Du fond de ma retraite j'élevai pourtant la voix contre ces actes d'iniquités; mais, mon persécuteur impuni est resté triomphant. . Ah! Frédérick, ne croyez pas que je me sois plains pour exciter votre générosité pour moi ni votre haine contre un père . (Laurence se retire). FRÉDÉRICK. Que viens-je d'entendre ?... je ne puis vous exprimer tout ce que je ressens.... Je connais vos malheurs, je saurai tout employer pour les faire cesser.... WINSTON. Veuillez garder ce secret, et ne rien faire sans avoir reçu de mes nouvelles.... Au nom de votre bon cœur et de ma tranquillité, j'exige de vous cette promesse..... FRÉDÉRICK, Eh bien soyez satisfait; je vous engage ma parole d'honneur pour vous assurer de ma discrétion.... WINSTON, lui tendant la main. Adieu, brave jeune homme.... adieu, Frédérick.... dans péu vous me connaîtrez mieux.... Ger Au moment où Winston tend la main à Frédérick, back parait dans le fond du Thea re, et observe Winston avec étonnement, il se retire en même tems que Winston. SCÈNE VI FRÉDÉRIC, seul et consterné. Et le ciel a permis que le sang d'Heneberg coulât dans mes veines!.... Ah! mon père, mon père !.... quelle douleur m'a causée ce récit.... Infortunée Laurence.... (On entend le son du cor). La chasse s'avance de ce côté; reprenons, s'il se peut, un air plus calme. SCENE VII. HENEBERG, FRÉDÉRICK, GERBACK, suite des chasseurs, HUTIN, en avant de la suite. HENE BER G. Quoi! vous ici, mon fils, ?.... et vous nous avez quitté sans nous prévenir; .... je craignois que par quelqu'imprudence vous ne fussiez tombé au pouvoir des brigands qui infestent ces contrées.... FRÉDÉRICK. Ces clairières, cette vallée romantique, m'ont paru agréables, et j'y suis venu prendre du repos.... J'allais vous rejoindre.... HENE BERG l'observant. Vous causiez avec quelqu'un.... GERBACK, avec mystère. Oui, j'ai vu un homme avec Monsieur; c'est sans doute un garde de la forêt ? ( 10 ) FREDERICK, regardant Gerback. Cela est possible, oui.... Il demeure?.... HENE BER G. (Montrant la Chaumière). GERBACK. HENEBERG. Un autre jour je ferai connaissance avec lui. elle Vous voyez fils, je viens de passer chez le baron; j'aurai désiré que vous y fussiez venu. N'importe, tout vient d'être conclu.. Demain vous serez l'époux d'Eudoxie, sa fille. est belle, et ne pourra que vous plaire. que j'ai fait choix d'une personne qui vous apporte une grande fortune le baron, en faveur de ce mariage, vous passe tous ses biens, et par conséquent votre bonheur est Mais pourquoi gardez-vous le silence? (Gerback circule du coté de la maison, et semble parber aux chasseurs). assuré. FRÉDÉRICK. Cette nouvelle inattendue cause toute ma surprise. Je conviens qu' 'Eudoxie est jeune et aimable; mais vous ne m'aviez pas prévenu de vos intentions. (A part), fatale confidence! HENEBERG. Il n'en était pas nécessaire. ... Je vous allie à une maison qui a du crédit et de la fortune. . . . Son ton n'est pas celui du grand monde; mais où il y a de la richesse, les défauts ne sont ridiculisés que par les sots. .. Ainsi, trève de réflexions; je veux que demain mon projet soit exécuté. Soyez prêt à me suivre au moment de mon départ.... FRÉDÉRICK. Vos discours frappent mes esprits du plus grand étonnement.... Si vous m'aimez, pourquoi cette précipitation dans une affaire dont dépend le sort du reste de mes jours.. Laissez-moi le tems, au moins, de consulter mon cœur, de fixer mes idées.... Il est vrai; mais si elle n'a pas elle-même été consultée, qui sait de quel oeil, elle me verra?.... HENEBERG. Parbleu! ne faut-il pas suivre le caprice d'une fille quand on veut la marier ?.... Elle doit prendre l'époux que ses parens lui choisissent, les lois de la société lui dictent cette obéissance; c'est ensuite au mari à savoir diriger la conduite de sa femme, selon son caractère et ses vues.... Vous connaissez les miennes, songez à m'obéir, ou craignez mon ressenti ment.... FRÉDÉRICK ( à part). Ne heurtons pas son caractère impérieux, et songeons d'abord à gagner du tems.... HENEBERG. Retournez au château avec les gens de la chasse, je vous suivrai de près.... FRÉDÉRIC K. J'obéis, (à part), sans trop nous éloigner observons leurs mouvemens.... HENEBERG. Toi, Gerback, demeure.... SCENE VIII. HENEBERG, GERBACK. HENEBERG. Tu l'as vû rentrer dans cette Chaumière, dis-tu ?.... GERBA C K., C'est bien lui, j'en suis certain.... HENE BERG. Et la mort ne m'en a point délivré !...... GERBACK. Vous m'en voyez stupéfait.... Il faut qu'un miracle.... Où que le diable s'en soit mêlé.... HENEBERG. Frédérick lui a-t-il parlé long-tems? Je l'ignore; mais il GERBACK. y a lieu de croire que' leur conservation n'a été qu'une suite de l'habitude qu'a M. votre fils, d'interroger les paysans qu'il rencontre.... HENEBERG. Je le pense de même ; cependant il faut s'en méfier... GERBA GK. Si je n'étais persuadé qu'il ne m'aime point; je soupçonnerais quelque mystère dans la réplique equivoque qu'il m'a faite.... HENEBERG. Au surplus, songez à me servir avec zèle.... Tu sais comme je récompense? et comme je sais me venger ?.... Si tu me trahissais jamais.... GERBACK. Ce doute m'est injurieux. . en dépendent.... Voilà vos garans. HENEBERG: Mon intérêt et ma vie Il s'agit maintenant de prévenir l'effet du rescrit de l'Em-, pereur. GERBA C K. J'entends.... Demain yous ne le craindrez plus.... De la prudence!. J'entends du bruit. HENEBERG. Gardons Frédérick. que Retournons au château pour mé diter notre plan, et régler son exécution.... (Ils sortent par le fond du côté opposé à la Chaumière ). innocence WINSTON. Je vois que mes soupçons n'étaient que trop fondés. ( A Laurence, ton aveu, ma fille, m'est un sûr garant de ton Frédérick a dû trouver place dans ton Toutes fois le parti que j'ai Crois, ma chère enfant cœur; il le méritait . , que pris est irrévocable j'ai des raisons bien puissantes pour t'éloigner d'ici. Le mal n'est point irréparable: Je n'exige point l'oubli entier de Frédérick, pourtant ce serait une folie d'espérer que tu fusses jamais son épouse. LAURENCE. Pardon, mon père, mais en confiant votre secret à Frédérick, je n'ai pu me défendre d'en écouter le récit, et. WINSTON. Ma fille! ... Ce n'est pas l'instant de me plaindre de votre indiscrétion ; c'est une raison de plus pour vous éloisur-le-champ. Je rentre pour revenir bientôt.. Vous, Gertrude, vous savez mes intentions et ce que vous devez faire. SCÈNE X. LAURENCE, GERTRUDE. LAURENCE. Ah! Gertrude! nous allons donc nous séparer, pour toujours, peut-être. . A mon tour, voilà le malheur qui commence à me poursuivre. GERTRUDE. Votre éloignement ne sera pas long; votre père vous aime; Vous savez que ce n'est point un vain caprice qui le détermine. Vous pleurez, Laurence?... En vérité, je crois que je vais pleurer aussi . LAURENCE. Et Frédérick, que va-t-il penser? quand il me saura partie? ... Il croira que je ne l'aime plus. viendra demain,... Oh! dis lui bien que je l'aime et pour la vie. SCÈNE X I. Les Précédens, WINSTON. WINSTON. Allons; Laurence, embrasse Gertrude, et partons.. Le théâtre représente un jardin en fleurs. D'un côté, la façade d'une aile du château du baron. Au fond, une grille, bordant une terrasse extérieure. Des guirlandes sont suspendues aux arbres. Plusieurs sièges. SCENE PREMIER E. DELWIN CK, EUDOXIE, HUTIN. (Hutin parait parcourir le jardin et arranger le décor.) EUDOXI E. Non, mon père, je vous le répète, il m'est impossible de consentir à épouser Frédérick. DELWINCK. Ma fille, ton obstination est impardonnable; réfléchis que j'ai engagé ma parole d'honneur à un ancien ami, et que je dois la tenir.... Mon Eudoxie, toi que j'aime veux-tu donc empoisonner par le chagrin le reste de mes jours ? EUDOXIE. A Dieu ne plaise, mon honoré père, qui mieux que vous mérite mon respect et ma soumission? Je n'oublie pas tous les droits que vous avez à ma reconnaissance, mais pourquoi vous être engagé si facilement à conclure le mariage de votre chère Eudoxie, contre son gré? songez aux tourmens que vous me préparez ?... DELWIN C K. Ce diable d'homme a pris un tel ascendant sur, moi, que je ne peux lui rien refuser.... et puis, sais-tu que Frédérick me plait beaucoup !... sa physionomie a je ne sais quoi qui |