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machication du tabac d'en user sobrement dans leur particulier s'ils veulent éviter une partie des inconvéniens dangereux, dont je leur ai parlé.

Oh! que les fumeurs sont laids et dégoûtans lorsqu'ils se montrent en public!

En France, l'an 1629, le tabac fut imposé un franc 10 sous par livre. Il s'appelait alors Petun.

S'il me reste encore quelque chose à dire aux fumeurs, c'est de ne jamais s'endormir le jour ou la nuit avec la pipe ou la cigale à la bouche, et surtout de ne point laisser, comme remède de petits cornets de tabac dans leurs narines pendant le sommeil; car bientôt ils éprouveraient toute la malignité de cette herbe malfesante;, ses parties subtiles, huileuses, caustiques occasionneraient une forte irritation dans la gorge. et dans la trachée artère; et le réveil serait suivi d'une toux sèche, pénible, opiniâtre, ét de grands vomissemens.

Si dans le courant de cet article j'ai pu déplaire un instant aux fumeurs et à leurs partisans de l'un et de l'autre sexe, j'espère qu'ils seront assez polis et assez bons pour me pardonner en faveur de l'intention et de mes utiles conseils. La politesse veut bien que l'on prenne

du ta

bac en société, même que l'on en offre une ou plusieurs fois, mais le tout avec précaution, et pourvu que la propreté soit inséparable du procédé. Néanmoins il ne faut plus en offrir à la même personne lorsqu'elle vous a refusé; récidiver dans le refus, c'est faire preuve de peu d'usage ou de peu de mémoire. O vous, priseurs insatiables qui répandez habituellement une partie de votre funeste poudre en la respirant, ménagez vos voisins! Et vous tous qui en avez encore le nez vierge, je vous conseille de ne pas contracter l'habitude de prendre du tabac pour ne point la rendre incommode et désagréable dans ses effets sans en retirer une grande utilité.

CHAPITRE XIV.

Il y a dans les cafés, parmi les habitués et les gens de passage, une sorte de politesse qui présente aux yeux de l'observateur une bigarrure remarquable. Les uns entrent le chapeau sur la tête, les autres y portent à peine la main, ceuxci l'ôtent tout-à-fait, ceux-là parlent bas, d'autres parlent haut ou baissent la voix d'un ton ; les dames de province font la révérence en en

trant; les politiques et les curieux accaparent tous les journaux et les cachent même pour ne rien perdre de leur avide curiosité; cependant ils en cèdent quand on leur en demande, mais c'est toujours avec peine et retenue. Monsieur, après vous le journal, est le compliment d'usage. Il est retenu ou oui, monsieur, c'est la réponse. Quelquefois même on ne répond rien ce qui n'est pas le plus poli de la chose.

On y voit des gens qui écoutent, qui observent ou pour eux ou pour d'autres. On en voit aussi d'une grande politesse, mais qui, par distraction, oublient leur chapeau pour celui d'un autre; quelques uns oublient également de payer leur demi-tasse ou leur mignotte. Ils sont coupables s'ils s'en font une habitude, avec le moyen de payer; mais ils sont malheureux et à plaindre quand leur distraction dérive de leur estomac sur un objet de besoin. Les petits marchands et les marchandes vous y importunent sans trop vous séduire. Ce ne sont guère que les provinciaux nouveaux débarqués qui se laissent prendre par le babil intéressé de ces brocanteurs et par les charmes de ces syrènes déguisées. Enfin dans les cafés on politique, on blâme on loue, on juge les auteurs, les ouvrages, les pièces tombées ou non, on donne des nouvelles,

on renverse les gouvernemens, on les rétablit, on gague des batailles; les militaires racontent leurs aventures de guerre ou d'amour; on y entre gris, on s'y enivre encore plus pour se dégriser; on se dispute quelquefois, on mange, on boit et tout cela présente souvent une confusion où l'on ne s'entend plus, et où la politesse souffre de terribles violations; car elle désirerait beaucoup qu'on respectât un peu plus ses principes, son caractère et qu'on ne parlât jamais trop haut pour ne pas troubler la lecture des voisins. Dans les cafés où l'on joue, le bruit et le mauvais ton dominent toujours, parce que les joueurs ne sont occupés que de leur intérêt ou de la passion qui les anime. Dans ceux où l'on joue et où l'on fume en même tems, c'est encore pire, et il faut avoir, de plus, un nez et des oreilles bien insensibles pour résister à toutes les attaques qui sont dirigées sur les organes de l'odorat et de l'ouie. Comment faire pour parer à tous ces inconvéniens? Je l'ignore. Mais je sais que les endroits publics, où la politesse ne règne pas, sont inabordables, et je fais des voeux pour que les hommes se respectent davantage dans leurs réunions formées pour leurs délassemens, leurs plaisirs et pour leurs inté

rêts.

O vous qui êtes sujet au public par votre rang, par votre place ou par votre profession, ouvrez votre porte à tout le monde sans distinction, et songez que le pauvre malheureux qui a besoin de vos bons offices, de votre ministère ou de votre protection, a souvent fait une lieue pour vous voir, et qu'il a bravé le mauvais tems pour arriver à votre portier. Toutefois s'il va jusqu'à votre antichambre, ne l'y laissez pas mourir d'ennui, de dégoût et de froid si c'est dans l'hiver; car on trouve quelquefois chez les riches une ladrerie qui égale leur indifférence et leur dureté. Cependant combien de gens se rendent coupables d'une conduite opposée à mes conseils Et comme ils réfléchissent peu sur la peine et le mal qu'ils vous font et sur le préjudice même qu'ils vous portent! Est-ce ainsi que l'on

peut bien s'acquitter de tous ses devoirs de citoyen et d'homme public? O déplorable civi~ lisation! Que tu es encore loin de ton véritable but! O politesse aimable qui en est la fille ! Que tu as encore à te plaindre de ton antique et bonne mère !

Les liens de l'amitié sont plus resserrés, plus aimables et durent plus long- tems lorsqu'ils sont soutenus par une politesse toujours prévenante. Il doit pourtant y avoir entre deux amis

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