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Réfutation du

surtout le fol. 168 verso (1) et le chapitre entier du livre de la Division sur le tout et les parties (2). Ces documents réunis font connaître suffisamment l'opinion d'Abélard sur l'école réaliste, considérée dans ses deux grandes divisions, et nous croyons pouvoir passer à l'argumentation de notre auteur contre l'école nominaliste. Nous l'emprunterons encore au manuscrit de SaintGermain.

Cette argumentation est bien plus brève que nomiualisme. celle dont nous venons de rendre compte; on s'aperçoit qu'elle est dirigée contre une école qui est loin d'avoir la même puissance et le même crédit que la première. Toutefois, la formule qui revient sans cesse : Exponunt.... dicunt.... ipsi qui hanc sententiam tenent, etc., fait assez voir que cette école n'était pas tout entière dans Roscelin; et c'est ce qui nous a empêché, en parlant de ce dernier, de lui attribuer toutes les propositions nominalistes ici mentionnées; mais il est probable que la plupart lui appartiennent, et certainement le fond de toutes lui appartient. On y reconnaît l'esprit d'indépendance qui caractérise l'école nominaliste. Elle ne craignait pas d'affirmer que, si Aristote et Boëce ne sont point allés jusqu'au nominalisme, c'est que, par dissimulation et par mensonge, ils n'ont pas osé proclamer cette

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conséquence de leur doctrine; et elle soutenait que toutes les expressions d'Aristote et de Boëce qui ont une apparence réaliste ne sont que des figures sous lesquelles est véritablement renfermé le nominalisme. Voici ce morceau dans son intégrité :

« Examinons (1) cette opinion suivant laquelle << les genres et les espèces ne sont pas des choses, << mais des mots, universels et particuliers, pris «< comme prédicats et comme sujets. »

« L'autorité affirme que les genres et les espèces << sont des choses. Boëce dit dans son second com«< mentaire sur Porphyre (a) : « On ne doit enten«< dre par espèce qu'une conception recueillie en << vertu d'une ressemblance substantielle sur une « multitude d'individus dissemblables; par genre, << une conception qui résulte de la ressemblance

(1) Mss. de Saint-Germain, fol. 44 recto, c. 11; 44 verso, c. 1. De l'édition in-4o, p. 522-524. « Nunc illam sententiam quæ voces solas genera et species universales et particulares prædicatas et subjectas asserit et non res, insistamus. >>

« Res quidem genera et species esse auctoritas affirmat et Boethius qui in secundo commentario super Porphyrium : << Nihil aliud species esse putanda est, nisi cogitatio collecta ex individuorum dissimilium numero substantiali similitudine; genus vero collecta cogitatio ex specierum similitudine. » Quod autem has similitudines res appellet, paulo superius aperte demonstrat : «< sunt igitur hujusmodi res in corporalibus atque in sensibilibus. Intelliguntur autem præ

(a) Boeth. in Porphyr., pag. 56.

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que

« des espèces. » Que ces ressemblances soient appelées par lui des choses, c'est ce démontre <«< clairement un passage qui se trouve un peu plus <«<< haut: « Il y a donc des choses de cette nature << dans les objets corporels et sensibles, mais elles << sont conçues indépendamment des objets sen<«<<sibles. » Le même Boëce dit encore dans son «< commentaire sur les Catégories (a) : « Puisqu'il «<y a dix premiers genres des choses, il fallait qu'il y eût aussi dix mots simples que l'on pût appliquer aux choses simples. » Mais nos adver<< saires entendent par genres des manières de parler (b). Cependant Aristote, dans l'Interpré<«<tation (c), reconnaît des choses universelles :

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*

ter sensibilia. » Item idem Boethius, in commentario super Categorias, dicit : «< quoniam rerum decem genera sunt prima, necesse fuit decem quoque esse simplices voces quæ de simplicibus rebus dicerentur. » Hi tamen exponunt genera, id est manerias. Quasdam autem res universales ait Aristoteles in Peri ermenias : « rerum aliæ sunt universales, aliæ sunt singulares. » Hi tamen exponunt rerum, id est vocum. Boethius quoque in commentario super Catego<«< cum dico animal, talem substantiam significo quæ

rias :

(a) Boeth. in Prædicam., pag. 113. · (b) « Hi tamen exponunt genera, id est manerias. » Faute de passages analogues, il est trèsdifficile de déterminer avec certitude le sens du mot manerias, et nous ne donnons notre interprétation que comme une conjecture. — (c) Aristot. edit. B, t. 11, de Interpret., pag. 23.

-* Cod. tantum.

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<< Parmi les choses, les unes sont universelles, les << autres sont singulières. » Mais ils expliquent «< choses par mots. Nous lisons encore dans le «< commentaire de Boëce sur les Catégories (a): Quand je dis animal, je désigne une substance «< qui s'affirme de plusieurs. » Cette autorité af<< firme donc qu'il y a des universaux, puisqu'elle parle d'une chose affirmée de plusieurs; ce qui « est la définition de l'universel. Que ce soient " aussi des choses que l'on prend pour prédicats « et pour sujets, c'est ce que Boëce atteste en ces << termes, dans les Hypothétiques (b): « La proposition catégorique énonce que la chose dont « elle fait le sujet, prend le nom de celle qui est «<le prédicat. >> Ne pouvant donc nier avec quel<«< que raison des autorités si formelles, ou bien

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de pluribus prædicatur. » Hæc auctoritas res esse universales asserit, cum dicat : de pluribus prædicari, quæ est diffinitio universalis. Quod autem res et prædicatæ et subjectæ sint, dicit Boethius in Hypotheticis, his verbis : « Itaque prædicativa rem quam subjicit prædicatæ rei nomen suscipere declarat. « His autem tam apertis auctoritatibus rationabiliter obviare non valentes, aut dicunt auctoritates mentiri, aut exponere laborantes, quia excoriare nesciunt, pellem incidunt. »

«< Item voces nec genera sunt nec species nec universales

(a) Boeth. in Prædicam., pag. 131. (b) Boeth. de Syllog. hypoth., , pag. 607.

Cod. addit. et prædicari cum dicat de pluribus prædicatur.

<«< on accuse l'autorité de mensonge, ou bien en « s'efforçant de l'expliquer on lui fait violence et « on l'écorche. >>

<«< Les mots ne sont ni des genres ni des espèces, << ni universels ni singuliers, ni prédicats ni sujets, puisqu'ils ne sont aucunement; car ce qui <«< est purement successif ne forme pas un tout « réel; nos adversaires sont d'accord avec nous << sur ce point. Si donc les mots ne sont pas, ils «< ne sont ni genres ni espèces, ni universels ni << singuliers, ni prédicats ni sujets. Mais ils disent << qu'en tout cela l'autorité ne s'est pas trompée, << mais qu'elle a menti. En outre, de même que la << statue est composée d'airain, qui en est la ma<< tière, et d'une figure, qui en est la forme, de « même l'espèce a pour matière le genre et la dif

«

nec singulares nec prædicatæ nec subjectæ, quia omnino non sunt. Nam ex his quæ per successionem fiunt, nullum omnino totum constare ipsi qui hanc sententiam tenent, nobiscum credunt. Si ergo non sunt nec genera nec species nec universales nec singulares nec prædicatæ nec subjectæ, et in omnibus his dicunt auctoritatem mentitam, sed non deceptam esse. Amplius : quemadmodum statua constat ex ære materia, forma autem figura, sic species ex genere materia, forma autem differentia, quod assignare in vocibus impossibile est. Nam cum animal genus sit hominis, vox vocis nullo modo est altera alterius materia; nam neque in qua sit neque sit. Nam de hac voce animal non fit hæc vox homo,

de

*

qua

Cod. sicut.

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