PATROLOGIÆ CURSUS COMPLETUS SIVE LATINORUM, SIVE GRÆCORUM, RECUSIO CHRONOLOGICA ECCLESIÆ SÆCULA, A T*TONES ACCURATISSIMAS INTER SE CUMQUE NONNULLIS CODICIBUS MANUSCRIPTIS COLLATAS, PERQUAN AUCTORITATE IN ORDINE AD TRADITIONEM ECCLESIASTICAM POLLENTIBUS, AMPLIFICATA; GENESEOS USQUE AD NOVISSIMUM APOCALYPSIS, COMMENTATI SINT. PERTINENTIBUS COADUNATORUM. SERIES LATINA A TERTULLIANO AD INNOCENTIUM III Bibliothecæ eleri universæ, PETRUS ABÆLARDUS ABBAS RUGENSIS.' HILARIUS ET BERENGARIUS ABÆLARDI DISCIPULL. PARISILS IN VIA DICTA : AVENUE DU MAINE, 189, OLIM CHAUSSÉE DU MAINE, 127 1885 PETRI ABELARDI ABBATIS RUGENSIS OPERA OMNIA, JUXTA EDITIONEM PARISIENSEM ANNI 1626, SUPPLETIS QUÆ IN EA DESIDERABANTUR OPUSCULIS PARISIIS IN VIA DICTA : AVENUE DU MAINE, 189, OLIM CHAUSSÉE DU MAINE, 127. 1885 UCTORUM ET OPERUM QUI IN HOC TOMO CLXXVIII CONTINENTUR PETRUS ABÆLAUDUR. Col. 113 379 379 611 617 629 633 OPERUM PARS PRIMA. Epistolæ. OPERUM PARS SECUNDA. Sermones et opuscula ascetica. OPERUM PARS TERTIA. – Theologica et philosophica. in Epistolam ad Romanos. Carmina. APPENDIX AD OPERA PETRI ABÆLARDI. HILARIUS ET BERENGARIUS ABÆLARDI DISCIPULI. ad Carthusianos. PROLEGOMENA. NOTITIA HISTORICO-LITTERARIA. Histoire littéraire de la France, par des religieux bénédictins, tom. XII, pag. 86. Il est peu d'anciens écrivains dont l'histoire ait fourni plus de matière aux satires et aux apologies que le fameux Abailard. Les censeurs de ses écrits le réprésentent comme un philosophe téméraire, qui voulot corrompre, par les subtilités d'une fausse dialeciique, la majestueuse simplicité de nos dogmes. Ses apologistes prétendent, au contraire, qu'appuyé sur les règles d'une saine logique, il introduisit l'ordre et la méthode dans la théologie, qu'il en épura les principes, qu'il en sonda les profondeurs par des précisions où la pénétration de ses adversaires ne pouvait atteindre. D'autres, ne s'attachant qu'à ses meurs, le peignent comme un philosophe mondain, victime de la volupté dont il traina, selon eux, l'impression stérile, ainsi que les marques flétrissantes, jusque dans les retraites sacrées où la honie et le désespoir l'avaient obligé de se confiner. Ceux-ci trouvent aussi des contradicteurs, lesquels, avouant les premiers désordres d'Abailard, soutiennent qu'il les répara par une conversion éclatante et sincère. Notre devoir est d'examiner sans partialité ces différentes opinions, et d'en tirer, à la lumière d'une critique équitable, ce qui nous paraîtra de plus conforme à la vérité. C'est ce que nous nous proposons de faire dans cet article. Histoire de la vie d'Abailard. Pierre Abélard, ou Abailard (1), fils de Bérenger et de Lucie, distingués l'un et l'autre par leur noblesse naquit l'an 1079, au Palets (2) dans le comté de Nantes. Son père, qui avait pris quelque teinture des letires avant d'embrasser la profession des armes, régla sur ce plan l'éducation de ses enfants, et fit précéder les exercices militaires, auxquels il les destinait, par la culture de l'esprit. Abailard, qui était l'ainé (3), reçut un gage de prédilection dans le soin particulier qu'on prit de ses études; il avança rapidemeni dans la carrière des lettres. Arrivé à la dialectique, le dédale épineux de cette science captiva son esprit, naturellement ami des détours et des subtilités. Le charme alla si loin qu'il sacrifia, dit-il. Mais à Minerve, et la gloire qu'il pouvait acquérir par les armes, au désir de se faire un nom dans les disputes du Lycée. Plein de cetie idée, il quilla son pays à l'âge d'environ seize ans, et se mit à parcourir différentes contrées, s'arrêtant partout où il y avait des dialecticiens, entrant en lice avec eux, et leur laissant toujours des marques de son habileté. Ses courses philosophiques le conduisirent au bout de cinq ans à Paris, où il trouva des champions avec lesquels il n'osa d'abord se mesurer. Le plus célèbre d'entre eux était Guillaume de Champeaux, modérateur de la principale école. Abailard s'étant présenté à lui pour avoir permission de venir l'entendre, fit preuve en cette occasion d'un mérite qui éblouit le professeur et l'enchanta. Non seulement il consentit à l'admettre comme disciple dans son école, il voulut encore l'avoir comme ami dans sa maison. Tant de faveur, que le flegme de la philosophie aurait dû, ce semble, modérer, enfla le coeur du jeune homme, et le fit bientôt sortir des bornes de la subordination. Il entreprit de s'égaler à son maître, et combatiit ouvertement ses opinions. Cette conduite ingrate et téméraire ayant irrité Guillaume de Cuampeaux, il fallut se séparer. Abailard congédié partit pour Melun, alors une des résidences de la cour, dans le dessein d'y ouvrir lui-même une école de philosophie. Il en vint à bout malgré les traverses qu'on lui suscila. Là s'étant déclaré l'antagoniste du philosophe de Paris, il prit à tàche de ruiner sa doctrine et sa réputation. Pour cet effet, il envoyait ses écoliers de temps en temps provoquer à la dispute ceux de Champeaux; et ces escarmouches, à l'entendre, finissaient toujours à l'avantago des siens. Mais comme l'éloignement des deux écoles faisait languir le combat, il transporta la sienne à Corbeil, afin de rendre les assauts plus vifs et plus fréquents Au milieu de ces prouesses une maladie, causée par l'excès du travail, l'obligea d'aller respirer l'air natal. A son retour il trouva Guillaume de Champeaux qui enseignait dans le cloître du nouveau monastère de Saint-Victor, sous l'habit de chanoine régulier. Cette métamorphose inattendue le surprit et le toucha. Il alla trouver son maitre, le pria d'oublier ses incartades, et ne fit pas même difficulté, quoique âgé d'environ trente ans, de se remettre sous sa discipline. Mais la différence de leurs sentiments, doni ni l'un ni l'autre ne voulait se départir, ne tarda pas à causer une nouvelle rupture. Guillaume soutenait l'Universel a parte rei, que Bayle (4) qualifie sans fondement un spinosisme non développé. Abailard, zélé nominal, fii revivre ses premières objections, renforcées de nouveaux syllogismes. Alors il pressa, dit-il, son (1) Sur les différentes manières de prononcer son nom, voyez les notes sur les Jugements des savants, tom. I, p. 326, et le P. Niceron, tom. IV, p. 1 et suiv. (2) En latin Palatium. C'est de là qu'il a été souvent nommé Petrus Palatinus, ou Peripateticus Pa latinus. (3) M. Joli, dans ses remarques sur le Dictionnaire de Bayle (p. 10) a mis dans la plus grande évidence l'ainesse d'Abailard, contestée par quelques critiques. (4) L'accusation de Bayle contre l'opinion de Champeaux est très bien réfutée dans les Mémoires de Trévoux, an 1758, p. 2248. PATROL. CLXXVIII. 194 |