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Votre aveu ne me surprend pas.... Mais, ma fille....

LAURENCE.

Ah! ne te fâches pas; tu m'as dit que tu l'aimais aussi.... Eh bien! je n'ai pas plus de torts que toi....

GERTRUDE.

Il est vrai que je l'aime, mais comme on doit aimer un honnête homme. Les secours qu'il a donnés à votre père, sans le connaître, lorsqu'il se trouvait dans un péril certain; ceux qu'il lui a prodigués ensuite, dans ce triste réduit, lui ont mérité notre estime et notre amitié... De pareils traits sont rares !.... Mais vous êtes jeune et sans expérience.... Je ne vous dissimule pas que vos sentimens sont d'une toute autre nature que les miens.... Vous, Laurence, a dix-sept ans !.... Le diraije?... C'est de l'amour....

LAURENCE.

De l'amour!... O oui, Gertrude, c'est cela... Je le sens dans mon coeur agité, je n'aimerai jamais que Frederick....

GERTRUDE.

Ne vous flattez pas si légèrement, en pensant à une union que la fortune ne vous permet pas d'espérer.... Cessez, croyezmoi, de vous abuser, par cette idée chimérique.... Votre père ne doit pas tarder à revenir, je vais préparer notre repas sous ces arbres....

LAURENCE.

Je puis compter sur ta discrétion ?

GERTRUDE.

Et moi sur votre sagesse.... ( à part, en s'en allant). Cette chère enfant !....

SCÈNE II.

LAURENCE seule.

(Pendant cette scène, Gertrude prépare la table). Hélas! ma nourrice a beau me blâmer, je sens trop qu'elle ne pourra m'empêcher d'aimer Frédérick.... Il me dit si joliment qu'il m'aime.... Et puis n'a-t il pas sauvé la vie à mon père ?.... Pouvais-je être ingrate, et suis-je donc coupable, si, sans le vouloir, le sentiment de la reconnaissance n'a précédé dans mon coeur, que de quelques instans, celui de Tamour!.... J'apperçois quelqu'un à l'entrée du bois.... Je ne me trompe pas.... Oui, c'est mon père.... (elle regarde plus attentivement ). Frederick Faccompagne !.... Le coeur me bat.... Je ne sais pourquoi j'éprouve ce tremblement, aussi tôt qu'il s'approche de moi.... (elle fait quelques pas en arrière).

SCENE III

LAURENCE, WINSTON, FRÉDÉRICK, en habit

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de chasse.

WINSTON à Frédérick.

Oui, jeune homme généreux! je vous le répète, il n'est pas de jour que ne n'adresse de vœux au ciel pour votre prospérité. FRÉDÉRICK.

Tous les hommes se doivent mutuellement des services. Je suis trop heureux d'avoir pu vous être utile, et de posséder Votre estime.

LAURENCE.

Laurence vient rendre à son tendre père, le baiser qu'il lui a donné ce matin.... à Frédérick. Bon jour, M. Frédérick, remettez-moi cette besace, elle a du vous fatiguer....

FRÉDÉRICK.

Aimak's Laurence, la jeunesse gagne des forces, en soulageant la vieillesse.

WINSTON.

Ah Frédérick! il faut se taire et vous admirer; viens, ma fille, je ne tiens plus à la vie que pour toi.... (il l'embrasse). Et vous, jeune homme, témoin du plaisir que je goûté; vous à qui je dois la conservation de mes jours, je veux aussi vous en faire partager les charmes : un baiser donné par l'ami de l'humanité, ne peut faire rougir le front de l'innocence. ( il présente sa fille à Frédérick qui l'embrasse).

LAURENCE et FRÉDÉRICK.

Oh! le bon père !

LAURENCE à son père. venez vous reposer; la table est mise,

Gertrude apprête notre frugal repas.... Vous le partagerez avec nous, n'est-ce

pas,

M. Frédérick?

FRÉDÉRICK.

De tout mon cœur.... Les mets les plus simples, servis par Votre main, deviennent délicieux.

WINSTON.

De la galanterie !.... Allons, Frédérick, il ne vous manquait que cela pour avoir le caractère d'un français.... Au fait, à la chasse depuis ce matin, vous devez avoir bon appétit; je suis fâché de ne pouvoir mieux vous traiter.

FRÉDÉRICK.

Je me suis éloigné de nos chasseurs, pour avoir le plaisir de vous voir. Je vous ai rencontré dans la forêt, et je m'en félicite.

Allons

SCENE IV.

Les Précédens, GERTRUDE.

GERTRU DÉ.

, asseyons-nous........ Ah! bon jour M. Frédérick....

FRÉDÉRIC K.

Bon jour Bonne Nourrice...

WINSTON à Gertrude.

Vous ne serez pas mécontente; vous voyez que je reviens de bonne heure, et j'amène notre généreux ami......

GERTRUDE.

C'est doubler mon plaisir.... (Elle fixe Frédérick) et le sien sans doute.

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....

Disons qu'il est commun entre nous. (elle offre des mets. GERTRUDE, ( après avoir versé à boire).

Allons, à votre bien venue, Messieurs....

WINSTON.

Toujours les mêmes soins, ma bonne Gertrude.....
ERÉDÉRICK.

Au rétablissement de M. Winston; et puisse son aimable fille jouir bientôt d'un bonheur sans nuages.

LAURENCE, avec double intention).

Ah! si le vôtre pouvait dépendre de moi, vous n'auriez rien à désirer....

WINSTON,

Oui, mes amis, réunissons toutes ces santés, elles sont les Voeux de nos coeurs.... (Ils boivent ), cet entretien me fait répandre des larmes, bien douces assurément.... Cependant je ne suis point ennemi de la gaité, et sans mes cruels souvenirs....

GERTRUDE.

Tachez donc, monsieur, de bannir la mélancolie qui vous accable....

FREDERICK.

Oui, ne songeons qu'au plaisir qui nous rassemble, et écartons toute idée fâcheuse.

Le vrai bien est une ame pure,

Le vrai bonheur est de s'aimer.

Ce sont là des maximes qui vous sont familières, M. Winston, et j'aime à les répéter....

WINSTON.

Bien, mon ami, je gage que c'est ainsi que vous pensez.... C'était aussi de la sorte que raisonnait la mère de Laurence.... Mais, je me souviens que vous n'étiez pas seul, et l'on cherche peut-être après vous ? ( Ils se lèvent).

LAURENCE.

Mon père, je n'ai point entendu le son du cor....

FRÉDÉRICK.

En effet, si mon père était inquiet, il ferait sonner le rappel.

WINSTON.

A propos de votre père... Savez vous que je vous en veux..

Le plaisir de vous voir m'avait fait oublier les reproches que j'ai à vous faire.

FRÉDÉRICK.

voulez-vous dire ?....

WINSTON.

C'est aujourd'hui ma première sortie depuis trois mois, et j'ai appris que vous êtes fils du nouveau propriétaire de ce château situé au pied du Mont - César, et non celui d'un habitant de la ville voisine, comme vous me l'aviez dit.

LAURENCE.

Gertrude et moi, le savions, mon père.

GERTRUDE.

Il est vrai qu'il nous en a fait l'aveu..

WINSTON.

Pourquoi ce mystère avec moi?

GERTRUDE.

Il avait exigé de nous le secret.

WINSTON.

Jeune homme, lorsqu'il y a trois mois, vous me sauvâtes la vie, votre délicatesse venait d'une ame belle et généreuse, mais vous ne pouvez plus long-tems me dérober la famille de mon bienfaiteur.... J'irai demain féliciter M. d'Amécourt d'avoir le bonheur de posséder un fils tel que vous. .

FRÉDÉRICK,

De grâce, si telle est votre volonté, demeurez encore quelques jours, et je vous accompagnerai moi-même.... Mon père a acquis ce cliâteau pour se raprocher du baron d'Elwinck dont la terre est à deux mille d'ici.... Mon père. riche maintenant, se souviendra, en vous voyant, qu'il fut monsieur Heneberg.

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WINSTON avec surprise. Heneberg! dites vous ?....

FREDERICK.

Oui, pourquoi cet étonnement?....

WINSTON.

Qui fut, (à part) Dieu sait comment, (haut) direc teur des vivres à l'armée des princes d'Allemagne ?

Justement....

FRÉDÉRI C.

WINSTON, à part.

Et il ignore que je suis en ce lieu! (haut) Frédérick, Vous êtes digne de ma confiance; Gertrude, ma fille, retirez-vous; j'ai à lui parler.

LAURENCE.

Oui, mon père.... (à Gertrude) & mon Dieu! qu'il a l'air agité ! que va-t-il lui dire ?..

(Laurence salue Frédéric pendant que Winston semble se recueillir, Gertrude emmène Laurence).

SCÈNE V.

WINSTON, FREDERICK.

WINSTON.

Il est donc vrai que la vertu peut naitre du vice !.... mon ami, je devrais peut être me taire !.... Quoi ! vous le fails d'Heneberg?.... Pardonnez, je ne puis vous parler en bien de votre pere, et je vous dois la vie.... Quelle pénible situation.

FRÉDÉRIC.

Quelques soient les torts de mon père, je me sens le courage de vous entendre. Vous êtes un honnête homme, et je n'attends de vous que la vérité : hâtez-vous donc de m'instruire.

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(Laurence reparait, et se glisse le long des arbres pour écouter).

WINSTON.

je

Il m'en coûte de vous affliger.... Sachez donc qu'ayant mérité d'être élevé au grade d'officier dans les combats que nous eûmes à soutenir contre le grand Turenne, fus aimé de Marie de Gonzalve, fille d'un négociant de Bonn; elle était jolie et vertueuse. Votre père la vit, et chercha à me l'enlever . il y employa toutes sortes de stratagêmes, ce fut en vain. Déjà j'étais heureux époux; les jours de plaisir qui s'écoulèrent furent de courte durée . J'eus à me défendre contre des lâches aggresseurs que votre père avait armé. fus vainqueur, mais vainqueur malheureux. pere, abusant de son crédit, voulut me faire arrêter.... Prévenu assez à tems, je m'en fuis dans cet asile, où un ami m'amena ma tendre épouse, après l'avoir délivrée de la prison où l'avait fait conduire votre père, sous l'infame

prétexte de complicité

blais pour ses jours.

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Je

Votre

.. Elle était enceinte ; je tremHélas! elle ne survécût que peu de mois à tant d'affliction et d'infortunes; elle perdit la vie en la donnant à Laurence. Gertrude a pris soin de cette fille chérie, et n'a jamais voulu nous quitAccablé du poids de mes malheurs, je ne cherchai que la sollitude. . . . Laurence seule m'occupait dans la nature; son éducation a fixé mes soins paternels; ses caresses enfantines, ensuite sa tendresse ont adouci mes cruels chagrins.

ter.

FRÉDÉRICK, à part. Que je souffre !. . . . ( haut ) continuez, je vous prie.

WINSTON.

Votre père, furieux de nous savoir échappés à sa jalouse rage, accabla de sa fureur la famille de mon épouse.

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