le Roi, qui étant reffu cité d'entre les Morts, cft à prélent en poffeffion de fon Empire, & doit faire connoitre fon Regne d'une maniére plus publique, en jugeant le Monde. au dernier jour. A&t. XIX. 8. St. Paul étant à Ephese, entra dans la Synagogue, où il parla avec liberté & hardieffe pendant trois mois, difputant & perfuadant ce qui regarde le Royaume de Dieu. Et A&t. XX. 25. étant à Milet, voici comment il prend congé des Anciens de l'Eglife d'Ephese: Je Jai que vous ne verrez plus mon vifage, vous tous, parmi lesquels j'ai passé en prêchant le Royaume de Dieu. Il dit luimême à quoi fe reduifoit ce qu'il avoit prêché dans cette occafion, vf. 20, 21. Je ne vous ai rien caché de tout ce qui vous pouvoit être utile, rien ne m'ayant empêché de vous l'annoncer & de vous en inftruire en public, & en particulier, prêchant aux Juifs, aussi bien qu'aux Gentils, la repentance envers Dieu, & la foi envers Notre Seigneur Jesus-Chrift. 11 témoigne encore la même chose, Act. XXVIII. 23, 24. Les Juifs qui étoient à Rome ayant donc pris jour avec lui (Paul) ils vinrent en grand nombre le trouver dans fon Logis, & il leur prêchoit le Royaume de Dieu, leur confirmant ce qu'il leur difoit par plufieurs témoignages, & depuis le matin jufqu'au soir il 04 tâchoit tâchoit de leur persuader la foi de Jefus, par la Loi de Moife & par les Prophetes. Les uns croyoient ce qu'il difoit, & les autres ne le croyoient pas. Enfin l'Histoire des Actes finit par cette expofition de ce que St. Paul prêchoit dans Rome : Et il demeura deux ans entiers dans un Logis qu'il avoit loüé, où il recevoit tous ceux qui le venoient voir, préchant le Royaume de Dieu, & enseignant ce qui regarde le Seigneur Jefus le Meffie. Nous pouvons donc appliquer maintenant à l'His toire de Notre Seigneur, que les Evangeliftes nous ont tranfmis, & à l'Hiftoire des Apôtres, qui a été écrite dans le Livre des Actes, la même conclufion que St. Jean applique en particulier à fon Evangile, Ch. XX. 30, 31. Jefus a fait plufieurs autres Miracles à la vue de fes Difciples, & dans plufieurs autres endroits où les Apôtres ont prêché la même Doctrine: tous ces Miracles ne font pas écrits dans ces Livres, mais ceux-ci font écrits, afin que vous croyiez que Jefus eft le Meffie, le Fils de Dieu; & qu'en croyant vous ayiez la vie en fon nom. St. Jean nous dit ici ce qu'il juge qu'il eft néceffaire & qu'il fuffit de croire pour obtenir la Vie éternelle. Et cela, non dans la prémiére expofition de l'Evangile, auquel temps quelqu'un pourroit peut-être s'imaginer qu'il y avoit moins de choses à croire, croire, qu'après que la Doctrine de la Foi, & le Myllère du Salut fut expliqué d'une maniére plus étendue dans les Epîtres qui furent écrites par les Apôtres. Car il faut fe reffouvenir, que St. Jean n'a point écrit ceci, auffi-tôt après que Jefus Chrift fut monté dans les Cieux: mais que cet endroit, auffi bien que le refte de fon Evangile, ne fût pas feulement écrit plufieurs années après les autres Evangiles, & l'Hiftoire des Actes recueillie par St. Luc, mais encore, felon toutes les apparences, après toutes les Epîtres des autres Apôtres. Ainfi foixante ans & plus, après la Paffion de Jefus-Chrift, (car l'Evangile de St. Jean ne fut écrit que dans ce temps-là, comme l'affûrent St. Epiphane & St. Jerome) cet Apôtre ne favoit pas qu'il fût néceffaire de croire autre chofe pour obtenir la Vie Eter-melle, finon que Jefus eft le Meffie, le Fils de Dieu. CHAPITRE XI. Objection qu'on peut faire contre ce qui a été établi jufqu'ici, que fous l'Evangile pour devenir veritable Fidèle il fuffit de croire que Jefus eft le Meffie. Réponse à cette Objection. Qu'il eft auffi néceffaire fous l'Alliance Evangelique de fe repentir & de bien vivre, que d'avoir la Foi. L y a bien de l'apparence que certaines gens objecteront contre ce qu'on vient d'établir, Que de croire seulement que Jefus de Nazareth eft le Meffie, c'eft n'avoir qu'une Foi Hiftorique, & nullement une Foi qui juftifie ou qui mette en poffeffion du Salut. Je répons à cela, Que je laiffe aux faifeurs de Systêmes, & à ceux qui approuvent leur méthode, une entiére liberté d'inventer & d'employer telles diftinctions qu'il leur plairra, & d'impofer aux chofes tous les noms qu'ils jugeront à propos. Mais je ne faurois leur accorder, ni à eux ni à quelque homme que ce foit, l'autorité de faire une Religion pour moi, ou d'alterer celle que Dieu a revelée. Que s'ils veulent appeller la Foi par laquelle on ne reçoit pré cifément que ce que Jefus-Chrift & fes Apô tres ont prêché & proposé pour être crû, une Foi Hiftorique, à la bonne heure, ils peuvent le faire. Mais ils doivent prendre garde, comment ils nient que cette Foi puiffe juftifier ou fauver, puis que Notre Seigneur & fes Apôtres l'ont affûré pofitivement, & qu'ils n'ont point parlé d'aucun autre Article de Foi, que les hommes duffent recevoir, & dont la croyance dût les rendre veritables Fidèles, & héritiers de la Vie éternelle à moins qu'ils n'osent bien porter leur hardieffe jufques à ce point,que de dire, pour l'amour de leurs chers Systêmes, que Jefus-Chrift a oublié pourquoi il étoit venu dans le Monde; & que lui & fes Apôtres n'ont pas bien inftruit les Peuples du chemin & des Myftères du Salut. Čar que cette Doctrine particuliére qui établit, Que Jefus eft le Meffie, foit la feule, dont la croyance eft recommandée & exigée dans les Prédications de Notre Seigneur JefusChrift & de fes Apôtres, c'est ce que nous avons fait voir par un examen fuivi de tout ce qui eft contenu dans les Quatre Evangiles & dans l'Hiftoire des Actes des Apôtres. Et je les défie de montrer qu'on y trouve aucun autre Article de Foi, à l'occafion duquel ceux qui l'ont reçu ou rejetté, ayent été déclarez par cela même Fidèles ou Infi dèles |