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« cis; mais jamais ils ne sont changés, jamais tronqués, jamais mu<< tileés. Ils peuvent recevoir la clarté, la lumière, la distinction: <<< mais ils retiennent nécessairement leur plénitude, leur intégrité, « leur propriété 1. »

Mais il importe de placer ici une remarque de la plus haute gravité; c'est que la définition directe, ou pour ainsi parler juridique, n'est pas toujours le moyen que l'Eglise emploie pour intimer un dogme. La profession qu'elle fait solennellement d'un doctrine, quoique cette doctrine ait été libre durant un certain temps, suffit à en faire l'objet de la foi. La raison de cecí se tire de la nature même de l'Eglise que l'Apôtre appelle la colonne et l'appui de la vérité 2. Elle ne peut pas plus professer solennellement l'erreur qu'elle ne la peut définir juridiquement.

. Ainsi la consubstantialité du Verbe avec le Père n'avait pas besoin d'un définition juridique, au Concile de Nicée, pour être un dogme de foi; ce point fondamental du christianisme était suffisamment intimé à tous les chrétiens, par la profession solennelle qu'en avait fait constamment l'Eglise depuis les Apôtres.

De même, cette proposition: le Saint-Esprit procède du Fils comme du Père, définie juridiquement dans les conciles de Latran IV de Lyon et de Florence, ne pouvait déjà plus être l'objet d'une négation, dans les deux siècles qui précédèrent le premier de ces trois conciles, sans que les opposants n'encourussent la note d'hérésie : cependant, encore au IX siècle, sous saint Léon III, Rome refusait par prudence de chanter solennellement le Filioque dans le symbole. Le jour où elle le fit, où toutes les Eglises latines le firent avec elle, c'est-à-dire au XI siècle, il n'y eut plus liberté de croire autrement, parce que la profession publique et solennelle avait suffisamment promulgué ce dogme.

1 Fas est etenim ut prisca illa coelestis philosophiae dogmata processu temporis excurentur, limentur, poliantur; sed nefas est ut commutentur, ut detruncentur, ut mutilentur. Accipiant, licet, evidentiam, lucem, distinctionem; sed retineant necesse est plenitudinem, integritatem, proprietatem. Commonitorium, cap. XXIII. 2 Tim. II.

Il s'agit d'appliquer ces divers principes à la croyance de l'Immaculée Conception de la très sainte Vierge.

Ainsi donc, pour que cette croyance puisse être réputée dogme de foi catholique, il est nécessaire qu'il ait été révélé de Dieu que Marie a été conçue sans la tache du péché originel; il faut que cette doctrine se soit conservée dans l'Ecriture ou dans la Tradition, ou enfin qu'elle se trouve contenue implicitement dans un ou plusieurs dogmes antérieurement définis; il faut en outre, qu'elle soit promulguée par l'Eglise, soit au moyen d'un définition juridique, soit par une profession solennelle et incontestable.

Il est certain que, jusqu'à ce moment, la définition n'a été rendue, ni sous forme juridique, ni par la voie d'une profession suffisante, puisque le Siége Apostolique qui vient de s'expliquer par l'organe du Souverain Pontife, par là même qu'il instruit la cause, déclare assez clairement que la doctrine de l'Immaculée Conception n'a pas encore reçu le dernier sceau de confirmation qu'il est au pouvoir de l'Eglise de donner à une doctrine révélée.

Nous verrons plus loin si cette croyance n'impose pas dès aujourd'hui aux fidèles des devoirs dont elle n'était pas encore l'objet au XII siècle; pour le présent, il s'agit d'examiner l'état actuel de la doctrine de l'Immaculée Conception, quant à un jugement définitif qui l'établirait entre les dogmes de la foi. Nous allons donc rechercher les bases sur lesquelles la décision juridique pourrait être appuyée, selon les véritables principes de la Théologie catholique.

$1.

Importance de la doctrine de l'Immaculée Conception de la très sainte Vierge, dans l' ensemble de la Révélation divine.

L'Immaculée Conception de Marie est une vérité révélée, ou cette croyance est une erreur grave contre la révélation chrétienne. Cette proposition, qui n'a pas été assez approfondie, nous a toujours semblé fondamentale, et il sera facile de la démontrer.

En effet, on ne saurait confondre la doctrine favorable au privilége de Marie avec les opinions débattues dans l'école, et dont l'affirmative ou la négative peuvent être vraies ou fausses; sans qu'on en puisse déduire une conséquence opposée à tel ou tel dogme de la révélation. Que, dans l'administration des sacrements l'intention externe suffise, ou qu'il soit nécessaire d'y joindre l'intention intérieure, le dogme qui requiert l'intention de faire ce que fait l'Eglise n'en demeure pas moins dans son intégrité; que l'accord de la grâce efficace avec le libre arbitre soit expliqué au sens des Thomistes, ou que l'on préfère en rendre raison par les principes de l'école Moliniste, l'efficacité de la grâce divine et la réalité du libre arbitre n'en sont pas moins maintenues comme dogmes inviolables; la doctrine de l'Immaculée Conception se présente au contraire dans de telles conditions que si on l'admet comme véritable, il faut de toute nécessité percevoir l'un des dogmes principaux de la révélation dans un sens totalement opposé à celui que lui donnent les docteurs catholiques opposés à cette croyance.

C'est un article principal de la foi chrétienne, comme l'enseigne le saint Concile de Trente, « que la prévarication d' Adam a entraî«né sur le genre humaine tout entier, non seulement la mort et les « peines du corps, mais encore le péché, qui est la mort de l'âme, « en sorte que l'Apôtre a pu dire que le péché est entré dans le mon« de par un seul homme, et par le péché la mort; et encore: que « la mort est passée dans tous les hommes par ce seul homme, en « qui tous ont péché 1. » Rien ne semble plus absolu dans les saintes Ecritures et dans les définitions de l'Eglise, que cette loi universelle qui nous condamne à être tous conçus dans le péché originel, et qui rend ce péché propre à chaque homme, selon l'expression du même Concile oecuménique. La raison théologique, si subtile qu'on la suppose, la sagacité et la profondeur du docteur le plus sublime, auraient elles pu jamais concevoir une exception à cette loi absolue, et découvrir, dans la notion d'un dogme si redoutable, l'existence

1 Conc. Trid. Sess. V. Decretum de peccato originali, Artic, 2 et 3.

d'un privilège en faveur d'une créature humaine descendue du pre

mier père?

Autant vaudrait dire que la sentence générale qui condamne tous les hommes à mourir peut s'interpréter dans ce sens que tous ne mourront pas; que le décret divin qui soumet aux peines éternelles de l'enfer l'homme qui sort de ce monde en état de péché mortel, est compatible avec une exception pour tel ou tel; que le précepte du baptême, en fait ou en désir, ne lie pas tous ceux pour lesquels l'obligation de ce sacrement a été promulguée. Assurément, nul docteur ne pourrait risquer de tels systèmes, sans renoncer à la foi chrétienne: pourquoi? La raison en est simple. C'est que s'il existait de telles exceptions, la science humaine serait impuissante à les découvrir; la connaissance n'en pourrait provenir que de l'auteur même de la révélation, qui seul peut nous manifester les limites qu'il aurait apposées à ses propres arrêts.

Or, de grands docteurs, des docteurs orthodoxes, nous oserons bientôt dire, l'Eglise elle-même, pensent que Marie n'a point été comprise dans le décret universel qui condamne tous les enfants d'Adam à contracter, dans leur conception, la tache du péché originel. S'il en est ainsi, la loi a donc souffert une exception, la sentence n'a donc pas éte absolue. Qui a éclairé l'homme pour lui faire découvrir ce que Dieu seul peut connaître ? Celui-là seul l'aurait pu faire qui, dans sa terrible justice, a porté la sentence. Il n'y a donc pas de milieu possible: ou l'Immaculée Conception est une vérité revélée, ou elle est une croyance directement opposée à un dogme de la foi.

Il ne s'agit ici ni d'un fait dogmatique, ni d'une pure tradition ecclésiastique. L'Eglise, si, comme nous l'espérons, elle définit juridiquement la question dans le sens favorable à l'honneur de Marie, pénètrera, par sa décision, dans le dogme lui-même; la définition qui sera rendue complètera la doctrine du péché originel; elle aura des conséquences importantes pour l'intelligence plus parfaite des mystères de la création et de l'incarnation. Mais ce n'est pas ici le lieu de faire ressortir les avantages que la théologie catholique de

vra retirer de l'éclaircissement de ce point important, que l'on s'accoutume trop souvent à ne considérer que comme la matière d'un hommage de plus à rendre à Marie, mais qui est en même temps la source d'une irradiation nouvelle sur toute l'économie des croyances révélées.

Nous avons insisté sur la gravité de la question, en relevant avec les adversaires de l'Immaculée Conception l'inflexible généralité de la sentence portée contre tous les enfants d'Adam, afin de mieux faire comprendre toute la portée du sentiment qui exempte Marie de la tache originelle, afin surtout de bien préciser ce point, que si la croyance à l'Immaculée Conception était une erreur, elle ne serait ni plus ni moins qu'une erreur contre la foi. Aussi était-ce au nom du dogme en péril que l'école opposée à cette croyance la combattait, jusqu'au jour où Sixte IV donna la Constitution Grave nimis, en 1483.

Depuis lors, la question a marché, et les adversaires du privilége de Marie, s'il en existe encore, seraient obligés d'aller beaucoup plus loin dans leurs censures. Il ne s'agirait plus de dire seulement que l'école scotiste est tombée dans l'hérésie, en portant atteinte à l'intégrité du dogme du péché originel; aujourd'hui il faudrait, et c'est là ce qui fait la force des défenseurs de l'Immaculée Conception, il faudrait soutenir que, depuis plusieurs siècles, l'Eglise Catholique n'a plus l'Esprit de Vérité; car l'Eglise Catholique, comme nous allons le montrer, tolère, favorise, professe la croyance à l'Immaculée Conception, et par conséquent admet une exception au décret divin qui condamne tous les hommes à contracter la faute originelle.

Or, comme il est indubitable pour tout catholique que l'Eglise ne peut ni tolérer, ni favoriser, ni professer une erreur contre la révélation, il reste à conclure que le sentiment qui proclame immaculée la Conception de Marie, exprime une vérité qui appartient à la révélation divine, et que la sentence définitoire, si elle est rendue, ne fera autre chose que rendre obligatoire, sous peine d'hérésie, la profession de cette croyance.

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