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<< culte de la Conception de la même Vierge Mère de Dieu, établis «< conformément à la pieuse croyance dont il s'agit ».

Ces déclarations sont positives et solennelles et on ne trouve aucun acte postérieur des Souverains Pontifes depuis Alexandre VII jusqu'à le jour qui ait paru favoriser l'opinion contraire, ou pour parler plus éxactement qui n'ait confirmé la doctrine de l'Immaculée Conception.

On a dit que l'approbation d'une coutume ou d'une fête ne décide pas le point de doctrine. Cette affirmation domande une distinction. Une fête, une pratique de l'Eglise prise matériellement ne constitue pas la démonstration du dogme. Mais sous cette forme du culte, il y a un principe qui rattache cette fête à la doctrine, en la montrant comme une expression de la pensée catholique. Ainsi S. Augustin en appellait au Baptême comme à un temoignage de la chûte originelle; à la forme de ce sacrement, comme étant une manifestation traditionelle du dogme de la Trinité.

C'est un axiome incontesté que l'Eglise n'honore que ce qui est saint, non fit festum nisi de Sancto, dit S. Thomas; on ne conteste pas la sainteté de la naissance de Marie, par la raison qu'on fait la fête de sa nativité, en solennissant la fête de sa Conception, on ne peut donc pas se refuser d'avantage à admettre que sa Conception fut toute sainte et par conséquent Immaculée.

2.o Les Conciles. L'autorité des Conciles, alors même que dans une question controversée, les Pères ne font que formuler leur opinion, est grande. Mais il faut convenir qu'à l'exception du Concile de Trente et de celui de Bâle, les siècles antérieurs ne nous offrent que tres peu de lumière sur la question de l'Immaculée Conception. La raison en est simple. Jusqu'au 12 siècle il ne s'etait elevée aucune contestation sur ce point de doctrine. Les Conciles n'avaient donc qu'à laisser les fidèles paisibles dans leur pieuse croyance. C'est un fait que les décisions de les grandes assemblées n'avaient presque jamais pour objet que des points de dogme, de morale ou de discipline Ecclésiastique attaqués ou contestés.

Depuis la discussion soulevée par S. Bernard, il y eût au sujet

de l'Immaculée Conception, des discussions ardentes et d'autant plus passionnées qu'aucune décision de l'Eglise n'était intervenue. Aussi le Concile de Bâle, en 1439, crut il devoir se prononcer sur cette question d'une manière positive 1. Dans sa session 36 il décréta que « la doctrine de l'Immaculée Conception devait étre ap< prouvée, tenue et embrassée par tous les catholiques, comme << pieuse et conforme au culte Ecclésiastique, à la foi catholique, à << la saine raison et à la sainte Ecriture; et qu' ainsi il n'était per<< mis à personne de tenir ni de prêcher le contraire ».

Il est vrai qu'à la session 36 ce Concile n'etait plus oecuménique, mais il n'en est pas moins certain que cette doctrine était celle de la grande majorité des membres qui l'avaient proclamée.

Quoi qu'on pourrait penser d'ailleurs de cette décision, le Concile de Trente vint ensuite péser d'un poids immense dans la question toujours pendante depuis S. Bernard: il ne trancha pas, il est vrai, dogmatiquement la question, à cause des ménagements qu'il crut devoir prendre, devant l'invasion de la grande hérésie de ce siècle. Toute fois malgré sa réserve, les expression du Concile de Trente ne sauraient être assez étudiées et remarquées.

Il déclare en effet que « dans le décret qui regarde le péché oria ginel, son intention n'est pas de comprendre la Bienheureuse et << Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu; mais qu'il entend qu'à « ce sujet, les constitutions du Pape Sixte IV soient observées, sous « les peines qui y sont portées »>.

On voit par l'histoire de ce Concile que ce n'est que par prudence que les Pères se sont abstenus de se prononcer d'une manière plus expresse, en faveur de la croyance qui exempte la Sainte Vierge du péché originel; mais en vérité, leurs paroles sont presque une définition, puis qu'ils la déclarent Immaculée, Beatam et Immaculatam Virginem Mariam 2.

1 Voir le texte dans Lambruschini p. 25. Le P. Perrone p. 22.

2 Pal'avicini lib. 7, ch. 7.

Ce témoignage nous semble avoir, dans la question, une immense portée.

3. Décrets des Souverains Pontifes. Tout ce que nous en avons extrait et rapporté plus haut, en parlant de la fête, ne laisse aucunement douter de leur pensée sur le point de doctrine, et le P. Perrone, enumère à la fin de son opuscule 300 Diocèses, communautés religieuses et Eglises particulières, aux quels le S. P. Grégoire XVI a permis d'ajouter le mot Immaculata à la préface de la Conception, et 123 autorisations d'intercaler dans les litanies de la S. Vierge, l'invocation suivante: Regina sine labe concepta 1.

4.° Sentiment des fidèles. S. Augustin déclare que, pour faire regarder une chose comme vraie, il suffit que le sentiment commun ou moralement commun des fidèles l'assure et la crois tellę. Or cette condition manque-t-elle à la croyance de l'immaculée conception? Depuis que les Souverains Pontifes se sont expliqués, cette croyance ne s'est-elle pas développée avec un élan prodigieux, et aujourd'hui n'est-elle pas admise presque comme si elle avait été définie par l'Eglise 2?

D'un autre côté n'avons nous pas vu plus haut qu'elle était à peuprès la même, au siècle de S. Augustin? puisque quand les Pélagiens ne trouvaient plus rien à répondre au S. Docteur qui les pressait par les textes si absolus de l'Apôtre in quo omnes peccaverunt etc. les hérétiques se rejettaient sur la croyance des fidèles et lui reprochaient, pour affaiblir son raisonnement d'envelopper aussi dans cette proscription générale la Vierge Marie, ce qui, ajoutaient-ils, ne peut qu'offenser les oreilles et la piété chrétienne, quod aures christianae, scilicet christiana pietas non ferebant 3.

5. Les théologiens. Nous ne parlerons pas longuement, pour éviter de donner à cette discussion, une trop grande etendue, les théologiens qui ont succedé aux SS. Pères, dans la défense de la vérité

1 Pag. 248.

2 Lambruschini p. 121.

3 Perrone pag. 108.

Lett.

Vol. VII.

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catholique, quoique leur autorité soit bien respectable. On peut voir dans l'opuscule du cardinal Lambruschini, l'énumération qu'il en a faite et les extraits qu'il en a donnés; c'est une des parties intéressantes de son ouvrage 1.

Qu'il nous soit permis toutefois de faire remarquer que la France surtout a fourni son contingent dans ce concours des défenseurs de l'Immaculée Conception et que parmi ses théologiens célèbres nons pouvons présenter ses trois plus grandes lumières, le chancelier Gerson, un des hommes, sous le rapport de la science et du talent, les plus remarquables de son siècle; le P. Petau, cet insigne et profond théologien au jugement même du Card. Lambruschini 2 si versé dans l'étude des SS. Pères, et l'immortel Bossuet qui dans ses deux premièrs discours sur la Conception, a saisi et pénétré cette question de son coup d'oeil d'aigle 3.

Et à ce témoignage si imposant, n'oublions pas de joindre celui de la célébre Université de Paris, qui en 1496, ne balança pas d'obliger, par serment, ses membres à défendre la doctrine de l'Immaculée Conception sous peine d'exclusion et de perte de tous grades et priviléges. Le Cardinal Lambruschini s'arrête avec une telle complaisance sur cette autorité, qu'il reproduit en son entier la teneur du statut des docteurs de cette université sur cette question 4.

Quant aux théologiens qui ont traité ce point de doctrine, pris dan leur ensemble, nous ferons remarquer encore que depuis S. Bernard ceux qui ont été favorables a l'Immaculée Conception sont beaucoup plus nombreux que leurs adversaires et bien autrement recommandables par leur autorité, leur sainteté, leur talent.

2.° Que d'après S. Liguori, dans l'ordre même des Dominicains qui défendait l'opinion contraire, sur 92 théologiens de cette der

1 Pag. 80.

2 Pag. 106.

3 Bossuet, t. 15, p. 1.

4 Voir pag. 26.

nière opinion on en compte 137 du même ordre favorables à la doctrine de l'Immaculée Conception 1.

3. Enfin que déjà, sur la fin de dernier siècle, au témoignage de Bergier, les religieux dominicains tenaient généralement l'opinion commune; et ce retour de cet ordre célèbre à l'antique et vraie doctrine vient d'etre confirmé d'une manière bien solennelle dans l'Encyclique de Pie IX qui a motivé notre examen 2..

Toutes les autorités jointes à celles des Pères et de la S. Ecriture forment comme une faisceau de lumière qui éclaire singulièrement la question de l'Immaculée Conception..

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Après avoir exposé tout ce que la Sainte Ecriture, les Pères, la liturgie, les Conciles, les décrets des Souverains Pontifes et l'enseignement commun des théologiens offre de favorable à la doctrine de l'Immaculée Cconception, la commission a crû devoir terminer cette partie de son travail par l'examen de quelques difficultés qui n'ont pas trouvé place dans le cours de la discussion, et tel est l'objet de la conférence de ce jour.

1. Difficulté. Il est incontestable que J. C. a été le rédempteur de tous les hommes. Cette nécessité absolue de la rédemption pour tous ressort évidemment de la lettre et de l'esprit de la S. Ecriture. Or supposer Marie conçue sans péché c'est attaquer cette nécessité absolue de la rédemption et se mettre en opposition avec l'Écriture; donc il n'est pas vrai de dire que Marie a été exempte de la tache originelle.

1 Theol. mor. t. 7, p. 217.

2 Dict. théol, au mot Conception Immaculée.

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