écrits, c'est un témoin que dit pour et contre. Si vous le croyez quand il dit contre, je le crois encore mieux quand il dit pour, parce qu'il est plus convenable à la dignité de la Mère de Dieu, et que saint Bonaventure ayant été si particulièrement attaché à tout ce qui regardait son plus grand honneur, je ne puis pas douter qu'il n'ait plutôt penché de ce côté-là.

Ne me conseillez donc plus d'en demeurer là, de peur que si je m'avançais jusqu'à joindre les plus célèbres Docteurs des derniers siècles je ne trouvasse pas mon compte avec eux. Je veux bien vous mener plus loin, et j'espère que vous découvrirez tant de lumières qu'elles vous feront voir que votre cause est aujourd'hui en fort mauvais état. Vous souvient-il de la victoire qui Gédéon remporta contre les Madianites par le beau stratagème qui lui fut inspiré de Dieu ? Congédiez votre armée; ne retenez que trois cents hommes, c'est assez pour défaire la multitude innombrable de vos ennemis ; encore je ne veux pas qu'ils aient d'autres armes qu'une trompette dans l'une des mains, et dans l'autre une cruche de terre dans laquelle chacun cachera une lampe allumée; allez hardiment en cet équipage, environnez de toutes parts le camp des Madianites qui est étendu dans la vallée comme le sable sur la mer, et au milieu de la nuit que chacun embouche sa trompette, qu'il casse sa cruche et produise sa lumière, criant tout fortement vers le ciel: L'épée du Seigneur et l'épée de Gédéon. Quand ils entenderont tout d'un coup le bruit de tant de voix confuses, quand ils verront éclater à leurs. yeux cette armée de lumières, ils croiront que toute la milice du ciel est descendue pour combattre et que le Dieu des armées triomphe déjà de leur multitude; les uns mourront de frayeur, les autres s'enfuiront en désordre, les plus résolus mettront l'épée à la main et tueront leurs frères, et tandis qu'ils feront un carnage horrible les uns des autres, vous remporterez, sans souiller vos mains dans le sang, une pleine victoire par la lumière et par les trompettes.

Je licencie, si vous voulez, toute l'armée innombrable des forts qui ont combattu pour la Conception Immaculée de la Sainte Vierge depuis le premier siècle; je ne retiens que trois cents hommes,

ne

je veux dire trois cents ans, qui font les trois derniers siècles, semble-t-il pas que Dieu les a armés exprès de voix et de lumière, de science, de zèle et de piété pour faire éclater hautement, je dirai mieux, pour faire triompher glorieusement la vérité de la Conception Immaculée de Marie? Car, après avoir fait des progrès un peu plus lents dans les siècles qui ont précédé, ça été principalement dans les derniers qu'elle a commencé de régner plus absolument dans toute l'Église.

Il ne faut plus maintenant produire par nombre ceux qui la défendent, c'est par légions et par armées tout entières ; vous voyez de royaumes, des Universités, des Ordres religieux, des Églises innombrables depuis la Romaine, qui est la première, jusqu'à celles qui sont éloignés aux extrémités de la terre, tout cela crie tout d'une voix, non plus, l'épée du Seigneur, l'épée de Gédéon, mais la pureté incomparable de Marie, qui n'a jamais été salie par la tâche d'aucun péché ni mortel, ni véniel, ni originel. La Conception Immaculée de la Sainte Vierge, la Mère de Dieu, oui, la Conception Immaculée de la Très-Sainte Vierge Marie, les trompettes la font résonner, on en chante l'Office dans les églises, on en célèbre la Messe, on la prêche dans les chaires, on en fait la fête suivie d'une octave comme d'une des plus solennelles de toute l'Église, et si quelqu'un conserve encore dans son cœur quelque sentiment contraire, il faut qu'il le cache comme ces laideurs qui sont honteuses de se produire à la lumière, car personne n'oserait plus ni le publier, ni le soutenir même en particulier, après les défenses si expresses qui en ont été faites par les souverains Pontifes.

Que vous semble de cela ? Voulez-vous que je vous marque ici les noms de toutes les Universités de France, d'Espagne, d'Allemagne, d'Italie ? La fameuse Université de Sorbonne, celle de Toulouse, de Cologne, de Mayence, de Vienne, d'Ossone, de Salamanque, d'Alcala, de Palerme, de Messine ? Il faudrait presque compter toutes celles de l'Église catholique, qui se sont obligés de soutenir toujours la vérité de la Conception Immaculée de la Sainte Vierge. Voulezvous que je fasse une grande liste de tous les Docteurs qui l'ont en

seignée de vive voix et confirmée par écrit ? Vous nommerai-je les Ordres religieux qui en ont fait des décrets pour y obliger tous leurs religieux dans les chapitres généraux? Voulez-vous savoir le nombre des confréries érigées partout et la quantité des indulgences accordées par les Papes pour favoriser et pour augmenter la dévotion des Fidèles envers la Conception Immaculée de la Sainte Vierge? Vous verrez tout cela dans le livre que le père Balthazar de Riez, capucin, a composé sur l'éminent privilège de Marie en son Immaculée Conception.

Optimo ergo iure nos dicebamus priscos illos Ecclesiae Patres (si qui fuere), si ad hanc vivere potuissent aetatem, qua Immaculatae Conceptionis festum, auctore Ecclesia est constitutum, in nostram libentissime concessuros fuisse sententiam. Si namque Bernardus sup. laud. epist. 174, n. 5, ideo, ipsis etiam Scripturis tacentibus, indubitanter credidit Beatissimam Dei Matrem ante Sanctam quam natam, quia non fallitur omnino Sancta Ecclesia, Sanctum reputans ipsum nativitatis eius diem, et omni anno cum exultatione universae terrae votiva celebritate suscipiens; cur non idipsum tum Claraevallensis Abbas, tum caeteri Patres de ipsa etiam Conceptione Immaculata tenerent, quam ab eadem veritatis Magistra iisdem intuerentur ritibus, ac religionibus consecratam? Ut antiquitatis amantissimi ac divinorum oraculorum retinentissimi fuerint; nil tamen ipsis antiquius, aut persuasius; quam quod de ipsismet scribebat Angelicus 2, 2, q. 10, n. 12. 0. Maximam habet auctoritatem Ecclesiae consuetudo, quae semper est in omnibus aemulanda: quia et ipsa doctrina catholicorum Doctorum ab Ecclesia auctoritatem habet: unde magis standum est auctoritati Ecclesiae, quam auctoritati vel Augustini, vel Hieronymi, vel cuiuscumque Doctoris: nempe nos modo peropportune addere eadem possumus D. Bernardo, ipsimet Angelico Thomae, et Seraphico Bonaventurae: etiam dato, et non concesso, uti invicte demonstravimus, ipsos do cuisse sententiam nostrae contrariam, tamen non minus peremptorie exurgit Triumphus B. M. V. Matris Dei in originale peccatum.

V.

MOMENTA QUIBUS ASTRUITUR TRIUMPHUS

B. MARIAE VIRGINIS MATRIS DEI

IN ORIGINALE PECCATUM

DESUMPTA EX DECRETIS R. PONTIFICUM A SAECULO DECIMOQUINTO

USQUE AD SAECULUM DECIMU MNONUM

« Quin potius tradentes ad regna Coelorum « quos Pauli docentis adduxerit pietas, « intromittat Petri potestas. >>

ZACCARIA FRANCISCUS ANTONIUS, De Sensu librorum Liturg. in rebus theol., cap. VII, corol. 7, ex libell. orationum Gothico-Hisp., pag. 123, ubi instituitur çomparatio Petrum inter et Paulum.

Tertullianus, de Pudicitia c. 1, « Audio edictum, et quidem pe<< remptorium Pontifex maximus, Episcopus Episcoporum di«cit, etc..... » Inquiramus ergo diligenter quaenam sint illa peremptoria edicta a Pontificibus Maximis, ab Episcopis episcoporum prolata ad tuendam Immaculatam Conceptionem B. M. Virginis Matris Dei; et si nonnulla a nobis inveniantur utpote talia, per se patet debere nos confiteri eius Triumphum in peccatum originale....!

1. Quae ad institutionem, originem, progressum, atque discordias hinc excitatas ob Conceptionis festum in Ecclesiam invectum, hic sunt producenda, et quidem admirabimur quomodo inclaruerit in xv saeculo splendidius veritas Intemerati Conceptus B. Mariae, auctoritate facem praeferente in Constitutionibus Summorum Pon

tificum: cum isti cuncti a Sixto IV in posterum, exceptis Pio III, Marcello II, nec non Urbano VII, qui per unum dumtaxat mensem Petri cathedram tenuere, multas gratias, ac privilegia credentibus Immaculatam Conceptionem Virginis Mariae concesserint; nec quidem adest Romanus Pontifex ullus, qui contrariam amplexus sit opinionem, sed ut ordinatim procedamus, animadvertendum est cum hoc festum pluribus in locis celebraretur anno 1466. Sixtus IV illud sub ritu duplici minori Ecclesiae universali tradidit, sed cum haec per aureum calamum Benedicti XIV fuerint effuse occupata, ipsum audiamus: Nam ex laudato, loco citato, Sixtus IV, qui dum esset in Minoribus, tractatum pro Immaculata Conceptione scripserat, teste Wadingo de scriptoribus Ordinis Minorum, duas Constitutiones edidisse ipsum primum, unam anno 1476, Cum preexcelsa 1, in qua easdem indulgentias concessit iis, qui in festo Conceptionis Missam et Officium a se approbatum, et confectum a quodam Leonardo de Nogarolis Veronensi clerico, in quo praecipuus eius spiritus incumbit ad probandam Immaculatam Conceptionem, recitassent, aut Horis canonicis adfuissent, quas Urbanus IV, et Martinus V concesserat devote celebrantibus festum Corporis Christi. Verum cum Cavalieri Ioan. Mich. opera omnis liturgica etc., tom. 2, cap. XVIII, decret. III, n. IV, huiusmodi indulgentiae fuerint ut supra concessae Missam, et Officium dicentibus, aut audientibus «< iuxta piam, devotam, ac laudabilem ordinationem Leonardi

1 Auctoritate apostolica, hac in perpetuum valitura Constitutione statuimus, ⚫ et ordinamus, quod omnes et singuli Christi fideles; utriusque sexus, qui Missam ⚫et Officium Conceptionis eiusdem Virginis gloriosae.. ..... in die festivitatis Conceptionis eiusdem Virginis Mariae, et per octavas eius, devote celebraverint et ⚫ dixerint, aut illis Horis canonicis interfuerint: quoties id fecerint, eamdem pror« sus indulgentiam, et peccatorum remissionem consequantur, quam iuxta felicis recordationis Urbani IV in Concilio Viennensi approbatam, ac Martini V et alio

* rum R. Pontificum praedecessorum nostrorum Constitutiones consequuntur illi, qui Missam et Horas canonicas, in festo Corporis et Sanguinis D. N. 1. Christi a primis vesperis, et per illius octavas, iuxta Romanae Ecclesiae Constitutionem, celebrant, dicunt, aut Missae, Officio, et Horis huiusmodi intersunt, Const., quum praecxcelsa, an. 1476, »