ce Monde vifible, & nous ne favons rien du tout de l'état du Monde

* A&t. III. 6, 7, c.

Monde Intellectuel, où il y a un nombre infini d'Efprits de differens dégrez, dont nous ne pouvons nous former aucune idée : Ainfi nous ne favons point quels accords fe font paffez entre Dieu & Jefus-Christ, par rapport à fon Royaume. Nous ignorons quelle néceffité il y avoit d'établir un Chef & un Capitaine, pour l'oppofer au Prince de ce Siécle, qui eft le Prince de la Puiffance de l'Air, &c. dont l'Ecriture ne nous parle que d'une maniére fort obfcure. Or ce feroit une grande arrogance à nous, que de prétendre faire venir à compte la Sageffe ou la Providence de Dieu, & de condamner hardiment comme inutile tout ce dont notre Entendement foible, offufqué peutêtre par quelque préjugé, ne fauroit rendre raison.

Quoi que cette Réponse génerale fatisfaffe fuffisamment à la Demande qu'on vient de proposer, de forte que tout homme raifonnable, & qui cherche fincerement la Verité, foit obligé d'y acquiefcer, cependant, dans ce cas particulier, la Sageffe & la Bonté de Dieu fe font fait voir avec tant d'éclat aux yeux des plus fimples, que nous y trouvons pleinement dequoi fatisfaire ces gens curieux, qui font fi fort accoûtumez à chercher les raifons de tout, qu'ils ne voudroient pas recevoir une Grace, fans Tom. 1. T

être

être auparavant inftruits du befoin qu'ils en avoient, & des moyens qu'on a employez pour la leur conferer. Les avantages que nous recevons par la Venuë de Jefus le Meffie, font fi confiderables & en fi grand nombre, qu'il ne faut que les examiner avec un peu d'attention, pour reconnoître, que ce n'étoit pas fans néceffité que ce divin Sauveur a été envoyé dans le Monde.

I. Le grand nombre de Miracles que Jefus-Chrift a faits devant toute forte de perfonnes, (ce que Dieu a disposé d'une telle maniére par un effet de fa Providence & de fa Sageffe, qu'aucun de ceux qui ont attaqué le Chriftianifme, ne les a jamais niez, ni n'auroit pû le faire) ces Miracles, dis-je, prouvent fi clairement, que la Miffion de Notre Seigneur vient du Ciel, que ce qu'il difoit, ne pouvoit qu'être reçû comme des Oracles émanez de Dieu, & comme autant de Veritez inconteftables.

Bien que les Ouvrages de la Nature, dans chacune de leurs Parties, fuffifent pour montrer qu'il y a un Dieu, cependant les Hommes faifoient fi peu d'ufage de leur Raison qu'ils ne voyoient point cet Etre fuprême, lors même qu'il étoit aifé de le trouver par le moyen des impreffions qu'il donnoit de lui même. Quelques-uns avoient l'efprit aveuglé par un attachement exceffif aux

plaifirs des Sens, d'autres par une molle indifference; & la plûpart de ceux qui croyoient l'existence de certains Etres Superieurs qu'ils ne connoiffoient pas, ou bien, qui foupçonnoient feulement qu'il pouvoit y en avoir, étoient en proye à des craintes fuperftitieuses, qui les rendoient efclaves de leurs Prêtres, lefquels leur faifoient prendre toutes les fauffes idées de la Divinité qu'ils vouloient, & les engageoient à l'obfervation d'un Culte chargé de mille cérémonies ridicules, qu'il leur avoit plû d'inventer. Et ce que la crainte ou l'autorité avoit une fois coinmencé d'établir, la Dévotion le confacroit, & la Religion le rendoit immuable. Dans cet état de ténèbres & d'ignorance à l'égard du veritable Dieu, le Vice & la Superftition s'emparérent du Monde. Et la Raifon ne pouvoit point remedier à ce mal: car comme on croyoit qu'elle n'avoit rien à voir dans cette affaire, on ne pouvoit point écouter fes confeils, les Prêtres ayant eû par tout un foin particulier d'exclurre entierement la Raison de tout ce qui regarde la Religion, afin d'affûrer par-là leur propre autorité. Ainfi le Monde rempli de fauffes idées, & affujetti à des Cérémonies qui tiroient leur origine de la pure fantaisie des hommes, avoit prefque perdu de vûë le feul vrai T 2 Dieu.

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