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PREFACE

Nous donnons enfin au public ce Mémoire annoncé déjà depuis long-temps, mais dont la rédaction avait été interrompue par des obstacles indépendants de notre volonté. La matière que nous y traitons est d'un haut intérêt pour les enfants de l'Eglise; car tout ce qui touche l'honneur et la gloire de la très sainte Vierge Marie leur est particulièrement cher.

Notre but, en traitant de l'Immaculée Conception, n'est pas de produire une nouvelle thèse en faveur de l'auguste Privilége de Marie. Cette matière, si souvent et si long-temps approfondie par les plus graves docteurs, peut être considérée comme à peu près épuisée, et d'ailleurs l'attention publique a été suffisamment réveillée, dans ces derniers temps, par l'excellente dissertation de S. E. le Cardinal Lambruschini, par l'important écrit du R. P. Perrone, par l'éloquent Mandement de Mgr. l'Évêque de Langres.

Nous nous sommes donc attachés uniquement à la question de la définibilité que nous avons considérée au point de vue d'une décision prochaine de l'Eglise, sur cette matière qui semble suffisamment préparée. Notre but sera rempli, si nous avons pu parvenir à exciter dans l'âme de nos lecteurs un désir plus ardent de voir bientôt le Privilége de la Reine du ciel reconnu officiellement et proclamé en dogme irréfragable, si nous avons réussi à dissiper les préventions que l'approche d'un si solennel événement, semble avoir fait surgir dans l'esprit de quelques personnes.

Daigne la Vierge, conçue sans péché, agréer ce faible hommage de son indigne serviteur, et le faire servir en quelque chose à sa gloire. C'est l'unique voeu que nous formons ici, en soumettant ce Mémoire au jugement et à la correction du Siége Apostolique.

MEMOIRE

SUR LA QUESTION

DE L'IMMACULEE CONCEPTION

DE LA TRÈS SAINTE VIERGE

NOTIONS PRÉLIMINAIRES

Nous supposons le lecteur de ce Mémoire suffisamment aut fait des principes de la Théologie catholique sur la définition des dogmes de la foi. Les limites de cet écrit ne nous permettraient pas d'en entreprendre ici l' exposé complet, et moins encore la démonstration. Nous nous bornerons donc à rappeler quelques axiômes qui nous serviront de règle dans tout le cours de la discussion que nous avons entreprise.

La foi, par laquelle nous croyons les dogmes révélées, peut être considéree sous deux aspects, ou comme se résolvant immédiatement dans l'autorité de Dieu révélateur, ou comme reposant sur l'autorité de l'Eglise, organe infaillible de la révélation divine.

Sans doute, la parole de Dieu n'a pas besoin de l'intermédiaire de l'Eglise pour être la parole de Dieu; mais comme Dieu ne parle pas immédiatement à tous les hommes, ceux auxquels il ne s'est pas révéle ont besoin de la parole de l'Eglise pour savoir, avec une certitude de foi, que telle doctrine est réellement la parole de Dieu.

C'est ainsi que, selon l'expression profonde du symbole des Apotres, nous croyons en Dieu, comme en l'objet de notre foi, tandis que nous croyons l'Eglise Catholique, c'est-à-dire son témoignage, comme le moyen de notre foi.

Une proposition est de foi catholique si, ayant été divinement révélée, elle s'est conservée explicitement ou implicitement dans l'Ecriture ou dans la Tradition, et si, postérieurement à cette révélation, elle est proposée à la croyance des fidèles, comme dogme de foi, par l'Eglise.

Il n'y a donc pas de nouvelle révélation, quand l'Eglise définit un dogme de foi. La définition ne fait que reproduire la révélation antérieure, soit que la vérité qu'elle a pour objet se lise déjà plus ou moins clairement dans les saintes Ecritures, soit que la Tradition l'ait conservée, soit enfin qu'elle émane par voie de déduction logique et évidente d'une ou plusieurs vérités révélées dont elle est la conséquence..

On ne doit donc pas s'étonner que le nombre des articles de foi s'augmente d'une certaine manière, dans le cours des siècles. Ce précieux développement n'implique pas du tout que le fond même de la révélation ait éprouvé un accroissement humain. « Plusieurs «< choses, dit saint Augustin, appartiennent à la foi catholique, << lesquelles étant agitées par les hérétiques, dans l'obligation où « l'on est de les soutenir contre eux, sont alors considérées plus << soigneusement, plus clairement entendues, plus vivement incul" quées, en sorte que la controverse élevée par les adversaires de« vient l'occasion d'apprendre 1. »

Cette doctrine d'un si illustre Père de l'Eglise, saint Vincent de Lérins l'exprime avec une précision non moins remarquable: « Il « se peut que les dogmes antiques de la céleste philosophie devien«nent, par le cours du temps plus éprouvés, plus limés, plus éclair

1 Multa quippe ad fidem catholicam pertinentia, dum haereticorum callida inquietudine exagitantur, ut adversus eos defendi possint, et considerantur diligentius, et intelliguntur clarius, et instantius praedicantur, et ab adversario mota quaestio discendi existit occasio, De civitate Dei lib. XVI, cap. 1\, n.o 1.

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