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28. En regard et à l'extrême opposé de la doctrine pélagienne, qui rejette absolument le péché originel avec toutes ses conséquences, nous trouvons les vues et les doctrines soutenues par les réformateurs du xvie siècle. D'après Calvin, la chute a complétement détruit dans l'homme la liberté et toutes les facultés spirituelles (1); toute sa nature n'est que concupiscence et semence de péché (Inst. 11, 1, n. 8), et ainsi tout ce qu'il fait n'est rien que péché (ib. n. 9). Luther enseigne aussi qu'il n'est resté dans l'homme ni libre arbitre, ni puissance quelconque, pour tout ce qui tient à l'ordre du salut (2); que toute force

potuit. Scilicet nunc mihi puerilibus declamatiunculis ludendum est, et a culice atque formica usque ad Cherubim et Seraphim veniam, cur non singula in meliori statu condita sint. Quumque ad excelsas venero potestates, causabor et dicam : quare Deus solus tantum Deus sit et non omnia deos fecerit. Aut enim impossibilitatis juxta te, aut invidiæ reus erit. Reprehende eum, cur et diabolum in hoc mundo esse concedat, et aufer coronam, quum certamen abstuleris. Adv. Pelag. 1. 11. n. 5. T. iv. P. 11. p. 535. ed. Mart.

(1) Inst. 11, 2. dans le titre : Hominem arbitrii libertate nunc esse spoliatum et miseræ servituti addictum. Ibid. n. 1. Nimis etiamnum commendantur vires nostræ, dum baculo arundineo comparantur.

(2) Cæterum erga Deum, vel in rebus quæ pertinent ad salutem, non habet liberum arbitrium, sed captivus subjectus et servus est vel voluntatis Dei, vel voluntatis Satanæ. De serv. arbitrio ad Erasm. fol. 178. T. 111. ed. Jen. Quod autem de miraculis dixi, idem de sanctimonia dico. Si poteritis in tanta serie sæculorum, virorum, et omnium quæ memorasti, ostendere unum opus (sit etiam levare stipulam de terra) aut unum verbum (sit etiam syllaba my) vel unum cogitatum ex vi liberi arbitrii (sed vel tenuissimum suspirium),

spirituelle dans l'homme a été non pas seulement. détériorée, mais totalement anéantie (1); que l'image divine a été effacée en lui de façon à n'y laisser aucune trace (2); que tout l'être de l'homme n'est que péché, et que toute son activité va au péché (3) et au péché mortel. Au reste, à parler strictement, Adam ne pouvait, au point de vue de Luther, perdre par la chute son libre arbitre, puisqu'il n'en avait, ni n'en pouvait avoir; Luther s'étant fait de la prescience divine une idée qui rend impossible a priori

quo vel applicuerunt se ad gratiam, vel quo meruerunt spiritum, vel quo impetraverunt veniam, vel quo aliquid cum Deo egerunt, quantumvis modiculum (taceo, quo sanctificati sint), iterum victores vos estote, et nos victi, ex vi (inquam) et nomine liberi arbitrii. Ibid. fol. 179. Aug. Confess. Apol. Art. vII. n. 73. Form. Concord. Epit. Solid, declar. 1. de lib. arbit.

C. XVIII.

Art. 1. Affirm. c. 1. n. 2. n. 1. 2. 3.

(1) Je dis donc que les puissances spirituelles ont été non pas seulement altérées, mais entièrement et totalement détruites par le péché, dans les hommes aussi bien que dans les démons; en sorte qu'il ne nous reste plus qu'une intelligence corrompue, qui ne pense et ne s'applique à rien autre chose qu'à ce qui est contraire aux commandements de Dieu. Propos de table, c. x. § 4.

(2) Solid. declar. 1. de Pecc. orig. § 9. Docetur, quod peccatum originis sit horribilis defectus concreatæ in paradiso justitiæ originalis, et amissio seu privatio imaginis Dei.

(3) Melanchthon. loc. comm. de pecc. act. et de peccat. discrim. Luther. Nous disons donc que même les meilleures pensées, dans le sens du service ou de la volonté de Dieu, ne sont que ténèbres et aveuglement. Propos de table, c. x. § 3.

Les œuvres de l'homme, quelque bonnes et belles qu'elles puissent être, ne sont, à tous égards, que des péchés mortels. Dispute d'Heidelberg, 1518. Thèse III.

toute liberté dans la créature (1). La formule de concorde, expression de la doctrine luthérienne dans la forme la plus rigoureuse, réduit l'homme, quant aux choses spirituelles, à l'état d'une souche ou d'une pierre (2).

Calvin s'exprime au sujet de la corruption de l'homme en termes tantôt plus durs, tantôt plus modérés. Il dit dans un endroit que l'image de Dieu dans l'homme a été presque entièrement détruite par le péché (Inst. 1, 15. § 14); ailleurs, il dit simplement qu'elle y a été anéantie (Inst. III, 2, n. 12); que toute liberté a été perdue (Inst. II, 2, dans le titre); que toutes les facultés spirituelles ont été éteintes en lui (Inst. 11, 2, n. 12; ш, 29, n. 2); que c'est beaucoup trop encore de les comparer à un roseau (ibid. 1, 2, n. 1); que l'homme possède sans doute l'intel

(1) Est itaque hoc imprimis necessarium et salutare Christiano, nosse quod Deus nihil præscit contingenter, sed quod omnia incommutabili et æterna infallibilique voluntate et prævidet et proponit et facit. Hoc fulmine sternitur et conteritur penitus liberum arbitrium. Ideo qui liberum arbitrium volunt assertum, debent hoc fulmen vel negare, vel dissimulare, aut alia ratione a se abigere. De Serv. arbit. ad Erasm. T. III. fol. 170. Jen. Si enim dubitas aut contemnis nosse, quod Deus omnia non contingenter, sed necessario et incommutabiliter præsciat et velit, quomodo poteris ejus promissionibus credere, certo fidere et niti? Ibid. fol. 171.

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(2) Ex sesc et propriis naturalibus suis viribus nihil inchoari, operari aut cooperari potest, non plus quam lapis, truncus aut limus. Solid. decl. 11. de lib. arbit. § 21. ther. Notre volonté est purement passive, et n'agit en aucune façon dans l'œuvre de sa conversion. Propos de table, c. x. $ 8.

ligence et la volonté, qui le rendent capable de connaître les arts et les sciences (ibid. 11, 2, § 15), qu'il a même comme des éclairs de connaissance de Dieu (ibid. 11, 2, § 12), mais que c'est Dieu qui les lui donne afin de pouvoir le condamner (1); que l'homme est corrompu d'outre en outre, qu'il ne veut rien que le mal (2), que sa nature n'est que concupiscence (ibid. 11, 1, n. 8); que tout ce qui est en lui, est péché (3); que tout ce qu'il fait, est péché (ibid. 111, 2); que toutes ses vertus sont des vices (ibid. 1, 5, n. 19).

Les confessions des réformés se rapprochent de Calvin les unes de plus près, les autres de plus loin. Quelques-unes disent que l'homme est entièrement corrompu (4), d'autres se bornent à dire que son état de corruption est tel, qu'il ne saurait rien faire de bon (5). La confession belge reconnaît à l'homme quelques faibles traces de ses facultés primitives (c. xiv), et la première confession helvétique rejette la comparaison luthérienne de l'homme avec une

(1) Præbuit quidem illis Deus exiguum divinitatis suæ gustum, ne ignorantiam impietati obtenderent, et eos interdum ad dicenda nonnulla impulit, quorum confessione convincuntur. Inst. II, 2. $ 18.

(2) Cor peccati veneno ita penitus delibatum, ut nihil quam corruptum fœtorem efflare queat. Inst. 11, 5. n. 19. Ac proinde quidquid ab eo procedit, in peccatum imputari. Ibid. n. 9.

(3) Quidquid in homine est, peccatum est. Inst. 11, 1.

n. 8.

(4) Conf. Gallic. c. x. xi.

Conf. Scot. Art. 111.

(5) Conf. Helo. II. c. XIII. III. c. II. — · Conf. Anglic. Art.

IX.

souche ou une pierre, déclarant que c'est là une crreur manichéenne (c. ix. Cf. Syn. Dordr. Exp. Doctr. c. in et iv, n. 4. 16).

D'après Zwingle, l'homme est tout entier nuit et ténèbres (1); toutes ses pensées et toutes ses actions sont des péchés (2). OEcolampade enseigne aussi que, comme tout ce que Dieu fait est bon, quelque mauvais qu'il paraisse être, de même tout ce que l'homme fait est mauvais, quoiqu'il paraisse bon (3); il dit ailleurs que toutes les bonnes œuvres de l'homme sont des péchés, et toutes ses vertus des vices (4). Bucer tient tout à fait le même langage.

29. [Parmi les suites du péché originel, il faut signaler encore le penchant au péché, que l'Écriture

(1) Qui totus caligo est et tenebræ, imo qui mortuus est, qua ratione fieri potest ut aliquid Deo dignum gerat. De canone Missæ epichiresis. T. 1. p. 96.

(2) Quod si inter fideles invenias, qui négent gloriæ compendiique privati studio omnia ab homine fieri, jam pro explorato habeas, ipsos fideles non esse, sed carnales peccatique mancipia..... fixum tamen ac immotum stat, quod omnia cujusvis hominis consilia peccatum sunt, quatenus ut homo consulit. Ver. fals. relig. p. 171. vol. 111.

(3) Quamvis enim ratio nostra relatret et non intelligat, concurrit tamen cum sanctissima et justissima Dei voluntate peccatrix nostra voluntas et nos propter peccata nostra sumus inexcusabiles et Dei puritas salva manet. Etenim opera mala, quatenus a Deo fiunt, jam non mala, sed bona sunt, sicut et opera in specie bona, quatenus a nobis, in nobis et per nos fiunt, quibus est saucia originali peccato natura, verissime mala sunt. In Jes. 1. 111. fol. 72.

(4) Peccatum est, quidquid fiat; etiam virtutes illæ philosophicæ peccata sunt. In Jes, l. IV. fol. 123.

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