CHAPITRE XII. Où l'on fait voir, que Jesus-Chrift propofe des Loix à ceux qui veulent être du nombre de fes Sujets, afin qu'ils s'appliquent avec foin à les obferver. La même obligation eft fortement inculquée dans les Ecrits des Apôtres, & clairement établie par la maniére dont Fefus-Chrift lui-même jugera les hommes au Dernier Jour. Nov Ous venons de prouver dans le Chapitre précedent, que pour jouïr des avantages de l'Alliance de Grace, on n'eft pas moins obligé de bien vivre, que de croire en Jefus-Chrift. Mais pour voir plus diftinctement en quoi confifte ce que doivent faire ceux qui croyent que Jefus eft le Meffie, & qui le reconnoiffent pour leur. Roi, afin de pouvoir être faits participans avec lui de la Gloire de fon Royaume, examinons les Loix qu'il leur donne & dont il leur impofe l'observation, & joignons à cet examen l'Arrêt qu'il prononcera lui-même, lors qu'étant affis fur fon Thrône, ils comparoîtront devant lui, pour recevoir chacun fa Sentence de la bouche de ce jufte Juge des Hommes. Q3 Nous Nous avons déja vû ce que ce divin Maître proposoit à croire à fes Sectateurs, en examinant pié-à-pié les Prédications qu'il a faites lui-même & celles de fes Apôtres, telles qu'elles ont été recueillies dans l'Hiftoire des Quatre Evangeliftes & dans les Attes des Apôtres. Nous allons fuivre la même methode, pour voir exactement & nettement, fi Jefus-Chrift exigeoit de ceux qui le croyoient le Meffie, quelque autre chose que cette Foi, & ce que ce pouvoit être. Comme il eft Roi, nous reconnoîtrons aux Commandemens qu'il donne, ce qu'il attend de fes Sujets, car s'il ne s'attendoit à aucune obéiffance de leur part, fes commandemens ne feroient qu'un fimple jeu, & s'il n'y avoit aucune peine pour ceux qui les violeroient, fes Loix ne feroient pas les Loix d'un Roi, qui eût l'autorité de donner des ordres & le pouvoir de châtier ceux les enfraindroient: ce ne feroient que des paroles perdues, des difcours frivoles, fans force & fans conféquence. qui Nous connoîtrons donc par les Commandemens de Jefus-Chrift, (s'il y en a qu'il ait prescrit lui-même) quels font les devoirs qu'il a impofez à tous ceux qui doivent recevoir la Vie Eternelle dans fon Royaume Célefte. Et en ceci nous ne faurions nous méprendre. Tout ce que nous tenons de fa fa part & qui eft forti de fa propre bouche, & fur tout lors qu'il le repete diverses fois, en differens lieux, & en differens termes, nous devons le recevoir fans hésiter, & fans y faire aucune oppofition. Je pafferai tout ce qui a été dit par Jean Baptifte ou par quelque autre, avant que Jefus-Chrift eût commencé de faire les fonctions de fon Minif tère, & d'annoncer publiquement les Loix de fon Royaume. Ce divin Docteur commença donc fes prédications par exhorter les hommes à fe repentir; c'eft ce que St. Matthieu remarque expreffément, Chap. IV. 17. Depuis ce tempslà, dit-il, Jefus commença à prêcher en difant: Repentez-vous, car le Royaume des Cieux eft proche. Et dans St. Luc, (Ch. V. 32. ) il dit aux Scribes & aux Pharifiens Je ne fuis pas venu pour appeller les Juftes, (car ceux qui étoient tels effectivement, bien loin d'avoir befoin d'affistance, avoient droit à l'Arbre de Vie) mais pour appeller les pécheurs à la Repentance. Dans le Sermon qu'il fit fur la Montagne, Luc VI. & Matth. V, &c. ili recommande à fes Auditeurs d'être en exemple aux autres hommes par leurs bonnes œuvres: Que votre lumiére luife devant les hommes,afin que voyant vos bonnes œuvres,ils glorifient votre Père qui eft dans les Cieux, Matth. V. 15. Et afin qu'ils puffent favoir pourquoi il étoit venu dans le Monde, & ce qu'il attendoit d'eux, il leur dit, vf. 17--20. Ne penfez pas que je fois venu détruire la Loi, ou les Prophetes: Je ne fuis pas venu les détruire, mais les accomplir, ou, les rendre complets, en vous les propofant felon le fens veritable & exact qu'ils doivent avoir. C'eft ce qu'il confirme d'abord : après quoi il donne une nouvelle force à tous les Préceptes de Morale, qui font contenus dans le Vieux Teftament. *Car je vous dis en verité, que le Ciel, & la Terre pafferont plûtôt que tout ce qui eft dans la Loi ne fait accompli jusqu'à un Seul jota & à un feul point. Celui donc qui violera l'un de ces moindres commandemens & qui apprendra aux hommes à les violer, fera le dernier, c'est-à-dire, ne fera point admis, dans le Royaume des Cieux: vf. 20. Je vous dis que fi votre Juftice, c'est-à-dire, votre obéïsfance à la Loi éternelle de la Juftice, n'est plus pleine & plus parfaite que celle des Scribes & des Pharifiens,vous n'entrerez point dans le Royaume des Cieux. Enfuite il s'attache à prouver à fes Auditeurs ce qu'il venoit de dire au verfet 17. Qu'il étoit venu pour perfectionner la Loi, favoir, en expofant clairement & pleinement le veritable fens qu'elle renfermoit, dégagé des interpretations corrompuës & per *Verf. 18, 19: pernicieuses des Scribes & des Pharifiens, vf. 22-26. Ainfi il leur dit, que non feulement il est défendu de tuer, mais auffi de fe mettre en colére fans fujet, & de s'emporter à des paroles de mépris. Il leur commande de fe reconcilier avec leurs adverfaires, & de leur vouloir du bien; & cela fous peine d'être condamnez. Dans l'autre partie de ce Sermon, qu'on peut lire dans St. Luc Ch. VI. & plus au long dans St. Matthieu Ch. V, VI, VII. ce divin Docteur défend non feulement l'impureté actuelle, mais tous les defirs déreglez, fous peine du Feu de l'Enfer. Il défend les divorces mal fondez, & les fermens dans la Converfation, auffi bien que les Parjures devant les Tribunaux. Il défend de fe vanger, de rendre le mal pour le mal, de faire parade de fa Liberalité envers les pauvres, de fa dévotion & de fes Jeûnes; & d'ufer de vaines redites dans fes Priéres. Il condamne l'avarice, le trop d'attachement aux chofes du Monde, & l'envie de juger mal d'autrui. D'un autre côté, il nous ordonne d'aimer nos Ennemis, de faire du bien à ceux qui nous haïffent, de benir ceux qui nous perfecutent, de prier pour ceux qui nous maltraitent, de fouffrir patiemment & avec douceur les injures qu'on nous fait, de pardonner à ceux qui nous of fenfent, d'être liberaux envers ceux qui ont be es |