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mais viens-je vous défendre des largesses envers ceux qui les méritent? Vos domestiques aussi vous servent avec zèle...

LE BARON.

Je leur laisserai une pension.

MADAME OSMOND.

Ah! voilà qui va bien, M. le baron! songez qu'un dernier acte peut vous absoudre.

LE BARON.

Oui, chère Osmond, vous serez satisfaite : vous valez mieux que moi.

MADAME OSMOND,

Allons, je le sens, vous vous portez mieux.

LE BARON.

Chère madame Osmond, et vous? vous seule, serez-vous exclue?...

MADAME OSMOND.

Moi seule n'ai-je pas mon fils?...

LE BARON, avec ravissement.

Oui, qu'Alfred soit enfin notre fils... je le veux... La comtesse a fait appeler un notaire; qu'on le conduise auprès de moi.

MADAME OSMOND.

Nous n'avions pas besoin d'attendre. La comtesse l'amène.

SCÈNE IX.

LES PRÉCÉDENTS, LA COMTESSE, DUPRÉ,
ERNEST, ALFRED.

LE BARON.

Comtesse, monsieur est-il notaire?

LA COMTESSE.

Notaire royal, mon cher beau-frère, et de plus honnête homme.

LE BARON.

Monsieur, je veux faire mon testament.
LA COMTESSE, à part.

Qui l'a donc si merveilleusement disposé?...

ERNEST.

Je suis ravi de voir mon oncle se livrer gaîment à cet acte solennel.

DUPRÉ.

M. le baron, on ne meurt pas pour cela.
MADAME OSMOND, à Alfred, d'un ton imposant.
Mon fils... venez ici près de moi, là, ne me
quittez pas.....

Asseyons-nous.

LE BARON.

ALFRED, à madame Osmond.

Qu'y a-t-il donc, ma mère, et pourquoi

suis-je ćmu?

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LE BARON, à Dupré.

Monsieur, je suis resté garçon, cependant...

LA COMTESSE, a Ernest.

Que va-t-il dire?

LE BARON.

J'ai un fils...

DUPRÉ.

Un enfant naturel.

LE BARON.

C'est cela même.

ALFRED, à part.

Je tremble...

LE BARON.

J'ai la ferme volonté de le reconnaître, avant toute chose, pour mon fils.

Ciel!

ERNEST, à sa mère.

LA COMTESSE, à son fils.

Gardez le silence, rien n'est encore fait.

LE BARON.

Vous l'entendez, chère comtesse, je veux reconnaître ce fils dont je vous ai parlé.

LA COMTESSE.

Mon frère, c'est agir en brave homme.

LE BARON.

Veuillez donc, M le notaire, me faire con

naître la loi qui m'autorise...

DUPRÉ.

L'art. 334 du Code civil s'exprime ainsi, M. le baron: La reconnaissance d'un enfant naturel sera faite par un acte authentique, lorsqu'elle ne l'aura pas été dans son acte de naissance.

LE BARON.

Voilà d'abord l'acte qu'il faut rédiger,

MADAME OSMOND, d'un ton'solennel.

Un moment... Alfred, vous entrez dans cet âge où la femme qui est votre mère ne doit plus prétendre à faire entendre une voix toute-puissante; homme, vous vous croirez le droit d'agir au nom de votre raison... puisse-t-elle ne jamais vous faire oublier les principes pieux sur lesquels j'ai basé votre éducation. Je n'ai qu'un ordre à vous donner, un dernier...

ALFRED, extrêmement ému.

Que se passe-t-il en moi? J'obéirai, ma mère....

MADAME OSMOND, de même.

Agenouillez-vous à cette place, et répétez mes paroles. (Alfred s'agenouille sans savoir ce qu'il fait.) Mon Dieu! pardonnez-nous nos offenses, » comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Bien! relevez-vous. (En montrant le baron. Voilà votre père.

Dieu !

ALFRED.

LE RARON.

Alfred, mon fils, es-tu fâché?

ALFRED, au comble du désespoir, à part.

Adieu, les rêves de ma vie! Sophie, combien je vous aimais!

MADAME OSMOND.

Alfred de Cérigny...

LA COMTESSE, à Ernest.

C'est trop fort!... encore un Cérigny.

ERNEST, à sa mère.

Nous sommes joués, ma mère.

LA COMTESSE, de même.

Silence, mon fils.

MADAME OSMOND, à Alfred.

Souvenez-vous, dans toutes les actions de votre vie, de la grande leçon qui se donne ici. (Au notaire.) Monsieur, vous pouvez procéder à l'acte de reconnaissance de mon fils.

DUPRÉ.

Vous étiez, au moment de la naissance, fille ou veuve?...

MADAME OSMOND, d'une voix altérée.

Pourquoi cette question, monsieur?

DUPRÉ.

C'est qu'à la suite de l'art. 334 nous avons l'art. 335, ainsi conçu : « Cette reconnaissance

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