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point en nous 1. » Selon le grand évêque d'Hippone, tous les hom mes ont péché; tous à l'exception de la bienheureuse Vierge Marie. Et si vous en demandez la raison, c'est que Marie, devant concevoir et enfanter le Saint des Saints, celui qui ne peut souffrir en lui-même aucun péché, a été, pour cela même, prévenue d'une grâce privilégiée, de la grâce de vaincre le péché de toute part, de le vaincre, par conséquent, même dans sa conception.

Saint Cyrille, patriarche d'Alexandrie, s'exprime comme le docteur de la grâce, dont il adopte et explique la pensée de manière à ne laisser aucun doute sur ses propres sentiments. « A l'exception, « dit-il, à l'exception de celui qui est né d'une Vierge, et de cette « même Vierge très-sainte, qui a mis au monde l'Homme-Dieu, << nous naissons tous avec le péché originel; et nous venons tous au «< monde affectés d'une très grave cécité que nous avons contractée << de notre premier père 2. » Timothée, prêtre de Jérusalem, que l'on croit antérieur à saint Cyrille, appelle la Mère de Dieu, Vierge pure au-delà de ce qu'on peut dire, exempte de toute faute, et sainte de toute manière: Virgo supra quam dici potest inculpata, omnibusque modis sancta 3: ce qui indique assez clairement qu'il croyait à l'Immaculée Conception.

1 Excepta Sancia Virgine Maria, de qua propter honorem Domini, nullam prorsus, cum de peccatis agitur, haberi volo quaestionem: unde enim scimus quod ei plus gratiae collatum fuerit ad vincendum ex omni parte peccatum: hac ergo Virgine excepta, si omnes illos sanctos et sanctas,fcum hic viverent, congregare possemus, et interrogare utrum essent sine peccato, quid fuisse responsuros putamus, utrum hoc quod iste dicit, an quod Ioannes Apostolus? Rogo vos. quantalibet fuerit in hoc corpore excellentia sanctitatis, si de hoc interrogari potuissent, nonne una voce clamarent: si diceremus quia peccatum non habemus, nos ipsos decipimus et veritas in nobis non est. De natura et gratia, c. XXXVI.

2 Omnes homines, excepto illo qui de Virgine natus est, sanctissima etiam Virgine ex qua Deus homo prodiit in mundum, excepta, cum peccato originali nascimur, et gravissima caecitate depressi in mundum venimus, quam quidem caecitatem de radice primi parentis contraximus. In Evang. S. Ioannis, lib. VI, e. XV, édit. de Bâle, 1566.

3 Alias: Virgo supra omnes inculpata, omnibusque modis sancta. Oratio de Propheta Simeone, dans la Biblioth, des Pères de Lyon, tom V, pag. 1213,

Saint Procle, disciple de saint Chrysostôme et son successeur sur le siége de Constantinople, dit que Marie a été formée d'un limon pur, ex mundo formata luto, parce qu'elle devait être le temple de Dieu 1. Selon saint Maxime, évêque de Turin, « Marie a été le << temple convenable pour Jésus-Christ, non point à cause de la << disposition de son corps, mais à cause de la grâce dont elle a été << prévenue dans son origine 2, » c'est à dire dans sa conception.

C'était aussi la croyance des Syriens, au commencement du VI siècle. Saint Jacques, évêque de Batna, dans le pays de Sarug, enseigne que Marie a été préservée de toute tache du péché, et il le prouve, en disant: « Si son âme avait eu quelque tache ou quelque << défaut, certainement le Fils de Dieu eût pris pour mère une autre « femme, qui aurait été exempte de toute souillure 3. »

Sur la fin du même siècle, Hésychius, prêtre de Jérusalem, dont il occupa plus tard le siége patriarchal, regardait la Vierge Marie comme un temple qui n'a point été profané, comme un tabernacle exempt de toute souillure; templum incorruptum, et tabernaculum ab omni sorde liberum 4. Quelque temps après, nous rencontrons parmi ses successeurs saint Sophronius, dont la lettre à Sergius à été approuvée par le troisième concile général de Constantinople. On lit dans cette lettre que Marie est sainte et exempte de toute contagion, et du corps, et de l'âme, et de l'entendement ; que le Verbe s'est incarné en se formant un corps du sang inviolable et virginal de l'Immaculée Vierge Marie 5. Evidemment, cette manière de

1 Oratio VI, De laude Sanctae Dei Genitricis Mariae.

2 Idoneum plane Maria Christi habitaculum, non pro habitu corporis, sed gratia originali. Homil V. ante Nativitatem Domini.

3 Mariam ab omni peccati labe immunem esse hoc argumento Iacobus probat. Si qua macula aut defectus animae eius inesset, aliam utique sibi matrem (Filius Dei) quaesivisset, quae omnis labis expers esset. I. S. Assemani, Bibliotheca orientalis, tom I, pag. 310.

4 Homilia de Sancta Maria Deipara.

5 Uterum intactum ingressus virginitatis castitate lustratum Mariae sanctae praeclaraeque, ab omni contagione liberatae, et corporis, et animae, et intellectus... Ex inviolabili namque et virginali sanguine atque immaculatae Virginis Mariae, Verbum vere factum est incarnatum. Labbe, Concil, tom. VI, col. 864 et 863.

parler de la Mère de Dieu suppose qu'elle n'a point été atteinte de la contagion du péché d'Adam: ce qui s'accorde parfaitement avec ce que le même Patriarche dit dans un autre endroit, où il appelle bienheureuse et innocente en tout l'âme de la très-sainte et très-pure Vierge Marie, Mère de Dieu 1.

Continuons. Saint Jean Damascène, mort vers l'an 760, s'exprime ainsi sur la naissance surnaturelle et mystérieuse de Marie: << La << nature cède à la grâce; elle s'arrête, tremblante, ne pouvant con<< tinuer son cours. Comme la Vierge Mère de Dieu devait naître << d'Anne, la nature n'osa prévenir la grâce; mais elle attendit un <«< instant que la grâce eût produit son fruit 2. » On voit que ce saint docteur croyait que Marie a été prévenue par la grâce dans sa conception. Aussi ajoute-t-il qu'elle a été conçue d'un sang très-pur, et qu'elle a été très-sainte, même dans son origine; formatus fuit foetus sanctissimus 3.

Fulbert, mort évêque de Chartres, en 1028, rappelait aux fidèles de son temps que « Marie est beaucoup plus parfaite qu'on ne peut << l'exprimer; que son âme et sa chair, que la sagesse de Dieu le « Père s'etait choisie pour demeure, ont été exemptes de tout pé «ché et de toute souillure 4. » Dans le même siècle, saint Pierre Damien, cardinal et évêque d'Ostie, nous la représentant comme

1 Beatissimam inculpatissimamque sacratissimae purissimaeque dominae nostrae Genitricis Dei Mariae animam. Orat. de Angelis.

2 Natura gratiae cedit, statque tremula, pergere non substinens. Quoniam itaque futurum erat ut Dei genitrix Virgo ex Anna nasceretur, natura gratiae germen antevertere non ausa est: sed mansit fructus expers dum gratia fructum ederet. Homilia I, in nativitatem B. Mariae Virginis.

3 Nous regrettons de ne pouvoir traduire dans notre langue le passage dont il s'agit; le voici en latin: « O lumbos Ioachim beatissimos, ex quibus mundissimum << semen iactum est! O praeclaram Annae vulvam, in qua tacitis accrementis ex ea << auctus atque formatus fuit foetus sanctissimus ! » Ibidem.

4 Veraciter respondemus quia (Maria) longe perfectior est quam nostra oratione demonstrari possit. . . Hoc igitur in primis adstruere fas est, quod anima

ipsius et caro quam elegit, habitaculum sibi fecit sapientia Dei Patris, ab omni malitia et immunditia purissima fuerunt, Sermo I, de Nativitate Beatissimae Marias Virginis.

une Vierge pleine des dons de toute la grâce divine, comme privilégiée par la sainteté, la piété et la perfection 1, assurait que, quoique fille d'Adam, elle n'a point contracté les souillures d'Adam; caro Virginis ex Adam sumpta maculas Adam non admisit 2. Si vous en demandez la raison, saint Anselme, archevêque de Cantorbéry en 1093, vous répondra aussitôt qu'« il convenait que la Vierge que « Dieu le Père avait préparée lui-même pour son fils unique, bril« lât d'une si grande pureté qu'on ne pût en concevoir une plus << grande après Dieu 3. » C'était aussi la croyance d'Hervé, auteur du XII siècle: « Tous, dit-il, sont morts dans le péché, soit origi« nel, șoint actuel; nul n'est excepté, si ce n'est la Mère de Dieu 4. » La Mère de Dieu a donc été préservée, suivant ce pieux religieux, non seulement du péché actuel, mais encore du péché originel. Le vénérable Hildebert, archevêque de Tours, en 1125, appelle Marie la Vierge immaculée, intacte et exempte de tout péché 5. Selon saint Thomas, le Docteur Angélique, elle a été exempte de tout péché, soit originel, soit actuel: Maria ab omni peccato originali et actuali immunis fuit 6.

1 Quid enim sanctitatis, quid iustitiae, quid religionis, quid perfectionis singulari huic Virgini deesse potuit, quae totius divinae gratiae charismate plena fuit? Homilia XLVI, in nativitate B. Mariae.

2 Sermo XL, in Assumptione Beatissimae Mariae Virginis.

3 Decens erat ut ea puritate, qua maior sub Deo nequit intelligi, Virgo illa niteret, cui Pater unicum filium suum., ... dare disponebat. Lib. de conceptu virginali et originali peccato. Voyez aussi le traité du même docteur, De conceptione Beatae Mariae Virginis.

4 Omnes itaque mortui sunt in peccatis, nemine prorsus excepto, dempta Matre Dei, sive originalibus sive etiam voluntate additis. In epistol. II ad Corinth.,

C. V.

5 Immaculata, intacta et immunis ab omni peccato. Sermo III, in festo Assumptionis Beatae Mariae.

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6 In I. Sent. Dist. XLIV, art. III. Pour ce qui regarde les difficultés que l'on fait sur l'enseignement de saint Thomas, voyez l'Innocentia vindicata du cardinal Sfondrate, et la Dissertation du cardinal Lambruschini sur l'Immaculée Conception. Cet opuscule a été traduit de l'italien en français par Monseigneur Mathieu, archevèque de Besançon,

Nous pourrions continuer la chaîne des Docteurs de l'Eglise, et citer, entre autres, saint Laurent Justinien, patriarche de Venise; saint Thomas de Villeneuve, archevêque de Valence en Espagne, et saint Alphonse de Liguori, évêque de Sainte-Agathe des Goths. Mais on convient qu'à partir de l'institution de la fête de la Conception, presque tous se sont déclarés pour la croyance qui exempte la glorieuse Vierge Marie du péché d'Adam. Et il est remarquable que, dans le petit nombre des anciens Théologiens qui ont hésité plus ou moins, il ne s'en est trouvé aucun qui ait osé l'attaquer comme une croyance nouvelle ou súperstitieuse.

Aussi, en 1439, le concile de Bâle rendit le décret suivant: Nous dé<< finissons et nous déclarons que la doctrine qui enseigne que la << glorieuse Vierge Marie Mère de Dieu, ayant été prévenue par une << grâce toute particulière, n'a jamais été une seul instant sous l'em«< pire du péché originel, mais qu'elle a toujours été exempte de << toute tache originelle et actuelle, et qu' elle est sainte et imma«< culée, doit être approuvée, tenue et embrassée par tous les ca<«<tholiques, comme pieuse et conforme au culte de l'Eglise, à la foi << catholique, à la droite raison et à l'Ecriture sainte, et qu'ainsi, << il n'est permis à personne de prêcher et d'enseigner le contraire 1.>> Ce concile, il est vrai, n'était plus légitime lorsqu'il a porté cette décision: néanmoins elle prouve que l'Immaculée Conception était reconnue par les prélats qui se trouvaient alors à Bâle. D'ailleurs, son décret n'a soulevé aucune réclamation, ni de la part du Pape, ni de la part des Evêques qui lui étaient demeurés fidèles. Bien plus, le concile d'Avignon, de l'an 1457, qui avait été convoqué par le

1 Doctrinam illam disserentem gloriosam Virginem Dei genitricem Mariam, praeveniente et operante divini numinis gratia singulari, numquam actualiter subiacuisse originali peccato, sed immunem semper fuisse ab omni originali et actuali culpa sanctamque et immaculatam, tamquam piam et consonam cultui ecclesiastico, fidei catholicae, rectae rationi, et sacrae Scripturae, ab omnibus catholicis approbandam fore, tenendam et amplectendam, definimus et declaramus, nullique de caetero licitum esse in contrarium praedicare seu docere. Sess. XXXVI, Labbe, tom, xII, col. 623.

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