CHAPITRE XIII. Comment on pouvoit être fauvé avant la Venuë de Jefus-Chrift, puis que ce n'eft qu'en croyant que Jefus eft le Meffie, qu'on peut obtenir le Salut. une Difficulté qu'on a acI coutumé de faire, à propos de ce que nous fe venons d'établir, Que ce n'eft que par la Foi en Fefus-Chrift qu'on obtient le Salut:,,Car, ,, dit-on, fi tous les Pécheurs doivent être condamnez, excepté ceux qui par un pur effet de la Grace de Dieu font justifiez devant lui, parce qu'ils croyent que Jefus eft le Meffie, & qu'ils le reconnoiffent pour leur Roi, auquel ils font réfolus d'obéir de tout leur pouvoir, Que deviendront tous les hommes qui vivoient ,, avant le temps de Notre Seigneur, lefquels n'ayant jamais entendu parler de fon ,, Nom, ne pouvoient point, par confé,, quent, croire en lui? La Réponse qu'on doit faire à cette Question, est si aifée à trouver, & fi naturelle, qu'on devroit s'étonner, qu'une telle Difficulté pût paroître confiderable à quiconque fait ufage de la Raifon. On n'a jamais exigé de perfonne, qu'il crût ce qui ne lui a point été propofé à croire, ou du moins on ne peut le faire S 2 "" avec رو رو در رو avec juftice. Avant l'accomplement du temps auquel Dieu avoit déterminé dans le Confel de fa propre Sagefle d'envoyer fon Fils au Monde, il avoit promis, en diverfes occafions & en diverfes maniéres, au Peuple d'Ifraël une Perfonne Extraor dinaire, qui fortant du milieu d'eux, feroit leur Conducteur & leur Liberateur. Il avoit marqué, dans diverfes Propheties, le temps de fa Venue, & d'autres Circonftances touchant fa Naifance, fa Vie, & fa Perfonne; & cela, d'une maniére fi particularisée & si distincte, que cette Perfonne éroit expreffément connue & attendue des Juifs fous le Nom.de Messie, ou d'Oint: titre qui lui eft donné dans quelques-unes de ces Propheties. Cela pofé, tout ce que les Juifs étoient obligez de faire, avant que cette Perfonne Extraordinaire parût dans le Monde, c'étoit de croire ce que Dieu leur avoit revelé, d'attendre avec une entiére confiance l'accompliffement de fa Promeffe, & d'être persuadez, que selon l'engagement où il étoit entré, il leur enverroit en fon temps le Meffie, cet Oint du Seigneur, ce Roi, ce Sauveur, & ce Liberateur qui leur avoit été promis. Ajoûter ainfi foi aux Promeffes de Dieu, & avoir une telle confiance en fa Parole & en fa Fidelité, c'eft s'acquiter envers lui d'un de voir qu'il reçoit avec plaifir de notre part, Les Ouvrages de la Nature donnent à connoître la Sageffe & la Puiffance de Dieu mais le foin qu'il prend du Genre Humain & qui éclate fur tout dans les promeffes qu'il leur fait, ce foin particulier fait paroître la Bonté & la tendreffe qu'il a pour eux, & les engage, par conféquent, à avoir de l'amour & de l'affection pour lui. Cette offrande d'un Cour pénétré de foûmiffion & de zèle pour ce bon Dieu, eft le plus agréable Tribut que nous puiffions lui payer, c'eft le fondement de la véritable Dévotion, & l'ame, pour ainfi dire, de tout Culte Religieux. Nous avons, dans la perfonne d'Abraham, un exemple qui fait voir combien Dieu eftime cette foûmiffion à fa Parole, & cette pleine confiance qu'on S3 a en recompenfera ceux qui le cherchent. Il doit être perfuadé que Dieu eft mifericordieux & plein de bonne volonté envers ceux qui s'appliquent à lui obéir, & qui font affûrez qu'il recompenfe ceux qui fe confient en lui, fur quelque fondement qu'ils appuyent leur confiance, en confideration de ce qu'ils ont été inftruits par la lumière de la Nature à attendre de fa Bonté, ou de ce qui leur a été revelé de fa douce Mifericorde, par des Promeffes particulieres. Or de peur que nous ne prenions mal ce que Saint Paul penfe de cette Foi, fans laquelle nous ne faurions plairre à Dieu, & par où les Saints du Vieux Tettament fe font rendus fi recommandables, cet Apôtre en met la Description à la tête du Catalogue de ceux qui fe font diftinguez par leur Foi,& qu'il propofe pour modelle aux Fidèles Hébreux au milieu des perfecutions auxquelles ils étoient actuellement exposez: afin de les encourager par-là à perfifter dans la confiance où ils étoient d'être délivrez par la venue de JesusChrift, & dans la foi qu'ils ajoûtoient aux promeffes de l'Evangile, à ne pas abandonner l'efperance qui leur étoit propolée; & à ne point renoncer à la profeflion du Chriftianifme. Il paroît clairement, que c'étoit-là le deffein de Saint Paul, par tout ce qu'il Jeur dit dans le Chapitre précedent,vf.35-38. A Ne Ne perdez donc pas la confiance que vous avez, qui doit être recompensée d'un grand prix. Car vous avez grand befoin de perfeverance, (c'est ce qu'emporte le mot Grec * qui eft employé dans ce paffage, & que nos Traducteurs ont rendu par celui de patience, Voy. Luc VIII. 15.) afin qu'après avoir fait la volonté de Dieu, vous puissiez obtenir les biens qui vous font promis: car encore un peu de temps, & celui qui doit venir, viendra, & ne tardera point. Or le Jufte vivra de Foi. Mais fi quelqu'un fe retire, mon ame ne prendra point plaifir en lui. Les Exemples de Foi que St. Paul propofe dans la fuite, (Chap. XI.) montrent évidemment que la Foi, qui rendit ces Fidèles du Vieux Teftament agréables à Dieu, n'étoit autre chofe qu'une ferme confiance en la Bonté & en la Fidélité de Dieu. laquelle les portoit à attendre de fa liberalité certains avantages, que la Lumiére de la Nature, ou des promeffes particuliéres leur avoient donné fujet d'efperer. Et voici de quelle utilité étoit cette Foi auprès de Dieu C'est par la Foi, dit notre Apôtre vf. 4. qu' Abei offrit à Dieu un plus excellent Sacrifice que Cain,& qu'il fut déclaré Jufle. Verf. 5. Par la Foi Enoch a été enlevé du Monde, afin qu'il ne mourût pas: Car avant $ 5 qu'il * Υπομονή. |